The lowland stallion

- Prologue -

Avez-vous déjà ressenti cette sensation, cette volonté de chiper au ciel un brin de liberté à l'état pur ? Vous êtes vous déjà posté ainsi, le front collé à votre fenêtre, à vous demander quel sentiment cela procurer de filer à toute vitesse dans un endroit dépourvu de maisons, de chemins, de clôtures ? Auriez-vous déjà posé votre joue contre la vitre de la voiture qui vous emportait, fixant le paysage, montant vos rêves dans votre tête, silencieux et absent, si bien que vos parents finissaient toujours par penser que vous dormiez ? Seriez-vous de ceux qui aiment à sentir le vent secouer vos cheveux, pousser dans votre dos comme pour dire, "Allez. Élances-toi. Files, droit devant, et ne reviens jamais..." Enfant, peut-être même avez vous entendu cette brise chuchoter entre les branches des arbres, perçu l'appel d'une nature sauvage, mystérieuse, impétueuse. Fragile. Si vous êtes de ceux ci, alors, peut-être aimerez vous mon histoire.... Ou en réalité, pas la mienne. Mais celle de celui que les sioux nommaient, Wakila.

- © FICHE  BY DISTURBED -

The lowland stallion

- Chapitre 1 -

Le vent secoua violemment les branches au dessus du troupeau, et Wapi, la jument dominante, redressa brusquement la tête. Elle dilata ses naseaux, attentive, les oreilles s'agitant comme des dizaines de paraboles à elles seules, cherchant la source d'une légère odeur qu'apportait avec elles les bourrasques. L'Homme était dans les bois. Nerveuse, Wapi rassembla rapidement les juments, et appela son étalon, Magaska, un mustang tout en muscles et en finesse, aussi blanc que la neige des sommets. Elle le vit relever le nez de son buisson à son tour, et il vint la trouver au petit trot, cherchant à son tour à identifier le danger. Ses yeux bleus brillaient d'une inquiétude propre aux chevaux, et son oreille droite pivota vivement vers le Nord, d'où s'élevèrent soudain les cliquetis des selles et le fracas des sabots de ceux qui avaient été pris. Wapi ne se posa plus de questions, et elle s'élança au travers des bois, entraînant automatiquement sa harde, juments et poulains, tandis que l'étalon restait en arrière pour veiller à ce que personne ne soit laissé en arrière. Le troupeau s'éloigna rapidement, et alors que Wagaska laissait finalement l'endroit où ils avaient pâturé en paix, il n'entendit pas l'appel inquiet qui résonna derrière lui.

Allongée de tout son long sous les branches basses d'un jeune séquoia, Chita la grise ne pouvait se lever. Le moment était venu pour elle de délivrer la vie qui avait poussé en elle, elle le savait, son poulain n'attendrait pas plus longtemps. Terrifiée, le cœur battant, elle entendait se rapprocher les chasseurs de chevaux. Elle secoua sa crinière noire pleine de nœuds, et attendit. Son petit ne tarda pas à voir le jour, et elle tourna sa tête vers lui avec espoir, espérant qu'il soit assez robuste pour la suivre rapidement, et fuir. C'était un alezan, au poil aussi rouge que les braises des camps Crow, une simple tache blanche sur le front. Ses jambes immenses possédaient déjà les muscles solides de son père, et il ne fallut qu'une ou deux minutes pour tenir debout et téter le précieux colostrum, contenant les anticorps essentiels à sa survie. Malheureusement, tout ce remue ménage attira l'attention des chiens de l'Homme. Un animal noir et blanc bondit d'entre les arbres, et effraya Chita qui bondit à travers les fourrés, les oreilles plaquées en arrière, prête à défendre le petit alezan qui tentait de se réfugier entre ses membres d'acier. L'Homme les vit. Chita se planta droite sur ses postérieurs, boxant férocement l'air, furieuse, et le cœur serré d'angoisse. Le limier se mit à aboyer, tentant parfois d'atteindre les sabots de la jument. Elle pivota, poussa son fils devant elle, et démarra comme une folle pour sortir des bois. Les arbres l'empêchaient de bouger aussi souplement qu'elle l'aurait pu. Aussitôt se fut-elle envolée sous son nez que l'Homme était à leurs trousses.

La plaine avait ses avantages, mais aussi ses risques. Chita hésita. Si le puma montrait son nez, elle risquait de perdre son enfant. Le fouet claqua au sol derrière elle, poussant le coursier du chasseur à accélérer, et elle se retourna pour le voir filer dans sa direction à une allure vertigineuse. Il fallait qu'elle fonce. Elle poussa sur les muscles de son arrière train pour s'élancer, son rythme cardiaque la menaçant d'un arrêt pur et simple de ses mécanismes vitaux. Cette fois, c'était elle ou son poulain, et son instinct de survie était plus fort que le côté maternel. Après tout, c'était la première fois qu'elle donnait la vie. Cependant, l'alezan se rua à sa suite, ses jambes fines travaillant à toute vitesse. Il fila devant elle, plus fier encore qu'elle ne l'était. Pour une première expérience de vie, il allait inscrire, au plus profond de lui, la peur de l'Homme. Le chasseur cria, siffla furieusement pour inciter ses chiens à accélérer, mais les deux mustangs, taillés pour la fuite, mus par un instinct supérieur à toute chose du monde sauvage des plaines nord américaines, ne pouvaient être rattrapés. Chita filait comme une flèche, son cœur rempli d'un espoir sans fin à la vue de son poulain qui s'en allait sans effort vers l'horizon nu. Peu à peu, l'odeur et les bruits de l'Homme s'effacèrent, et elle retrouva la piste de la harde. Elle reniflait, concentrée, craignant le puma. Mais finalement, la chance leur sourit, et elle aperçut Wapi qui faisait le tour des autres juments, la queue relevée et la tête haute, les yeux pleins d'inquiétude. Elle la cherchait. La jument grise dévala la pente, se précipitant au milieu des ses compagnons, alors que Wapi s'approchait au petit trot, venant frotter ses naseaux contre ceux de la nouvelle mère. Collé aux postérieurs de son seul repère, le petit alezan ouvrait de grands yeux surpris.

L'apprentissage de la vie sauvage est long, et dur. Wagaska et Wapi s'attachaient à ce que l'éducation des jeunes soit parfaitement stricte, et adaptée. Né à la fonte des neiges, le fils de Chita grandissait plus vite que ses frères et sœurs, et avait l'esprit plus libre. Wagaska disait que c'était à cause de sa fuite effrénée à travers l'immense plaine, mais au fond d'elle, sa mère savait qu'il était déjà ainsi au moment où il avait inspiré sa première bouffée d'oxygène forestière. Le troupeau traversait, au fil des mois, Montana, Dakota, Minnesota et Nebraska. Il comptait onze juments, autant de poulains, plus Wapi et l'étalon. C'était sans aucun doute la plus grande harde du nord américain à cette époque. Et le poulain rouge grandissait. L'été marqua sa première rencontre avec un véritable prédateur sauvage. Le célèbre animal qui hantait les histoires du troupeau : Puma.

En cours le amis ^^

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