Je suis accoudé au rebord de ma fenêtre, fumant nonchalamment une cigarette. Mon frère a déserté les lieux depuis quelques heures pour plusieurs jours, à la grande joie de ma fiancée actuellement en visite chez ses parents, que j'évite d'aller voir tant ils me portent dans leur cœur... Enfin, la mère ça peut aller, mais le père ! Fiou, moi j'm'y risque plus. La télévision muette fait défiler ses images colorées dans le vide. Au moins elle meuble un peu les lieux, envahi par la mélodie des accords du Bolero de Maurice Ravel. Je regarde les nuages cotonneux, dociles moutons blancs qui se suivent dans le gris infini du ciel. Je voudrais y plonger, mais en présence d'humains c'est impossible. Il me faudrait les tuer pour les empêcher de parler, mais je doute que Gaïa épargnerait ma vie si j'exterminais Milwaukee entière. Alors je reste là, à regarder le temps vieillir les traits des gens alors qu'il épargne les miens. Je m'ennuie profondément, mais un étrange pressentiment me cloue ici, à attendre je ne sais quoi.
En réalité, je pense que Mathieu Alaric souhaite me parler. Seulement, je ne sais pas s'il viendra me trouver chez moi. En tout cas, son mépris ne pourra faire qu'augmenter au vu de l'endroit. Un piano à queue trône dans un angle du petit salon déjà bien encombré par le canapé de cuir noir âgé d'au moins vingt ans et le téléviseur géant que Maël m'a poussé à acheter. Les murs sont beiges, les portes et les fenêtres blanches, la cuisine intégrée fait un peu peine et la salle de bain, avec ses carreaux de bleus différents, me donne la nausée. Non, ça n'a rien à voir avec les immenses villas rutilantes des familles de fondateurs. Je ne suis qu'un vulgaire roturier mal élevé et pauvre, mes futurs beaux parents me l'nt bien fait comprendre. Pourtant j'ai été scribe, Pharaon, Seigneur, Compte et même Duc d'Italie ! Mais ces temps sont révolus, et j'ai perdu mon statut de prince qui m'octroyait une vie de luxe et de frasques toujours pardonnées. Il faut bien que je me mette dans la peau de mon nouveau moi, alors je parle mal, oui. Et je vis dans un appart' bien moche, oui. Tant pis.
Le temps est maussade. Le vent balaie la cime des grands arbres que j'aperçois au loin, soulève les ordures qui jonchent le trottoir de mon vieux quartier mal famés et affamé. La lumière grise m'aveuglerais si je n'étais un fils des flammes, et la pluie secoue les poubelles par bourrasques piquantes. Le violon souffrant de l'Estate de Vivaldi combat comme il peut les autres instruments qui l'agressent par moments dans mon dos, et mon esprit se fait un peu plus mélancolique encore. Il fera bientôt nuit, et je sais maintenant que Lydia va dormir chez ses parents. Sans ça elle serait déjà là.
Je ferme la fenêtre d'un geste sec et écrase mon mégot de cigarette dans le cendrier qui traîne sur la table de la cuisine. Un morceau de boeuf sanglant trône sur la planche à découper, futur repas de ce soir. Cuit ou pas, grave dilemme. Hm, cuit, parce que Alaric me trouve en train de mordre dans de la viande crue il va définitivement essayer de se tuer et je refuse qu'il me prive du plaisir de son corps convulsé par le spectre noir de la mort et barbouillé de sang frais... Non, ça, ce sera mon affaire. Il va me payer l'emprise indélébile qu'il a sur Tarek. Mais avant, je répondrais à toutes ses questions et je le laisserai profiter un instant de sa nouvelle condition de Roi. Ensuite...
Je met la viande à cuire, joue le tout pour le tout en rajoutant des légumes -au secours- et enfile ma veste sombre pour aller acheter une bouteille de vin rouge. Il n'y en a plus, et moi si je n'ai plus de vin rouge je suis malheureux. Je suis français, ce n'est tout de même pas ma faute.
Dehors, la pluie fait rage. Il fait horriblement froid, le mois de février revendique ses droits. Je fourre mes mains brunes dans mes poches, et rejoins rapidement l'épicerie en bougonnant. Je prends ma bouteille, paye, ressort en claquant des dents à la manière de tout humain qui se respecte et atteint mon immeuble, trempé et furieux. Et je détecte instantanément une présence étrangère au bâtiment à mon étage. Je monte doucement, un sourire de renard fleurissant sur mes lèvres. Tiens tiens. On va se divertir...

Milwaukee est d'une beauté à couper le souffle se soir. Je soupire de soulagement lorsque Thibault me tente le petit sachet de poudre blanche que je lui ai acheter. Je sais, je ne dois pas me fournir chez un dileur. Mais c'est la première et derniere fois que cela m'arrive. Je souris pourtant, et c'est dans le calme de ma chambre que je prends ma dose de cocaïne. Je ne suis qu'un putain de crétin, je me déteste, et comprend très bien pourquoi Lydia m'a plaqué. Mais il faut que je me calme rapidement et apprenne à vivre en paix avec moi même. Ouais, j'suis aller voir un maître chinois pendant mon voyage là bas. Il m'a à moitié servit de psy, et ce ne fut pas un grand mal. Je souris aux images de ma chambre et prend une brusque inspiration lorsque mon regard azuré se pose sur le livre à la couverture bleue que j'ai remonté de la bibliothèque. Je dois aller voir Amarok. Plume m'a aidé, mais pas assez. L'Amérindien doit savoir bien des choses. Alors on laisse de côté sa fierté et on y va.

Le bruit des pneus de la Ferrari sur l'asphalte de la route est glissant, tout comme celui du moteur. J'aime mieux la Maserati, mais je n'ai pas encore eu le temps d'en acheter une nouvelle. Je roule, roule et roule jusqu'aux bas quartiers de Milwaukee. Il habite là bas, dans un appart perdu aux milieux de tant d'autres. Je n'arrive toujours pas à comprendre ce que Lydia lui trouve. Ok, il est mignon. Mais il est pauvre, n'a aucune éducation et aucun savoir etre. Petit con

Il n'y a personne chez lui. Je gare la Ferrari au milieu des autres voitures de merde. Le parchoc rutilant ferait presque tâche ici... Et puis fuck hein, j'ai de l'argent à ne plus savoir quoi faire, je ne vais quand même pas rouler en Clio si ? Mes lèvres sont tirées, sans aucun sourire. Une envie sourde de meurtre s'infiltre dans mes pensées mais je ne dois pas attaquer. Non non, il ne le faut. J'ai pas envie d'encore finir au post de police moi. Perdu dans mes pensées, le bruit de pas dans la cage d'escalier me fait stopper chacun de mes faits et gestes. Lydia n'est heureusement pas là, ce qui est cent pour cent bénéfique. Bon allez Mathieu, on prend son plus joli sourire et on attend calmement sans casser la moindre chose.

L'immeuble est bien froid, et c'est un soulagement d'enfin arriver à mon étage. Mon appart est un des seuls sans fuites. Normal, avec la chaleur infernale qui règne dedans. Je fixe le beau footballeur qui prends racine devant chez moi avec ironie, et me colle devant lui pour ouvrir la porte sans le moindre mot. Je ne vais quand même pas être poli, si ? Mon bracelet royal étincelle un instant sous les vieux néons bleus piquetés de déjections d'insectes et envahis par les papillons de nuit, et entre dans l'appartement. La chaleur est sans doute étouffante quand on a pas l'habitude, est l'air est chargé de haine. Je m'écarte gentiment pour le laisser entrer, et referme derrière lui. Puis je gagne le salon sans un regard pour sa petite personne stupide qui sens la cocaïne. Pauvre tache va, voilà pourquoi t'es tout seul à te taper un mec maintenant. La radio passe le Songe d'une nuit de Sabbat de Berlioz. Bizarrement, ça jure avec le lieu mais pas avec mon condition de fils des Enfers. Falc'Hun, la panthère noire avec qui Maël a fait ami ami il y a deux ans, sort alors du coin sombre où elle se terrait depuis le début de l'après midi et va roder près de la cuisinière. Bien entendu, il veut me bouffer mon dîner. Je fais signe à Mathieu d'entrer de la main, un sourire avenant aux lèvres, et pose ma bouteille sur le meuble de la cuisine. Ça fait quelque peu alcoolique, mais je m'en fiche après tout. Je n'ai pas comptes à rendre à cet écervelé.
Je coupe le gaz sous la poêle, et reviens à mon "invité". Il a l'air bien hargneux, le pauvre. J'ébouriffe mes cheveux et retire ma chemise, pour que mes brûlures dues à la pluie qui s'est infiltrée dessous cicatrisent plus rapidement. Mon médaillon de bois oscille sur mes muscles, et je prend soudain conscience en le regardant que la décorations de l'appart' doit paraître dérangeante. Un poignard celtique, alors qu'il n'y en a plus d'intacts officiellement dans les livres d'histoire, trône sur le buffet. Un papyrus égyptien authentique est prisonnier du verre, un torque grec repose sur le miroir de l'entrée, et de nombreuses reliques du passé sensée être introuvables s'égaillent un peu partout. Et mon collier à été fait de la main adroite de mon meilleure ami d'enfance, dans le bois d'un houx titanesque. Il est celte, donc. Je tire une chaise au jeune homme, et me laisse tomber dans une autre, en face. La Pavane pour une infante défunte de Ravel s’égaye doucement dans la pièce illuminée par des flammèches noires d'encre qui dansent entre mes doigts, posées sur les bougies d'un chandelier du XVI siècle. Je sais que l'endroit est particulièrement inquiétant, un peu comme l'antre d'une diseuse de bonne aventure, et je l'entretiens un peu en fait. Les gens qui se découvrent mages me sont toujours envoyés, car je suis le seul être de mon âge, installé de façon permanente dans l'Etat. Aussi la visite de Mathieu n'est pas une surprise. Mes yeux d'émeraude virent lentement à leur lueur de braise, et je l'invite à s'asseoir d'un nouveau signe.

-Mathieu... Bienvenu chez moi. Je t'en prie, met toi à l'aise, je ne vais pas te manger. Et, calme cette rage dans tes beaux yeux, tu me ferais plaisir. Tu as beau avoir une certaine puissance, tu ne maîtrise pas encore assez bien les choses pour me mettre hors course. Tu as des questions, je crois. Beaucoup de demandes sans réponses. Et moi seul peux t'éclairer, car les autres de mon peuple t'élimineraient sans préambule s'ils te croisaient et t'identifiaient. Alors je t'en prie...

Ma voix d'outre tombe meurt dans ma gorge, et la température augmente d'un petit degré. Je voudrais que le courant passe entre nous. Sincèrement, je ne veux pas lui faire de mal. Pas tout de suite.

Le voilà, là devant moi, tremper de la tête au pied par la tempête qui fait rage dehors. J'ai compris au bout du conte que c'était moi l'origine de se surplus de vent. Et aujourd'hui, je dois bien avouer que je suis coupable. Mon ouïe fine discerne le grillement d'agonie d'une mouche et mes yeux bleus se posent sur le néon qui sert d'éclairage ici. Nous sommes bien loin des lustres de cristal qui illuminent les maisons respectives de la fiancé du crétin devant moi elle la mienne. Mes prunnelles s'attardent sur la main droite du baseballeur, sur laquelle brille une bague de fiançailles semblable à celle de Lydia. Même si je le voulais, je ne peux détacher mon regard de cette main qui coupe tous mes espoirs d'avenir et de futur. Elle est vraiment partit ? Semble demander mes yeux à un interlocuteur invisible. Mais je refuse que le brun voit ma faiblesse et leve les deux braises qui me servent de prunnelles dans sa direction.

Le décors de son appart me laisse coït de stupeur. Des reliques perdues depuis des milliers d'années couvrent les murs, des oeuvres qui ferait le rêve des musées et des collectionneurs. Il m'abandonne quelques secondes, mais je suis perdu dans la contemplation des bibelots qui s'étalent devant moi. Je ne capte même pas le doux frottement des coussinets d'une énorme panthère noire sur le sol, ni le bruit de sa queue gigantesque lorsqu'elle frappe d'impatience le linos, soulevant une épaisse couche de poussière. Tant d'année d'histoire perdues dans cette petite piece.

-Mathieu... Bienvenu chez moi.Je t'en prie, met toi à l'aise, je ne vais pas te manger. Et, calme cette rage dans tes beaux yeux, tu me ferais plaisir. Tu as beau avoir une certaine puissance, tu ne maîtrise pas encore assez bien les choses pour me mettre hors course. Tu as des questions, je crois. Beaucoup de demandes sans réponses. Et moi seul peux t'éclairer, car les autres de mon peuple t'élimineraient sans préambule s'ils te croisaient et t'identifiaient.Alors je t'en prie...

Je m'assois sur la chaise devant lui, mal à l'aise sous le feu de ses prunnelles incandescentes et sa voix d'outre tombe. Je n'avais jamais remarqué qu'il avait des intonations si graves lorsqu'il parlait...

-Enflure... murmurai-je plus pour moi même que pour lui.

Je le regardais fixement avant de réfléchir à une réponse convenable. Oui, j'avais un nombre invraisemblables de questions, mais il fallait un début à tout. De plus, ce petit con avait parfaitement prononcé mon prénom, ce dont je lui étais grès. Même si je le haisais, et que je sentais le danger par tous les pores de ma peau, il me fallait savoir qui j'étais. J'attrapai la chaine de mon médaillon et la fis glisser par dessus ma tête avant de la poser sur la tête presque noire d'avoir trop servit :

- Tu me parles de ma puissance, mais avant je veux savoir. Qu'est ce qu'il représente aux yeux des gens comme vous ? Pourquoi ces regards quand certain d'entre vous le voit. Il n'est pas qu'un médaillon pas vrai ?

Ma voix grave retentit dans l'atmosphère lourde qui règne ici. Mais il me faut à tout prit savoir. Je ne veux pas rester dans l'ignorance, la connaissance m'a toujours sauvé dans tout ce que j'entreprenai. Alors Amarok ? Je n'oublie rien, mais je dois savoir qui je suis pour mieux avancer. Je n'en peux plus de patiner, il me faut des réponses. Qui est cette famille du vent dont vous parlez tous ? Qui sont ses rois et ses reines disparus. Et surtout, qu'est ce que je suis sensé faire ?

Les yeux d'azur du jeune homme sillonnent les murs, une discrète lueur atterrée brillant au fond des méandres liquides qui tourbillonnent autour de ses pupilles. Il s'assoit, et la rage continue de s'échapper de lui. Le pauvre, c'est que je m'en voudrais presque de lui avoir piqué sa copine... Mais il n'est pas très à l'aise non plus.

-Enflure...

Un sourire en coin de quelques fractions de secondes étire mes lèvres trop foncées, et je le regarde lutter pour trouver par où commencer, comment calmer sa haine envers moi aussi, sans doute. Il a été bien élevé, il est donc très à cheval sur la politesse et les manières sans doute.

- Tu me parles de ma puissance, mais avant je veux savoir. Qu'est ce qu'il représente aux yeux des gens comme vous ? Pourquoi ces regards quand certain d'entre vous le voit ? Il n'est pas qu'un médaillon pas vrai ?

Aïe aïe aïe... Il commence par le début, c'est bien, mais ensuite il ne lui restera pas grand chose demander. J'ai été conteur, et quand je commence moi, on ne m'arrête plus. Enfin, j'espère qu'il a une bonne mémoire parce que je ne ralentirais pas. Falc'Hun se pose à mes pieds, un quartier de boeuf dérobé dans le frigo entre les crocs, et je laisse mes cornes de bélier, mes ailes rougeoyantes et ma puissante queue draconienne qui bat l'air avant de retomber sur le carrelage sale dans un bruit mat. La pluie continue de frapper les carreaux en rythme quand j'ouvre enfin la bouche dans cette atmosphère lourde.

-Tout d'abord, tu dois savoir que tu ne viens pas de ce monde. Au commencement, il n'y avais que le vide. Gaïa, notre déesse mère à tous, créa la planète Ludtyvia. Il y a sur celle ci cinq continents. Le continent principal réuni tout, les autres... Et bien, il y a celui de l'eau, celui de la terre, celui du feu et celui de l'air. Des dizaines de peuples différents vivent sur Ludtyvia, et ils se mêlent parfois aux terriens. Les plus puissants des peuples sont les Elfes, dont la Reine régit tout. Seules les femmes ont le pouvoir chez eux. Un elfe, jaloux et furieux, déserta. Il découvrit les ténèbres et le mal, et donna naissance à l'aide de ses fidèles aux Démons du feu, plus communément appelés les diables. Il se nommait Satan. Les deux peuples se déchirèrent. Gaïa, furieuse et dépitée, créa alors les différentes familles des éléments. Eau, Feu, Terre et Air par couples d'opposition et d'alliage. L'eau et la terre fonctionnent bien ensembles, ainsi que l'air et le feu. Mais l'eau et le feu se livrent une bataille enragée, comme la terre et l'air. Il existe également nombres de garous ainsi que des vampires, succubes et autres démons. Mais, il y a très longtemps, des mercenaires furieux décidèrent d'exterminer les familles. Elles prirent la fuite, et on ne les revis plus. Les Princes du peuple de la terre, les Sylvains, reprirent leurs droits il y a trente ans. Leur Prince héritier, Tarek Thompson, reprendra les rênes dans trois ou quatre années. L'héritière du feu, Kate Peer, a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de pouvoir espérer reprendre les rênes du royaume qui lui appartient de droit. La famille de l'eau est encore hésitante, et la princesse Aeryn Ahonni est perdue. Jusqu'à il y a peu, je pensais que celle de l'air avait bel et bien été exterminée. Mais ce médaillon que tu portes appartenait à la princesse qui a fui Ludtyvia pour échapper aux mercenaires. Les armoiries de ta famille sont celles qui surplombent toutes les portes des grandes villes d'Aéras et la muraille du vieux Palais, intact et imprenable car il est protégé par des sortilèges royaux qu'il te faudra maîtriser si tu veux accéder à ce qui sera ta demeure si tu acceptes ton rôle. Voilà pourquoi nous réagissons ainsi en le voyant. Il évoque la fin d'une période de guerres incessantes, et le retour de la légitimité sur notre planète. Tu n'es autre que le Roi légitime de touts les peuples de l'Air. Voilà pourquoi tu arrives à diriger les vents à ta guise. Cependant, tu es en droit de refuser. Par contre, si tu choisis d'ignorer ta véritable identité, saches que tu abandonnes à son sort une nation qui pleure, hagarde et envahie par les mercenaires qui chassèrent ta famille, une bande de démons cruels et pervertis, qui ne savent plus où sont les lois et que Gaïa ne considère pas comme une priorité. Ils règnent par la terreur. Ai-je un peu éclairé ta lanterne, Mathieu ?

J'insiste sur son prénom, prononcé sans la moindre difficulté, parce que je veux l'embêter un peu. Je suis français, ouais, et alors ? Lui qui aime tant entendre les véritables tonalités de son nom, il devrait être content non ? La pluie s'est arrêtée, mais pas le vent sifflant. Les flammes brunes du chandelier vacillent, et éclairent la couverture d'un énorme livre noir relié par des lanières en cuir de dragon. Je l'ai dérobé en vitesse parmis les ouvrages multiples de la bibliothèque infernale. Il a été commencé par le premier Satan, l'original, et continué par tous ceux qui lui ont succédé. Mon oncle, mon père et leur pères avant eux couchèrent tout leur savoir entre ces pages jaunies par le temps. Aujourd'hui, mon écriture trop petite et trop serrée se mêle à la leur. Maël suivra. Jamais Kaèr n'a couché une seule ligne dans ce livre, dont la couverture représente un dragon crachant le feu, deux rubis à la place des yeux, ses écailles noires étincelantes parsemées de blanc évoquant le supplice des Gardiens.Je tends les mains vers l'ouvrage, et le pose devant moi, entre le jeune Prince et moi. Il y a là dedans une description exacte de toutes les créatures ludtyviennes, leur caractère, leur puissance, leur apparence et leur naissance. Il y a tout ce qu'il peut vouloir savoir. Mais je ne confie pas ce trésor inestimable à n'importe qui. Alors s'il veut le feuilleter, c'est ici. Je souffle sur le dragon qui coupe les lanières d'un seul coup de mâchoire, et ouvre le livre à la page de la famille royale de l'air. Il y a là un croquis de leur tenue, plusieurs de leur armoiries, un zoom sur leurs chevaux ailés d'exception et tous leurs us et coutumes, la cérémonie du couronnement, la nécessité de prendre pour épouse une mage de l'air précisée et même leur arbre généalogique, qui s'arrête a une certaine Louwan. La pauvre jeune femme a du bien souffrir jusqu'à sa mort. J'aimerais continuer cet arbre, mais je ne me voit pas demander à Mathieu de me ramener une copie de son arbre généalogique... Non, pas du tout. Alors, que vas tu choisir jeune homme ? Si tu prends le chemin du trône, tu devras savoir qui est qui dans cette ville, et un lourd poids pèsera sur tes épaules. En as tu le courage, gamin ?

-Tout d'abord, tudoissavoirque tu ne vienspasde ce monde. Au commencement, il n'yavais que le vide. Gaïa, notre déesse mère à tous, créa la planète Ludtyvia. Il ya sur celle ci cinqcontinents. Le continent principal réunitout, les autres...Et bien, ily a celuide l'eau, celui de la terre, celuidufeu et celui de l'air. Des dizaines de peuples différents vivent sur Ludtyvia, et ils se mêlent parfois aux terriens.Les plus puissants des peuplessont lesElfes, dont la Reinerégit tout.Seules les femmesont le pouvoirchezeux.Unelfe, jaloux et furieux, déserta.Ildécouvrit les ténèbres et le mal, et donna naissance à l'aide de ses fidèles aux Démons dufeu, plus communément appelés les diables. Il senommait Satan. Les deux peuples se déchirèrent. Gaïa, furieuse et dépitée, créa alors les différentes familles des éléments. Eau, Feu, Terre et Airpar couples d'opposition et d'alliage. L'eau et la terre fonctionnent bienensembles, ainsique l'airet le feu.Mais l'eauet lefeuse livrent une bataille enragée, comme la terre et l'air.Ilexiste également nombres de garous ainsi que des vampires, succubes et autres démons. Mais, il y a très longtemps, des mercenaires furieux décidèrent d'exterminer les familles. Elles prirent la fuite, et on ne lesrevis plus. Les Princes du peuple de la terre, les Sylvains, reprirent leurs droits ily a trente ans.Leur Princehéritier, Tarek Thompson, reprendra les rênes dans troisouquatre années. L'héritière du feu, Kate Peer, a encore beaucoupde cheminà parcouriravant de pouvoir espérerreprendre les rênes duroyaume qui luiappartient de droit. La famille de l'eauest encore hésitante, et la princesse Aeryn Ahonniest perdue. Jusqu'à il y a peu, je pensais que celle de l'airavait belet bienété exterminée. Mais ce médaillonquetu portes appartenait à la princesse qui a fuiLudtyvia pouréchapperaux mercenaires. Les armoiries de ta famille sont celles qui surplombent toutes les portes desgrandes villes d'Aéras et la muraille duvieux Palais, intact et imprenable car il est protégé par des sortilèges royaux qu'il te faudra maîtrisersitu veux accéderà ce qui sera ta demeure situ acceptes ton rôle. Voilà pourquoi nous réagissons ainsi en le voyant. Il évoque la fin d'une période de guerres incessantes, et le retour de la légitimité sur notre planète. Tu n'es autre que le Roi légitime de touts les peuples de l'Air.Voilà pourquoi tu arrives à diriger les vents à ta guise. Cependant, tu es endroit de refuser. Par contre, si tu choisis d'ignorer ta véritable identité, saches que tu abandonnes à son sort une nation qui pleure, hagarde et envahie parles mercenaires qui chassèrent ta famille, une bande de démons cruels et pervertis, qui ne savent plus où sont leslois et que Gaïa ne considère pas comme une priorité. Ils règnent par la terreur. Ai-je un peu éclairé ta lanterne, Mathieu ?

J'écoute ses paroles, droit sur ma chaise, ne prêtant pas attention aux cornes qui ont persée sa chaire, aux ailes de plumes noires qui couvrent son dos et à l'immense queue de démon qui flotte dans son sillage. Je tente de comprendre ses paroles, mais c'est un peu trop pour moi. Il rejoignait Plume dans ce qu'il disait, j'étais une sorte de super héro roi qui allait sauver tout un peuple. Mais bien sur... J'allais les croire lui et son ex. Il me faisait une grosse blague. Pourtant, l'atmosphère étouffant qui régnait ici me poussait à le croire. Ses yeux rouges, ses ailes, il ne les avait pas sortis de nul part. Je réfléchis aux noms qu'il m'avait dit, perdu dans les suppositions avancés. Kate... Aeryn... Et surtout, Tarek. Ainsi, nos deux familles se haisaient par la faute de nos éléments ? Tout ces coups quand j'étais enfant, punition de côtoyer mon meilleur ami, c'était la faute de cette merde ! Je refusais de porter un tel point sur mes épaules ! Je n'étais qu'un gamin, je n'avais pas le loisir de devenir un roi... Mais... Pourtant, ce peuple qui souffrait m'était proche, je sentais sa douleur dans tout mon être. Être roi... Devenir le maître de mon destin. Je fixai le livre que venait de me tendre Amarok, regardant le magnifique dragon mordre les lanières de cuirs du journal. Un homme en tenue ancienne de combat m'apparu, le cheveu blond, et les prunnelles aussi bleues que les miennes. Son armure est d'un blanc éblouissant, agrémenté d'un cape couleur or aussi belle que sa chevelure qui tombe jusqu'à ses épaules. Il est d'un beauté à couper le souffle, même si je ne suis pas gay je peux le dire. La femme à ses côtés me coupe le souffle. On dirait ma plus vieille ancêtre, celle dont le portrait trône dans le hall. Sur sa poitrine repose le médaillon qui ceint aujourd'hui mon cou. Une femme porte le médaillon de ma famille... c'est pas possible sa.

-Et je dois faire quoi ?

Je ne souris pas, je réfléchis. Pour une fois le fait que je sois surdoué m'aide à quelque chose. C'est rare que je me serve de mon intelligence, mais sa peut arriver... Je brûle d'impatience, avide de savoir.

Les deux morceaux de ciel me fixent, intéressés. Mathieu est intéressé, on dirait. Il se penche sur le livre, et détaille les croquis parfaits exécutés d'une main maîtrisée sur le papier épais au grain rude. Le carbone n'a pas coulé, ne s'est pas estompé. Les Rois et Reines de la nation de l'air restent là, figés, splendides dans leur tenue d'apparat. Le médaillon semble briller lui aussi, comme le vrai.

-Et je dois faire quoi ?

Un sourire cruel modifie mon visage, et je tourne la page sur une illustration de chevaux ailés qui tourbillonnent autour de pics gris sombres. La vallée des vents. Il y souffle des dizaines de courants différents, et les animaux de l'élément y évoluaient en paix jusqu'à ce que la famille royale disparaisse, laissant une aubaine aux Elfes. J'aimerais que ce sale gosse devienne Roi exprès pour qu'ils restituent à Aéras ces cheveux d'exception car ils le devront sous peine de rendre des comptes à Gaïa. J'en parlerai à ma fiancée. Je voudrais retrouver la paix d'antan. Mais je suis trop fier pour en parler à cet avorton. Spinthiras, mon 'familier', vient se nicher sur la table, pas plus grand qu'un iguane, mais il est évident qu'il s'agit d'un dragon. Catastrophé, je tente de lui faire entendre raison et de le chasser de la pièce mais il n'en a cure. Il fixe ses yeux rouges sur Mathieu et se redresse, les ailes déployées, menaçant, avant de me faire parvenir mentalement sa pensée. Tue le. Grr, il m'aide pas à rester calme là cet abruti. Nan Spin, relax, gentil dragon je t'ai pas insulté, nooon... A peine. Je soupire, agacé par le caractère de la créature, et rengage la conversation.

-Hmm, bon. Visiblement ça t’intéresse. En fait, je ne peux pas décider à ta place. Tu es légitimement Roi, mais c'est un rôle difficile et c'est vrai que je te vois mal avoir le courage de te rendre sur Ludtyvia... Après tout, tu n'es qu'un enfant. Et puis ces guerres ne te regardent pas. Ceci étant dit... Si tu veux y aller, j'acceptes te t'y faire mener en toute sécurité. Je ne t'apprécie pas mais, j'apprécie Aéras. Et j'aime ce qui est légitime, aussi j'estime qu'il serait plus juste pour les peuples aériens que tu deviennes Roi. Si telle est ton envie, tu dois d'abord apprendre à gérer tes pouvoirs. Ensuite, tu devras apprendre les noms ludtyviens des vents, des tornades, des ouragans. Je ne te cache pas que ce sera peut être difficile, mais on dit de ton peuple que la mémoire ne vous fait pas défaut. Et enfin, tu devras te rendre sur ton continent, ouvrir le palais, subir le couronnement et, bien entendu, prendre femme dans les cinq années suivantes. Tu choisis.

Je crois que je suis pas très rassurant... Mouais, je suis pas le mieux placé pour le convaincre que devenir Roi d'Aéras, c'est génial. Le pauvre. Et en plus Spinthiras n'arrête pas de grandir, il fait déjà la taille de la salle de bain. Je lui précise qu'il va faire péter l'immeuble s'il ne se contrôle pas, et il acquiesce avant de stopper sa croissance et de se coucher à ma gauche, soufflant de la fumée par les naseaux. Fait chier, il va finir par se tirer le pauvre petit, il croit pas à la magie...

Spoiler:

Il tourne la page du livre, m'arrachant à la contemplation de ceux qu'il présente comme mes ancêtres. Le dessin suivant me laisse coït. Les fusains et les encres plus anciens que ma famille tracent des formes au réalisme plus que saisissant. Des pégases, d'une race qui m'est inconnue, semblable à l'animal qui darde les lapis lazulis de ses yeux sur le jeune... Homme devant moi. Mais je ne prête attention à aucun de ses gestes, perdu dans la contemplation de la feuille parcheminée. Je tente un doigt sur l'oeuvre, et il trace les contours des animaux sans faire couler l'encre. Je connais cette vallée. Je l'ai déjà vue dans mes rêves. J'y ai volé aux côtés d'un immense dragon respirant la sagesse. Un rêve de môme qui était réel ? Un monstre de crocs et de cuir monte sur la table devant moi, m'arrachant à la contemplation du manuscrit. Je le fixe avec effroi, mais la voix de sentor d'Amarok me ramène sur terre.

-Hmm, bon. Visiblement ça t’intéresse. En fait, je ne peux pas décider à ta place. Tu es légitimement Roi, mais c'est un rôle difficile et c'est vrai que je te vois mal avoir le courage de te rendre sur Ludtyvia... Après tout, tu n'es qu'un enfant. Et puis ces guerres ne te regardent pas. Ceci étant dit... Si tu veux y aller, j'acceptes te t'y faire mener en toute sécurité. Je ne t'apprécie pas mais, j'apprécie Aéras. Et j'aime ce qui est légitime, aussi j'estime qu'il serait plus juste pour les peuples aériens que tu deviennes Roi. Si telle est ton envie, tu dois d'abord apprendre à gérer tes pouvoirs. Ensuite, tu devras apprendre les noms ludtyviens des vents, des tornades, des ouragans. Je ne te cache pas que ce sera peut être difficile, mais on dit de ton peuple que la mémoire ne vous fait pas défaut. Et enfin, tu devras te rendre sur ton continent, ouvrir le palais, subir le couronnement et, bien entendu, prendre femme dans les cinq années suivantes. Tu choisis.

Quand tu auras fini ton baratin sur ton amour de la légitimité fils de pute, tu pourras t'intéresser à l'espèce de dragon qui grandit à côté de toi. Je n'ai pas honte de le dire mais un léger filet de peur coule le long de ma ligne musculaire dorsale et je me mors la lèvre. J'inspire profondément puis expire avant de réfléchir à ses paroles. Me souvenir des noms de vent et autre trucs, aucuns problèmes. Subir son couronnement, ouvrir un palais, pas de problème non plus. Mais prendre femme... Il n'y a que ta salope de petite amie (fiancée pardon) que je veux épouser et tu me l'as piqué en beauté connard ! C'est bien beau de parler ! La peur et la colere sont un drôle de cocktail. Je ferme les yeux et mes doigts tracent d'étranges arabesques dans l'air. Mais je ne fais pas ses gestes au hasard. La poussière sur la table se soulève et prend la forme du magnifique pégase de mes armoiries, un cheval minuscule. Il se cabre, henit violement avant de prendre un galop rassembler, jouant avec son environnement. Je laisse retomber mes mains et la poussière fait de même. Du splendide étalon, plus aucune trace.

-Je n'ai pas peur de me rendre là bas. Je deviendrai roi, et sauvera se peuple...

Ma voix est moins gamine tout d'un coup. Inconsciement, elle a prit des intonations presque royales, qui sonnent comme le glas du retour de ma famille.

La peur. La peur qui irradie son corps, et la colère. Je sens mes muscles se tendre, et mon souffle prend un rythme erratique en quelques secondes. Non. Pas bouger Amarok. Calme. Sang froid. Mon dragon retrousse ses babines sur ses crocs ivoiriens, et mes doigts se crispent sur le bois de la table. Table dont la poussière donne naissance, sous mes yeux ébahis, à un cheval ailé magnifique. Mon regard revient à Mathieu, et cette fois la rage brille au fond de mes pupilles. Comment ose-t-il la ramener comme ça ?

-Je n'ai pas peur de me rendre là bas. Je deviendrai roi, et sauverai se peuple...

La chaleur de la pièce augmente encore, avoisinant désormais les soixante degrés ambiants alors que le bois du meuble sur lequel je passe discrètement mes nerfs s'enflamme, de ce feu noir comme la nuit si particulier, souvenir éternel de ma cruauté, et du crime injustifiable que j'ai commis sur mon village natal, là bas, loin dans les forêts de ma chère Bretagne. Je dois absolument me calmer, sans quoi ça risque d'être un véritable carnage. Je n'ai ressenti pareil colère que deux fois auparavant, et la fin de ces deux histoires est peu enviable. Des charniers. D'immenses charnier, plusieurs dizaines de morts la première fois, plusieurs centaines ensuite. Je ne dois pas céder. Surtout pas, mes séjours chez les Chasseresses ne se répéterons pas tant que Maël ne sera pas Roi ! Jamais !
Les bougies et la flamme de la table s'éteignent brutalement, plongeant l'appartement dans le noir. Je vois Mathieu toujours sur sa chaise, et Spinthiras bouge. Ses yeux immenses, et encore si petits face à sa taille réelle, restent hermétiquement clos. Et soudain, la lumière reviens. Je sursaute, furieux, et me fige. Il ne devait pas rentrer si vite. Maël se tient dans l'encadrement de la porte, du sang plein les cheveux et la peau, son bras droit lacéré. Son aile gauche fait un angle étrange avec son dos, et ses yeux magnifiques sont assombris par la fatigue et la douleur. Il a reprit sa véritable apparence, celle d'un enfant de six ou sept ans. Un cri horrifié m'échappe, et je me précipite sur lui pour le rattraper avant qu'il ne s'écrase sur le sol. Je ne comprends pas. L'odeur qui se dégage de lui me parviens alors, et je me tétanise sur place. Kaèr. Non ! Il ne se risquerait pas à se montrer. Il s'agit de...

-Aèl Targison...

Le nom glisse entre mes dents serrées, tandis que les effluves du poison administré à mon petit trésor parviennent à mon odorat, et la fureur sourde réchauffe encore l'air. Il va me le payer !

Milwaukee est plongée dans la maussadité. Il a plu une bonne partie du jour, et le vent ne cesse de malmener la ville et ses occupants. Je ne pensais pas que cette ville me manquait, mais à la bouffée d'affection que j’éprouve en la regardant s'étendre sous ms yeux, je dois bien admettre qu'en réalité, il me tardait de la revoir depuis ce jour où, baigné dans les flammes de l'Enfer, mon corps s'est réveillé. Je me souviens de tout.
Depuis longtemps, ce qui me semblait être une éternité, je flottai dans un océan de chaleur et calme. Je ne voyais pas, ni ne ressentait. Et, brusquement, mes membres se sont mis à me picoter. Une douleur inhumaine a déchiré mon dos et la base de ma colonne vertébrale, alors que quelque chose perçait mon crâne sans douceur. Je tentais de poser mes mains sur mon front, mais mon corps ne répondait pas. Je brûlais. Je sentais parfaitement le feu lécher ma peau, à présent, et je rêvais de me tordre de douleur. Mais rien. Le supplice s'éternisait. J'entendais des voix autour de moi, des voix rauques qui me rappelaient celle de celui qui m'avait précipité ici, qui palabraient dans une langue que je ne comprenais pas. J'ai saisi le nom de Zatàn, Satan sans doute me dis-je, plusieurs fois. Puis, bien longtemps après que cette torture ce soit enclenchée, elle a cessé. Alors, je me suis senti tiré vers le haut par une force inimaginable et j'ai ouvert les yeux. La lumière m'a brûlé, et j'ai capté en un millième de secondes tout ce qui se trouvait dans la pièce. Un trône immense, tout d'or et de pierres précieuses. Deux rangées de gardes menaçants et armés jusqu'aux dents. Une démon aux traits parfaits, le regard empli de suffisance, à la droite du trône. Et Satan. Un homme au visage rude mais beau, le torse balafré d'une énorme cicatrice au niveau du cœur et ses yeux de braise aussi froid que la glace. Ses ailes ne sont pas de plumes, et sa queue couverte d'écailles marron chaud et mordorées battait l'air à ses côtés. J'ai frémit, et ça l'a fait sourire. Quelques heures plus tard, une nouvelle vie commençait.
La ville grise et morne me lasse rapidement. Je veux rebrousser chemin quand un mouvement infime attire mon attention de prédateur d'exception. Un enfant aux cheveux blonds dort dans un énorme chêne, paisible, une main sur la poitrine et l'autre pendant de la branche où il s'est blotti. Sa peau brune lui donne l'air d'un indigène, et ses ailes aux plumes d'or sont au repos, miroitantes, magnifiques. Un sourire cruel éclot sur mon visage, tandis que mes yeux bleus se font noirs peu à peu. Maël Ragna... Je ne pensais pas trouver ma vengeance si tôt sur mon chemin, mais le sort en a visiblement décidé autrement. Je n'ai pas la force de le tuer, et de toute façon pas l'autorisation. Mais je peux l'esquinter.
Je saisi son aile gauche, et force violemment dessus. Les os craquent, et l'enfant ouvre les yeux au moment même où un cri de souffrance extrême sort de sa gorge. Des larmes montent à ses yeux, rougeoyantes, et il pose sur moi ces yeux extraordinaire d'ailleurs. Noirs profonds, au fond desquels se forment d'étranges arabesques d'onyx liquide, comme dans les méandres des eaux du Styx. Sa main bouge vite, pour créer une boule de feu titanesque, mais mes griffes ont vite fait de lacérer son bras. Il hurle encore. Il est trop endormi encore pour se défendre, et la douleur dans son aile doit l'anesthésier. C'est ravissant, la souffrance d'un petit prince. Cela me rappelle à quel point nous sommes tous vulnérables. Même ce petit, qui est pourtant le plus puissant de son espèce, ainsi que notre bien aimé Kaèr. Il ne faut pas dormir. Moi, je n'ai pas besoin de dormir. Quelle aubaine... Je m'efface promptement, ravi, et regarde le jeune démon se démener pour rejoindre son frère. Ah, oui... Amarok sait faire ci, Amarok sait faire ça, Amarok aime son frère, et gnia gnia gnia... Amarok n'est qu'un lâche et un pourri, une petite saloperie de parasite ! Mais je me régalerai de sa colère...
Je reste sur le pas de sa porte un moment, le temps de l'entendre siffler mon nom avec rage, et d'identifier son visiteur. Tiens tiens... Voila qui est intéressant. Je sens, au moment où je revêt mon masque de beauté en emettant des ondes qui, pour un homme où une femme, sont irrésistibles, que je vais rire. Et je pousse la porte en souriant, un regard de fauve en traque fixé sur le salon et ses occupants.

-Bonjour... Joyeuse petite réunion. Vous ne voudrez pas si je me joins à vous, n'est-ce pas ?

Et oui, Ragna. Moi aussi, je suis un prédateur à la voix chaude et menaçante maintenant.

Je sens Ragna se tendre, et la peur prend par de mon coeur. Je ne devrais pas avoir peur, les hommes n'ont jamais peur, et pourtant il me glace, avec ses prunnelles dans lesquelles bondissent les démons de l'enfer. Ces démons contre lesquels Tarek me m'étais tellement en garde quand j'étais enfant. Il savait. Il savait que tout était réel, mais il ne m'a jamais dit. Pourtant, je n'en voulais pas au jeune homme. Non, je voulais simplement connaître les immenses plaines et cette vallée qu'un homme d'exception à peint sur cette feuille de parchemin, vieille de plusieurs millénaires. Je commence doucement à arriver à soutenir le regard de mon interlocuteur lorsque la lumière se fait brusquement dans la piece, me faisant sursauter. Je me retourne vivement, et le visage magnifique d'un enfant de 6 ans m'apparaît, tordu par la douleur et la fatigue. Du sang coule sur son visage aux traits parfaits et ses cheveux blonds sont collés sur son front par la sueur froide qui coule sur son visage. Mes prunnelles s'equarquillent, et la voix rauque de Ragna brise le silence pesant qui s'était installé sur la piece

"-"

Je le regarde fixement, et la peur s'empare de moi. Non ! Aèl est mort ! C'est même Thompson qui me la dit. Il ne peut être ici ! C'est impossible ! Et pourtant, l'ombre noir qui se profile à la porte d'entrée est celle de mon meilleur ami. Ses cheveux sombres comme son âme, et ses yeux comme deux morceaux de ciel, arraché aux cieux et enfermés à la place de son regard.

"-"

Toi... Tu... Je ne dis rien, restant coït. Je vais le tuer ! Je vais lui casser la gueule à ce fils de pute ! Pourtant, je n'agis pas. Quelque chose en lui m'en empêche. Peut-être sa beauté hors du commun. Ou même l'odeur de mort qui s'échappe de lui. Je ne sais, mais il m'effraye. Un mince filet de sueur froide coule dans mon dos, le long de ma ligne musculaire parfaite. T'es fier de toi au moins Targison hein ? Fils de pute !

Milwaukee brille de mille feu feu se soir. Pourtant, je ne suis pas sortie pour chasser. C'est l'odeur de mort qui flotte ici qui m'a fait sortir de chez moi. Je sais qu'Aèl est dans les parages, puisqu'il est venu me faire sitôt qu'il est revenu à la vie. Pourtant, je ne peux m'empêcher d'être inquiéte. J'ai entendu la Ferrari de Mathieu mordre l'asphalte de la route, je ne savais où il allait mais j'ai très bien sentis l'odeur de la cocaïne et de l'impatience sur lui. Il prenait la direction des bas fonds de Milwaukee, alors qu'il avait certifié à tout ses amis qu'il ne sortait pas se soir. Les prunnelles foncées, j'avais rapidement revêtu un slim bleu nuit Chanel et un débardeur prune de chez Abercombie. Mon médaillon, offert par Aèl pour mes 16 ans, ne quittait pas mon cou, roulant entre mes seins. Mes tropeziennes cliquetaient à mes pieds. J'étais habillée comme en été, alors que le vent grinçait dehors. Je sortis par la fenêtre de ma chambre, me laissant tomber sans un bruit dans le jardin impeccable de la maison que j'occupais. Me fiant à mon odorat, je suivis cette odeur très particulière que laissait Aèl derrière lui. Il n'avais pas intérêt de toucher à un seul cheveux de mon meilleur ami sinon... Je ne garantissais pas sa santé. Je traquais, et m'arrêta sous un immense chêne. Du sang couvrait le sol, tachant l'herbe de reflet vermeil. Je froncais les sourcils, et avançais sans aucuns bruits jusqu'à l'appartement de sieur Amarok Ragna. La peur de Mathieu me parvenait, décupler par mes sens aiguisés. Je montais à une vitesse folle la cage d'escalier, trop rapide pour des yeux humains et telle une ombre, je me decoupais dans l'entrebaillement de la porte d'entrée.

-Aèl, je te jure, tu touches à un seul de ses cheveux et je t'arrache la tête.

Mes lèvres étaient tendues sur un sourire, et je remontais légèrement mon débardeur que ma course avec baisser en un décolleté plongeant. Il était toujours décolleté, mais un peu moins impressionnant. Ma poitrine se soulevait en rythme, et mes yeux laissaient des éclairs, leur couleur noisette brillant des milles feux infernaux. On ne touchait pas à Mathieu. Mais dieu qu'il était beau....

Linkin Park-Given up pour l'ambiance.

Il se découpe dans l'encadrement de la porte, son aura sexuelle se répand dans l'appartement et un grondement de fureur sort de ma poitrine. Comment ose-t-il ? Comment peut il se permettre de montrer son joli minois ici ?! Et comment a-t-il pu s'en prendre à MAËL ??? La colère me rend fou, et ma queue se met à battre l'air derrière moi comme un serpent. Je vais le tuer. Je vais l'effacer de ce p*tain de monde et je vais me délecter de sa peur, à ce pourri ! La peur de Mathieu m'indiffère désormais, et mes crocs sortent violemment de ma bouche alors qu'une flamme s'enroule autour de la chair fragile de l'incube.

-Bonjour... Joyeuse petite réunion. Vous ne voudrez pas si je me joins à vous, n'est-ce pas ?

C'est ça, amuse toi, tant que tu peux... Je sais que tu bluffe, Targison, les incubes n'ont rien d'une plus qu'une force physique égale à celle des vampires, mais elle ne s'ajoute pas à celle que tu possédais avant ta mort et je t'ai déjà anéanti une fois !
Il reste planté là avec son sourire suffisant, et je sens une odeur fraîche rejoindre la sienne. La jolie Selena Oldigez déboule chez moi, et ma lèvre supérieure se retrousse encore. Elle n'a pas l'air commode, Miss suceuse de sang.

-Aèl, je te jure, tu touches à un seul de ses cheveux et je t'arrache la tête.

La remarque me laisse pantois. Tiens... Elle est attachée à cet idiot de Mathieu ? Il ne sait pas qui l'a privé de son meilleur ami je crois... Oldigez non plus. Furieux, les flammes noires dévorant l'oxygène autour de moi, je grogne violemment et décide de me mettre enfin à découvert. la haine que l'on nourri à mon égard aura tout lieu d'être après ça. Je ne suis pas un bisounours, je suis le fils de Satan, quatrième du nom.

-Toi... TU VAS ME LE PAYER !!! TU OSES T'EN PRENDRE A MON PETIT FRÈRE ?? DOIS JE TE RAPPELER L’IDENTITÉ DE TON ASSASSIN ?? JE T'AI TUE UNE FOIS, TARGISON, NE CROIS PAS QUE J’HÉSITERAI UNE SECONDE A RECOMMENCER !!!!

Les flammes lèchent sa jambe, insidieuse, et ma rage menace d'exploser. Il faut qu'on change d'endroit. Il faut qu'on sorte d'ici. Je vais le massacrer. Je vais le réduire en charpie. Vraiment ! Spinthiras se redresse, rageur, et ses énorme mâchoires s'ouvrent sur ses crocs titanesques. Je vais le TUER ! Je me souviens bien de ses cris suppliants quand il a compris qu'il allait mourir, de ses yeux épouvantés et de ses larmes. Oui, je m'en rappelle, et j'ai toujours eu le sentiment que l'avoir tué une fois ne m'avais pas soulagé entièrement alors cette résurrection est une aubaine. Je le hais ! Je l'exècre, il n'y a pas de mots, je vais devenir fou s'il reste là devant mon nez !!! Raaah, saloperie !!!!

Il y a un petit moment que je l'entendais courir. Selena se rue dans la pièce, furieuse, menaçante. Pauvre petite, c'est une femme, l'attraction sexuelle que j'exerce sur les lieux va lui faire beaucoup d'effet qu'aux deux autres. Qu'elle est bête. C'est bien une femme. Écervelée, sûre d'elle, et irréfléchie. Je lui fais un sourire charmeur, mes yeux se dégageant d'un haussement de sourcils. Je sens Alaric flipper, et l'adrénaline prend petit à petit possession de chacune de mes cellules mortes. Quand je fais des choses dangereuses, j'ai l'impression d'être vivant à nouveau.

-Aèl, je te jure, tu touches à un seul de ses cheveux et je t'arrache la tête.

J'envoie un baiser à Selena, par pure provocation, alors que la terreur fige mes jambes. Mon visage ne montre rien. Je ne suis pas idiot, je sais qu'Amarok est plus puissant que moi et que j'ai attisé sa rage, mais c'est ça qui me fait kiffer moi. Je veux tester mes limites, me faire respecter, rendre fou de fureur les gens que je hais ou qui m'ont fait souffrir. Tarek aussi, il y passera. Je veux voir sa joie de vivre se fissurer, se briser peu à peu comme un miroir de verre. Je veux piétiner son cœur comme il a émietté le mien il y a presque deux ans. Je le détruirai. Et je pardonnerai jamais Alaric de détenir ce que je voulais tant, l'amour de ce satané rouquin !

-Toi... TU VAS ME LE PAYER !!! TU OSES T'EN PRENDRE A MON PETIT FRÈRE ?? DOIS JE TE RAPPELER L’IDENTITÉ DE TON ASSASSIN ?? JE T'AI TUE UNE FOIS, TARGISON, NE CROIS PAS QUE J’HÉSITERAI UNE SECONDE A RECOMMENCER !!!!

Ouuh là. Ça sent le brûlé, sans mauvais jeu de mot. Non vraiment, j'ai peur. Mais je n'en laisserai rien voir, je ne suis pas une lopette et j'avance toujours, quoi que je ressente. Mes sourcils se froncent, je serre les dents et mes poings se crispent. Vraiment, je me sens de lui tenir tête. Mais dans l'immeuble, on risque de se faire remarquer. Il vaudrait mieux sortir. Je regarde Mathieu, un sourire hypocrite aux lèvres. Je le hais. J'ai su qu'il avait couché avec Tarek, et ça, ça me rend dingue de jalousie. Et je suppose qu'il n'aimerais pas que sa meilleure amie chérie le sache. Enfin bon...

- Tu pourrais dire bonjour Mathieu... Au moins en souvenir du bon vieux temps. J'ai appris que Lydia t'avais plaqué pour l'autre tache là, qui s'énerve tout seul... Hm, c'est vrai, t'as plein de raisons de le haïr hein ? Il t'a piqué ta copine que de toute façon tu ne pouvais épouser à cause de sa famille, et en plus il m'a buté... Mais ça, en fait, tu le remercies peut être plus qu'autre chose vu le garçon pathétique que tu deviens de jour en jour. Tu as couché avec Tarek ? Ooh, tu dois vraiment être en manque d'amour hein ? Parce qu'il est si ennuyeux comme garçon, cet idiot transi d'amour pour toi qui le méprise... Pauvres petits, vous faites peine... Quant à toi Selena, calme toi... Je ne veux pas m'en pendre à Mathieu, c'est avec Amarok que j'ai un différent... Celui que j'ai avec Mathieu, je le réglerai sans en venir aux mains, je ne suis pas un sauvage tout de même. Si ? Si tu dis oui, ça me faire de la peine darling tu sais. Enfin... On ne choisi pas.

Mes mots résonnent dans le salon de l'appartement, et je regarde le dragon dans les yeux, défiant. Ose. Vas-y. Tue moi, je suis important aux yeux de ton cousin, et je doute que tu souhaites retourner entre ses mains maléfiques et tortionnaires.

Je ne comprends plus rien. Ils veulent ma mort tous autant qu'ils sont pas vrai ? J'ai peur, tellement peur. Je dois partir d'ici. Je dois me tirer en vitesse. Je ne veux pas les voir tout les deux, je ne veux aucun souvenir d'eux. Je regarde les flammes de Ragna, le sourire goguenard d'Aèl et je fremis. Je ne suis pas de leur monde. Je ne suis qu'un humain moi ! Qu'ils me laissent en paix non de dieu ! Je ne veux pas de leur problèmes moi. Je ne comprends plus rien, et je n'aime pas !

Selena sa ramène, plus belle qu'elle ne l'a jamais été. Hein ? Mais qu'est ce qu'elle fout là elle aussi ?

-Aèl, je te jure, tu touches à un seul de ses cheveux et je t'arrache la tête.


Mais qu'est ce qu'elle fait ? Elle veut crever ou quoi !? Et puis, depuis quand elle cherche à me défendre ? J'vais crever moi ? En plus il fait trop chaud dans cette putain de piece !

-Toi... TU VAS ME LE PAYER !!! TU OSES T'EN PRENDRE A MON PETIT FRÈRE ?? DOIS JE TE RAPPELER L’IDENTITÉ DE TON ASSASSIN ?? JE T'AI TUE UNE FOIS, TARGISON, NE CROIS PAS QUE J’HÉSITERAI UNE SECONDE A RECOMMENCER !!!!


Hein ? Cette enflure à buter Aèl ? C'est ce fils de pute qui a tuer mon meilleur ami ? Je... Je... Je ne peux rien faire. J'suis qu'un humain moi ? J'ai pas leur puissance à tout ses cons. Je stress, je veux rentrer chez moi non de dieu. Je n'aurais jamais du venir ici ! Jamais !

- Tu pourrais dire bonjour Mathieu... Au moins en souvenir du bon vieux temps. J'ai appris que Lydia t'avais plaqué pour l'autre tache là, qui s'énerve tout seul... Hm, c'est vrai, t'as plein de raisons de le haïr hein ? Il t'a piqué ta copine que de toute façon tu ne pouvais épouser à cause de sa famille, et en plus il m'a buté... Mais ça, en fait, tu le remercies peut être plus qu'autre chose vu le garçon pathétique que tu deviens de jour en jour. Tu as couché avec Tarek ? Ooh, tu dois vraiment être en manque d'amour hein ? Parce qu'il est si ennuyeux comme garçon, cet idiot transi d'amour pour toi qui le méprise... Pauvres petits, vous faites peine... Quant à toi Selena, calme toi... Je ne veux pas m'en pendre à Mathieu, c'est avec Amarok que j'ai un différent... Celui que j'ai avec Mathieu, je le réglerai sans en venir aux mains, je ne suis pas un sauvage tout de même. Si ? Si tu dis oui, ça me faire de la peine darling tu sais. Enfin... On ne choisi pas.

Et non mais ! Non mais oh ! Mais c'est pas possible ! Ils veulent quoi putain ! Mais c'est pas possible ! Je meurs de frousse, je vais peter un cable ! Selena n'a pas à savoir sa pauvre con ! Et puis c'est pas vrai ! Je deviens pas un loser ! Je suis toujours le dieu que j'ai été ! Et puis si je déteste Ragna, c'est pour Lydia !! Enfin là, je me mens. Aèl m'a vraiment manqué. Il était mon seul vrai ami, celui qui s'entendait su bien avec mon paternel. J'ai l'impression de devenir dingue. De perdre petit à petit le contrôle de ma vie, de ne plus rien maîtriser. Et il fait trop chaud ici. Je suis le seul à le sentir non de dieu ?! Je récupérais ma veste en cuir et me redressais suant à grosse goute. Je voulais me tirer d'ici tout de suite, ne plus voir tout ses gens. Même Lena. Pour la première fois, je l'a laissai de côté. J'en suis désolé. J'avais oublié mon médaillon sur la table en plus. Merde... Double merde. Car l'"animal"domestique de Ragna dardent les charbons ardent de ses prunelles de la table et pas d'ailleurs. Et c'est sous ses pattes griffues qui brille l'or de mon médaillon. Ok, j'suis coincé avec les fous de Milwaukee et je vais y laisser ma peau. Help...

Il m'envoie un baiser et je me rends contre que je suis folle d'être venue ici. Je me perds dans ses yeux bleues, mes prunnelles noisettes se fondent sur lui et je n'entends plus rien. Je suis perdue, ma vision me lâche, mon coeur aussi. Il m'a tellement manqué, je l'ai revu depuis mais même la pensée de Dingaan ne parvient à me le faire sortir de la tête. Je me souviens de son corps tout contre le mien. Je me souviens avoir crier son prénom à de nombreuses reprises. Je me rapelle là première fois que nous nous sommes aimés. Lorsque Mathieu nous a présenté, notre relation était loin d'être avancée. Je le trouvais arrogant et détestable. Je ne me souviens plus exactement comment il m'a séduite. Par contre, je me rapelle totalement lorsque je l'ai transformé. Il me l'a fait à l'envers cette fois encore. Comment ais-je, comment puis-je l'aimer de la sorte. Je ne suis qu'une fille, je ne peux m'empêcher de vouloir prendre sa défense. De le vouloir de nouveau à mes côtés. Mais comment je peux faire ça ? Mon cerceau a déconnecté je crois. Je ne vois que lui, je ne sens que son odeur. Je ne sens même plus le danger qui emmène du démon. Roulant des hanches, toute trace de haine disparue, je m'approche de lui, telle une chatte en chaleur et me colle à son torse musclé, entourant mes bras autour de son cou et l'embrassant langoureusement.

-J'ai envie de toi bébésusurrai-je à son oreille, ma voix plus sensuelle et tendre qu'elle ne l'a jamais été, rendue rauque par le désir.

J'ai envie de lui. Réellement, là, tout de suite. Souriant, je quitte mon débardeur et mon jean. Mes sous vêtements noirs en dentelles sembles briller sur ma peau brune, semblable à du satin. Allez Aèl. Fait moi l'amour.

Les gestes de Mathieu me font tourner la tête et je pose un regard glacial sur lui, des marques brunes de rages s'affichant sur mon visage, mes yeux devenant aussi rouge que le sang de mes proies. Oh Aèl je t'en supplie, j'ai tellement envie de toi !!

Mes yeux lancent des éclairs, et je renifle sa peur à plein à plaine nez. Mais je ne vois pas son visage changer. Hm, je dois reconnaitre que ce fils de p*te a du cran. Mais ce n'est pas suffisant pour signer sa rédemption !

- Tu pourrais dire bonjour Mathieu... Au moins en souvenir du bon vieux temps. J'ai appris que Lydia t'avais plaqué pour l'autre tache là, qui s'énerve tout seul... Hm, c'est vrai, t'as plein de raisons de le haïr hein ? Il t'a piqué ta copine que de toute façon tu ne pouvais épouser à cause de sa famille, et en plus il m'a buté... Mais ça, en fait, tu le remercies peut être plus qu'autre chose vu le garçon pathétique que tu deviens de jour en jour. Tu as couché avec Tarek ? Ooh, tu dois vraiment être en manque d'amour hein ? Parce qu'il est si ennuyeux comme garçon, cet idiot transi d'amour pour toi qui le méprise... Pauvres petits, vous faites peine... Quant à toi Selena, calme toi... Je ne veux pas m'en pendre à Mathieu, c'est avec Amarok que j'ai un différent... Celui que j'ai avec Mathieu, je le réglerai sans en venir aux mains, je ne suis pas un sauvage tout de même. Si ? Si tu dis oui, ça me faire de la peine darling tu sais. Enfin... On ne choisi pas.

Quoi ? Il m'ignore ? Il... Mon dieu. Ma déesse plutôt. Faites que cette colère disparaisse parce que là je vais vraiment faire une connerie. En plus avec l'autre dinde là, subjuguée par l'aura de cet abruti d'incube, je vais jamais y arriver. Déjà que je lutte corps et âme contre le désir sexuel inévitable qu'il fait naître en moi, si en plus y a une bombe comme elle qui se dépoile devant moi là je ne répond plus de rien. Je sais ce que ça donne la rage sourde et aveugle, chez moi. Massacre et viol en chaîne. C'est pas bon. En plus Maël a cessé de saigner, et son aile est réparée. La guérison démoniaque quoi. Et à la lueur qui brille tout au fond du puits de son regard, il n'est pas d'une meilleure humeur que moi... Par contre j'aimerais savoir ce qu'elle fait, l'autre !

-J'ai envie de toi bébé

Ah. Ok... Non mais elle rêve elle. Je suis plus que furieux cette fois. Ma queue frappe Mathieu et s'enroule autour de sa cheville pour l'empêcher de fuir, je veux qu'il voit ça. Je veux qu'il sache quelle monde de feu et de sang il devra gouverner, car la haine est désormais la reine incontestable de tous les continents hors mis Gi. Normal, les Sylvains sont les rois des manigances pacifistes. Maël se rue sur Aèl, qui a toujours sa gonzesse pendue au cou, et le paysage change brutalement. Nous sommes dans une "plaine" immense, de terre desséchée et brûlée, parsemée d'arbrisseaux noirs et un clan de smilodons du feu qui nous lancent un regard désintéressé avant de reprendre leur occupation. Je lâche la cheville de Mathieu, plus à l'aise dans short de cuir et mes bottes montantes qu'en jean, et déploie mes ailes. Mon frère tournoie déjà au dessus de nous, comme un oiseau de proie, et soudain un tremblement se fait entendre. Spinthiras se matérialise, titanesque, si grand qu'on voit à peine le bout de ses ailes et de sa queue. Je souris d'un air carnassier, et il crache une énorme langue de feu. Que la fête commence, Targison, et tant pis si Kaèr me trouve. Tu vas payer.

Mathieu veut plier bagage. Je lui fait un nouveau sourire hypocrite, et attends que l'aura que je dégage fasse son effet sur mon ex petite amie. Elle commence à déconnecter, et vient se coller à moi. Elle est très belle, je dois l'admettre. Et c'est jouissif de la voir se déshabiller prestement pour me séduire, et lancer à mon corps un appel irrésistible.

-J'ai envie de toi bébé

Je sais... Mais moi j'ai d'autre priorités, chérie. Comme les flammes qui dévorent peu à peu mon jean, et le démon fou furieux qui me fait face. Je tiens ma position pour acquise, mais brusquement, Maël bondit sur moi alors que Selena est toujours près de moi. Par réflexe, je saisi son poignet fin et bascule violemment sur Fotià. Le désert brûlé s'étend devant moi, et je jette un coup d’œil ravi à Mathieu. Ça va lui faire un choc, le pauvre. Une ombre noire passe alors au dessus de nous, et une sueur froide longe mes vertèbres. J'ai une peur panique de ces créatures titanesques et sages. Et celui ci, spécimen volcanique, est particulièrement effrayant avec sa tête longue et son énorme mâchoire. Amarok a désormais la position de combat la plus convaincante que je lui ai jamais vue, et son frère décrit des cercles dans le ciel. D'instinct, je lâche la jeune vampire et cesse instantanément d’émettre des signaux sexuels. Aussitôt, mon corps se mue. Des griffes de vingt centimètres de longs poussent à mes doigts, des ailes repoussantes, de peau et d'os, dont les veines sont parfaitement visibles, une queue terminée d'un pinceau de poils noirs déchire mon jean et des cornes de bélier percent mon front. La douleur me fait pleurer les yeux, et ma peau au grain lisse devient pâle comme la craie, marbrées de bleu, violet, mauve et noir. Mon visage est creusé et je suis absolument horrible à présent. Les incubes sont des démons inférieurs. Tout n'est qu'illusion. Je ne suis qu'un nuage de fumée. Mais je suis le pire cauchemar de l'Eglise et des femmes. Je prends mon envol et heurte l'enfant démon de tout mon poids. Nous roulons au sol dans un tourbillon de poussière et de plumes dorées, alors que ses crocs entament férocement ma chair morte. Geste inutile, mon cœur ne bat pas, le sang ne circule pas donc le venin non plus. Alors je reçoit un coup violent dans le dos, et mes côtes traversent brusquement ma peau et mon t-shirt blanc, dépassants du tissu. Mes yeux s'écarquillent, mais pas une goutte de sang ne coule. J'ai mal. Je me concentre, perturbé, et la douleur, si les os pointent toujours de mon corps, s'évapore. Si mon cerveau ne marche, la douleur n'existe pas. Je suis mort. Vraiment. La réalisation me gifle, et j'éclate d'un rire fou. Avoir peur de mourir ?! Je suis déjà mort deux fois ! Je n'ai plus d'âme. Viens Amarok, je t'attends. J'ai rien à perdre. J'ai rien de toute façon, parce que je ne veux plus rien. La pourriture de la mort à atteint mon esprit, il n'y a pas de marche arrière sur cette locomotive là. Je fais face, le dragon crache et je lutte contre la peur. Je dois tenir tête. Pour Kaèr.

Les paroles de Lena me glacent. Comment elle peut faire ça ? Je détaille son corps parfait, que je n'ai jamais vu de la sorte. Les dentelles noires de ses sous vêtements brillent sur sa peau brune, et je suis à la limite de baver sur le corps de ma meilleure amie tellement elle est belle. Comment l'enfant qu'elle était à pu devenir ainsi ? Elle était mignonne enfant mais là... Elle était splendide. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Pourtant lorsqu'elle entendit mes mouvements, je vis son visage changer et le mien se décomposer. Des marques brunes entouraient ses yeux devenus écarlates, de la couleur des iris rouges qui illuminait mon jardin durant l'été. Elle montra les dents, et mes yeux se plissèrent de peur. Ses canines s'étaient allongées, semblables à des poignards au fil parfait. Mon coeur loupa un battement lorsque je sentis la queue du démon m'assommer à moitié. Je me sentais partir loin, je n'entendais et ne voyais plus rien. C'était quoi cette fantasmagorie ? Je voulais rentrer chez moi non de dieu ! Je voulais pas rester en leur compagnie à tout les trois. Il me faisait flipper non de dieu.

Le paysage change brusquement et un afflux de pouvoir se met à couler dans mes veines sans que je ne puise avoir aucun contrôle sur la puissance magique qui s'infiltre en moi, vrillant ma tête, me faisait hurler mentalement d'une douleur sourde. Une lumière semble émise de la pointe de chacun de mes cheveux, et je sens que mon corps change sans que je n'exerce le moindre contrôle. Je me sens devenir fou, et mes yeux deviennent d'un blanc lumineux insoutenable. Je tombe au sol dans un bruit, et lorsque mes mains entrent en contact avec le sol, s'emplissant de chaleur, le hurlement que je pousse déchire l'atmosphère entier. Je sens le vent venir souffler à mes oreilles, m'enfermant dans une coque protectrice, loin de toute douleur. Je ne ressens rien d'autre qu'une présence à mes côtés. Lorsque j'ouvre les yeux, je ne suis plus dans le désert aride où nous nous trouvions. Je suis seul, et les vergers verdoyant qui m'entoure me rapelle un paradis perdu depuis longtemps. Elle me fait face, plus belle que la beauté elle même. Les lanières de cuir qui retiennent sa tunique de toute la manière existantes sur les deux planétes brillent de mille feu, et son regard d'Azur couvre sur moi un regard doux, emplit de sagesse. Une couronne d'or blanc est déposée sur ma tête, gravée de plume de tout les oiseaux existant et des armoiries de ma famille. Mon corps nu se couvre d'une armure splendide, et elle me souffle avec un douceur maternelle :

-Va fils du vent. Calme la tempête de ton coeur et de ton peuple. Redécouvre la couronne qui te renviens de droit et ramene la paix. Soit fort et ferme fils du vent, mais soit un bon roi. La couronne perdue est tienne, tu seras juste.

Elle ne laisse aucun son franchir ma gorge et me renvoie sur la scène apocalyptique qui règne sur les plaines d'Aéras. Je ne comprends plus rien, mais je sais qu'une armure d'or pur couvre mon corps, et que mes prunnelles brillent de puissance. Je suis roi, couronné par une déesse.

-STOP !

La force coule dans mes veines, et mes yeux bleus brillent du feu de Gaïa. D'un simple geste, je soulève le vent dans ma direction et des lignes de terre se soulèvent sous mon indication, attachant les membres des protagonistes qui se battent sans fin. Gaïa veut la fin de cette minuscule bataille entre le succube et les démons, et si elle m'a accordé un surplus de pouvoir pour le moment, c'est pour faire cesser cela. Ma voix prend les intonations de celle d'un roi et la couronne qui ceint mon front brille, les reflets miroitants du feu glisse sur elle, mais je suis roi, véritable roi du vent dans toute ma puissance et aujourd'hui, je sais enfin qui je suis. L'étalon sur mon médaillon prend vie, galopant sur la surface de l'or avant d'apparaître à mes côtés, blanc comme la neige aux yeux aussi bleus que les lapis lazulis de la montagne. Les griffes de ses sabots labourent le sol, et il pousse un henisemment furieux avant de se cabrer. Je sais qu'il fut familier de roi, et qu'il n'est qu'un esprit offert par la déesse au roi véritable. Voilà longtemps qu'il n'ait plus apparu, 556 ans précisément. Et aujourd'hui, il est à mes côtés. Un immense condor font du ciel se poser à mes côtés avant de pousser sur hurlement si caractéristique et de darder ses prunnelles flamboyantes sur les trois non humains devant nous. Il a des yeux aussi bleus que les miens, du jamais vu pour un animal de sa race.

[Je répondrai pas avec Lena, tu peux rep ^^]

Trop occupé à me battre, je ne vois pas ce qui se passe autour. Je me rend vaguement compte que je ne vois plus Alaric, mais ça m'indiffère. Je me rue sur les deux garçons aux prises, met le feu au bras de l'incube qui se détache, le faisant hurler, et je commence à voir le monde sous un voile rouge. La folie meurtrière gagne chacune de mes cellules, quand un amas de magie se répand dans l'air. Une sueur froide longe mon dos, et soudain, je me sens cloué au sol alors qu'un cri furieux retentit.

-STOP !

Aèl est projeté à un mètre de moi, Maël scotché au sol, une poussière fine et animé par l'air liant ses chevilles. Choqué, je tourne la tête et ma bouche s'ouvre en grand. Le choc me laisse là, pantelant, les bras ballants et la tête qui tourne. Il est époustouflant. Il se dresse au milieu d'un nuage de poussière, le vent tournoyant autour de lui à une vitesse ahurissante pour finalement se matérialiser en un esprit des airs splendide. L'air me manque un peu, et je détaille sa tenue. L'armure royale d'Aéras. Un condor vient près de lui, et une force inconnue me force à ployer. Je me retrouve à genoux, les deux mains au sol, un murmure me glissant à l'oreille de faire preuve de respect et de contacter Kaena, la mercenaire du Palais oublié. Plume. Ainsi, il va être en contact prolongé avec Plume. C'est elle que Notre Mère a choisie. J'en pleurerai de rage si je n'avais ma magnifique fiancée. Je vois mon frère forcer autant qu'il peut pour ne pas s'incliner, mais il finit lui aussi par fléchir et l'incube courbe l'échine en poussant un cri de rage. Moi, je me contente de fixer l'homme de toute beauté qui me fait face, de le détailler sous toutes les coutures, et de me rendre à l'évidence :il l'a rencontrée. Gaïa l'a appelé à elle, alors qu'elle reste un mystère pour nous tous, n'accordant sa présence qu'au peuple Sylvain qu'elle chéri tant. Et je pleure. De rage et de jalousie, parce qu'il fur un temps où moi aussi, j'étais Roi. Moi aussi, j'ai porté des tenues fastueuses et impressionnantes, j'ai chevauché des pyrocornes sanguinaires parées d'or, flanqué de mon dragon séculaire. Mais tout cela est révolu, et la rage m'étrangle. Pourquoi lui ?! Pourquoi est-il si chanceux, si adulé et aimé de tout le monde ?! Je le hais ! Mais je ne peux plus rien faire... Il est, c'est évident, sous la protection de la déesse Mère qui veut que l'air retrouve sa puissance, alors qu'elle est sans cesse agacée des frasques des peuples du feu. J'aurais du ne pas lui répondre, et lui dire qu'il se faisait des films. Gaïa... Espèce de salope !!!

Amarok éclate en sanglot, et je souris. Mine de rien, j'en impose comme ça. Je suis roi maintenant, sans aucun doute. Gaïa a fait de moi un véritable fils du vent, le roi de mon peuple. Je laisse le vent couvrir la plaine, éteindre le feu et la puissance courir dans mes veines. Un sourire apparait sur mon visage, et je prends la parole dans la direction du démon. Lui qui m'a volé ma petite amie que je chérisai tant, lui qui se fait passé pour un dieu au lycée alors qu'il n'ai rien de plus qu'un prince déchut. Je sais tous, je sens encore les lèvres de Gaïa sur mon front lorsqu'elle la ceint de la couronne des fils du vent. Elle m'a offert la mémoire des deux planètes et de mes ancêtres, je connais maintenant la vérité. La course de Louwan a travers l'empire Austro Hongrois. Sa peur, la douleur du viol qui fut à l'origine de mon ancêtre. Les soleils dardent leur rayons sur moi, brillant plus que jamais, prouvant le bonheur de notre reine. Ils se reflètent sur le blanc de mon armure, faisant transparaitre avec plus de force l'image du pégase, entièrement d'or vêtu. A mes côtés, Gwynt lisse le plat de ses ailes, fixant avec méfiance les êtres couchés devant nous.

Souriant, je tourne mes prunelles Azur dans la direction de l'ex prince des démons et lui lance avant hargne :

-Va la chercher Rorkin; c'est ta déesse qui te l'ordonne !

Je veux voir ta rage démon. Plume sera mienne. Tu as Lydia maintenant, certes, mais seule Plume a eu un jour ton cœur. Lydia ne le possèdera jamais autant que ma future femme, et bien qu'elle portera ton enfant, elle ne sera pas reine comme Plume. Je veux sentir ta haine et ton envie de me voir moi. Mais j'ai la protection de notre mère de mon côté, toi comme Aèl ne pourront jamais détruire la vie qu'à insuffler Gaïa en moi. Beau comme un dieu, un sourire en coin étirant mon visage, je veux le voir la ramener à mes côtés. Sais-tu au moins que j'ai couché avec ?

-Va la chercher Rorkin; c'est ta déesse qui te l'ordonne !

Je vais craquer, je le sais, je le sens. Il va se rendre compte que je ne suis pas tout à fait amoureux de ma fiancée, il va réaliser que mon cœur va toujours à celle qui se nomme ici Kaena. Je concentre ma force magique autant que je peux, la douleur de la position agenouillée que je tient vrillant ma colonne vertébrale et ma nuque. Mais je ne flancherai pas. Le mépris et la cruauté de mon père m'ont appris à ne jamais céder, à laisser la mort venir mais jamais, au grand jamais, supplier. Je lui obéit. Quand Kaèr m'a fait prisonnier, j'ai pleuré, haï, hurlé, mais je n'ai pas supplié. Je ne me suis rendu, j'ai continué à croire que j'y arriverai et je me suis échappé.
La magie se met à tournoyer autour de moi, et je serre ma lèvre inférieure entre mes crocs effilés. Une goutte de sang tombe sur le bracelet d'or fin qui ceint mon poignet, et un éclair blanc passe devant mes yeux. Elle a reçu l'appel. Ce système que je Maël a mis au point marche encore, mais c'est la première fois que je le réutilise. Je me souviens de sa joie quand je lui ai fais découvrir, son émerveillement d'enfant gâtée, qui vivait encore dans l'opulence. En vérité, je suis plus qu'un connard. Je l'ai quittée deux mois après la mort de ses parents, quand elle avait vraiment besoin de moi.
sa silhouette se découpe sous mes yeux, et je clos les paupières, résigné. Alaric est un vrai roi, je n'ai plus rien à dire. Les démons ne sont pas les représentants de l'élément feu, je et Satan lui même également, lui suis inférieur de rang et lui doit le respect.
L'incube a disparu, trop lâche pour affronter cette puissance ou pressé d'en rendre compte à son chef adoré. J'ai mal. Je n'ai que Lydia et mon fils, et je sens que je vais les perdre aussi. Un sale pressentiment en vérité. Mais que voulez vous, je suis stupide et je précipite ma déchéance. J'ai toujours été ainsi. Mais c'est comme ça que vous m'aimez, non ?