Sylvain Keiràn Ikrà
PROFIL► AVATAR : Cameron Monaghan ► VOTRE AGE : 25 ►PORTRAIT : ► CIITATION : Never let them see you weak ► CREDIT : Me, tumblr ► ARRIVÉ LE : 04/04/2012
| Sujet: # La principale différence qui nous sépare du loup, est notre inaptitude chaque jour plus grande à ne plus savoir vivre avec la nature [ONE SHOT] Mar 1 Avr - 4:58 | |
| Le bruit de portière qui claque résonne comme un coup de feu. Le moteur de la Chevrolet ne s'est même pas arrêté, et elle s'en est allée disparaitre dans la ville agitée. Mes parents ne se sont pas retournés. Ce moment sonne la fin d'une vie, la fin d'un monde. Le vent balaie mes cheveux et mes vêtements XXL, indifférent. On m'expédie loin d'ici, loin de la famille que je déshonore et dont, d'après mon père et ses frères, je ne fais plus partie. J'ai beaucoup pleuré, blotti dans les bras de Matt, lié à lui aussi étroitement que possible comme s'il pouvait me retenir, faire changer d'avis ma famille de pleutres. Je me suis désespérément donné, pour ne rien regretter. Je suppose que je ne reviendrais pas de sitôt dans le Wisconsin, et si je le fais, ce ne sera pas à Milwaukee. J'ai trois heures de train devant moi. Dans la gare il règne un fouilli indescriptible. Mais après tout, quelle importance ? Tout le monde sait bien où je veux en venir, tout le monde connait l'ambiance des gares. Les gens qui courent, le bruit de valises, les sifflets, les enfants qui pépient en mangeant des glaces et des crêpes. Parfois les protestations d'un chat enfermé dans un panier. Des amis ou des familles, des couples qui s'enlacent pour se dire au revoir, à bientôt, ou adieu. Il n'est pas venu. Je ne voulais pas. S'il était venu, je sais que jamais je n'aurais trouvé la force, au coup de sifflet, de poser le pied sur cette marche maudite. Je tire sur la poignée de ma valise, les portes se referment derrière moi, et je me met en quête d'une place isolée près d'une fenêtre. Ce n'est pas difficile. Personne ne part pour Hingham en cette saison. Un village de 118 habitants, sérieusement, qui voudrait y aller au mois de fevrier ? Il faudrait être malade. Surtout avec le bac à la fin de l'année. Je vais soit disant suivre les cours par correspondance, puis je viendrais passer les épreuves et basta. C'est crétin, de toute façon je ne l'aurais pas. Alors pourquoi payer ces cours idiots ? Enfin. Je n'ai pas emmené mon iPod, seulement mon téléphone portable, mes CDs et une radio. Je ne pars pas compter les mouches après tout. Ah oui ! Je pars travailler dans un ranch, dans le comté de Hill, à environ une heure de route d'Hingham. Histoire de me forger le caractère, et surtout, histoire de disparaitre. Mes parents sont des fils de p*te. Je regarde la ville, et refoule mes larmes tandis que le train s'ébranle. Et là, sur le quai, j'aperçois mon amant qui fixe ma fenêtre. Le temps de me remettre du choc et de vouloir hurler, la gare est loin et ma voix morte dans ma gorge. Je pars. Et lui reste, avec elle, sans moi. Pourquoi une solution si radicale ? Ne pouvaient ils vraiment pas accepter celui que je suis ?
Les paysages ont défilé plutôt vite finalement. J'ai beaucoup dormi. Et le choc est de taille. La gare d'Hingham est un bâtiment de bois, en pleine cambrousse, seulement munie d'un snack et d'une vieille cabine téléphonique. Personne d'autre que moi ne descend -ou se fait jeter du train car c'est une définition plus juste. Sur le quai, un homme fume nonchalamment et me regarde allumer ma propre cigarette. Ses cheveux blonds foncés sont coincés sous un vieux chapeau, sa veste a tourné à la couleur mayonnaise et son jean est usé. Ses mains aussi. Un cow-boy de grand cru, à peine dégrossi et qui me jauge sévèrement du regard. Certes, je dois faire tache avec mes fringues hors de prix et mes perles. Il marmotte une question, sans desserrer les dents de sur sa clope. "Tarek, c'est bien ça ?" J'hoche la tête. Finalement c'est pas si mal, il doit même pas avoir vingt cinq ans. Il expire d'un air mi amusé mi méprisant, et me fait signe de le suivre près d'un vieux pick-up. "Et bah on f'ra avec !" Ça, je ne sais pas trop comment je dois le prendre. Mais je ne proteste pas. Dehors, les paysages sont magnifiques. Et plus l'on s'éloigne du village mieux c'est. Enis Ledgen, mon nouveau patron donc, m'explique que le Montana est bordé, au Nord, par la Colombie-Britannique, l'Alberta et surtout, le fantastique Saskatchewan. Lui, habite près d'une réserve indienne. Des Crows. Il dit qu'ici, les forêts de bouleaux et de pins abritent des gloutons, des pumas, des loups qu'on entend hurler, des élans, des oiseaux extraordinaires tels que les lagopèdes ou les colibris, et bien sûr, symbole de l'État tout entier, d'inimitables grizzlys. Au fil de la conversation, nous empruntons un chemin de terre poussiéreuse bordé de bitter-berries, et d'un seul coup, le ranch se découpe dans le paysage. Les lys rouges et les bitteroots, les wild ginger fleurissent partout. Le bétail pait tranquillement, en compagnie des moutons et cheveux, gardé par un border collie noir, un énorme chien-loup et deux aussies, l'un rouge l'autre bleu. Enis m'envoie me changer, et cinq minutes plus tard, je suis en train d'attraper un veau au lasso. Finalement je vais peut être supporter le Montana.
Les semaines ont passé. J'ai vu Matt de temps à autre, j'ai perdu la notion du temps. Pour la première fois de ma vie, je suis déchiré entre l'amour d'un homme, et l'amour d'une terre. Ce pays est devenu le mien. J'ai appris à être u n vrai cow-boy, à vivre d'eau fraiche et de chasse, j'ai sillonné les bois à cheval et en galopant parmi les loups et les mustangs. Mais je dois faire un choix.
Enis est dans ma chambre. Bizarrement, il ne m'a pas surpris, alors que je dormais. Je me suis réveillé en sentant une présence, et je n'ai pas bougé en rencontrant ses yeux vairons. Il est beau. Il dit souvent qu'il est seul, et moi que je peux le consoler. Je le pense d'ailleurs. Sa main part se perdre quelque part sous ma couette, et ses lèvres écrasent violemment les miennes. Il y a une drôle de décharge électrique, et ses gestes deviennent brutalement désordonnés et frénétiques. Je ne dis rien. Mais au bout de trois ou quatre minutes, je sursaute, et repousse le grand blond, fermement, paniqué et un peu à l'ouest. Je dois dire que je ne sais pas ce qui m'arrive. Jamais je ne me suis refusé à un homme, jamais. Et pourtant dieu sait que je m'en suis fait au moins des centaines. Mon patron me demande ce qui se passe, ce qui ne va pas, que j'avais dit qu'il pouvait s'il voulait. Je croyais qu'il pouvait. Je passe une main dans mes cheveux courts, et soupire, frémissant, les draps serrés contre mon coeur. "Tarek.. - Non !, je retiens sa main, et plante mon regard dans la plaine bruissante du dehors. Je pensais que tu... Je suis désolé. J'peux pas. J'peux pas lui faire ça, j'y arrive pas- plus ! Y a pas c petit truc qui fait que... J'suis désolé En. Il fait que j'aille faire un tour." J'enfile un t-shirt, bondit hors du ranch et me hisse près des sommets a cru sur ma jument isabelle champagne. Le vent m'apaise, et mes pensées galopent vers lui, vers le seul qui hante encore mes nuits. Je voudrais tellement vivre ici pour toujours, une petite vie idyllique, un petit élevage. Mais il n'accepterais pas. J'aimerais lui demander. Mon amour, mon Matt, si je te tendais la main... Ferais tu l'erreur, ou le sacrifice, j'ignore comment tu choisirais d'appeler ça... De la prendre ? |
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