L’aube se lève difficilement, tout come moi. Dieu que je haïs la Terre ! Mais j’aime bien cette époque, par compensation de la vie ici. Libertine, déjà féministe et humaniste. Une vraie noble cassie philanthrope. Ma servante m’habilla et me coiffa, une coiffure compliquée, agrémentée de perles et autres rubans de satin et de soie. Il faut dire qu’elle à de quoi faire marcher son imagination avec mon immense chevelure. Un corset m’enserre la taille, me coupant la respiration, et une robe de la soie la plus fine, bleu, chaque jupon formant un dégradé de couleur tendre, termine un portrait plutôt charmeur de ma petite personne. Des milliers de fanfreluches et des bijoux d’or pur prouvent la richesse de ma famille, de mon époux, de mon nom. Je me devais d’être magnifique aujourd’hui, il me fallait me rendre à Versailles, le château soleil, le roi demandait ma présence pour « affaire d’Etat ». Une raison officielle sans aucun doute. Officieusement, je doute qu’elle soit la même. Je n’étais jamais demandée à la cour pour rien. J’étais une des plus belles maitresses du roi, je n’allais pas refuser mes faveurs à sa majesté. Mais aujourd’hui était une journée spéciale. Quelque chose de particulier était arrivée…

« -La comtesse de la Rendi. »

Et voilà, j’étais annoncée. Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde ici. On se serait cru dans le palais royal elfique, aux heures de pointe. Je n’avais jamais vu autant de visage tournés dans ma direction, et pourtant j’étais reine d’un des peuples le plus puissant d’une planète. Jamais il n’y avait eu autant de monde à la cour. Quelque chose d’important était arrivée. Je fis la révérence devant le trône de sa majesté et j’appris enfin la nouvelle qui était sur toutes les lèvres depuis se matin. Un ambassadeur du nouveau monde était arrivé ressèment, et j’étais mandé pour lui présenter notre magnifique empire qu’est la France. Mon époux étant absent, je devais m’occuper de lui. Il sortit de l’ombre et je déglutis. Un démon ! Un démon Ludtyvien ! J’avais 2000 ans d’expérience derrière moi, je pouvais et je devais m’occuper de lui ! Peste soit le roi, peste soit mon amant ! Un immense bal se soir, un couteau dans le cœur pour ce petit Lord et une mort immédiate. Oui, un plan se mettait déjà en place dans mon cerveau elfique.

Versailles. Une merveille inégalable, et inégalée. J’ai vu les palais romains, j’ai vu le Parthénon, Alexandrie, j’ai vu Paris au temps des croisades, Jérusalem, j’ai vu la muraille de Chine ériger ses fondations, j’ai vu le palais des tsars de Russie. Mais rien qui n’atteigne Versailles. Je ne suis pas patriote, mais je dois bien avouer que je n’ai vu nulle part plus riche patrimoine que celui de la France.

Quand je suis revenu en France, je n’avais pas l’intention de me faire un nom ? Mais en chemin, sur le bateau, j’ai reçu la mission d’ambassadeurs. Et oui, t’es Français, tu bosses ! Chier tiens.

Et donc, ci l’heure qu’il est, je me retrouve sous le joug d’une quelconque comtesse, au lieu de flâner gaiment dans les landes bretonnes. Et merde ??? Oui, je jure beaucoup, et bien allez vous faire foutre.

Je vais passer les détails, mais la nana qui doit s’occuper de mon séjour, finalement, je crache pas dessus ! Ah non ! Vraiment, les Françaises, y a pas à dire. Par contre son nom, je ne l’ais pas retenu, pour la bonne raison que tout ce qui était dans ma tête à disparu quand elle est entrée. Oui, je vous jure, il y a de quoi.

Le roi explique ce qu’il attend d’elle. Et elle rend une expression étrange en me voyant. Je sens que c’est pas bon pour moi cette tête. Je la regarde fixement, avant de laisser un sourire machiavélique se former à mes lèvres. Une elfe. Il va y avoir du sport, mes amis. Je m’approche d’elle d’un air provocateur et lui fais une parfaite révérence.


-Madame, c’est un grand honneur de vous rencontrer. Je ferais mon possible pour gagner votre reconnaissance, dear…

-Madame, c’est un grand honneur de vous rencontrer. Je ferais mon possible pour gagner votre reconnaissance, dear…

Je le regarde droit dans les yeux, mes prunelles presque blanches brulantes de rage. Il est provocant, il sait très bien que je suis une elfe. Et que pars conséquent, je le haïs. Un sourire bienveillant étire mes lèvres pleines alors que dans ma tête, tout n’est que flamme et haine, et je prends sa main que je pose sur la mienne. Je le tuerai plus tard, je vais profiter de l’instant présent. Tant pis, je dois avouer que la vue est… splendide. Mais je le déteste, et qu’il rêve s’il compte me mettre dans son lit. Je suis une elfe, je suis libertine, mais jamais je ne coucherai avec un représentant de sa race. Cela n’est jamais arrivé jusqu’à présent, et n’arrivera jamais !

« -Monseigneur, que souhaitez-vous voir de notre beau pays qu’est la France ? Nous sommes loin des merveilles exotiques du Nouveau Monde, je vous l’accorde, mais le roi a vu grand pour son palais d’or. »

Et un sourire éblouissant de plus. Charmeuse, sans doute, mais je suis intenable. Je me mets à marcher, sa main sur la mienne, direction les jardins en passant par l’inoubliable galerie des glaces. Je veux voir tes yeux s’émerveillés devant la magnificence de ce château.

« -Monseigneur, que souhaitez-vous voir de notre beau pays qu’est la France ? Nous sommes loin des merveilles exotiques du Nouveau Monde, je vous l’accorde, mais le roi a vu grand pour son palais d’or. »

Elle me prend par la main, et m’emmène dans le château. S’est évident qu’elle veut m’impressionner. Peuh ! J’ai déjà vu Versailles, mais pas de jour. Quand aux jardins, je les ai survolés, et je connais leurs nombreuses merveilles sur le bout des doigts.

Mais je la suis quand même, feint l’étonnement béat du mieux que je peux. C’est assez difficile je dois dire. Par contre, je dois l’avouer, je fais tache dans le décor avec mes vêtements américains. En effet, je suis simplement vêtu d’un pantalon de toile beige, de bottes en cuir buffle des plaines, un chemise blanche mi ouverte, aux fils pendant du col, et un gilet en peau d’ours canadien. Certes, on ne peut nier l’allure sauvage et mystérieuse, mais tout de même ça manque de raffinement.

« -Madame, jouons carte sur table. Vous savez qui je suis, et moi qui vous êtes. La France est un beau pays, mais un pays figé. Il n’y est pas le merveilleux et perpétuel mouvement du Nouveau Monde, ni la grandeur de Ludtyvia. Il ne sert à rien de nous leurrer, nous n’avons pas la même idée de ce qu’est ce pays. Et vous-même, comment pouvez vous donc vanter les mérites de Versailles quand vous vivez en temps ordinaires dans un lieu mille fois plus beau ? Il n’est rien au monde qui valent Versailles, mais il st tout sur notre Ludtyvia qui le surpasse ! »

L’avantage du fait qu’elle me promène, c’est que nous sommes seuls. Ainsi pas besoin de pincettes pour lui parler. Et ça n’a pas de prix. Je ne risque pas gros, puisque je suis ambassadeur amérindien. Je suis une curiosité pour le roi, un monstre rustre et sauvage mais ayant appris les manières. Une véritable créature de zoo, avec un fort accent non identifié. Et qui qu’elle soit, elle ne me tuera pas tout de suit. Alors, autant jouer…

« -Madame, jouons carte sur table. Vous savez qui je suis, et moi qui vous êtes. La France est un beau pays, mais un pays figé. Il n’y est pas le merveilleux et perpétuel mouvement du Nouveau Monde, ni la grandeur de Ludtyvia. Il ne sert à rien de nous leurrer, nous n’avons pas la même idée de ce qu’est ce pays. Et vous-même, comment pouvez vous donc vanter les mérites de Versailles quand vous vivez en temps ordinaires dans un lieu mille fois plus beau ? Il n’est rien au monde qui valent Versailles, mais il st tout sur notre Ludtyvia qui le surpasse ! »

Il n’a pas tord. Je n’aime pas la Terre, je n’aime que Versailles. Je regarde fixement l’ambassadeur de mes yeux de chats. Et, pendant qu’une partie de mon cerveau évalue ses paroles, l’autre s’occupe de le rhabiller. Il est sous ma tutelle, il va rencontrer le meilleur tailleur de France. Nous sommes maintenant seuls, personne ne peut nous entendre. Il est en position de force, lui sait qui je suis mais pas moi. Et je n’aime pas ça ! Mais tant qu’à faire, autant jouer la blonde écervelée.

« -Démon, croyez vous vraiment que Versailles valle le Till’Kébir ? Il n’est rien en ce lieu qui n’égal ce palais. Versailles est splendide, vous ne pouvez dire le contraire. Certes, tout cela pour la grandeur d’un homme, tant de sang versé. Les ludtyviens sont moins nombrilistes. »

Et un magnifique sourire à couper le souffle. Je fais partis d’un peuple dangereux ambassadeurs, tu devrais très bien le savoir. Et pour le moment, je joue l’idiote à la perfection.

Non mais elle se fout de ma gueule ou quoi ? Bien sur que Versailles est splendide, mais je l’ai dis ! Et j’ai dis, enfin largement sous-entendu, que son palais était mieux !! Elle est gogol ou quoi ?!

Bon calme, caaalme Amarok. Il ne faut pas montrer que tu n’es pas maître de tes pulsions destructrices… Ca lui donnerai crédit pour t’assassiner.

Je hais les elfes. Foutue putain de manipulatrices nymphomanes égoïstes et nombrilistes !! Les femmes sont de vraies plaies ! Seules les nations masculines valent la peine. Les filles sont si ennuyeuses, avec leurs manières surfaites, leurs mensonges et leurs masques innombrables.

Mais je lui souris, froidement, mais quand même.

« -Ma reine, il est vrai que rien ne vaut un monument érigé par et pour un peuple de femmes… Et il n’est rien en cette superbe Versailles qui n’atteigne votre beauté. »

Hypocrisie totale mais non remarquable, habilement dissimulée par une voix vibrante d’émotion et de sincérité. Je ne connais rien ni personne plus habile à mentir qu’un démon. C’est une « qualité » innée de mon peuple… Alors heureusement qu’il ne compte pas de femmes ! Vous imaginez, si les plus grands menteurs du monde comptaient des filles ?! Oïe !

« -Ma reine, il est vrai que rien ne vaut un monument érigé par et pour un peuple de femmes… Et il n’est rien en cette superbe Versailles qui n’atteigne votre beauté. »

Il est chou… Rien n’est plus dangereux qu’un démon très cher. Tu crois vraiment que je ne le sais pas ? Tu crois réellement qu’en tant que reine je ne sais pas la raison qui fait que nous n’avons pas encore réussit à vous tuer, nous les elfes ? Alors quoi, vous êtes nos plus grands ennemis ? Ca je le sais, mais je vais jouer. Tel un chat avec sa proie. Un magnifique léopard apparait derrière moi, les crocs découvert. Mon familier principal sur les deux. Farsia. Je plonge mes prunelles dans celles du démon, et montre ma gorge. Il sait très bien ce que cela veut dire. Je suis « son obligée ». Foutaise. Mais il ne peut savoir ce qui se passe dans ma tête.

« -En effet très cher. Vous me semblez bien avant-gardiste pour un démon. »

Et je minaude, et je souris, et je suis… pitoyable. Beurk ! Les elfes ne sont normalement pas si gourdes, il va me prendre pour une conne. Tant mieux, c’est mon but. Il vaut mieux que vos ennemis vous prennent pour une conne. Car il est plus facile de frapper une fois le moment venu… Et lorsqu’il sera là, je saurai frapper en plein cœur de mon ennemi… Tu dois mourir, pour l’honneur de ma famille, et de mon peuple.

« -En effet très cher. Vous me semblez bien avant-gardiste pour un démon. »

Hmm… Elle m’a pas l’air bien fi-fine celle là… Bizarre, elle est reine, elle devrait être assez intelligente pour savoir qu’il ne fait pas bon fricoter avec les miens. Il est facile d’imaginer comment nous leurrer, beaucoup moins simple de mettre ces plans en pratique. Alors elle est soit stupide, soit suicidaire. Je penche plus pour suicidaire. Moui…

C’est ça ma jolie, planifie ma mort, montre patte blanche pour mieux frapper le moment venu… Je connais la tactique, c’est la plus classique. Mais je ne te ferais pas voir que tu es déjà découverte, ce ne serait pas du jeu…

Je lui offre un sourire satisfait, deux crocs effilés brillants au coin de mes lèvres. Je suis un démon, mais pas un démon ordinaire. Je suis prince des Enfers, cavalier de Cerbère à mes heures et surtout… pervers sadique, un chat avec sa souris. Et malheureusement pour Madame la comtesse, la souris, en ce moment, c’est elle.

« -Ma chère madame, mon peuple n’est pas si mauvais… D’ailleurs, j’en suis le capitaine, je suis prince des Enfers. Plus encore, mon père ayant quitté Nakar pour quelques mois. Cependant, il est vrai que peu d’entre nous reconnaissent les talents de la gent féminine. »

Manipulateur ? Non voyons ! Simplement joueur.

Je me suis faite rouler dans la farine. Comme une enfant. S’il est prince des Enfers, il se nomme Amarok Ragna, et je suis bien plus vieille, je devrais être largement plus puissante que lui. J’ai tous vécu, les périodes les plus noires de l’histoire, la découverte du Nouveau Monde, le temps des Romain, l’empire de Clovis. J’ai traversé les âges, et pourtant c’est un minable démon qui me clou le bec. Mais nous sommes sur Terre, et je me suis fait des ennemis depuis tous le temps que je suis ici. J’ai connu la naissance des premières sorcières, des premiers vampires. Ni lui ni moi ne pourrons utiliser notre pouvoir ici. La magie est bloquée. Mais mon avantage est que je le sais, et lui non. Stoppons mes envies meurtrières, je dois jouer fin, très très fin. Il est plus puissant que moi à mon grand désespoir, je ne suis pas la plus forte des reines que nous ayons eu. Ma petite fille sera la plus dominante de toutes les reines que nous ayons eues quand viendra son heure… Et à ce moment là, les démons devront se méfier… Car en langage elfique, son prénom veut dire dague d’argent, et rien n’ai plus meurtrier que l’argent…

« -Ne jouer pas au plus fin avec moi. Je sais qui vous êtes sieur démon. Je connais votre peuple. Et vous savez mon but. Mais je ne vous tuerais pas. Vous êtes le Prince des Enfers, il serait bien trop… dangereux pour nos deux peuples de vous attaquer… »

Il y croit. Rien de manipulateur là dedans. Du tout. Je joue carte sur table. Qu’il y croie ou non, de toute manière, je mens mieux que je n’ai jamais mentis jusqu’à présent. Car rien de ma voix à ma position corporelle ne le montre. Je garde un visage de marbre, plus rien de charmeur ni de sensuel en moi. J’ai augmenté ma garde, un frisson remonte lentement le long de ma colonne. Il me fait peur, froid dans le dos. La reine des elfes, apeurée devant un simple démon –prince ok, mais démon-. Je plonge mes prunelles cyans dans les siennes, il a vraiment de magnifique yeux. Je dois me calmer, je suis comtesse en France, et reine sur Ludtyvia, je ne suis pas une pauvre humaine si facile à séduire. Et lui, il est le pire ennemi de mon peuple, mon pire ennemi.

Je ne comprends pas. Plus. Joue-t-elle ? Est-elle sincère ? Je pencherai pour la seconde supposition, mais rien en elle n’a l’air d’un mensonge. Je fronce les sourcils, perplexe. Puis, je recentre mon attention sur mes fringues de trappeur avec une moue horrifiée. Mon dieu. Beuaark…. Il faut que je fasse quelque chose. Je lui lance un regard penaud, enfantin. D’ailleurs, je suis un enfant. Dix ans. C’est l’âge que je fais sous ma véritable apparence.

« -Madame, veuillez m’excusez mais, pourriez vous m’emmener en ville ? Mes vêtements ne me dérangent pas en temps normal, mais dans ce lieu… C’est presque une offense. »

Je mordille ma lèvre inférieure, gêné désormais. J’ai des réactions bizarre, oui. Je suis un gosse, je ne peux pas garder la même idée plus de 20 minutes. Et alors ? Au moins, il y a du piment dans ma vie.

« -Madame, veuillez m’excusez mais, pourriez vous m’emmener en ville ? Mes vêtements ne me dérangent pas en temps normal, mais dans ce lieu… C’est presque une offense. »

Et il comprend enfin qu’il fait tâche dans le décor avec sa toilette américaine. Il n’a pas ça place ici. Un démon dans le royaume de France, aberration. Pourtant, non loin de moi toutes idées meurtrières. Très bien tendre damoiseau. Je vais vous faire connaitre les meilleurs endroits de Versailles, mais avant cela, il nous faut nous rendre à Paris. Mon tailleur habite la capitale, nous avons un joli petit temps de trajet devant nous. Pour le moment, l’un de mes amants fait à peu près la même taille que lui, et a oublié ses vêtements chez moi la dernière fois. Je l’aiderai…

« -Je vais mander une calèche, je ne monte pas à cheval jusqu’à Paris, et je doute que les montures vous acceptent, je vous pris donc de me suivre jusqu’à mes appartements, je dois avoir une toilette pour vous. »

Je lui fais un sourire étincelant, mais je suis folle. Folle à lier. Mener ainsi un démon dans mes appartements, je devrai crier au viol sans aucuns doutes. Car il ne posera jamais la main sur moi avec mon consentement. Ca c’est sur. Et surtout, il est plus puissant que moi, ça je le sais. S’il veut mon corps, il peut facilement l’obtenir par la force. Je ne suis qu’une faible elfe moi, j’ai beau être la reine, la nature n’a pas été très clémente avec moi. J’ai une physique d’une beauté inimaginable, ça c’est sur, mais pour le pouvoir de l’esprit, je n’ai pas été gâtée. Et quoi de plus drôle et de plus jouissif que de soumettre une reine à ses envies ? … Je sais qu’il me sera dure de me défendre, je ne porte pas d’argent sur moi, uniquement de l’or. Et malheureusement, l’or n’a aucun effet sur sa race. Pourquoi suis-je aussi stupide non de dieu ! Que le seigneur m’en soit témoin s’il ne tente pas de poser la main sur moi.