« A l’aide ! Je ne contrôle plus rien ! » s’écria l’un des enfants dont le nuage de glace autour de lui formait des lances qui partaient dans toutes les directions pour attaquer les élèves.

Je quittai la petite fille que j’assistai jusqu’alors et me dirigeai vers le garçon. Il était une naïade, un esprit de l’eau, mais avait choisi de manipuler la glace plutôt que de déplacer l’eau comme ses parents et de ce fait était venu me voir. Jusqu’à maintenant, il se débrouillait bien pour son âge mais à présent que la fin du cours se rapprochait et que sa mère était là pour voir ses progrès, il perdait toute confiance en lui. Je m’assis devant lui et chuchotai lentement pour être parfaitement compréhensible et surtout, pour le rassurer au mieux et lui montrer qu’il faut garder son calme en toute circonstance.

« Chut ! Tout va bien, calme-toi, tu vas y arriver. Chut ! »

Des larmes coulaient sur ses joues, le petit était terrorisé. Après deux minutes, il prit son courage à deux mains et l’affolant nuage cessa dans le soulagement le plus total. J’avais heureusement mis auparavant tout le monde à l’abri derrière un épais mur de glace et de ce fait, il n’y avait aucun blessé. Avec la fin de cette aventure, il disparut et l’enfant courut vers sa mère en disant que « c’était génial ! » et il ajouta même :

« Tu as vu ? J’ai réussi ! »

Je souris et m’avançai pour discuter un peu avec les parents qui après ce spectacle s’inquiétaient plus que jamais. Enfin, après de longues conversations sur les talents de tous ces petits monstres, les enfants et leurs parents rentrèrent chez eux. Mes élèves racontaient à leur famille leurs exploits de la semaine, puisque lorsque je donne des cours, comme je vis à l’écart de la société, ils durent minimum deux jours.
Je tombai sur le canapé, profitant enfin d’un repos bien mérité après une semaine aussi chargée avant soudain d’éclater de rire. Ils étaient si mignon ces gamins.
C’est alors que la porte s’ouvrit. Je retournai la tête, pensant qu’il s’agissait d’un de mes élèves qui avait oublié quelque chose mais non, le spectacle qui s’offrit à moi était beaucoup plus fort que cela. Aeryn était là, toute seule, devant l’entrée, en larme.

Cela faisait eux fois que l’on me disait que je n’étais pas humaine. La première fois, c’était Lydia, sur Terre, lorsque nous nous sommes retrouvées après des années, j’avais alors rétorqué que ce n’était pas possible, que j’étais humaine. Je lui avais même montré que mon sang était rouge, je m’en souviens très bien. Mais alors, je crois que Lydia ne m’avait toujours pas cru, chose que j’avais trouvée étrange mais nous en étions restées là. Et si… Et si mon sang… n’était pas rouge, mais…
Non je ne peux même pas y penser, c’est impossible n’est-ce pas ? Cela ne se pouvait pas, je l’aurais su plus tôt ou alors quelqu’un me l’aurait dit. Pourtant, je l’ai vu rouge lorsque je me suis coupée pour prouver à Lydia que j’étais humaine alors qu’elle, si je comprends bien, l’a vu bl…
Non, je ne peux ne serait-ce que penser à ce mot. Mon sang a toujours était rouge, je ne l’ai jamais vu autrement.
Je me rappelle que mon amie m’avait également demandé comment je me rendais sur Ludtyvia et je lui avais répondu que je pouvais y aller sans utiliser les portes. Et si, et si les mages devaient utiliser les portes et que les familles n’en avaient pas besoin ?
Quand j’y repense, depuis toujours, les gens sont étonnés lorsqu’ils me voient saigner et me demande pourquoi il est de « cette couleur ». Je rétorquai alors tout le temps qu’il était rouge, comme tout le monde puis je renvoyai la discussion dans un autre sujet mais c’est étonnant. Je n’ai jamais beaucoup saigné, ou alors je faisais en sorte que personne ne le voit. Peut-être que je voulais tout simplement être comme tout le monde, ne pas être différente et que c’est pour cela que je me suis mise inconsciemment à imaginer mon sang rouge au point qu’aujourd’hui, je le crois, du plus profond de mon être je crois ce que j’ai imaginé de toute pièce.
Des larmes coulaient sur mes joues. Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi justement ce jour-là ? Pourquoi le jour de mon anniversaire ?
Je n’en peux plus, je suis épuisée de toutes ces pensées. Je suis dans ma chambres à l’internat, je ne vais pas en cours aujourd’hui, c’est mon droit et comme chaque année, j’en profite. Pourtant, contrairement aux années précédentes, je n’ai pas envie d’aller chasser. Je n’y ai pas la tête. Je m’étais dit hier que j’irais voir Hasan pour le demander mais je n’ose pas y aller. Comment me verrait-il après cela ? Je ne peux en revanche pas rester sans rien faire, il me faut en parler à quelqu’un et comme Hivé connait toute l’histoire, cela ne sert à rien de m’adresser à lui.
Le visage ravagé par le chagrin, je me lève et m’adresse à mon ocelot :

« Je vais voir Hasan. Je te laisse ? »

Hivé hoche de la tête pour acquiescer. Il me laisse toujours seule ce jour-là.

« Si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver. »

Et je disparais de la chambre pour réapparaitre devant la maison de mon maître. Sans même frapper, je rentre et aperçois le propriétaire dans le canapé. Je m’avance avant soudain de tomber sur mes jambes. Je n’ai plus la moindre force.

Aeryn avance difficile vers moi lorsque soudainement, elle tombe. Elle ne tient plus sur ses jambes. Je me lève rapidement et l’attrape juste avant qu’elle ne touche le sol. Que lui est-il arrivé pour qu’elle soit dans un état pareil ? Cela ne lui ressemble pas.
Je me tourne alors vers le calendrier, me rappelant peut être quelque chose et en effet, ce jour n’est pas n’importe lequel de l’année, c’est l’anniversaire d’Aeryn et je sais à quel point elle hais ce jour de l’année. Depuis toujours, elle fait tout pour ne pas y penser.
Je la soulève doucement et la dépose sur le canapé où j’étais précédemment. Il faut à tout pris qu’elle se calme.

« Ne t’en fait pas Aeryn, je suis là. Tout va bien. »

Enfin j’espère.
Je ne sais pas si elle va apprécier mais elle va tellement mal, peut-être qu’entendre que quelqu’un pense à elle lui fera du bien et c’est pourquoi je lui dis lentement :

« Bon anniversaire ! »

Sourire lui ferait certainement du bien.

Hasan me rattrape juste avant que je ne touche le sol me dépose doucement sur le canapé>. Je pleure toutes les larmes de mon corps sans réussir le moins du monde à me calmer. Et si c’était vrai, et si je n’étais pas… et si j’étais…
Je m’effondrai encore plus. Non, je ne voulais pas…

« Je ne veux pas » marmonnai-je lentement, accablée par ma découverte. Et pourtant, cela ne peut être vrai, Hasan va me le prouver. Je suis humaine et il va me l’assurer. J’espère que je suis humaine ; je ne veux pas être différente.

« Bon anniversaire ! »

Mon anniversaire… Pourquoi mon anniversaire n’est-il jamais joyeux ? Pourquoi personne ne me le souhaite jamais ? Pourquoi mes parents ne pense-t-il jamais à moi, même ce jour-là ? Pourquoi suis-je si seule quand j’ai besoin de quelqu’un ?
Non, je ne suis pas seule, je ne le suis plus. Il y a Hivé et Hasan et pour eux je dois être forte.
Je souris tant bien que mal. C’est tellement rare que quelqu’un me souhaite bon anniversaire que j’avais fini par le détester mais c’est bon de se l’entendre dire.

« Hasan, est-ce que tu penses que je… je puisse… ne pas être… humaine ? »

C’est tellement difficile de prononcer ces mots, ils me font si mal. Mais je dois savoir, je veux comprendre pourquoi les gens que je rencontre s’imagine que je suis de la famille de l’eau. C’est impossible pourtant, Hasan va me le confirmer

« Penses-tu qu’il soit possible que je sois de la famille de l’eau ? » parvins-je à demander entre deux sanglots.

Aeryn est sur le canapé, elle ne bouge plus mais ne cesse de pleurer. Il a du se passer quelque chose de grave pour la mettre dans un état pareil. Et Hivé qui n'est pas là. J'espère qu'il va bien, pourvu que se soit juste qu'il n'ait pas osé rester avec elle le jour de son anniversaire.

« Hasan, est-ce que tu penses que je… je puisse… ne pas être… humaine ? »

Humaine ! Non, elle ne l'est pas et cela fait bien longtemps que je le sais. Je me doutais que si elle apprenait trop de chose à la fois, elle ne le supporterais pas. J’espérais attendre qu'elle soit adulte pour le lui dire en plus qu'elle fasse parti de la famille de l'eau. Car oui, je le sais aussi. Ce n'était pas difficile à deviner. En tant que Drąkoň, j'avais tout d'abord immédiatement repéré ces reflets bleu sur sa peau, signe qu'elle est de la même espèce que moi Je suis également au courant pour la famille de l'eau : personne ne peux maîtriser la neige et la glace à la fois, seul un membre de la famille de l'eau le pouvais. J'espérais que cela, elle l'ignorais encore. Cela lui ferait un trop gros choque de le découvrir trop tôt. C'est une trop grande responsabilité pour une jeune fille de son âge.

« Penses-tu qu’il soit possible que je sois de la famille de l’eau ? »

Elle le sait.
J'ignore ce qu'il s'est passé mais elle l'a découvert et n'arrive pas à l'admettre. je n'ai plus d'autre choix que de lui raconter tout ce que je sais.
Je la regarde tendrement, comme un père regarderait sa fille, et pose ma main sur son épaule avant de commencer mon récit :

« Aeryn, calme toi. je vais être franc avec toi : depuis que je te connais, je sais que tu n'es pas humaine. Tu sais que je suis un Drąkoň, n'est pas ? Sais-tu comment nous faisons pour nous reconnaître entre nous lorsque nous sommes sous forme humaine ? Notre peau garde les reflets bleus de nos écailles et toi aussi, tu as ces reflets. J'avais d'abord supposé qu'il s'agissait de mon imagination mais non, tu es bien comme moi une Drąkoň. Comment pourrais-tu si ce n'était pas la cas maîtriser et la glace et la neige ? Seul les membres de la famille de l'eau le peuvent et tous sont des Drąkoňs. Tu ne peux donc qu'être leur héritière, tu serais peut-être la dernière descendante de cette famille disparu depuis cent ans. Aeryn, tu fais partie de la famille de l'eau ; tu es une Drąkoň mais ne t'en fait pas, tu n'es pas seule. Je suis la, Hivé aussi, nous ne t'abandonnerons pas. »

Voilà, tout est dit. Comment va-t-elle réagir à présent qu'elle sait ?

« Aeryn, calme toi. je vais être franc avec toi : depuis que je te connais, je sais que tu n'es pas humaine. Tu sais que je suis un Drąkoň, n'est pas ? Sais-tu comment nous faisons pour nous reconnaître entre nous lorsque nous sommes sous forme humaine ? Notre peau garde les reflets bleus de nos écailles et toi aussi, tu as ces reflets. J'avais d'abord supposé qu'il s'agissait de mon imagination mais non, tu es bien comme moi une Drąkoň. Comment pourrais-tu si ce n'était pas la cas maîtriser et la glace et la neige ? Seul les membres de la famille de l'eau le peuvent et tous sont des Drąkoňs. Tu ne peux donc qu'être leur héritière, tu serais peut-être la dernière descendante de cette famille disparu depuis cent ans. Aeryn, tu fais partie de la famille de l'eau ; tu es une Drąkoň mais ne t'en fait pas, tu n'es pas seule. Je suis la, Hivé aussi, nous ne t'abandonnerons pas. »

Je relève la tête et fixe Hasan. Mon dieu ! il le savait, je ne suis pas humaine. Moi ! une Drąkoň ! ce n'est pas possible, je le saurais si c'était le cas n'set ce pas ? Les Drąkoňs ont le sang bleu, le mien est rouge. Je suis humaine, je le suis. Pitié !
Je bredouille une phrase incompréhensible avant que des images choquantes me reviennent à l'esprit. Lors de mes retrouvailles avec elle, Lydia avait été plus que surprise quand elle a vue mon sang. Je me souviens encore de son visage muet de surprise durant quelques secondes. Elle m'avait dit de bien regarder mon sang, elle m'avait dit que je n'étais pas normale, que j'étais de la famille de l'eau. Elle le savait elle aussi. Elle me l'avait même dit. Pourquoi ne l'ai-je pas écouté ? Pourquoi me suis-je bornée à vouloir être humaine ? Pourquoi veux-je tant être comme tout le monde ? Pourquoi n'arrivais-je pas à accepter ma condition ? Depuis des années je me le cachais. La vérité était si proche, dans mon inconscient, je le savais et pourtant, faisait tout pour ne pas y croire. De nouvelles images font irruption dans mes pensées. C'était à l'orphelinat, j'étais tombée dans une rivière après avoir chuté d'un arbre situé juste au dessus de l'eau. Je souhaitais alors traverser l'étendu bleu sans me mouiller mais j'avais glissé et m'étais éraflée en tombant des branches. L'une des personnes qui s'occupait des orphelins comme moi vint à ma rescousse. Elle me sécha puis entreprit de me soigner. Au final, c'était moi qui avait du me mettre les pansements moi même tant elle avait eu peur de moi. Je ne l'ai plus jamais vue après, elle était partie à jamais. Je me souviens de notre conversation lorsqu'elle me vit :

"Pourquoi tu refuses de me soigner ?
-Tu... Qui es-tu ?
-Ben ! je suis Aeryn. Tu veux que je sois qui ?
-Qu'es-tu ?
-Ce que je suis ? Une humaine, comme toi !
-Impossible ! Tu es un monstre ! Tu n'es pas normale !"

Elle m'avait montré mon sang, toute paralysée qu'elle était.

"Ben quoi ? Il n'est pas bleu ton sang ?"

N'en pouvant plus, la femme était partie à toute vitesse pour ne jamais revenir.
J'avais jusqu'alors complètement oublié ce jour là, je l'avais refoulé pour me faire croire à moi même que j'étais humaine. Oui, c'était la seule explication possible. Tout était partie de là, je ne voulais plus être traitée de monstre. Je ne veux pas être un monstre.

Je me levais, verte de rage, et criai :

"Non ! Je suis humaine ! Tu entends ! Je suis humaine ! je ne serais jamais comme toi : je ne suis pas une Drąkoň, je ne suis pas un monstre moi ! Je suis humaine !"

Aeryn me fixe, surprise que je sois au courant, surprise que je ne lui ai rien dit. Que voulait-elle que je fasse d'autre ? Je savais qu'elle réagirais mal, je voulais attendre sa majorité pour lui avouer. Mais voilà, Gaïa, la puissante déesse l'avait voulu autrement et à présent, Aeryn était désespérée. Je voulu la prendre dans mes bras cependant, rapide, elle se leva et laissa éclater sa colère :

"Non ! Je suis humaine ! Tu entends ! Je suis humaine ! je ne serais jamais comme toi : je ne suis pas une Drąkoň, je ne suis pas un monstre moi ! Je suis humaine !"

Je restais bouche bée. Un monstre ! Elle nous traitait tout deux de monstre ! Elle voulait donc tant que cela être humaine ?!
Un monstre ! Je sais qu'elle ne le pense pas mais au plus profond de moi, cela me fait mal. C'est donc ainsi qu'elle me voit, c'est ainsi que je lui apparaît aujourd'hui, comme un monstre. Que va-t-elle ajouter après ? "Quelle engeance !" ? Je serais donc si différent d'elle au point de ne pas la comprendre ?
Je fixe un dessin fait en lavis avec de l'encre de chine accroché au mur. Puceau, j'étais comme elle, je ne devrais pas être aussi dur. Je pensais aussi que j'étais humain avant d'arriver sur Ludtyvia, j'ai aussi vécu plus ou moins mal la découverte. Cependant, j'avais accepté bien plus facilement. Que faut-il donc que je fasse pour qu'elle comprenne qui elle est vraiment ? Pour qu'elle accepte ce qu'elle est ? Qu'avait-il fallut pour que moi-même je l'accepte ? Je me souviens être allé me recueillir sur la pierre sépulcrale de ma femme puis je m'étais exilé sur Ludtyvia et là, pour pouvoir vivre sur Nerō, je n'avais eu d'autre choix que d'accepter, les humains étant rejeté sur ce continent. Cela avait été la seule manière pour moi de me faire accepter car même si je suis rarement en société, il me faut bien gagner ma vie, faire des courses... Je ne suis pas un vagabond comme Aeryn.
La question revient, comment faire pour qu'elle accepte ? Je ne veux pas la perdre.

"Aeryn ! S'il te plait écoute moi, je voulais te le dire mais..."

Je me lève et la prend dans mes bras.

Hasan me fixe, coït. Il n'a plus aucune réaction pendant quelques secondes. J'aurais du en profiter pour partir à ce moment, pour que cela me fasse moins mal mais comment pouvais-je savoir ce qui allait m'arriver ensuite ? J'étais encore incapable de penser correctement, j'étais tellement bornée, je voulais tant ne pas être différente de mes camarades de classe.
Finalement, il se lève, s'avance vers moi et me prend dans ses bras :

"Aeryn ! S'il te plait écoute moi, je voulais te le dire mais..."

J'éclate ! Il voulait me le dit, pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? Pourquoi attendre que je le découvre par moi-même ? Peut-être pensait-il que c'était mieux pour moi de le découvrir toute seule mais non ! Il a totalement tord !
Je me dégage et hurle autant qu'il m'est possible :

"Tu voulais me le dire mais quoi ? Tu n'as pas osé ! Tu avais peur de ma réaction ? Aurait-elle été pire que maintenant ? Qu'est-ce qui fait le plus mal selon toi ? De l'apprendre par soit même puis apprendre que les gens autours sont au courant depuis longtemps mais n'ont rien dit ou au contraire de l'apprendre par des amis ? J'en ai marre ! Je ne veux pas être ce que tu es ! je veux être humaine ! Ce n'est pourtant pas si compliqué !"

Je veux oublier ! Tout oublier ! J'en ai marre de cette vie de mensonge, d'incompréhension, je veux vivre ma vie, loin des menteurs. Que faut-il pour être heureux dans ce monde ?
je m'appuis sur la table qui est près de moi. Ma tête me fait si mal. La vérité fait si mal !
Petit à petit, le noir se fait autour de moi et je me voit tomber dans le néant de mon esprit. Je ferme quelques secondes les yeux et lorsque je les rouvre, je me sens comme neuve, je suis purifiée de toute pensée.
Je regarde la pièce où je me trouve. C'est un salon dans une maison de glace et un homme est près de moi. je ne le connais pas, tout comme cette maison. Où suis-je ?
Je cherche quelques secondes dans mon esprits pour m'apercevoir avec horreur que je n'ai aucun souvenir, je ne sais ni qui je suis, ni qui il est, ni où je suis. Je suis perdue !
je fixe l'homme avec angoisse. Que me veut-il ? Est-ce que je suis censée le connaitre ? Est-ce un ennemi ?
Je ne sais pas !
Je tente de parler mais j'ai la gorge sèche, comme si je venais de crier à la mort et seul les mots qui font mal sortent :

"Qui êtes-vous ?"

Je venais d'avouer ma faiblesse.

Aeryn me repousse avant de me hurler qu'elle ne veut pas être une Drąkoňne, qu'elle est une humaine. Elle le sait pourtant au fond d'elle-même, j'en suis certain cependant elle continue de refouler la vérité et sa véritable nature comme un cauchemar qu'elle souhaiterait oublier. Serait-ce si terrible d'être un Drąkoň ? Je n'ai jamais trouvé.
Elle recule légèrement, semblant vouloir me fuir où fuir la réalité, avant de s'appuyer sur la table. Elle ferme les yeux et n'entends plus rien de ce que je lui dis. Je tente en vain de la réconforter mais elle ne m'écoute pas, faisant comme si je n'existais pas. Je m'approche lentement. Aeryn, que t'arrive-t-il ? Pourquoi tiens-tu tant à être une humaine ? S'il te plait, dit le moi !
Enfin, après de longues minutes, elle rouvrit les yeux. Elle paraissait si différente, elle regardait la pièce comme si c'était la première fois qu'elle la voyait. Dans ces pupilles flottait une question que je ne sus comprendre avant qu'elle ne se tourne vers moi et ne dise :

"Qui êtes-vous ?"

La jeune fille avait oublié tout ce qui l'avait forgé jusqu'à présent, elle m'avait oublier, elle avait oublié ma maison et très certainement qu'elle avait tout oublié de Ludtyvia et des Drąkoňs.

"Mais, c'est moi, Hasan, ton maitre en magie, ton ami, ... Qui veux-tu que je sois ?"

J'ai fait comme si je n'avais pas compris ce qui lui arrvais, j'espère que c'était la bonne décision. A mon sens oui cependant, dans le cas d'Aeryn aujourd'hui, j'ignore comment elle réagira.
Je la regarde en restant un peu à distance. Il ne faudrait pas que par la suite elle fasse semblant de se souvenir par rapport à ce que je dis. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas dit son nom. Il vaut mieux qu'elle s'en souvienne elle-même. Il faudrait pourtant qu'elle se rappelle vite, ses pouvoirs pourraient s'animer s'animer sans qu'elle ne le veuille. Il lui faudra faire attention car si elle a bien oublier sa condition de Drąkoňne, je suppose qu'elle a oublier également tous ses pouvoirs, elle ne les maîtrise plus mais ils sont toujours là, près à apparaitre au moindre appel, même involontaire.
Gaïa ! Fait qu'elle retrouve vite la mémoire ! Je t'en supplie !

L'homme me fixe, étonné et me répond finalement comme si ça réponse était évidente :

"Mais, c'est moi, Hasan, ton maitre en magie, ton ami, ... Qui veux-tu que je sois ?"

Comment pouvais-je savoir son nom sans qu'il ne me le dise ? D'après lui, je le connaissais mais c'était totalement faux. Je ne comprenais plus rien à se qui l'arrivait, ma tête était vide, entièrement vide ; je ne me souvenais d'absolument rien, seulement de mon nom, Aelyn Nige. Comment faire pour me rappeler du reste ? Pouvais-je lui faire confiance ? Où étions-nous ? Mon maître de magie ? Depuis quand la magie existait-elle ?
J'étais tellement perdue. Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête me donnant un mal de crâne épouvantable et incurable.
Je regardais l'homme, Hasan, d'un oeil inquiet. Que pouvais-je bien faire chez un inconnu ? Prise d'une peur certaine, je reculais et bientôt atteignis la porte. Je me retournais. Devant, il y avait un enfant que l'homme ne pouvait voir puisque le gosse était derrière moi. Il paraissait aussi surpris que moi. Avait-il suivit la conversation depuis le début ? En saurait-il plus que moi-même qui suis amnésique ?
Rien que penser ce mot ma faisait mal. Amnésique ! Oui, je l'étais, mais pourquoi, comment était-ce arrivé ? Que s'était-il passé auparavant pour que je le devienne ?
Je ne savais plus. Je ne savais pas. J'ignorais tout de moi, de lui, d'eux, de ce lieu. Tout se mélangeait en moi sans me donner la moindre explication.
Je fixais l'enfant, puis l'homme derrière moi. je me tenais la tête et hurlais de terreur avant de tomber sur mes genoux puis, je ne sais comment, de disparaître, de tomber dans le néant. Mon esprit était comme éteint et je pensais ne plus jamais me réveiller lorsque finalement mes yeux s'ouvrir et je me découvris dans un lit. Près de moi, il y avait une multitude d'objet dont un qui indiquait les pulsations de mon coeur. J'étais dans un hôpital.
Avait-je rêvé ? Avais-je réellement vue cet homme et cet enfant ? Existaient-ils vraiment où étaient-ils juste le fruit de mon imagination ?
Soudain, une femme apparue à la porte, vêtue de blanc, une infirmière. Elle se précipita vers moi en me demandant si j'allais bien et ce, dans une rapidité et en même temps un certain calme pour tenter de me mettre à peu près à l'aise. Ce qui ne marcha pas. Où étais-je ?

Je regarde Aeryn. Elle parait tellement perdue, tellement triste, tellement malheureuse. Je voulais l'aider mais je ne savais quoi faire. J'avais beau y réfléchir, je ne voyais pas d'autre chose à faire que d'attendre que tout lui revienne en mémoire mais cela risquait d'être long, très long. Il lui fallait rentrer chez elle, sur Terre, au lycée mais comment la ramener là bas sans qu'elle ne m'envoie balader encore une fois ?
Soudain, Aeryn se retourna, prête à s'en aller, ce que je pensais qu'elle allait faire mais elle s'arrêta devant la porte. De là où j'étais, je ne voyais pas pourquoi elle s'était stoppée, je pensais que c'était parce qu'elle voulait parler mais elle ne disait rien. Elle me tournait toujours le dos devant la porte et soudain, elle disparu. Pourvu qu'elle soit rentrée sur Terre mais avec sa mémoire, il me faudrait le vérifier plus tard.
C'est alors que j'aperçu la raison qui faisait qu'elle s'était arrêté. Devant la porte se tenait un de mes élèves. Il devait avoir oublié quelque chose et était venu le chercher. Depuis combien de temps était-il présent ici ? Avait-il écouté toute la conversation ? je l'ignorais.
Regardant autour de moi, je découvris dans un coin le sac du garçon. Il l'avait bel et bien oublié.

"Tu es là depuis longtemps ? Viens, n'ais pas peur, ton sac est là, tu peux venir le chercher."

Sans répondre, l'enfant entre, ramasse son sac et repart sans un mot, me laissant avec mes questions dans la maison de glace. J'espérais qu'il n'avait rien entendu mais cela m'aurait étonné, j'étais certain qu'arrivé chez lui, kil en parlerait à tout le monde et bientôt, la rumeur se répandrait que la famille de l'eau était de retour. Tout le monde saurait bientôt qu'Aelyn Alegría était une membre de la famille. Plus jamais elle n'aurait une vie normale, qu'elle retrouve ou non sa mémoire. Elle était plus seule que jamais.

Rp terminé

Ce qu'Hasan ignorait, c'est que l'enfant avait en effet tout entendu, et très bien retenu qu'Aeryn était une membre de la famille de l'eau, mais il avait aussi compris qu'Hasan était aussi de la famille puisqu'il n'avait rien dit sur l'utilisation des portes, comme si lui non plus n'en avait pas l'utilité. C'est ainsi que le garçon ne répandit pas seulement la rumeur du retour de la famille de l'eau avec Aeryn, il répandit aussi celle qui affirmait qu'Hasan Nige, le maître de la magie de la glace solitaire, vivant dans un coin reculé dans les glaciers, faisait parti de la famille de l'eau.

La famille de l'eau était bel et bien de retour dans l'esprit des habitants de Nerō.