Samedi 13 Avril, 6 heure 41 AM

Mon regard se rencontra dans le miroir de la salle de bain, et je levai ma main pour effleurer le verre du bout de mes doigts. Surpris par la paleur de mon teint, je penchai le visage sur le cote, pensif, et observai le mouvement sensuel de mes levres qui s'entre ouvrirent. Un bras puissant mais doux s'enroula autour de ma taille, me faisant brutalement tressaillir. Puis je rencontrais le regard bleu de mon amant, et soupirai de soulagement avant d'appuyer mon dos et ma nuque contre son corps musclé. Bien enveloppe par ma chemise six tailles au dessus de la mienne, je tirai une cigarette hors du paquet entrepose pres de la vasque en granit, mon briquet, et en allumai le bout. Puis je portai l'extremite a ma bouche, et tirai lentement dessus. La fumee, entrainee par mon souffle, fit een senfuyant de droles d'arabesques dans lair et une sensation de paix m'etreigni le coeur. J'aimais bien ce genre de moments apres le sexe passionné et la douche. Enfin, je detestais les calins mais si c'etait lui...
Sur ces entrefaites, mon portable vibra avec determination. Un long soupir m'echappa, et je saisi l'engin rabat joie pour voir qui m'envoyai un message a l'heure qu'il etait. C'etait l'aube putain, le moment sacre de ma journee quand mon satane petit ami me faisait cadeau de sa merveilleuse presence ! Bref. Mon pouce traça le dessin de code du telephone, et ma colere fit place à la plus grande stupéfaction. Lydia ! Pourquoi, après ce silence...?! Mes yeux confus rencontrèrent ceux de mon amant, et je murmurai deux ou trois mots d'excuses, scellai mes lèvres aux siennes pour un au revoir qui manqua nous reconduire sous la couette puis enfilai un survêtement en moins de deux. Un peu plus, tard, je prenais la direction de la crique. Quand je l'atteignis, la blonde était dans l'eau et le soleil perçait la couche de nuages nocturnes pour de bon.

Un instant, à la regarder là, je voulu repartir. Mais, elle me manquait et ça me touchait qu'elle ait fait le premier pas. Je n'avais pas digéré l'insulte. Être, aux yeux de tous, une vraie salope... Ok. Mais dans ses yeux à elle, non. Alors je posai mon derrière dans l'herbe, pensif, les yeux fixés dans son dos. Elle était belle comme ça, et je notai mentalement que j'aurais aimé être aussi admiré qu'elle, savoir que les gens pensaient "Ce garçon est vraiment beau" en me croisant. Mais ils se disaient "ce type, il est trop baisable." Un sourire triste fit bouger mes lèvres. J'ignore pourquoi je suis comme je suis. Oh, je l'ai eu su mais... Depuis quelques temps, quelque chose m'échappe. Et je me sens comme une proie traquée, perdue dans une détresse d'enfant et incapable de savoir comment réagir. J'ai besoin de Lydia. J'ai besoin de me changer les idées, d'être en train de terroriser un marchand de glace, danser ou chanter dans les rues, dévaliser le centre commercial... Besoin d'elle. Ma voix n'est qu'un murmure songeur qui caresse l'air avec douceur, chargé de cet amour étrange qui vit en moi et que j'avais, je crois, oublié.

-Je suis là...

Dans l'eau, Lydia ressemble a un ange. Le soleil qui point a l'horizon encadre les contours de son corps comme un halo. C'est un matin paisible. Les oiseaux et les biches commencent a s'affairer dans les sous bois.
La blonde a du m'entendre. Elle change de trajectoire, et rejoint la berge pour hisser son corps sur la terre ferme, baignee de lumiere. Un sourire timide, au coin de mes levres, salue son arrivee. Je remarque qu'elle mordille sa bouche que j'ai jadis connue insouciante et moqueuse. Elle est plus perturbee que j'aurais pu le croire on dirait.

"Tarek... Je... Je voulais le dire de vive voix. Je suis vraiment désolée..."

Je ne repond pas. Je fixe l'horizon, absent, berce par la caresse du vent tiede contre la peau nue de mon visage et ma nuque, mes cheveux courts. Le vent m'evoque toujours la caresse d'un amant. Je ferme les yeux, observe le monde derrière le rideau de cils fauves qui font de mon regard fuyant une arme redoutable, et soupire. Pliant le bras, je dépose ma joue dans ma paume et m'allonge à la lisière de l'eau, jouant vaguement avec la surface de l'onde du bout de mon index. J'aimerais que mon amant soit là. C'est stupide mais, j'aimerais même qu'il me fasse l'amour ici, baigné dans le soleil, dans cette atmosphère douce que rien ne viens troubler, que le chant discret des rouge gorges. Je renifle, plissant le nez de côté sur l'instant, et enfin hoche la tête.
La brise froisse la surface du lac, et je bascule sur le dos, les paupières toujours mi-closes, luttant contre la douce torpeur qui coule dans mes veines. J'ignore pourquoi j'ai changé si vite, pourquoi j'ai arrêté de me laisser aller aux bras des premiers venus, mais malgré ces drôles de réflexes pour fuir le contact de surprise je me sens serein. Surtout avec lui...
Je pousse sur mon dos. Debout en une seconde, j'enfonce mes mains dans les poches de mon jogging. Je suis tout endormi, je ne rêve que de ses bras pour me blottir contre et me sentir protégé, m'abandonner aux songes et simplement avoir l'impression d'être entier. Je l'aime. Comme je n'ai jamais aimé personne. Je ne me sens pas obligé d'éprouver quelque chose pour lui, je ne me sens pas en danger dans le cas où je lui refuserai une faveur.

-Je sais. Moi aussi, ma belle... Je suis navré.

Je ne le quitte pas des yeux, mais il n'a aucune réaction. J'ai l'impression qu'il n'en avait rien à faire de mes excuses. Qu'il se contre fiche de moi. Après tout, c'était presque sur. Mais pourquoi il était donc venu ? S'il ne le voulait pas, il ne fallait pas qu'il vienne. Il me mettait mal à l'aise. Et moi de meme. Je ne savais que faire alors qu'il s'était désintéresse de moi.  J'essorai rapidement mes cheveux, sentant la caresse de l'eau sur mon dos. Mes survêtements étaient magnifiques et tranchaient sur ma peau. Je reposai mes cheveux sur mon épaule, inspirai profondément et laissa mon regard se porter sur l'horizon. Le soleil avait fini de se lever et il éblouissait le lac, enflammant l'eau. Je sentais sa caresse sur mon corps pratiquement nu, sa morsure qui pouvait faire mal. Le feu pouvait en briser des choses. Le soleil n'était que son instrument le plus précieux. Les démons aimaient sa caresse. J'avais l'impression d'être mariée avec un lézard quand le soleil se levait. Mon époux si désirable. J'avais envie de le voir. Il me manquait déjà. Je ne le voyais pas assez à mon goût. Bien sur, il devait offrir son temps au roux devant moi... Puis enfin, Tarek me répondis

-Je sais. Moi aussi, ma belle... Je suis navré.

Navré de quoi un mon beau ? Bien sur que tu es navré. Mon petit ami, mon mari maintenant continuait à le voir, encore et encore. Bien sur il etait mieux que moi. Mais je devais garder ma langue de vipère acérée, j'étais là pour me réconcilier avec lui, pas pour lui hurler que je le haissai. Pourquoi j'étais venu ? J'étais décidément trop stupide, mais je ne laissai rien voir. Non, j'étais experte là dedans. Et je continuai à me mordre la lèvre inférieure. Tarek était toujours aussi beau... Change tes pensées Lydia !!

"Tu... Je sais qu'on ne peut pas revivre exactement comme la dernière fois mais... J'aimerai..."

Allez, enfonce toi très chère. C'est tellement facil devant lui. Tellement nul...

Le monde s'est enflamme sous la caresse du soleil. Je me laisse bercer par la douceur de ses rayons, pourtant si loins de celles de Matt, melancolique et paisible. Tout a change, et je me sens comme un cerf volant dont on aurait coupe la corde qui le retenait. Je passe le bout de ma langue sur mes levres. Je suis de plus en plus different, lunatique, soit noir soit blanc, le gris s'est perdu quelque part entre la douleur et l'espoir. Mais je ne me plains pas. Mon esprit na jamais ete si calme.

"Tu... Je sais qu'on ne peut pas revivre exactement comme la dernière fois mais... J'aimerai..."

Un sourire eclaire faiblement mon expression, et je souleve mes paupieres face au ciel pastel et aux arbres verts. Un pigargue plane au dessus de nous, son corps immense et sa tete immaculee se detachant parfaitement sur l'azur. Il lance son cri, et je cille une deuxieme fois en humant l'air a pleins poumons. Odeurs douces de leau, des mousses, des fleurs et celles plus musquees des animaux sauvages. La drole dimpression, toute neuve, de faire corps avec mon element me ferai sursauter si je n'etais pas si bien dans l'instant present. Je soupire de bonheur, et pose mon regard d'or blanc sur Lydia, la bouche entrouverte, concentre sur le mouvement leger de ses dents sur sa levre. Elle est de plus en plus belle. Et de plus en plus sombre aussi...

"Je sais qu'au fond tu me hais, a raison Lydia. Mais..  Je pense qu'il est sage de nous accorder une nouvelle chance."

Apres tout... La vie est belle. Surtout entre les gens qu'on aime. Avec elle, et mon petit ami, tout ne peut que sarranger. J'ai du moins cet espoir...

Je sais à quoi elle pense, je crois. Ça m'embête qu'Amarok soit si abject avec elle, ça m'embête de ne pas pouvoir dire non alors que je ne suis pas bien avec lui. Quoi qu'il fasse je m'agite, je ne peux pas me concentrer, je ne peux pas prendre du plaisir. J'ai simplement mal. C'est très bizarre parce que, normalement, on est amoureux de la personne avec qui on a perdu sa virginité ou du moins, on garde pour elle une certaine tendresse, un attachement. Et moi, je n'ai pas ça avec lui. Et je ne l'avais pas non plus pour Aèl, maintenant que je sais ce que c'est d'aimer vraiment et d'être aimé en retour, je peux le dire. Alors forcément, la question me prend de cours...

"Je pense de la même façon... Mais... J'aimerai juste savoir pourquoi... Pourquoi lui parmi tous ?"

Il y a un long silence. Seul le murmure du vent trouble la tension palpable, et je triture mes mains nerveusement. Quoi répondre ? je ne sais même pas si c'est bien de son mari qu'elle parle. Si c'est pour ce genre de choses qu'elle voulait me voir, j'aurais mieux fait de ne pas rappliquer. C'est trop compliqué pour moi, trop prise de tête. Je ne veux pas être adulte sur ce genre de choses. Et de toute façon, je ne veux pas en parler. Mais elle demande...

"Je ne sais pas. Je ne sais même plus lequel des deux tu me reproches à ce point. Qu'on soit clair, tu ne connaissais pas Amarok quand j'ai perdu mon pucelage et je ne suis pas devin, je ne pouvais pas savoir que tu en tomberais amoureuse des années après. Et je ne fais rien pour le voir, il se tape l'incruste, que je dise oui ou non. C'est clair ?"

Un soupir excédé résonne dans l'air frais, et je me remet sur mes pieds pour humer l'atmosphère et réfréner mes envies de changer de peau pour aller gratouiller les mousses à la recherche de mulots pour déjeuner. Pourquoi faut il qu'elle remette toujours ces conneries sur le tapis ? Elle est pas contente avec son mari et son marmot à la fin ?! Les femmes...

Le silence est long. Très très long. Je ne lâche pas ma lèvre inférieure, malgré le goût du sang dans ma gorge qui se fait de plus en plus puissants. J'ai besoin de ressentir la douleur. Oh moins je me sens... vivante. C'est bizarre. Je n'avais jamais été comme ça avant. Je n'avais jamais voulu m'entailler les veines. Le mal en moi me poussait à des actions de plus en plus malsaines. J'avais presque peur de moi maintenant quand je me voyais dans un miroir. Quand je laissais tomber l'illusion. Et que je voyais mes cheveux châtains et mes yeux bleus marines...

"Je ne sais pas. Je ne sais même plus lequel des deux tu me reproches à ce point. Qu'on soit clair, tu ne connaissais pas Amarok quand j'ai perdu mon pucelage et je ne suis pas devin, je ne pouvais pas savoir que tu en tomberais amoureuse des années après. Et je ne fais rien pour le voir, il se tape l'incruste, que je dise oui ou non. C'est clair ?"

Je mords plus réellement ma lèvre encore et le sang roule dans ma gorge. Son goût salé et métallique m'irrite le palais. J'inspire plus profondément, et je sens mon regard se brouiller. Je ne dois pas craquer devant lui. Non, pas craquer ! Il ne faut pas que je me sente mal devant lui. J'ai vraiment souffert. J'en souffre encore de savoir que mon époux va voir un homme. Qu'il va voir ailleurs. J'en souffre trop. Il va bientôt partir et c'est cette enflure qui va le tuer ! Je devrais te haïr mais tu ne l'as pas encore fait. Et qui sait... Le futur n'est pas gravé dans le marbre; Il peut parfois changer. C'est en ça que mon pouvoir est une malédiction. Je vois les milliards de possibilités envisageables. Certaines plus claires que d'autres. Les moins envisageables...

Je plonge mon regard étincelant dans le sien, les yeux toujours aussi bleus, l'illusion parfaite. Mes prunelles ont réussi à sécher très vite heureusement. Par contre, une goutte écarlate dors maintenant sur ma lèvre. Je passe ma langue sur cette dernière, la faisant disparaitre et soustrayant son odeur à mon odorat trop sensible d'elfe. Très bien...

"Je sais bien que tu ne pouvais pas savoir. Aèl... Je préfère ne pas en parler. Quant à Marok... Je sais que ce n'est pas ta faute mais... Tu réagirais comment si tu apprenais que Matt vient me voir en permanence ? Je ne te rejette pas la faute Tarek. Je ne suis pas venue pour ça... J'ai juste mal tu sais. Et je suis perdue. J'ai l'impression d'oublier quelque chose te concernant. Vu mon statut de prétresse... C'est... Il manque quelque chose dans mes souvenirs Rek. Je comprends pas..."

J'essaye d'être claire. Je ne sais pas comment expliquer ce que je pense. Ce que j'ai oublié. Tu sais toi Tarek ? Tu sais ce que j'ai oublié ? C'est en rapport avec toi, ça je le sais. Mais j'ai peur de ce que tu vas me dire. Dis moi si tu le sais s'il te plait. Je n'aime pas ne pas savoir...

Je vois bien qu'elle souffre. Je le vois à sa manière de dévorer sa pauvre lèvre. A la tension de ses muscles, sa respiration à peine sifflante que mes tympans sur-entrainés perçoit, et puis des tas d'autres petites choses. L'odeur d'un corps qui anticipe le coup de colère, le battement de son coeur. Je m'en veux qu'Amarok refuse de lâcher le morceau. Je ne veux pas de lui. Moi, je ne veux que Matt. Et rien d'autre. Personne d'autre. Parce que je n'aime pas les autres.
Le regard bleu me désarçonne, et je cille et vacille l'espace d'une seconde. Il y a quelque chose d'anormal dans ses yeux. Qui n'y était pas avant.

"Je sais bien que tu ne pouvais pas savoir. Aèl... Je préfère ne pas en parler. Quant à Marok... Je sais que ce n'est pas ta faute mais... Tu réagirais comment si tu apprenais que Matt vient me voir en permanence ? Je ne te rejette pas la faute Tarek. Je ne suis pas venue pour ça... J'ai juste mal tu sais. Et je suis perdue. J'ai l'impression d'oublier quelque chose te concernant. Vu mon statut de prétresse... C'est... Il manque quelque chose dans mes souvenirs Rek. Je comprends pas..."

Mes épaules se sont affaissées. Il faut dire que je n'ai pas tellement envie d'aborder le sujet. Je ne veux pas parler de tromperies, je sais ce qu'elle subit, et c'est bien pour ça que je résiste à son mari et que la violence de chacune de ses visites s'accroit peu à peu. Je sais que j'ai oublié beaucoup de choses, je sais que ça date de mon enfance, de ces années de soins là bas, dans le Vermont, mais ça m'échappe et je sens bien que quoi qu'il arrive je ne retrouverai pas ces parcelles calcinées de ma mémoire. Je ne peux qu'affirmer qu'il s'agit de choses terribles, de choses qui ont laissé sur mes lèvres un goût amer et sur ma peau des frissons incontrôlables qui me poussent à craindre les contacts physiques, même infimes, non voulus et arrivant par surprise. Des images devenues noires qui ont fait de moi celui que je suis. Depuis ce trou de vide dans ma tête, j'ai cessé de me laisser trainer dans la boue et de donner mon corps sans préavis. Mais je suis sûr que si j'étais ainsi, c'était à cause de ces choses à jamais disparues qui se sont enfuies en un battement de cils pour ne plus me revenir.

Je soupire, et secoue négativement la tête, doucement.

"Je réagirais mal. Aussi mal que je réagis quand je sens l'odeur de Nicky sur lui, ou quand je les vois collés l'un à l'autre. Et les souvenirs... Je ne sais plus. Il y a eu un incendie dans ma mémoire et ce qu'il a dévoré ne refera jamais surface."

J'ai mal à la tête rien que d'en parler. C'est trop louche pour être bon pour moi. Je n'aurais pas du venir.

J'aurais dû m'y attendre. Et pourtant, lorsqu'il secoue la tête de droite à gauche, je sens mon coeur s'emballer. Je peux peut-être l'aider. Je réfléchis le plus vite que je peux mais aucune idées éblouissantes ne me vient. Je suis perdue dans mon objectif de la journée, charcuter ma lèvre jusqu'à ce qu'elle n'est plus l’apparence humaine qu'elle avait au départ.

"Je réagirais mal. Aussi mal que je réagis quand je sens l'odeur de Nicky sur lui, ou quand je les vois collés l'un à l'autre. Et les souvenirs... Je ne sais plus. Il y a eu un incendie dans ma mémoire et ce qu'il a dévoré ne refera jamais surface."

Je fronce les sourcils. Je m'attendais à cette réponse. Passant vis à vis de Nicky, que je n'ai jamais connu aussi heureuse que jusqu'à maintenant je m'attarde enfaite sur Nicky. Elle est heureuse, mais elle vit dans le mensonge. C'est peut-être mieux pour elle. J'aurais préféré ne pas savoir. Ne rien savoir. Fermer les yeux et faire l'autruche. Ne pas sentir l'odeur de Tarek sur la peau doré de mon époux. Ne pas voir ses lèvres entrouvertes sur son jouissement de plaisir dans chacun de mes rêves. Non, j'aurais voulu n'être au courant de rien. La vérité fait mal. La vérité blesse plus que n'importe quoi. J'aurais tellement voulu ne pas savoir. Mais je n'allais rien lui répondre vis à vis de Nicky. Il n'avait pas à connaitre le bonheur de la brune. Non, j'allais uniquement répondre à ses souvenirs. Je ne savais pas de quoi il pouvait s'agir. J'avais beau réfléchir plus que je ne le pouvais, je ne comprenais pas. On ne devient pas amnésique comme ça, aussi brusquement. Non, il y avait anguille sous roche. Et je voulais savoir ce qu'il manquait dans mes propres souvenirs. Je voyais très bien Tarek ouvrit la bouche pour m'expliquer pour quoi et puis le trou noir. Mais ça, c'était hors de question. Je connaissais le futur, et je devais savoir le passé aussi.

'Tu... tu faisais quoi quand tu as perdu tes souvenirs ? Enfin, tu sais comment ça c'est passer ? Ce qu'il était en train de t'arriver ? Un choc ou autres trucs comme ça ? Je peux surement t'aider, après tout, je suis reine de l'esprit"

Mon clin d'oeil voulait tout dire. Je devais cesser de penser à Amarok et recoller les morceaux de mon amitié brisée. Tarek avait toujours été la fêlure dans un château de verre. Il détruisait un matériau si fragile d'un simple mouvement.  Je devrais pleurer sur son sort mais mes yeux restaient secs. J'aurais vraiment aimer. Mais je ne pouvais pas. Il me faisait bien trop souffrir. Mais je ne pouvais lui en vouloir. Je ne savais le jeu malsain auquel jouait Amarok. Il m'avait, aussi noir qu'il l'avait voulu. Pourquoi continuer avec Tarek ? Pourquoi ne pas m'appartenir pleinement ? Alors que cette enflure allait le tuer !

'Tu... tu faisais quoi quand tu as perdu tes souvenirs ? Enfin, tu sais comment ça c'est passer ? Ce qu'il était en train de t'arriver ? Un choc ou autres trucs comme ça ? Je peux surement t'aider, après tout, je suis reine de l'esprit"

Je ferme les yeux. Son clin d'oeil pourrait me rassurer, mais je sais que je lui fais du mal, sans même vouloir la blesser. Ça ne m'amuse pas plus qu'elle que son maudit mari squatte ma chambre. C'est devenu une torture, ne jamais savoir s'il va venir me tirer des bras de Morphée pour me plaquer au matelas et assouvir ses pulsions malgré mes cris de rage et, même si j'aimerais que ce ne soit pas le cas, de douleur mêlée au plaisir incontrôlable qu'un démon apporte à ses partenaires. Je voudrais être capable de faire taire la peur et le désir. Il s'en tire toujours avec de vilaines griffures et coups de dents mais...

"Non ! ... Je veux dire, non, je ne sais pas, et tu ne peux pas m'aider. Tout le monde autour de moi ressent cette impression de vide. C'est comme si on avait effacé tout ce qui avait trait à je ne sais quoi ou qui dans la tête de tout le monde. Et de toute façon, je n'ai pas vraiment envie d'en parler.

Heureusement, mon ton abrupt s'est adouci très vite. Je me sens mal, et oppressé, coupable, terrifié par ce vide brutal et angoissant qui cache des choses innommables. Je tremble, je ne sais pas exactement de quoi. Mon regard n'accroche rien et mes sens lupins se reveillent petit à petit. C'est idiot a faire, mais face à ce désarroi, je change brusquement de peau et mon corps de renard roux s'enroule sur lui même, frémissant. C'est presque un mécanisme de défense, et aussi une façon de demander pardon. Je me suis enroulé aux pieds de la reine Elfe, couché et soumis, submergé par la peur et la culpabilité. Je crois que je ne devrais plus sortir, rester cloitrer dans ma chambre, près de Matt, en sécurité, dans un endroit hors du monde et du temps. Ma famille va me rejeter. J'ignore pourquoi je suis comme ça, pour quelle raision tout ce que je touche vole en éclats mais je ne veux plus que ça arrive. Je veux que tout redevienne comme avant... Comme quand l'amour ne faisait pas parti de nos préoccupations d'adolescents joueur et pourris gâtés.

"Non ! ... Je veux dire, non, je ne sais pas, et tu ne peux pas m'aider. Tout le monde autour de moi ressent cette impression de vide. C'est comme si on avait effacé tout ce qui avait trait à je ne sais quoi ou qui dans la tête de tout le monde. Et de toute façon, je n'ai pas vraiment envie d'en parler.

Je plonge une fois de plus mon regard dans le sien, cherchant à percer la barrière de son esprit. Mais je ne force pas, il ne pas accorder son autorisation et j'aurais pu perdre pour te bon son amitié. Non, j'étais loin detre stupide. Je ne devais pas agir sans prémédité mes gestes. Surtout avec Tarek.

Le jeune roux se transforme en renard, l'animal avec lequel je l'aurai toujours pensé lié si je ne l'avais pas connu aussi bien. Il se possa à mes pieds mais je me sentais mal à l'aise. Je ne suis pas sa maîtresse. Je suis reine peut-être et plus que tout, je suis la prêtresse du peuple le plus puissant de Ludtyvia. Mais je ne veux pas qu'il se couche à mes pieds. J'ai l'impression... La même que ma première fois. Un mal de ventre irréversible, une peur panique de ce qui va se passer maintenant. Je serre quelques secondes les dents et puis prend à mon tour une apparence plus animal. C'est mon pouvoir premier après tout. Une changeforme. Comme les démons. J'étais prédestinée... Mon centre de gravité est bien plus bas et je sens mes moustaches chatouiller mes joues aussi blanche que la neige. Un chat sauvage, immaculé. Un felin comme à mon habitude. Mais je ne peux cacher les quelques tâches plus foncées sur le bout de ma queue, sur mes pattes et sur l'oreille droite. Mon miaulement est ronchon, mais je laisse mes pensées venir à lui. Il est à moitié elfe. Il va comprendre ce langage.

*Allez vient. Oublie nos idées stupides et vient mettre le bordel avec moi. On débarque en ville*

Accompagné d'un clin d'oeil. Sous ma forme lupine, c'était plutôt drôle. Un chat qui cligne de l'oeil. Un sourire royal.

Il est rare que je vois Lydia changer de forme. Mais c'est assez chouette, ça change et ça me fait me sentir un peu mieux. Même si je n'applaudis pas son choix de félin. Effectivement, mes poils se sont herissés sur mon échine par réflexe. Je respire profondément, calmé, et penche la tête de côté. Qu'est-ce qui me vaut ce changement ?

*Allez vient. Oublie nos idées stupides et vient mettre le bordel avec moi. On débarque en ville*

Ah... Je comprends. Ce mode de communication est bizarre, mais ça ne me perturbe pas plus que ça. Mes babines s'étirent sur un genre de sourire flippant, et mon corps s'allonge, laissant place à un animal plus susceptible de semer la panique en ville. Ce sera mon adieu à Milwaukee. Je n'ose pas dire à ma meilleure amie que dans une quinzaine de jours, après mes révisions psychologiques, ils m'expédient dans le Nord sauvage. Mes griffes rétractables labourent le sol, je ronronne avec délice, prêt à foncer en ville. Il n'y a plus vif que les félins, pas plus agile pour s'échapper que le lynx. Et il y en a plein les bois ici.

Je n'attend rien, je bondis en direction de la ville, frémissant, ravi. Je déboule en renversant des poubelles et des enfants, saute sur le toit des voitures, fourbe. On va s'amuser comme des petits fous, ça ne fait aucun doute. je veux les rendre chèvre, changer de forme pour chaque quartier, faire tourner les flics en bourrique. Personne ne pourra rien prouver. Je serais blanc comme neige, impossible de me trainer devant les barres, et j'aurais bien ri. Je sais que Lydia est aussi en train de semer la panique, mais pas si elle me suit. J'entre dans les beaux quartiers, que j'exècre, et rugit de toutes mes forces de lion désormais. Les femmes et les enfants crient. Ouais... C'est le meilleur jeu du monde !