Dans le Nord des Etat-Unis se trouve un état commun aux autres, celui du Vermont. Montpelier en est sa capitale et c’est ainsi depuis longtemps. C’est dans la maternité de cette jolie ville, sous la neige et le brouillard que vit le jour un jeune garçon. Dernier né d’une fratrie de cinq enfants, il suivait trois frères et une sœur. James Mason venait de voir le jour.

Le plan de toute une vie

Son enfance fût digne d’un conte. Sa mère avocate et son père business man ramenait assez d’argent pour vivre heureux. La seule ombre au tableau : ils n’étaient pas souvent là et ils ne surveillaient pas les frasques  de leur tribu. La seule fille était sage comme une image mais les trois ainés étaient de véritables petites terreurs. James sortait du lot. Il montra très vite les preuves d’une intelligence acérée et un goût certain pour la manipulation. Sa mère fut sa première victime, elle qui le croyait si gentil et doux comme un agneau. Il développa une véritable fascination pour les fourmis de la forêt proche de sa maison et pouvait passer des heures à regarder les insectes bâtir leur empire. Il se plaisait à jouer au dieu en leur compagnie, apprenait dans le moindre de leurs gestes comme marchait une armée et jouait à jeter dans leur fourmilière une étrangère qui se faisait rapidement déchiqueter.

Arriva l’âge de l’école. James était un enfant timide, vivant dans l’ombre de ses frères. Du moins, c’était ce que chacun pensait. Il n’en était rien. Derrière les trois Mason, c’était le petit dernier qui tirait les ficelles. Seule sa sœur voyait clair dans son jeu et ne s’approchait pas de lui. James comprit très vite qu’il ne deviendrait jamais une montagne de muscle. L’intelligence serait sa seule arme mais il la gardait jalousement pour lui. Il ne laissait personne l’approcher suffisamment pour avoir une quelconque emprise sur lui. En vieillissant, il se mit à collectionner les victoires sous la forme d’objet qu’il forçait les autres à lui offrir. Personne ne pouvait lui dire non, même-si pour tous il n’était qu’un enfant comme les autres. Il n’était jamais en pleine lumière, se cachant derrière les autres pour mieux réussir.

C’est au collège qu’il découvrit ce qui serait sa vocation. Les âmes fragiles, brisées par d’autres douleurs cherchaient toutes quelqu’un à qui se rattraper. James était celui qu’il leur fallait. Il lisait beaucoup, se passionnant pour les conquérants, les dictateurs. Napoléon, Caesar étaient pour lui des modèles. Il se voyait roi du monde et savait bien que la force n’offrait aucun résultat. Il fallait être rusé et surtout, plus intelligent que la moyenne. Il savait l’être et jouait de cette qualité. Personne ne pouvait le penser mauvais. A l’exception près de sa sœur. Plus il grandissait, plus Jamais sentait qu’elle serait un obstacle sur sa route. Il allait devoir la réduire au silence. Ses recherches littéraires changèrent, cherchant ce qui pourrait réduire son ainée au silence. Il découvrit les études de Freud sur la psychologie et comprit ce qui lui restait à faire. Avec ses belles paroles, il réussit à convaincre l’une des brutes de son collègue de faire vivre l’enfer à sa sœur. Deux ans plus tard, l’adolescente était envoyée dans un hôpital psychiatrique dont les lys qui ornaient le blason n’avaient rien à voir avec la royauté. Elle devient mutique, se calfeutrant dans son silence et oubliait petit à petit qui elle était. Même les visites de sa famille n’avaient plus aucun impact. Ne restait que sa haine de celui qu’elle savait être à l’origine de son malheur, son jeune frère qui, de ses sourires pleins de fossettes charmaient même les infermières.

James savait maintenant que ses paroles et sa ruse pouvait lui ouvrir grandes les portes de son rêve. Il savait aussi comment devenir dieu. Pourtant, un petit grain de sable manqua détruire ses rêves de gloire. Plus il vieillissait, plus il se sentait différent. Le jeune adolescent comprit très vite que le corps des femmes ne le faisait pas saliver comme ceux de son âge. Il n’éprouvait aucun désir pour ses dernières. Même après avoir réussit à persuader une cheerleader pourtant splendide, il ne s’amusa que très moyennement de son corps et de ses baisers. Il se sentait bien plus dominateur et plus que ça, pour la première fois, il avait peur de ce qu’il était capable de faire. Ses désirs n’étaient pas reconnus comme naturels.  Il s’essaya avec un homme et comprit. Les filles ne l’intéressaient pas. James tue son orientation sexuelle, sachant que s’il laissa la moindre phrase à ce sujet lui échapper, il en était finie de la manipulation qu’il parvenait à exercer sur son entourage. L’homosexualité n’était pas la bienvenue aux Etats-Unis. Personne ne devait savoir ce dont-il était capable tant sur le plan physique que moral.

James était un enfant brillantissime et  il fut reçu à Harvard où il se spécialisa dans la psychologie. Il avait trouvé ce qu’il voulait faire et après de longues recherches, il avait même trouvé où il souhaitait exercer son art. Un établissement connu dans le milieu. Sainte Marie des Lys regroupait les cas les plus graves, les enfants les plus secoués et sa grande sœur était toujours entre ses murs. Elle ne devrait jamais parler. Pour s’en assurer, le jeune adulte la teindrait à l’œil. James avait le sourire aux lèvres lorsqu’il ressortie major de sa promotion et rejoint directement l’équipe de l’hôpital. Assit dans son bureau, il écoutait les enfants comme les adultes lui conter leurs problèmes et il devenait petit à petit ce dont il avait toujours rêvé, un dieu. Leur dieu.


Un minuscule grain de sable peut entrainer la fin de tout espoir

[2000]
Aujourd’hui, ils ont ramené un nouveau patient. Je suis chargé de m’en occuper. Les infirmiers m’ont dit de faire attention, qu’il était une véritable bête sauvage. J’en ai maté des plus coriaces.  Prue est sortie de mon bureau sans pleurer aujourd’hui. Je l’ai pourtant forcé à réitérer ce qu’elle avait ressenti quand son père l’a violé. Mais elle me la dit, pour moi, elle ferait tout. Elle n’a même pas pleuré lorsque je l’ai obligé à approcher ses lèvres de mon sexe. J’aurais cru qu’elle opposerait un peu plus de résistance.
Elizabeth a été d’un calme remarquable. Elle m’a confié ses petits secrets. Elle m’a dit qu’à la pleine lune, il fallait l’attacher. Elle m’a aussi dit qu’elle avait perdu la flamme. Lorsqu’elle a cherché à m’embrasser, je l’ai repoussé. La louve doit se souvenir que je suis le maitre et que c’est lorsque que j’ai envie qu’elle peut m’approcher. Elle a froncé les sourcils lorsqu’elle a sentit l’odeur de sexe qui régnait dans mon bureau. Elle m’a supplié de lui dire avec qui j’avais fait ça. Je n’ai pas répondu. Je l’ai renvoyé dans sa chambre sans même la toucher. J’ai vu sous sa chemise d’hôpital sa poitrine. J’ai vu qu’elle mourrait d’envie que je la baise sur mon bureau ou même au sol. Mais je n’ai rien fait.
Je suis préoccupé. Le fauve qu’ils ont ramené, je ne peux le voir immédiatement. Ils m’ont dit qu’ils l’avaient enfermé. J’ai pu observer son comportement à travers les caméras de surveillance. Il n’a pas l’air normal. Il fait peur au personnel et ils n’osent pas s’approcher de lui. Ils m’ont dit qu’il fallait lui laisser le temps de se calmer mais que j’étais son psychologue  référent. Je suis semble-t-il le seul qui puisse faire quelque chose pour son cas. J’ai des méthodes particulières après tout.

[2002]
L’enfant exerce une fascination sur moi depuis qu’il est arrivé. Je suis retourné à de nombreuses reprises pour l’observer. J’ai commencé à rêver à lui. Je n’avais jamais fait ça avant. Sa sauvagerie, je veux la mater. Il sera mon chef d’œuvre. Mes rêves me réveillent en sueur. Je sens l’attraction qu’il entraine lorsque je regarde son comportement. Je veux qu’il m’obéisse. Je veux qu’il soit mien, que personne d’autre que moi ne puisse le contrôler. J’éprouve un désir terrible pour un enfant de six ans. Il a regardé la caméra une fois et j’ai eu l’impression qu’il voyait à travers l’œil de l’objectif alors que les infirmiers m’ont expliqué qu’il ne voyait rien. Je vois la flamme de ses cheveux chaque nuits. J’ai peur de ce qu’il entraine chez moi. Je veux le mater.

[2005]
Il est enfin venu à moi. J’ai pu l’observer sans l’intermédiaire d’un écran. Je me suis laissé emporter par le désir qu’il a fait naitre en moi dès l’instant où il a franchi ma porte. J’aurais peut-être dut prendre plus de temps. Je n’ai pas pu. Il a pleuré. Il a crié. Je ne l’ai pas laissé faire. J’ai encore la trace de ses griffures sur mon corps. Lorsque je suis rentré chez moi le soir même, j’ai pansé mes plaies comme un animal blessé qui se réfugie dans sa tanière. La fascination qu’il exerce sur moi est malgré tout encore plus puissante. Je ne sais pas comment réagir, je ne sais pas comment me comporter. Je le veux. J’en oublie presque tout ce dont j’ai rêvé. Je plaque tout pour ce gosse. Je l’ai possédé quelques minutes qui furent les plus belles de toutes ma vie. Je me dégoute mais j’en veux encore. Je ne veux plus qu’il se débatte. Je veux qu’il reste calme comme les autres lorsque je l’attire à moi. Je veux qu’il n’offre ses baisers qu’à ma bouche avide. Je me fais vomir.

[2006]
L’enfant est devenu sage en grandissant. Je crois même qu’il a développé un puissant syndrome de Stockholm. Il est attaché à moi et je le suis encore plus que lui.  Je n’ai plus peur lorsqu’il vient me voir. Je n’ai plus besoin d’aller le chercher. Ce fut dur mais aujourd’hui il est mien. Ce matin, il est venu me faire ses adieux. Je lui ai fais l’amour, je ne l’ai pas baisé. J’ai été doux avec lui. Dans ma tête ont défié mes souvenirs. Tout ce que nous avions vécu en six ans. Je lui ai demandé de revenir me voir dès qu’il le pouvait. Il a accepté et je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire que je l’aimais avant qu’il ne parte. Je ne sais pas si j’ai bien fais. Pourtant, c’est vrai. Je l’aime. De toutes mes tripes. Il n’est qu’un enfant. Il me fascine de plus en plus. Je ne sais ce que l’extérieur peut avoir comme impact sur lui. J’aimerais revenir en arrière et ne pas l’avoir accueillit comme ça. Puis je me dis que je ne l’aurais jamais eu d’une autre manière. Aujourd’hui, il fait ce que je lui ordonne. Je lui ai longuement expliqué qu’il ne devait rien dire. J’espère qu’il se taira.

[2007]
J’ai perdu mon travail. Ils ont parlé. Je ne sais pas vraiment d’où est venue la rumeur. Un enfant qui aurait montré ses marques ou un autre qui aurait parlé. Je m’en fiche. Je ne pouvais plus travailler dans ses locos. J’ai des relations. Ils m’aideront à me relever. Je dois m’occuper de ma femme et de mes enfants. Je dois continuer à faire plaisir à Tarek. Il ne doit se douter de rien. La propriété en Californie doit continuée à être notre refuge. J’ai de plus en plus de mal à me passer de la présence de l’adolescent. Je sais qu’il causera ma perte. Je continue à le voir. Il a changé en vieillissant.  Il sait me faire craquer sous ses lèvres carmins. J’en veux encore plus.