Aujourd'hui, blasé par les papotages intempestifs de mes petits et grands frères et soeurs, je me suis réfugié à la bibliothèque de Milwaukee. Ça me reposera, et puis je pourrai m'amuser un peu. Il y à bientôt une soirée chez Alaric, il faut que je me détende, et là bas c'est l'idéal : silencieux, et bourré de livres que je peux lire. En braille, donc. Comprenez moi, il y a Doll en week-end à la maison, et même quand je me réfugie dans ma maison à moi perdue dans l'immensité de la propriété Thompson, elle trouve le moyen de venir me faire ***** ! "Tonton Tarek il est tout rikiki !" Oui. Merci, je sais. "Tonton Tarek et ben il à des taches partout comme les dalmatiens !" Retenez moi de l'étrangler.
Bref, cette bibliothèque est un vrai paradis, et pour peu je me promènerai en sautillant avec des coeurs dans les yeux et autour de la tête. Ouais ! Des liiiivres !! J'entre, et je me dirige à petits pas vers les rayons de bouquins. Vèèèh !!! Je saute presque sur l'un des romans, et m’assoie. J'adorerai voir la tête des gens quand je pose mes doigts sur le pages vierges en apparence, couvertes de braille. C'est l'une des seules choses que j'aime dans ma cécité : pouvoir lire en braille. Faire courir mes doigts sur les les lettres m'aide encore plus à plonger dans l'histoire.
Deux heurs plus tard, je me lève pour ranger le roman mais je percute quelqu'un. Oups... Je deviens rouge comme une tomate, mord ma lèvre inférieure en une moue gênée et embêtée, baisse la tête et "regarde" mes pieds.

Dé... Désolé... Je ne vous avait pas entendu arriver.

Pourvu que ce soit quelqu'un de pas trop sévère. Je frotte ma nuque, l'air benêt. Tiens ? On dirait Italy ou Naruto ! Je fais pitié, d'accord, je vais me cacher...

[Dis moi Maria si tu veux que je change des choses ]

[Nickel chrome, Lulu ! ]

Angidim et Kigidim se portaient mal à cause du brouhaha que causaient les citadins. J'avais eu l'idée de les emmener se promener dans la cité. Ce n'était pas une idée bénigne car j'avais été influencée par des esprits bienfaiteurs qui, la veille, m'avaient certifié que sortir du logis m'amènerait d'agréables surprises. An et Ki se réfugièrent du bruit dans le lieu le plus silencieux et le plus sacré que je puisse connaître en cette ville qui ne soit pas une Eglise ou un quelconque temple : la bibliothèque publique de Milwaukee. Un chef d'oeuvre d'architecture. Il y avait pourtant d'autres édifices tout aussi intéressants, mais ce lieu regroupait trois choses qui me tenaient à coeur : l'Histoire, la Culture et la Science. En un mot, le Savoir. Je scrutai des yeux son dôme en entrant. Cette lumière jaune qui le traversait donnait une atmosphère chaleureuse et propice à l'étude. Il était toujours intéressant de regarder au sol, car des mosaïques s'étendaient de partout. L'ornementation était omniprésente, blanche et Or. Cela me rappelait les couleurs d'Our.
Ki se chargeait de passer dans la section scientifique de la bibliothèque, de quoi ramener quelques livres en rapport avec de nouvelles découvertes. J'espérais le jour où les humains découvriraient les hologrammes, ou une quelconque invention de notre nature. Sans doute aurai-je plus de considération à leur égard.
An se chargeait de farfouiller dans les sections liées à l'Histoire, à la recherche de nouveaux recueils témoignant de découvertes archéologiques récentes ou autre. Les humains sont obstinés à penser qu'il n'y a qu'eux qui existent sur cette planète. S'ils savaient combien de peuples bien plus intelligents qu'eux vivaient parmi eux, qu'adviendrait-il d'eux ? Une prise de conscience monumentale de leur stupidité. Nul doute...
Alors qu'elles longeaient les étagères pour rejoindre les tables, l'une des jumelles percuta un passant. Ce fut Ki.
Un jeune homme de petite taille devint rouge comme feu, rongé par la gêne. Il baissa la tête.

"Dé... Désolé... Je ne vous avais pas entendu arriver."

"Et bien, jeune homme, v-..."

Un terme me frappa à l'esprit. Ce jeune homme avait employé le verbe "entendre" alors qu'il était censé regarder. Ce simple verbe l'avait trahi sur sa condition : il était aveugle, ou du moins, malvoyant. A travers l'esprit de Ki, plein de bonté, j'observais avec enchantement le livre en braille qu'il tenait dans sa main. Il avait eu de la chance de tomber sur Ki, et non An. J'éloignais cette dernière pendant un certain temps pour éviter d'éventuels malentendus. Je sentais qu'il était sensible à la question.

"Vraiment, n'ayez crainte, vous avez une raison très valable et respectable d'être excusé."

"Et bien, jeune homme, v-..."

Bon, à la voix c'est une jeune femme que je viens de percuter. Ouuff, c'est déjà moins dangereux qu'un homme. Ben oui, les garçons quand on les bouscule ils crient, ils tapent, ils bavent parce qu'ils sont pas contents et puis ils grognent aussi. C'est nul. C'est pas propre en plus. Bref. Pourquoi elle s'est tue ?

"Vraiment, n'ayez crainte, vous avez une raison très valable et respectable d'être excusé."

Ah ? Bah, comment elle a deviné ? Oh ! Je sais, je n'ai pas dit "je ne vous avait pas vue". Il faudrait que je m'habitue à parler comme tout le monde... Aha, aha, aha... Tiens ? Il y a quelqu'un dont les pas se rapprochent. Se rapprochent... Encore... Wouaaah, non ! Il vient vers moi ? Non ! Non, non, non, c'est rien Tarek il ne vient pas vers t-...

" Euh... tu devrais pas avoir un plâtre, des bandages ou au moins un pansement...? Non? "

Eèèèh !! Mais, euh ! On attrape pas les gens comme ça, mon gars ! C'est pas cool ! Et puis il pourrait au moins dire-...

" Euh, bonjour au faite...! "

Raaah, mais qu'il arrête de me couper dans mes pensées ! C'est pas sympa ! Je me demande si je ne préfère pas Doll, en fait. Non !

Euh... Oui, bonjour mademoiselle, bonjour monsieur.
Merci, mademoiselle ; c'est gentil... Je suis vraiment navré, j'étais un peu dans les nuages... Comment vous appelez vous ?
Oui, je devrais avoir un plâtre mais, j'ai préféré régler la question moi même. J'en déduis que tu étais à l'église, tu dois être Edward, de l'équipe de football ? Eh bien, je vois que les bonnes manières sont réellement une notion inexistante pour vous...

Je lâche un petit rire, et leur fait un franc sourire. Je n'ai rien contre lui moi, c'est juste qu'il risque d'avoir des ennuis avec le minotaure si il m'apprécie. Quelle belle journée ! J'ai bien fait de venir ici, tiens. Et je vais en profiter pour boucler ma dissertation de philosophie, tant que j'y suis. "L'apparence est-elle nécessairement une illusion ?" La classe, ce sujet ! Et la bibliothèque étant le temple sacré du silence, j'y serais tranquille pour rédiger ma réponse. Pas de mini blonde braillarde dans les parages ! Aaah, je suis content ! Ehé !

[Très philosophique le sujet, en effet xD]


Un individu me paraissant suspicieux se rapproche dangereusement de nous. Enfin... Surtout du petit homme.

" Euh... tu devrais pas avoir un plâtre, des bandages ou au moins un pansement...? Non? "

Ils se connaissent sans doute. Mais son impolitesse ne fait qu'exaspérer Ki. Heureusement que je tiens An assez loin pour éviter qu'elle ne braille, c'est ce qu'il arrive aux individus qui ne lui adressent aucune saluta-

" Euh, bonjour au faite...! "

... Me ferais-je des idées ? Cet énergumène montre un brin de déficience nerveuse au niveau cérébral. Le temps nous le dira...

Euh... Oui, bonjour mademoiselle, bonjour monsieur.
Merci, mademoiselle ; c'est gentil... Je suis vraiment navré, j'étais un peu dans les nuages... Comment vous appelez vous ?
Oui, je devrais avoir un plâtre mais, j'ai préféré régler la question moi même. J'en déduis que tu étais à l'église, tu dois être Edward, de l'équipe de football ? Eh bien, je vois que les bonnes manières sont réellement une notion inexistante pour vous...

Quelle expressivité, c'est admirable. Cependant, le "vous" me gène. Je ne me suis pas doutée une seconde que la discussion allait durer, donc je n'ai pas eu le réflexe de saluer. Ki se prête au jeu.

"Il n'y a pas de quoi. Je me nomme Kigidim... Et vous, jeune homme ? Vous deux avez l'air de vous connaître..."

Je n'ai pas l'habitude de parler à des étrangers, ma tâche principale n'est que de les surveiller et de les observer, après tout.