(Well... Deux ans plus tard... Je me décide à l'écrire --')

Je suis née en pleine Russie, comme vous devez déjà le savoir (oui, mon frère l'a déjà dit je crois ?) par un jour mauvais. Je haïssais mes frères, j'adorais ma sœur, j’exécrais les traditions royales. J'ai appris à chasser très lentement, me proclamant végétarienne jusqu'à que je fasse de l'anémie. Un carnivore ça bouffe les herbivores, point à la ligne. C'est ce que j'ai du accepter, difficilement d'abord puis bien moins. Petit à petit, je me suis mise à apprécier le goût du sang. "Blood taste", comme on dit, "is the better way to grow up."
En grandissant, j'ai réalisé que nous, les tigresses, étions plus petites que nos frères. Ayant posé la question à mère, et celle ci m'ayant expliquer que cela venait du calme des femelles, qui s’énervaient moins, je développais une susceptibilité très grande. Et bien entendu, devint plus imposante que le reste de la portée royale. En fait, à part ça, ma jeunesse n'a rien de palpitant. C'est quand le Massacre eu lieu que ma vie prit un tournant inattendu sur le chemin de la haine. C'était un beau matin, les rayons du soleil réchauffaient comme ils pouvaient les plaines et les bois de la toundra. Depuis deux semaines, mon frère Aaron pleurnichait sur son sort de nouveau Roi, et la mort de Liv, qui avait pourtant tenté de le tuer avec beaucoup d'assurance. Je revenait de la chasse, couverte de gouttes de sang frais, ma langue rouge pendant entre mes crocs de neige, haletante, quand un hurlement de douleur se fit entendre à côté de moi. Ma meilleure amie, Tasha, rugissait de toutes ses forces, le cadavre de ses trois fils à ses pieds. Ses yeux exprimaient un désespoir intense, et elle me jeta un regard choqué et je vis la peur au fond de ses pupilles fendues par la situation de stress. La tête commença à me tourner, et je remarquais que beaucoup d'autres femelles pleuraient leurs petits. Les mâles. Une terreur sourde s'insinua lentement dans mes entrailles, et je bondit en avant, vers ma tanière, vers mes enfants. Jamais je n'avais couru si vite, et si franchement. Je compris, ce jour là, comment Aaron avait pu échapper aux soldats. La peur est notre seul véritable carburant. Je fis irruption dans le terrier, et quand mes yeux s'habituèrent à l'image qu'ils avaient devant eux, les muscles de mes pattes me lâchèrent. Non. Ce fut ma seule pensée. Non, pas mon bébé. Pas mon bébé. Pourtant si, mon petit, mon fils unique, gisait au milieu de ses quatre sœurs. Ses grands yeux d'or fixaient le vide, pâles, sans expression. Pour la première fois, je pris forme humaine devant mes enfants. Je hurlais, je suppliais, mais je savais que rien ne pourrais me le ramener. Kori, mon petit garçon, ne reviendrait jamais plu ronronner contre mon ventre, et ne courrait plus derrière les moustiques.
La rage succéda aux larmes. La folie, en fait. Le lendemain du drame, des dizines de cadavres s'amoncelaient devant l'entrée de ma caverne, et ma fourrure dégoulinante de sang, venant de mes propres plaies comme de mes proies, gouttais sur la pierre et mon frère et roi me faisait face, discourant des règles instaurées par Gaïa. Un mâle, un seul, vivrait tout les 50 ans. Mon rugissement brisa son discours, et je bondis sur mon neveu Kaven, vivant lui, bien vivant, toutes griffes dehors. Aaron s'interposa, inflexible. Et sous son regard de fer, je dus tourner les talons. Pourquoi lui, Kaven, avec ses yeux de biche et son incapacité à tuer une simple mouche, pourquoi cette mauviette quand mon Kori avait déjà la taille, le poids et la rage d'un chef ?! Fallait il que notre peuple s'abaisse au rang de chats ??!
Depuis, j'erre. Un animal blessé est une menace. N'oubliez jamais ça. Une mère déchirée plus encore...