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| Sujet: Swan Lake, Tchaikovsky Mar 23 Avr - 15:59 | |
| Mon bras me fait atrocement souffrir aujourd’hui. J’ai sans doute fais un faux mouvement dans la nuit, toujours est-il que ce matin, j’en suis à pratiquement grincer des dents de douleur. Celle-ci en rappelle une autre plus sourde, et je mords ma langue pour retrouver le goût métallique du sang dans ma gorge. L’odeur du fer et de la rouille me prend aux tripes, mais je ne pipe mot. Je ferme les yeux avant de respirer de nouveau, et de prendre la direction de la bibliothèque, tentant d’oublier mes souvenirs. Après tellement de temps, je me dois de passer à autre chose. Je traverse le couloir de l’immense villa jusqu’à la plus grande pièce de la maison. Les immenses armoires couvertes de livres m’accueille. Depuis tout ce temps, j’ai toujours pensé que la lecture était mon seul moyen de sortir de la vérité, de mon présent. Alors, la bibliothèque était mon jardin secret, mon seul lieu de paix. Je fixai autour de moi les bordures aux armoiries de ma famille, le pégase cabré sur un fond d’un bleu ciel de la couleur de mes prunelles. Je regarde autour de moi, et cherche avec attention un livre que j’attends avec une intension grandissante. Je sais qu’il est ici, et qu’il pourrait ouvrir mes yeux. Car en effet, j’ai déjà vu mon médaillon quelques part. Je veux connaitre mon passé, car avant de vivre mon futur, il me faut savoir d’où je viens. J’entends d’une oreille discrète la musique classique qui envahit la bibliothèque. Le légendaire ballet du Lac des Cygnes de Tchaikovsky accompagne ma progression à travers les immenses allées que me font face, des piles et des piles d’ouvrages qui ont bercée mon enfance. Aussi long que remonte mes souvenirs, j’ai toujours lut, et la musique classique a toujours été présente, emplissant ce sanctuaire d’art et de culture que mes parents et mes ancêtres avant eux ont emplit de leur savoir. Il y a là les journaux intimes de toute ma famille, même bien avant que nous n’embarquions pour les Amériques. Les institues nationaux d’art et de lettre de Milwaukee ont eu beau supplier mes parents, les livres restèrent toujours à leur juste place. J’avance droit devant moi, les œuvres plus ressentes sont à l’avant, et plus nous avançons dans les immenses allées, plus les couvertures se couvrent de poussière. Tellement de savoir qu’il faudrait bien plus d’une vie pour pouvoir les comprendre et les déchiffrer. Des milliards de langues, anciennes, voir même mortes n’attendent qu’un lecteur avenant pour déchiffrer leur caractères immortels. Balzac, Flaubert, La Martine peuplent les premiers étages, et l’immense échelle laisse entrapercevoir les immenses volumes de l’encyclopédie des philosophes des lumières. La musique change et rien qu’a l’oreille, je reconnais les notes savamment étudiée de la marche royale de Lully. Mes pas prennent d’eux même une allure plus soutenue et presque dansante. Je me remémore les pas du menuet que mon précepteur mit tant de temps à m’apprendre et ferme les yeux, laissant mon ouïe discerner le moindre changement. Mon odorat accompagne mes sens, m’apprenant que de la poussière flotte à seulement quelques pas de moi. Je souris, avant d’ouvrir les yeux. L’ouvrage que je cherche se trouve devant moi, reposant sur un socle en or massif, formant un pégase cabré. Il repose entre les ailes de l’étalon, et je caresse du bout des doigts la couverture bleuté, incrusté de deux profonds lapis-lazuli miroitant. Elle brille des armoiries de ma famille, le cheval ailé cabré aux prunelles céruléennes, sur un fond de satin cobalt. Je m’assoie sur une des nombreuses banquettes de la bibliothèque, et me plonge dans la lecture. Une immense carte d’un continent nommé Aèras couvre la première page, laissant apparaitre les châteaux, les immenses plaines, les plus petits villages. Et enfin, les caractères se forment, avant de créer des mots qui font mouches dans mon esprit égaré. Le titre me saute aux yeux, « Généalogie et histoire de la famille royale », et le médaillon que je porte autour du coup remplace chaque O des mots. Notre emblème est un cheval ailé, un magnifique étalon blanc, aux prunelles aussi bleues que deux saphirs étincelants. L’hérité impérial porte un médaillon d’or, agrémenté d’un splendide pégase se cabrant, les ailes déployées et le mufle brillant. Depuis tout temps, nous vivions dans un palais de cristal, flamboyant de milliers de couleurs différentes en fonction de l’intensité et de la lumière du jour. Le vent nous a toujours obéit, mieux qu’à n’importe quel être humain. De nos alliances, il ne reste que celle avec les divers peuples maitres de la planète des cinq éléments, mais le seul peuple contre lequel nous nous battons depuis que le monde est monde est celui de la Terre. Les sylvains n’ont jamais été nos proches, dans la paix comme dans la guerre.J’entends mon prénom résonner dans les longues allées de la bibliothèque. L’ancienne maison retentit des cris de Margerita, sa langue natale chantant, rebondissant contre le plafond en ogive avant d’apparaitre à mes oreilles. Je n’avais pas vu le temps passer. Il est déjà bien tard, et je dois aider ma mère dans ses derniers préparatifs avant notre voyage en Chine. Pourtant, je me perds dans les contours du continent du vent, mes doigts tracent les rivages et les falaises, glissant sur le papier parcheminé par les âges. Je ne peux croire à ce que je vois. Il me faut poser des questions aux bonnes personnes. Je dois prendre mon courage à deux mains et lui demander. Il seul peut savoir la vérité. Pas mon père, pas ma mère. Non… Celui que mon corps entier haït. Mais le seul qui est témoigné la moindre réaction à la vue de mon médaillon… Amarok Ragna, le futur époux de celle qui possède mon cœur. Entre mes doigts tremblants, mon médaillon me renvoi des reflets d’or et de saphirs. Les yeux du pégase brillent comme jamais, et je ferme mon poings autour du seul vestige de la mémoire de ma famille. Il me faut savoir la vérité avant d’avancer vers le futur. « En rentrant de Chine » me souffle ma conscience. Ainsi sera-t-il. Et qui vivra verra. |
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