Sweet Dreams ~ Marylin Manson
Les loups hurlaient tout autour de moi. Je sentais la puissance rouler sous ma chair, le sang contrôlant tout. Pour la première fois depuis bien trop longtemps, la meute était au complet, tous les loups étaient là, hurlant aux pleines lunes ludtyviennes. Voilà trop de temps que mon peuple n'avait pu être libre. Et cette nuit était notre. Elios me l'avait offerte. Le sang humain ne coulerait pas. Mais les bêtes. D'un mouvement de la tête, j'indiquai aux autres la démarche à suivre. La traque était lancée.
Malgré le goût du sang, malgré l'envie d'en découdre, j'avais une autre chose à régler. J'avais agit contre la volonté de Gaïa, en toute connaissance de cause. Mais j'en voulais à la Grande pour les tortures que ses Chasseresses m'avaient infligées. Pour ce que j'avais subit dans les geôles de la lune. Et pour l'état dans lequel s'était retrouvées les mafias à mon retour. Mes frères étaient incompétents. Les six loups dépassaient de toute leur hauteur le reste de la meute, mais ils n'étaient rien. Même pour cette nuit, la belle louve rousse qui avait été ma seconde chassait parmi nous. Elle planta d'ailleurs ses prunelles d'or fondu dans les miennes, la peau de son museau se releva sur une grimasse nerveuse, son arrière train s’affaissa avant son bondissement. Elle me haïssait plus que jamais. Mais les battements de son cœur m'étaient la plus plaisante de mélodie. Elle avait bondi parmi les nôtres, signe de puissance et rejetant son museau vers la lune, elle hurla. Ma meute parmi les meutes. Les Orignaux. Ils hurlèrent, puis bondir, disparaissant dans les fourrés.
Je repérai son odeur de loin. J'étais son créateur, mon sang roulait dans ses veines avant que la Sorcière ne vienne le changer. Je le retrouverai partout, où qu'il soit, quoi qu'il face. Les Loups étaient un mystère pour tous, même ceux qui étaient des nôtres depuis toujours oubliaient certaine de nos capacités. Le sang des elfes déchu coulait dans nos veines comme un tapis de noirceur. Et lui, qui se débattait avec son instinct animal. Lui dont la puissance était de trop. Lui, pour lequel je payerais mes fautes pendant un long millénaire, des aiguilles d'argents enfoncées dans la peau moite. Et pourtant, il était mon chef-d’œuvre. Je maitrisai l'être le plus puissants des deux planètes dans mes paumes. Notre plan devient vérité Kaèr. Notre monde se construit. Et les pions se mettent en place. J'avais fait pencher la balance. J'avais ajouté une reine à notre plateau. Oui Gaïa. Bientôt tu comprendras... Et quand les règles t'apparaîtront, il sera bien trop tard. La Terre sombrait déjà dans un doux chaos. Les disparitions seront invisibles à vos yeux Déesse. Vous voyez tous, et c'est là votre faiblesse...
Le loup fauve se dressait de toute sa puissance sur le territoire de celui qu'il aimait. Ton petit roi te hante prince. Il hante tes pensées les plus intimes, fait naître en toi un sentiment que tu voudrais taire. À ses côtés, plus petit, se dessinait le pelage cendré d'un Alpha, oreille aux aguets. Mes lourds pas les firent tourner leur gueules dans ma direction et devant l'or en fusion, le bleu s'abaissa avant de déguerpir. Ne restait que le vert des prunelles fauves. Le jeune daim était devant moi, héritié des panthères et des placides herbivores. Un sourire ecarta mes lèvres sur des crocs plus gros que le bras d'un homme. Je repris forme humain, lui ordonnant de faire de même. Elis Diwel. Nous t'avions choisi bien avant ta naissance. Seul ton frère est une épine sur notre échiquier. Mais ma belle louve s'occupe parfaitement de lui, jouant dans notre camps sans même le rêver. Tes persécuteurs sont tous au main du roi des Enfers, ta petite panthère est contrôlée par le mal. Tu n'imagine même pas ton rôle lupin.
"Je ne m'attendais pas à ce que tu viennes Élis. Il t'est interdit de courir sur ses plaines par des lois plus vieilles que nous deux si je ne m'abuse."
Le jeune sylvains ne répondit pas, concentrant ses prunelles sur les lunes qui poursuivaient leur course folle dans la nuit. Je m'approchai de lui, rompant cette distance naturelle qui s'imposa les loups en ma compagnie. Mes doigts glissèrent dans son dos, remontant le long de sa colonne avant de ce nicher sur son épaule. Mes lèvres s'approchèrent de son visage, créant une buée glaciale autour de nous.
"Tu ne dis rien Elis. Tu penses. Et d'un seul mouvement, tu sens. Tu captes l'odeur du sang. Elle t'emplie. Elle détruit toute humanité en toi. Tu la vois passer. Cette fillette qui cour. Tu sens la peur dans ses cellules. Le territoire de chasse des loups est empli de piège. Tu identifie ses mouvements. Tu entends son coeur qui bat. Tu te transforme et tu rêves de bondir. Mais tu attends l'ordre du chef de meute. Tes griffes raclent la pierre. Tu oublies. Tu vois le reflet dans le bleu des yeux de ta proie. Tu vois ses longs cheveux blonds. Tu te souviens de qui elle est. Tu souris. Elle serait héritière si le roi n'était pas là. Tu bondis, et lorsque tes crocs s'enfoncent dans la chair, lorsque le sang tâche ton poitrail, tu hurles. Elle n'est qu'un simulacre de princesse. Une bâtarde."
Ses pattes se font lourdes, son coeur se fige dans sa poitrine. Ses crocs s'enfoncent dans la chair. Le sang tâche son poitrail. Il hurle. Le sang étouffe ses sens. Un sourire naît sur nos lèvres. Le loup rencontre le démon dans un souffle. Il obéira toujours à son maître. Sa liberté disparaîtra. J'en serais maitre. J'ai crée mon assassin d'excellence.