Les semaines ont passé depuis la confrontation avec mon "mac" durant le tournage de Wild story. Une bruine désagréable s'est installée sur la ville et dans mon coeur. Je m'inquiètes pour mon petit frère. Nuit, jour, je ne vis plus. La terreur fait obstacle à la joie qui devrait me faire sautiller partout : le roi des airs a repris du service. Mais je ne peux pas. Mes moyens se font de plus en plus minces alors que ma garde robe se vide peu à peu. Naïan, malgré mes sacrifices, a maigri. Je commence à vraiment baliser. Et si en plus de la menace de la mafia, les services sociaux s'en mêlaient ? Je vois au regard de la maîtresse qui glisse chaque soir sur mes vêtements loqueteux qu'elle a compris que je bataillait de plus en plus. Mon frère déjà renfermé, qui commençait à se relever, a cessé de se battre contre ses peurs. Ses yeux ravis se sont éteints, et ses cheveux brillants semblent fanés. Je ne sais plus quoi faire.
Ce début d'après midi, alors que sors de mon appartement désaffecté, sur les talons d'un client, je traîne les pieds. Je descends les escaliers la tête basse, atteint l'extérieur et lèves les yeux sur les nuages gris comme en réflexe. Le temps est réellement à chier en ce moment. Je prends la direction de la porte ludtyvienne à contre coeur, maussade. Tout va a veau l'eau ces derniers temps. Je sais que je devrais écouter ma soeur , Mathieu pourrai très bien me tirer d'affaire, mais je répugne à me servir de lui comme ça. Pourtant il est réellement charmant, il me plait beaucoup, mais... J'arrive pas à être confiante. Je sens qu'il y a quelque chose d'artificiel derrière toutes ses attentions, et ça c'est très flippant.

La porte de Ludtyvia est très belle. C'est vraiment à se demander pourquoi les humains ne la voient pas en passant. Gipsy m'attend de l'autre côté, et mon travail de mercenaire. Si je vous dit que j'en ai ras le bol de silloner cette muraille glaciale qui m'a valu un démon à la noix, vous me croyez ? Je suis fatiguée d'être une pauvre fille des bas quartiers, condamnées à tafer dur dans des lounges mal famés et a offrir à mon pauvre frère une vie de débauche qui lui apprend à quel point les "femmes fortes" sont lâches. Tout le monde me répète ça tout le temps, que je suis "forte". Je ne sais même quoi en déduire. Le ciel est vide, encore. Ce boulot ne sers à rien.

Il est tard. J'aimerais voir Alec, il me réchauffe un peu le coeur. Oh je ne suis pas amoureuse, ne vous faites aucune illusion. Simplement il me rassure, et puis je suis moins seule quand il est là. Je me sens spéciale, puisque qu'il ne m'a pas encore tuée. Et malgré un drôle de sentiment, je suis plus calme, je me dis que si quzlqu'un entre et cherche à me nuire je ne suis pas livrée à moi même. C'est juste rapport à Naïan, il le regarde étrangement...
19h28, mon trésor me saute dans les bras. Il babille joyeusement, ravi de me voir, et mes bras forcent terriblement pour le mener jusqu'au canapé. Cette fin d'année est un cauchemar, je ne peux même plus le porter dans mes bras sans flancher. Je sais qu'il a déjà presque sept ans, mais il est petit pour son âge et je me refuse à le mettre de côté. C'est tout ce qu'il me reste de ma vie de famille.
19h43, il dors debout, le ventre plein ce soir. Heureusement, Layla a pensé que je serais trop tardive ce soir et il a déjà prit son bain. Son pyjama de polaire le fait ressembler à un ourson.
20h12, il est adorable sous sa couette, avec sa peluche sous le bras et l'édredon qui l'enveloppe comme une crysalide. Pour rien au monde je ne troquerai une vie de luxe contre mon petit frère.

Je suis seule. Gelée, préssée contre le matelas pas quelqu'un dont je ne connais pas même le nom. Ce n'est même pas agréable, c'est juste froid et ... Mouillé. Par mes larmes silencieuses surtout. Ses pas et la porte qui claque, moi qui vais refermer derrière, brisée. Je n'en peux plus de cette situation. Je me blotti contre mon frère, frigorifiée, et je m'endors en rêvant de Londres. Mais demain tout sera pareil... Glacé.