Plume n'est décidément pas la petite prude que je pensais. Je peux le sentir à ses doigts qui naviguent sur mon corps, complétant l’excitation que je ressens depuis un moment déjà. Mais dans tout les cas, je ne comprends pas. Pourquoi maintenant, alors que nous sommes à l'étranger. Pourquoi elle m'a toujours résisté, et n'a jamais dit oui à mes assauts interminables. Elle a attendu que je lâche l'affaire pour m'accorder ses faveurs. Décidément, je ne comprendrais jamais les femmes. Et surtout, ici... La Chine n'est pas réputée pour être le pays le plus en avance sur les mœurs. Ils sont restés enfermer dans leur tradition. Alors là, dans un studio de danse, Plume décide de s'offrir à moi. Elle est vraiment bizarre comme fille, mais je ne vais pas dire que cela me déplaît. Non, ce serait mentir. De la nouveauté ne fait de mal à personne, surtout dans mon cas.

Je laisse ma langue glisser dans son cou, et la soulève sans beaucoup de difficulté. Je repose son corps sur le sol, je ne vais pas la sauter contre le mur quand même, et je l'embrasse tendrement, maillant passion et tendresse aussi facilement que je sais le faire. Je ne veux pas la brusquer. Je ne veux pas qu'elle souffre et qu'ensuite elle se mordre les doigts d'avoir fait ça avec moi. Et pourtant, elle me fait fichtrement envie cette splendide blonde. Je la pénètre avec un douceur sans nom, et un gémissement naît sur mes lèvres. Ne surtout pas penser à Lydia, et tout ira bien.

Je n'imaginais pas ça comme ça, mais la douceur qui se mélange à la passion rend le moment beaucoup plus sensuel qu'à l'origine. Mathieu n'a pas le niveau d'Alec, mais il me perds déjà pas mal. Ce n'est pas sa faute si je suis une femme à démons après tout. Ses gestes mesurés me rappellent ceux du bras droit du roi des Enfers, et je me laisse couler à la passion. Je suis une pécheresse, n'est-ce pas ? Je mens, je suis gourmande, colérique, avare puisque je ne possède pas grand chose, orgueilleuse quand je danse, j'ai envie de beaucoup de choses à cause de mon éducation facile, je refuse de me lever le matin ou de faire le ménage plus d'une fois tout les jours et je m'abandonne à la luxure très souvent. Oui je sais, ça fait huit, mais le mensonge fut un péché capital jusqu'au XIXème siècle. Et puis d'abord, pourquoi sept ? Enfin bon, je ne crois pas en Dieu et quand bien même il existerait, il ne voudrais pas de moi comme fidèle.
Je me laisse aller aux bras du beau blond, à mes soupirs et je m'efforce de ne pas penser à Amarok. Mais je pense à son odeur d'été, à la chaleur de sa peau, à ses mots épris chuchotés à mon oreille, ces poèmes chantants et ses yeux verts brillants d'amour. Agacée, je me raccroche aux yeux si bleus du fondateur, au médaillon qui scintille sur sa poitrine, se balançant lentement de temps à autre. Le ruban de mes cheveux a lâché, et mes boucles blondes s'étalent en en couronne argentée autour de mon visage, alors que je noue mes mains derrière le dos de Mathieu. Je laisse mes doigts naviguer sur sa peau de pêche, suivre la ligne de ses muscles dorsaux, et le souvenir de mon ex petit ami s'estompe enfin. Je vois la lune et le ciel bleu foncé piqué de lumières clignotantes, je sens mon esprit déconnecter lentement et mes cris emplissent peu à peu la pièce, tandis que mes jambes se croisent derrière les reins du jeune homme. Il doit se poser beaucoup de questions le pauvre, mais que voulez vous, les garçons ne peuvent pas comprendre la façon de penser des femmes. Mes cheveux se soulèvent imperceptiblement, comme toujours, et je fronce un peu les sourcils, priant pour qu'il ne le remarque pas. Il n'y a pas de vent, pas la moindre brise à l'intérieur et donc pas de raison qu'il se soulèvent ainsi. Je cherche ses lèvres, lui donne un baiser fiévreux pour garder son attention sur moi. J'espère qu'il ne fais pas ça par pur esprit de comble, parce que je ne me sens pas d'entendre un autre prénom que le mien. A la limite, qu'il y pense... Mais qu'il le dise, là, non. Et puis j'espère surtout qu'il ne me trouve pas trop fade à côté de Lydia.

Je suis définitivement bien avec la jolie blonde. Et elle est bien lointaine de l'idée que je me faisais d'elle. Son expérience m'enchante, et je ne la lâche pas un centième de seconde. Elle est presque trop parfaite pour être vrai. Je crois que je pourrais faire d'elle bien plus qu'une sexe friend. Non pas seulement via son expérience, et son habileté au pieu. Non, ça, c'est juste un plus. Mais aussi et surtout par ce qu'elle est gentille, jolie et puis... Blonde aux yeux bleus. Je sais, sa fait un peu le naziste de basse, mais ma famille a toujours été égale à ce qu'elle est aujourd'hui. Nous avons toujours été de bon allemand, une bande de blonds aux yeux plus claires que les rivières. Nos prunelles d'azurées ont toujours fait notre fierté, et il est hors de question qu'un simple jour cela change. Mes grands-parents, mes cousines, toutes ma famille, du moins la branche Alaric est ainsi. Et ce n'est pas près de changer. Je sais très bien que si je ramène une personne autre que blonde chez moi, mon père refusera même la discutions, et je pourrai très vite la renvoyer chez elle. Il a toujours adorée Selena, mais comme meilleure amie, pas comme possible et potentielle belle fille.

Je termine mon affaire, toujours doux dans le moindre de mes gestes, ne cherchant pas la douleur ou les cris de ma partenaire, juste son plaisir. Lorsqu'enfin je me retire, un sourire niais décor mon visage, lui offrant un air que personne, excepter Lydia n'a jamais vu. Moi, je ne supporte pas ce sourire béa, mais à l'époque si mes souvenirs sont exacts, elle le trouvait mignon.... Moui.... Enfin. J'embrasse tendrement la joue de Plume et là... bas je me sens con. Parce que je ne sais absolument pas ce que je dois faire.

Quand il s'éloigne de moi, je suis prise d'un vertige et le froid m'attrape sauvagement par les épaules et me secoue férocement. Je me sens bien, incroyablement apaisée, et je peux dire moi aussi qu'il est doué, à présent. Et dieu sait que j'ai de l'expérience, mine de rien. Il pose ses lèvres sur ma joue, et je souris avant de buguer un instant. Je regarde le magnifique sportif, et me redresse dans un sursaut. Je ne dois pas me laisser aller. Ce type est très gentil, mais le garçon du lycée n'est pas comme ça. J'ignore à quoi il joue, mais je ne me ferais pas piéger. Il m'a déjà perdue, et c'était très bien je dois l'avouer... Mais, Mathieu n'est pas un garçon de confiance. Je n'ai aucune confiance en lui. Et je viens de comprendre l'erreur monumentale que je viens de faire. Je ne voulais pas céder à ce type, je voulais qu'il comprenne qu'il ne pouvais pas avoir toutes les filles qui lui plaisaient quoi qu'il advienne. Et j'ai flanché... Oui mais, il était tellement beau, si désorienté... Je voulais... Ça suffit ! Ne pas y penser...
Je me lève, ramasse mes affaires éparpillées et les enfile sans un regard pour lui, du moins autant que je peux parce que son corps baigné dans la lumière de la lune... STOP ! Y faut pas.

-Bon, tu oublies ce qui vient de se passer, tu n'en parles pas, tu n'y penses pas et tu oublies mon nom. C'est clair ? Si ça s'ébruite, ça ne pourra être que toi. Et dans ce cas, tu comprendras ce que ça veut dire humiliation. Bonne nuit.

Je serre la chemise du quaterback contre moi, le regarde alangui là sur le sol, beau comme un dieu, et secoue furieusement la tête. Non et non. C'est hors de question. Je tourne les talons, et fuit vers la porte, mes sandales claquants sur le parquet verni. Je pose ma main sur la poignée, laisse la clé dans la serrure et me retourne une dernière fois. Je trépigne un peu, mes boucles blondes qui se sont détachées rebondissants autour de mes hanches, et baisse la tête avant de la relever vers lui en coup de vent.

-Je suis désolée Mathieu.

Et je détale dans le parc, mes chaussures retentissants encore sur les dalles sombres, mordant ma lèvre inférieure pour ne pas pleurer. Il ne mérite pas. Ou alors si ? Je ne sais pas ! Et ce n'est pas à moi de gérer ça, je ne suis rien pour lui, rien du tout ! Alors tant pis ! Qu'il aille au diable.

-Bon, tu oublies ce qui vient de se passer, tu n'en parles pas, tu n'y penses pas et tu oublies mon nom. C'est clair ? Si ça s'ébruite, ça ne pourra être que toi. Et dans ce cas, tu comprendras ce que ça veut dire humiliation. Bonne nuit.

Là, je suis perdu. Sincèrement. Je ne comprends pas tout. Pourquoi elle se barre comme ça. Elle enfile ses affaires, remet ma chemise, et dans la clarté de la lune, elle me dit adieu du regard. Ok, si elle ne veut pas que je parle, je ne parlerai pas. J'ai appris très vite que les filles ne voulaient pas que tout le lycée sachent avec qui elles avaient couché. Elles ont confiance en moi, mais Plume non. Je ne la comprends pas. Elle est comme de la fumée ou de l'eau. On croit la tenir entre nos mains, mais elle bruisse pour mieux disparaitre lorsque l'on veut se l'approprie. Plume putain ! Tu ne peux pas me faire ça non de dieu ! Je te veux à mes côtés. Je veux que le monde entier saches que tu es mienne, que tu brilles à mon bras de mille feux, que le bal face de toi sa reine comme tu le fais de moi. Mais voilà, elle m'échappe et ne me laisse aucun espoir. Aucun choix de retour

-Je suis désolée Mathieu.

Elle détale dans le parc alors que je me lève d'un bon pour la rattraper. Je ne peux, non plutôt, je ne veux la laisser partir. Reste avec moi Plume ! Je t'en supplie. Je me mettrai à genou pour te le demander mais tu es la seule à savoir me faire oublier Lydia. Et je sais que si tu m'aimes un jour, ce ne sera ni pour mon argent ni pour ma beauté mais pour celui que je suis. Oh, je t'en supplie... Reviens moi....

Je regrette d’avoir pris la poudred’escampette comme ça. Il doit se sentir bien seul dans le petit studio de danse. Mais je refuse d’être un jouet. J’ai bien vu à quel point les hommes sont vils et rusés, à quel degré ils poussent leur vice. Il n’y en a pas un pour rattraper les autres, et tout ce que je pourrai dire est vain à l’avance. Pourtant j’aurais tant besoin d’y croire, en cet amour véritable, quelque part, une âme sœur. Peut être que ce ne sont pas des balivernes, je me dit parfois, tard le soir à la fenêtre de ma petite chambre coquette.
Je retrouve Meï Ling, l’étreint, et retourne me blottir entre mes draps douillets. Mon petit frère s’est installé dans mon lit, et je me pelotonne contre lui après l’avoir embrassé sur le front. Il ne dort pas. Il me demande si le grand blond est mon amoureux. Je voudrais lui répondre que oui, mais alors il me demandera si c’est son grand frère de cœur, et je n’aurais pas le courage de lui dire que les hommes sont tous des imbéciles au cœur de pierre. Quoi que Mathieu semble si fragile, sans Lydia près de lui et son équipe de veaux. C’est étrange comme les gens changent selon les personnes autour d’eux et le lieu où ils se trouvent. Le garçon que je connais au lycée est un égcentrique prétentieux, celui que j’ai rencontré ici un être sensible, curieux et drôle. Comment imaginer ça à Milwaukee ? J’aurais envoyé à l’asile quiconque m’aurait soutenu l’existence d’un tel quaterback. Et c’est pourtant vrai. Dans deux jours, je rentre aux Etats-Unis. Quelle conduite devrai-je adopter alors ? Ce voyage est un fiasco. J’ai déjà tout fiché en l’air. A moins que ? Non. Je ne peux pas l’appeler et m’excuser, je n’ai rien à dire, il n’est pas gentil, c’est un salaud qui a toujours tout ce qu’il veut, même moi ! Même moi, j’ai cédé… Je le déteste ! Au diable cet idiot de footballeur, alors. Je m’emmitoufle dans mon lit, berce Naïan contre moi et commence à piquer du nez. Je repartirai demain, on va aller en Inde tient. Comme ça, au moins, j’aurais la paix. Pas de Mathieu… Pas de soucis.