Le monde tourne lentement autour de moi, le ciel me paraît de plus en plus bleu. Je sens mes côtes plantées dans mon poumon gauche, et je peine à respirer. Mais alors que je sens mon cœur s'emballer, quelque chose se pose mes lèvres et un liquide chaud, âcre et à l'odeur fade de fer glisse dans ma gorge et mes veines. Un craquement étrange se fait entendre de ma cage thoracique, et je comprends que je viens d'avaler du sang. Le choc me fait me redresser violemment et mon estomac se contracte dans un spasme. Du sang ! Je tousse, dégoûtée, le cœur au bord des lèvres, et éponge mon visage en sueur. Quelle horreur...
Luis me toise froidement, fier de son coup et persuadé de sa supériorité. Écœurant. Je lui lance un regard de glace, aussi froid que son âme, et me redresse en chancelant.
-Je te jure que tu n'as aucunement payé ton acte pour le moment. Que dirais-tu si ton petit frère disparaît quelques temps ? Soit sage Plume Squall. Soit très sage. Tu m'appartient plus que tu ne le pense.
Hun ! Vraiment... Pauvre fou. Je préférerais tuer Naïan de ma propre dague et me transpercer le cœur ensuite plutôt que de te laisser poser tes sales pattes puantes de chien errant dessus ! Mais ça, je ne te le dirais pas. Rare sont les femmes capables d'une telle chose, je ne vais pas te laisser voir que je suis l'une d'entre elles et que derrière mon masque je hais le monde entier, de toute la force que la colère peut octroyer. Je brûlerais chaque ville, chaque village, chaque hameau et chaque maison du continent du feu pour me venger d'Amarok s'il le faut, et si je dois crier vengeance envers toi loup... Prends garde à toi. L'amour fait faire des folies, en bien comme en mal. Mais la haine, elle, ne fait que le mal, le sang, la folie, la désolation et les ténèbres. Si jamais il arrive quoi que ce soit à mon frère...
-Maudit sois tu... Maudits toi et tes frères, ton sang, la chair de ton sang et tout ce qui hurle à la nuit... Je te jure que si tu touches à un seul des cheveux de mon frère tu ne seras plus rien. Pas même un tas de cendres.
Pantelante, je lui tourne le dos, la tête tourbillonnant et du sang plein mon débardeur. Devant les caméras ça ne va pas. Je retire le petit t-shirt citron, dévoilant ma poitrine nue -bah oui, j'n'ai pas d'sou-tif j'pouvais pas d'viner c'qu'allait s'passer...- et franchit le seuil la tête haute. J'adresse mes excuses d'un sourire franc et éblouissant au pauvre Tom, et fouille dans mon sac à la recherche de mon petite robe couleur crème en tulle. Je l'enfile en plus d'une paire de talons compensés en liège blancs et d'un chapeau de paille, puis détache mes longs cheveux. Tant qu'on y est à afficher notre statut de prostitué grâce à ce cher "patron", puisqu'il faut l'appeler ainsi... Et bien autant y aller à fond. Messieurs, à vos paquets de mouchoirs...