Assise à la terrasse d’un café, je sirotai un verre de vin blanc. Je ne m’étais pas couché depuis que j’avais fini le travail. Je pensais à mon petit ami, à la dernière fois que nous nous étions vu. J’avais foutu la pâté aux cousins mais ils avaient cherché à se venger. Et Aaron avait de nouveau était là pour moi. C’était bizarre quand même que moi, Louve Originelle, je tombe amoureuse d’un tigre tout aussi Originel que moi. Un petit sourire sur les lèvres je réglai ma note auprès du patron, qui était mon client et sortis du bar. L’air frais de la nuit me faisait le plus grand bien, il me remettait les idées en place.

J’en avais tellement marre de cet orphelinat. Pourquoi ne pouvais-je pas en partir ? Mes dix-huit ans approchaient pourtant de plus en plus et je savais parfaitement me débrouiller toute seule, je le faisais depuis si longtemps sur Ludtyvia, ma planète natale. Je n’arrivais pas à dormir cette nuit-là et de ce fait, j’avais allumé la lumière pour lire un peu. Le problème, c’est que je ne suis pas la seule orpheline dans cet établissement et nous dormions dans des dortoirs de dix à quinze personnes plus une adulte qui nous surveillait et le couvre-feu était passé depuis longtemps. J’ignorais l’heure mais je voyais bien que tout le monde dormait tranquillement. Il devait être tard dans la nuit et malheureusement pour moi, les gens avaient un sommeil très léger dans cette chambre ; la lumière réveilla tout le monde.
Je ne me souviens pas ce qu’il s’est passé après cela, je crois que j’ai fait une crise et crié énormément sur la surveillante ? Tout ce que je sais, c’est que pour une fois, je n’ai tué personne, je suis sortie en trombe de l’orphelinat pour prendre l’air. J’avais tellement envie de décharger ma colère sur quelqu’un sans le vouloir en même temps ; ma crise n’était toujours pas terminée, je risquais de tuer quelqu’un aujourd’hui. Quelqu’un que je ne connaissais pas et rien ne pourrait m’en empêcher.
Comme souvent, je trainais dans de petites rues ou peu de personnes passaient, surtout la nuit. Tant mieux, comme cela, je ne tuerais pas.
J’avais parlé trop vite, une femme était apparu sur le trottoir. Je ne la connaissais pas et elle non plus ne me connaissait pas. Je resserrai ma prise sur le couteau aiguisé dans ma main droite. Où l’avais-je pris ? Et quand ? Je ne le savais point mais il était là et si je continuai ainsi, dans deux minutes, la femme ne sera plus de ce monde. Je m’avançai vers elle, dissimulant mon couteau derrière mon dos. A ma gauche, il y avait une ruelle parfaite pour faire mon meurtre en toute discrétion. Je m’y engageai et appelai l’adulte :

« Madame ! Pouvez-vous venir s’il vous plait, j’ai besoin d’aide. »

Ne pouvant plus me retenir, mon pouvoir cessa et mes ailes apparurent, déchirant mes vêtements. Tant pis, de toute manière, elle n’en sortira pas vivante donc je m’en fiche.

Une odeur particulière me parvient alors que je n’avais qu’une envie, me perdre sous mes couvertures. Qu’est-ce que ? Cela venait de la gamine que j’avais vu tout à l’heure. Elle n’était pas ce qu’elle faisait croire, j’étais prête à parier qu’elle était ludtyvienne. Je plissai les yeux puis ne cherchai pas à voir plus loin. Je l’aurai su si je la connaissais. J’étais une Originelle, je possèdai la mémoire des deux mondes.


« Madame ! Pouvez-vous venir s’il vous plait, j’ai besoin d’aide. »

Allons donc, voilà que perdu dans mes pensées j’avais perdu la gamine de vue et j’étais sur à deux cent pour cent que c’était elle qui m’appelait maintenant. Je m’approchai doucement de la ruelle sombre dans laquelle elle se trouvait et le spectacle devant moi me laissa coite de stupeur. De magnifiques ailes s’épanouissaient dans son dos. J’avais raison, mon nez ne m’avait pas trompé, elle n’était pas humaine. Je vis l’éclat du couteau qu’elle tenait dans les mains, je n’étais pas une misérable humaine, mes sens étaient plus aiguisés. Pourtant, son couteau devait être des plus simple, je ne percevais pas la menace sourde et prometteuse de mort de l’argent. Un sourire s’épanouit sur mes lèvres, j’avais envie de jouer. Pour l’instant, elle me prenait pour une simple humaine faible comme il en existait tant sur cette planète. J’étais juste grande et de fins muscles jouaient sous ma peau largement découverte. Pourtant je n’étais pas assez habillée. Une humaine normale serait en train de se transformer progressivement en glaçon mais ma peau était brulante. Le sourire sur mon visage s’agrandit, aller petite fille, attaque. J’ai deux cent ans d’expérience derrière moi, je suis Originelle du peuple des loups. Tu n’as aucune chance et tu vas connaitre la défaite. Auncun remord à tuer quelqu’un.

La femme s’avança dans la ruelle, un sourire éclairant son visage. Comment pouvait-elle sourire dans un moment pareil ? J’avais pourtant un couteau à la main et même si elle ne le voyait pas, il était très aiguisé. Peut-être était-ce mes ailes, elle devait penser que j’étais un ange. Peut-être même qu’elle s’imaginait que j’étais son ange gardien. C’était si beau de rêver, surtout avant de mourir des mains d’une jeune lycéenne. Je levai le couteau au-dessus de ma tête et m’avançai vers elle. Elle allait mourir, même si je ne le souhaitais pas. Je pensais avoir tué assez de personne mais je ne pouvais m’arrêter lorsque je faisais une crise. Elles revenaient régulièrement m’empêcher d’avoir une vie normale, je m’y étais faite et aujourd’hui, je menais une vie plutôt normale entre deux crises. Enfin, sur Terre uniquement, ma vie était si différente sur Ludtyvia.
J’étais à présent devant la femme, mon couteau prés à enlever la vie.

« Je suis désolée, je ne veux pas mais je ne peux m’en empêcher. Adieu ! »

Je baissais rapidement mon arme en direction de son corps. Elle allait mourir avant même d’avoir eu le temps de profiter pleinement de sa vie.

« Je suis désolée, je ne veux pas mais je ne peux m’en empêcher. Adieu ! »


J’éclatais d’un rire froid et cruel. Mes prunelles brillaient d’un éclat gelé, je savais faire peur. Je regardai l’arme qu’elle tenait dans la main et ris une fois de plus.

« Qui es-tu mortelle pour penser pouvoir prendre la vie d’une Originelle ? »

Je lui fis un nouveau sourire cruel avant de laisser la louve rousse en moi prendre le contrôle. Devant elle ne se trouvait plus maintenant une simple femme habillée comme une prostituée mais une louve de deux mètres. Dire que j’étais petite comparé aux autres Originaux. Alors petite blonde ? Tu fais moins la maligne maintenant.
Un grondement sourd jaillit de ma gorge, faisant trembler le sol. Je découvris mes crocs de la taille d’un bras humain en un sourire sinistre. Elle tombait bien, j’avais envie de m’amuser un peu ce soir. Un bon combat contre quelqu’un de beaucoup plus faible que moi, qui pouvait rêver m’offrir un aussi beau présent ? Je la regardai fixement, ne sachant pas encore la façon dont elle allait souffrir. Lentement et douloureusement ou rapidement ? Il y avait matière à rire. Oui, vraiment.

La femme éclata de rire, un rire froid et cruel qui ne peut m’empêcher de frissonner intérieurement. Je la regardai un peu plus attentivement, elle est peu vêtu malgré le froid de la nuit. Qui peut-elle bien être ? Elle me faisait peur et pourtant, mon corps n’avait aucun mouvement par rapport à ce que je ressentais, il s’agitait comme bon lui semblait et ne me laissait pas placer un mot.

« Qui es-tu mortelle pour penser pouvoir prendre la vie d’une Originelle ? »

Mon dieu ! La femme n’était pas humaine et bientôt un loup se dressa devant moi. Il était bien plus grand que moi et je sentais bien que je n’avais aucune chance et pourtant, mon corps ne m’écoutait toujours pas. Mon couteau descendait toujours en direction du corps du loup pour finalement s’enfoncer dans sa peau, entre ses os. Etait-ce de l’argent ? Je n’en savais rien mais je pensais que si cela avait été le cas, elle aurait réagi plus tôt. J’étais dans la mouimouise. Que pouvais-je faire à présent à part tenter de la tuer ? De toute manière, je ne me contrôlais plus en cette période de crise donc à quoi bon.
Je m’envolai légèrement pour voir son visage et agitai le couteau pour essayer de la blesser. Je hurlai, ne voulais pas mais ne pouvais m’en empêcher. Si je continuai ainsi, j’allai mourir et le savais pertinemment. Mais je n'étais pas assez près pour la toucher et je n'osai approcher tant ce loup était immense. Au moindre faux pas, c'était moi qui risquait d'y laisser ma peau, il fallait me sortir de cette situation mais comment ?
Finalement, surement grâce à la peur qui cette fois était bienvenue je dois le dire, je récupérai le contrôle de mon corps ; j'allais enfin pouvoir agir sans tuer personne, et surtout, j'allais pouvoir me sauver. Je regardai autour de moi, ou fuir ? Je pouvais voler mais il n'y avait plus aucun nuage, si je le faisais, les humains me verraient et découvriraient l'existence des créatures surnaturelles.

"Qui suis-je ? C'est une bonne question. Je répondrai par : je suis une idiote complètement folle qui en plus se met à parler aux animaux, pour vous dire le niveau de folie. Dans tout les cas, je crois qu'il va bientôt être temps de partir vous ne croyez pas ?

Mais comment partir ? je ne pouvais pas voler par ce ciel sans nuage, même s'il faisait nuit. Je me transformai en humaine, me détournai de la bête et partie en courant en direction d'une rue plus fréquentée.