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| Sujet: That's Who I Am Mar 8 Avr - 16:14 | |
| Le cheval que j'ai dérobé galope comme un fou.Sa crinière est souillée par la sueur et le sable, le sang de mes mains désespérément cramponnées à lui. Je n'ai aucun espoir, pourtant. Un cavalier me barre soudainement le chemin, le cheval terrorisé se cabre et je valse dans la poussière. Les vendeurs d'esclaves me plaquent au sol sauvagement, et je hurle ma rage et ma détresse au ciel, impuissant, entravé par des liens trop lourds pour mes poignets d'enfant. Mais je ne pleure pas. Les hommes me tirent à leur suite, violemment, et je n'ai pas le choix de les suivre. Je marche derrière eux, furieux, les pieds ensanglantés, maudissant mon père et ses frères, les préceptes de mon peuple. Je n'ai que 143 ans, je n'ai rien à redire. Et alors pourquoi mon oncle plus jeune peut l'ouvrir lui ? La chaleur du désert est terrible. Le sable coupe mes pieds et mes jambes, et je commence à tomber de plus en plus. Je meurs de faim. Les cinq marchands se gavent de dates et de volailles, et nous mourrons. Les autres futurs esclaves sont tous plus âgés que moi. Et ils se fichent bien de mon état qui empire. Je vois trouble, j'ai des hallucinations, et bien qu'ils ne puissent le voir mes plumes ont commencé à tomber. J'ai entendu que je serais probablement vendu à un riche marchand romain, veuf et ne cachant pas ses penchants pour les garçons comme moi. Je plisse mes discrètes taches de rousseur. Je ne veux pas un esclaves sexuels. Mais les hommes continuent à croire, faiblement, aux créatures. Je peux voir que mes "propriétaires" ont compris ce que je suis depuis un moment déjà, et il le préviendront. Déjà, ils ont remplacé mes liens par de puissantes chaines d'argent pur. Ma nuque, mes poignets et mes chevilles sont brûlées, sanglantes, et le sable s'y insinue sans pitié. Le voyage est trop long. Je ne suis pas sûr qu'à la fin du trajet je serais assez vivant pour que qui que ce soit veuille m'acheter. Je voudrais que mon cousin soit là, je voudrais tuer mon père ! La ville est immense et malodorante. Les gens se pressent dans les rues, avec leurs toges et leurs courtisanes. Les marchands d'esclaves crient de tous les côtés, et les miens me tirent à leur suite vers une estrade plus grande que les autres. Il semble qu'ils soient réputés pour vendre de bons esclaves. Ils font danser les filles, exhibent les muscles des hommes. Les heures passent, puis un homme richement vêtu et visiblement adulé de toute la ville s'approche de l'estrade. Il arche la tête haute, ses cheveux blonds parfaitement bouclés et ses yeux bleus perçants attirant les regards. Les romains ne sont pas souvent blonds, et encore moins dotés d'yeux bleus. J'imagine que c'est la raison pour laquelle les femmes se pâment au passage de cet homme. Il s'arrête devant mes geôliers, un air exigeant sur le visage, et l'un des cinq hommes s'incline un peu avant de venir me dénicher sous une tenture de l'estrade. Je gronde, furieux, et il me tire violemment devant le regard de tout le monde. Un bruit sourd remonte de ma gorge, et mes cheveux s'hérissent sur ma nuque. Je reçoit une claque puissante, et un autre vendeur attrape mes cheveux entre ses doigts pour me tourner face au bellâtre qui me détaille sous toutes les coutures. Je plisse les yeux, fou de rage, et tente de me dégager de la poigne des marchands en sifflant. Le blond étire un sourire en coin, et fait un petit signe de la tête en balançant une bourse sur l'estrade. Les hommes sourient, et jette les clés de mes chaines et le bout de celles ci au romain. Je résiste. Je ne veux pas aller avec ce type. C'est hors de question. Hélas, je suis trop faible pour résister longtemps. Je fini donc par me résigner à suivre. Je n'aime pas ce qui se passe. Je ne suis pas une marchandise, je suis une créature libre et dangereuse. C'est moi qui devrait avoir des esclaves, pas l'inverse ! La maison est immense. Je suis étonné de m'y trouver presque seul. Le type congédie ses domestiques, et m'entraine vers les bains. Cette fois, non. Je campe mes pieds sur le sol, raidit tout mon corps et stoppe. Il se tourne, me regarde sans comprendre, et murmure qu'il faut que je me lave parce que je suis couvert de sang et de sable, qu'il faut examiner mes blessures. Je fais non de la tête, et risque un oeil inquiet vers l'eau. Non. Pas question ! Le romain soupire, s'approche prudemment et défait mes chaines. Aussitôt, je recule dans un coin de la pièce en grondant, les canines bien visibles, et déroule mes ailes abîmées et ma queue battant furieusement. Un pâle sourire apparaît sur les lèvres du riche, et je grogne de plus belle. Je. Ne vais. Pas. Dans la flotte !! L'Egypte ça m'a suffit merci bien ! Voilà, sort un chiffon et des trucs antiseptiques ça suffira. Non mais oh ! Il fait nuit. Mes longs cheveux lavés reposent en un tresse égyptienne sur mon épaule, je porte un vêtement léger, et mes poignets sont sertis d'or. Je ne comprend pas pourquoi on m'a collé des bijoux. Par contre je sais pourquoi on m'a pomponné comme ça. Et je ne suis pas d'accord avec ça. Tulius, puisqu'il s'appelle comme ça, entre dans la chambre et je tourne vers lui mes yeux vert printemps. La lueur dansante des braseros éclaire son visage détendu, et je sursaute au contact de sa main, furieux et effrayé. Je ne veux pas. Je refuse d'être un escalve sexuel. Mais je ne peux plus me défendre par le feu. Mon père me l'a interdit, et rien ne pourrait me pousser à désobéir. J'ai bien trop peur de lui. Le tissu de lin glisse le long de mes épaules, et je refoule mes larmes en croquant dans ma lèvre inférieure. Le monde est fou. Cruel. Je ne suis qu'un enfant, un putain d'enfant ! Et lui il... Il bande sur moi ! Putain ! Mes larmes franchissent mes paupières, et il pose ses doigts sur mes lèvres, entre mes lèvres. Je couine piteusement, et mords violemment dans ses doigts à l'intrusion déchirante. J'ai mal, j'ai mal, c'est horrible, je crois qu'on m'a coupé en deux, c'est pas possible, ça fait trop mal, je crois que je vais m'évanouir. Le gout du sang qui coupe dans ma gorge ne me distrait même pas, et je laisse partir les doigts pour enfoncer mes canines venimeuses dans ma lèvre. La souffrance me frappe comme un coup de masse, et je me sens partir en arrière. À mon réveil, je suis seul, enroulé dans mes draps. Je fixe le sang et... Je ne veux pas savoir, séché sur mes jambes. Mon dieu, père, pourquoi ? - Spoiler:
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