J'étais tranquille dans ma salle de bain, en train de chantonner et de me vernir les ongles, quand il s'est mis à briller. Le bracelet qu'Amarok m'a offert, posé au fond d'un tiroir, s'est effectivement mis à étinceler sous les autres objets, pour la première fois en un an et demi. J'ignore pourquoi, mais je l'ai pris. J'ai donc répondu à son appel, comme une cruche. Mais en chemin, son message m'est parvenu et tout m'a semblé plus rose. Ridicule. Il fait pitié. Je me montre à peine, et saisi le bras du gugusse qu'il faut que je prenne à charge sans le regarder. C'est là que je percute. COMMENT CA ROI D'AERAS ??? Attendez, c'est qui le mec que j'ai au bout du bras là ?
Le paysage change dans un flash grâce au collier que je porte, donné par les Walkyries à tous leurs mercenaires. Nous sommes sur la muraille, et le soleil illumine la grande vallée, pleine de pics rocheux où nichent les oiseaux, et au milieu de laquelle se trouve le Palais Royal, surnommé le Palais suspendu. Il flotte, retenu par des sortilèges qui n'ont plus d'âge, brillant de milles feux et inaccessible. Je me tourne alors vers l'homme que je dois escorter, et mon souffle se coupe un instant. Il est grand, blond, les yeux plus bleus que le ciel de mon continent natal. Une armure d'or et d'un tissu inconnu, blanc et scintillant, entoure son corps à la perfection et capture les rayons du soleil en des reflets nacrés. La couronne perdue ceint son front. Monté sur un esprit de l'air, un splendide étalon ailé de notre race dérobée aux yeux lapis lazuli et suivi par un condor au même regard, il impose par sa présence le respect. Une magie écrasante émane de li, et le médaillon royal scintille sur sa poitrine. Attendez. Médaillon ?! Mathieu !!!
Soufflée, je lisse ma jupe blanche de guerrière. Oui, je suis en jupe. En fait non, pas vraiment. J'ai une robe blanche, qui cache à peine mes seins et tient par une ceinture de cuir épais, sertie sur le devant d'un saphir. Je porte un bouclier, une lance et mes chaussures sont légères, comme toutes celles des gens du peuple aérien. Mes boucles d'oreilles étincellent à chacun de mes mouvements de tête, ma peau perd ses imperfections et mes yeux redoublent d'intensité ici. Mes cheveux dorés sont rassemblés en une tresse très lourde qui malgré tout se soulève. Il n'y a pourtant pas de vent. C'est ainsi que sont les femmes des cieux. Je m'incline devant le roi légitime, enfin revenu, et me met au garde à vous des mercenaires, les pieds croisés devant moi et les armes levées.

-Je m'appelle Kaena, pour vous servir Majesté.

Spoiler:

Amarok a bien fait son travail. Elle vient me chercher sur le champs, et je reconnais les traits si magnifiques de Plume. Elle ne se fait pas appeler ainsi ici, il me faudra m'en souvenir. Kaena, je crois bien. Sans un mot pour ma petite personne, elle nous téléporte loin de la chaleur des pleines brûlées et la vision qui apparaît devant moi me laisse coït de stupeur. Un magnifique palais flotte dans les airs, perdu dans la vallée que le démon m'a montré dessinée sur la papier il y a ce qu'il me semble des heures. Je réfléchis longuement, évalue la distance et les sorts en factions. Je peux les voir, là où il n'y a que du vent pour les humains m’apparaît des lignes de magies anciennes et plus récente, qui se découpent nettement avec leur blancheur presque douloureuse. Bien, je sais à présent quel chemin il me faut prendre. Je me laisse glisser du dos de Gwynt et Azur, l'immense condor qui me suit s'envole, allant se percher dans une niche des immenses pics acérés de la vallée. Je me tourne vers Plume, pardon Kaena, et lui fais mon plus beau sourire, oubliant que je dois être plus que magnifique dans l'armure royale de l'air, avec la couronne perdue sur la tête.

-Je m'appelle Kaena, pour vous servir Majesté.

Oui, oui, on fera tout ce qui a un rapport avec le protocole plus tard. Mon dieu, qu'elle est belle dans sa tenue de mercenaire, avec sa robe laissant voir enormement de peaux et surtout sa splendide poitrine. Je crois que je n'ai jamais vu si belle jeune femme. Enfin si, Lydia, mais bon, maintenant je le sais, c'est une elfe alors elle est un peu hors concour.

-Oublie le protocole tu veux Plume. J'ai un palais à dompter moi

La pauvre, elle risque de ne rien comprendre. Surtout que je la nomme par son nom terrien, sans autre forme de proces, et que je suis juché sur le dos d'un esprit que seule Gaïa a pu ramener à la « vie ». Enfin, un simulacre de vie, car il est toujours prisonnier du médaillon, médaillon en question qui n'était pour l'heure qu'une simple plaque de métal précieux portant simplement le « Pouvoir et puissance » de ma famille.

-Gwynt yn ôl!* soufflai-je en langage ancien à l'étalon qui obéit d'un signe de tête.

Droit dans mon armure, je regardai alors Plume de mes yeux si magnifiques, encore plus beaux que sur terre et lui demandai, un sourire en coin planter sur les lèvres, charmeur :

-Oh fait euh... tu dois faire quoi toi ?

La pauvre n'allait sans doute rien comprendre. En tout cas, elle ne devait savoir qu'elle était destinée à devenir ma femme ou tout autre truc de ce genre. Je voulais la seduire dans les rêgles de l'art, sans aide extérieure. Gaïa avait bien calculé son coup, Plume me plaissait déjà avant que j'apprenne que je devais la prendre pour femme. Et puis, avec la tête qu'Amarok avait fait quand il avait sut ça, je ne pouvais qu'être heureux qu'elle eut été choisie elle.

Le vent balaie la muraille avec de plus en plus de force, et je suis des yeux l'immense oiseau qui s'envole vers les pics de la vallée. Je souris, et un courant chaud soulève brusquement ma tresse. Je jette un coup d’œil à Mathieu, ravie, et détaille son magnifique étalon. Je suis si heureuse qu'il ait accepté de prendre les rênes du royaume... Tout ira bien désormais.

-Oublie le protocole tu veux Plume. J'ai un palais à dompter moi

Oh bah ! Dis donc, te gênes pas ! Je ne m'appelle pas réellement comme ça, mon nom c'est Kaena j'y tiens. C'est mon véritable nom, celui qui me donne mon appartenance au peuple de l'air. Une moue agacée mais douce apparaît sur mon visage mais je ne me fâche pas. Il est Roi, il doit avoir le troisième œil. Alors à quoi bon insister, il n'y arrivera pas tout de suite à s'y faire...

-Gwynt yn ôl!

Tiens, il sait la langue des anciens temps... Décidément devenir Roi confère beaucoup de choses d'un seul coup. Je siffle longuement, laissant le doux son se répercuter alentour, et un hennissement lointain me répond. Je souris, et Gipsy paraît au loin, paré de son collier de quartz et d'argent. Il vient se poser près de moi, secoue sa jolie tête fine et regarde Mathieu de ses yeux bruns. Je flatte son encolure, adresse un signe de la main à un trio de Walkyries qui passent sur leur chevaux ailés de l'ancienne époque, qu'elle conservés grâce à leur statut de semi déesses, et me retourne vers notre Roi, qu'elles saluent chaleureusement. Il me fait un sourire de dragueur. Pff, inchangeable.

-Oh fait euh... tu dois faire quoi toi ?

J'éclate de rire, de larmes de joie perlant à mes yeux qui me semblent un peu fades face aux siens, et enfourche mon familier avant de le tirer lui aussi sur l'un des chevaux de mes maîtresses. L'esprit est plus en sûreté pour la descente à la porte de la vallée. Si les mercenaires le voyaient, il y aurait des complications. Ils ont sans doute déjà repéré l’afflux de magie soudain près des murailles, autant être prudent. J'espère que Mathieu va comprendre que c'est pour ça que je lui fait monter un autre cheval ailé que l'étalon royal. Je talonne Gipsy, et il prend le galop, suit la muraille avant de déployer ses ailes de trois mètres d'envergure et de prendre son envol. Zala suit, et nous prenons un rythme. C'est là que je me retourne complètement sur mon cheval, de là où il est Mathieu doit tout voir sous ma jupe mais tant pis, et me décide à lui expliquer ce que Gaïa m'a expliqué par les airs.

-Tu n'es pas en sécurité ici, il faut que les Walkyries neutralisent les mercenaires avant que nous arrivions à la porte que tu devras déverrouiller. Pendant ce temps, je dois de faire découvrir le royaume, car tout ce qui est ici t'appartiens. Nous allons survoler les grandes plaines et puis je te ferais voir les villages, rencontrer ton peuple. Tu verras, tout le monde va t'aimer. Il a plus de cinq siècles que nous attendions ce jour !

Je ralentis, me plaçant à côté de Zala qui fait la tronche. Quel caractère, celui là... Et doucement, l'immensité verte des plaines s'étend sous nos yeux. Des chevaux galopent dans les herbes hautes, et des milliers d'oiseaux bigarrés volent en tous sens. Quelques villages s’égrènent çà et là, et mon rire repart. Je ne sais pas pourquoi je ris, mais je sais que je suis enfin heureuse.

C'est un étalon d'un blanc de neige qui revient suite au sifflement de Plume, Kaena pardon accompagné d'un autre animal ailé, à la robe tachée de noir. Les yeux d'un marron presque boueux du pégase se posent sur moi, mais il ne bronche pas d'un poil. Il sait qui je suis, et il sait ce que je peux pour sa race. J'ai d'immenses responsabilités sur les épaules, et un immense pouvoir entre les mains. Oh Gaïa, j’espère être digne de votre puissance. Ma prière vibre jusqu'au ciel, d'où je le sens, la déesse suit nos moindres faits et gestes. Elle peut avoir confiance, jamais je ne la trahirai. Elle m'a offert tellement de choses, tellement d'honneur, de ceux dont-elle n'a jamais fait cadeau à mon géniteur ou à son frère. Oui, je jure sur tout ce que je possède d'être un bon roi, et de faire retrouver à mon peuple sa gloire ancestrale.

Je monte le cheval ailé, qui ne mouche pas, ce contentant de secouer la tête. Sa crinière bouclée semble se mouvoir d'elle-même, et je reconnais en lui une monture du vent. L'un de ceux qui nous furent volés. Les pégases nous reviendront, et seront pour l'éternité à nos côtés. Car jamais plus ma famille ne fuira. Nous resterons fort, qu'importe les dangers. Nous serons toujours présent, envers et contre tout.

-Tu n'es pas en sécurité ici, il faut que les Walkyries neutralisent les mercenaires avant que nous arrivions à la porte que tu devras déverrouiller. Pendant ce temps, je dois de faire découvrir le royaume, car tout ce qui est ici t'appartiens. Nous allons survoler les grandes plaines et puis je te ferais voir les villages, rencontrer ton peuple. Tu verras, tout le monde va t'aimer. Il a plus de cinq siècles que nous attendions ce jour !

Je lui fais un grand sourire, mais ne réponds pas, éblouit par le paysage qui défile sous nos pieds. Une immense plaine s'étend à perte de vue, et rien n'en trouble la sérénité. Le soleil brille haut dans le ciel, acclamant mon retour, et je sais que jamais plus la douleur ne sera fruit d'Aèras. Tout ce qui est ici est mien, et tout serait plus fort.

Le royaume du nouveau roi est très étendu. Plus que dans ses rêves les plus fous. Nous survolons longuement la plaine, jusqu’à un petit village coquet en maisons de bois et aux toits de chaume, dont la spécialité des habitants est le tissu en fil de vizoma. Ça donne des vêtements d’une beauté ncroyable, et d’une qualité inégalable. Les elfes rafolent de ces vêtements, mais je crois savoir qui va récupérer le monopole de l’économie de ce village… Je pousse les chevaux à descendre, et ils se posent dans un bruissement d’ailes qu’on ne peut ignorer. Les enfants de la petite agglomération cèssent de jouer au ballon avec leurs boules d’air, et nous lancent un regard méfiant. Mais l’un d’entre eux, qui j’ai tiré des griffes d’un cheval ailé affamé il a quelques mois, me montre du doigt et chuchote quelque chose. Aussitôt, ils se détendent et nous font signe d’approcher.
Nous sommes encore àbonne distance quand le plus âgé d’entre eux remarque l’écusson qui scintillent sur l’armure du jeune souverain. Ses yeux s’agrandissent de stupeur et il ouvre une bouche béante. Amusée, je lui fait un signe de la main et il court chercher le mestre du village, une vieille femme très intelligente et encore bien fringuante. Les autres petits nous examinent sous toutes les coutures d’un air perplexe, et ne s’écarte qu’à l’ordre donné en ancienne langue par la vieille dame. Elle est vêtue d’une robe bleue nuit rapiécée, et dans ses longs cheveux blancs brillants, une épingle de bois poli capte les rayons du soleil. Des gens habillés deloques la suivent, souriant, et ils s’inclinent en voyant le grand blond. Elle murmure quelque chose que je ne comprends pas mais que lui, sans doute, saura décripter, un message de bienvenu il me semble, et lui ouvre le chemin de la main. Une invitation à visiter les frabriques. J’espère qu’il va accepter. Je voudrais qu’il voie la misère de mon peuple. A quel point nous avions, et avons toujours besoin de son aide.

-C’est un grand honneur qu’ils vous font, Sire. Les fabriques sont réputées partout, c’est pourquoi le village reçoit chaque semaine la visite des gardes de l’usurpateur pour prendre les richesses. Pour empêcher leur essor d’antant, qui pourrait aider la colportation des nouvelles déplorables du peuple aérien. Acceptez vous ?
Je suis nerveuse. Mais malgré tout, heureuse et ça se voit. Un vizoma étincelant vient se poser sur mes cheveux et je souris au bel homme qui me fait face. Quel bonheur d’avoir été choisie pour le guider, tout de même. Je me demande bien pourquoi… ?

Les pégases ne volent pas très longtemps. Se détachant clairement sur l’horizon, un village découpe sa silhouette. Des flashs me parviennent, souvenirs d’entant. Il y a eu des meurtres ici, et je vois des êtres à la beauté incomparable apprendre la fin du vent aux populations, et déclarer dans un sourire à glacer le sang récupérer le monopole. De quoi je ne sais, mais qui ils sont, je le sais. Des elfes, aussi beau et dangereux que le feu. Se mouvant avec la grâce des panthères et la force du lion. Leurs longues oreilles pointent de sous leur chevelures claires, et mes sourcils se froncent jusqu’à ne former qu’une ligne blonde au dessus de mes prunelles. Ils payeront pour leurs actes. Aèras n’est aucunement le territoire de ses voleurs. Aux yeux de tous, les rois et reines humains sont leurs supérieurs hiérarchiques. Alors, aujourd’hui, il est l’heure de la vengeance. J’entends à nouveau les cris des enfants, l’horreur dans les yeux des mères, tuées et violées pour le bonheur des usurpateurs. La vengeance de mon peuple sera terrible, j’en fais le serment sous les yeux de ma Déesse.
Le bruit des ailes s’arrête, et je reprends convenance. Des enfants attirent mon regard, jouant à un jeu que je ne connais. Après tout, je n’ai pas eut d’enfance moi. Lorsque les prunelles de l’uns d’eux se posent sur mon armure, un glapissement le tétanise sur place. Un doux sourire vient flotter sur mes lèvres, et il déguerpit chercher la dirigeante du village. Mes yeux baillent les environs, s’arrêtant sur la pauvrette qui règne ici. Des vers luisant brillent autour de nous, ressentant notre odeur et produisant des couleurs éblouissantes. Pourquoi les Ludtyviens éprouvent le besoin de venir sur Terre ? Leur planète est tellement plus belle et meilleure que la notre. La pollution ne détruit pas tout ici…
Une ancienne s’approche, et me souhaite la bienvenue dans l’ancien langage. Je lui réponds dans la même langue, toujours souriant. Je me sens à ma place ici. J’ai l’impression d’enfin comprendre qui je suis et quel est le but que poursuit ma vie. J’ai peut-être un but finalement. Je ne suis peut-être pas vivant pour rien. Gaïa n’a pas choisit de faire de moi un être capable de penser pour que je me contente de vivre comme le font beaucoup. J’ai toujours rêvé d’avoir un but à poursuivre. Et enfin… J’ai compris. Je dois réhabiliter mon peuple aux yeux des autres, à la découverte de son monde, et qu’il redevienne le maitre d’Aèras. La vielle me demande si je vais les sauver, et lui réponds oui d’un sourire.

-C’est un grand honneur qu’ils vous font, Sire. Les fabriques sont réputées partout, c’est pourquoi le village reçoit chaque semaine la visite des gardes de l’usurpateur pour prendre les richesses. Pour empêcher leur essor d’antant, qui pourrait aider la colportation des nouvelles déplorables du peuple aérien. Acceptez vous ?
-C’est avec plaisir que j’accepte. Je suis ici pour mon peuple avant toute chose.

Je souris à ma future femme, et suit mon peuple. Je veux faire tout mon possible pour que leur douleur disparaisse et que revienne la paix sur mon territoire. Gaïa ne m’a pas offert les pouvoirs que je possède actuellement pour mon bénéfice personnel. Elle veut le retour des familles, et je mène celle du vent.

Un doux sourire flotte sur les lèvres du jeune Roi, paisible, et ses yeux expriment une assurance rassurante. Il a quelque chose en lui qui nous entraînera tous dans son sillage, je le sens, quelque chose d'inné. Je n'aurais jamais pu soupçonner cette prestance, hormis lors des quelques minutes de fins de matchs cette fin d'année. Quand l'équipe des Rocs remporte les matchs, toute l'équipe est en extase, et il devient le centre de gravité de leurs mondes, à tous les footballeurs. Et ici, loin de tout ça, il deviendra le centre de gravité du continent, le noyau de notre nation.
Il échange quelques mots avec la doyenne, que je ne comprends pas, et sa personne se baigne dans la lueur du soleil de printemps.

-C’est avec plaisir que j’accepte. Je suis ici pour mon peuple avant toute chose.

Il sourit, et j'emboîte le pas de la vieille femme, dans le sillage de notre Roi. Les vizomas virevoltent de tous les côtés, multicolores et lumineux, magnifiques. Les enfants repartent jouer mais cette fois, en poussant des cris de joie que tout enfant devrait émettre, comme s'ils se réveillaient d'un interminable cauchemar.
Les fabriques sont remplies de tissus aux couleurs vives, pleines de lumière par on ne sait quel tour de magie due aux doigts des tisserands. Une robe bleu et gris métallisé est posée sur un mannequin dans le fond d'un des magasins, couverte de poussière, éblouissante. Je m'en approche, hypnotisée, et passe ma main sur l'étoffe légère comme l'eau. Elle est tellement belle... Je me verrai bien avec, mais c'est un vêtement de reine, je n'en serais jamais digne. Pourtant elle irait bien avec mes cheveux, et la parure achetée aux démons il y a des années, pour un œil de ma tête. J'aurais l'air d'une princesse sur Gipsy dans cette robe...
Je m'en détourne pourtant, suis la visite et les explications truffées de blagues des tisserands, puis la fin de la dite visite dans un état second. Cette robe, quand même... Mais il faut y aller. Le cor des Walkyries éclate dans le ciel, emplissant les airs qui le portent de colère et de bonheur à la fois. La muraille s'ouvrira. Il faut aller aux portes des remparts maintenant, et il va ouvrir... J'ai toujours rêvé d'entrer dans la vallée, d'en voir les pics de près, galoper au milieu des troupeaux de bêtes sauvages qui s'y sont installés, revoir les champs de céréales étinceler aux soleils et entendre les chants païens des paysans s'élever comme dans les écrits anciens... Découvrir l'âme de mon pays.
Je saisi le poignet du Roi.

-Sire, il faut partir... Dîtes leur au revoir, les Walkyries sonnent notre présence, nous devons gagner les remparts. Venez, les chevaux attendent -si vous désirez une des tenues royales de ce village, j'enverrai quelqu'un les quérir. Le temps presse.

Pourvu qu'elles tiennent les mercenaires bien à l’œil. Quand je pense que les anciens disaient que jamais notre peuple ne reviendrait en puissance ni à la paix... J'ai envie de sauter partout et de hurler mon bonheur au monde entier !

La fabrique est poussiéreuse, mais les étoffes brillent encore de toute leur splendeur. L'ancienne m'explique tout de ce qui fut et se qui sera, et dans un sourire, je regarde chacun de ses mouvements, gardant tout de même un œil sur Plume. Je vois ses prunelles focalisées sur une magnifique robe bleue, et intérieurement, je sais qu'elle sera sienne. Je la montre d'ailleurs à la vieille femme et lui ordonne de la mettre de côté pour ma future femme, déjà choisit par la Déesse mère. Elle sourit et me désigne des yeux Plume. J'accequise, avant de passer à autre chose. Il ne faut pas que la jeune mercenaire sache qu'elle met promise, depuis sa naissance enfaite, et qu'elle sera mienne, pour toujours et à jamais. Notre mariage prouvera le renouveau de ma famille, de mon peuple et de mon territoire. Après tout les accords de paix signés, je serais réellement le roi, et rien ni personne ne s'opposera jamais plus à nous. Le vent n'oublie pas, et n'oubliera jamais. Toutes les bassesses que mon peuple à subit durant les dernières centaines d'années seront vengées. Pas de sang, mais dans les bustes inclinés des autres peuplades. Je ne veux pas le contrôle du monde, mais je veux leur respect à tous. Et, avec qui je suis, je saurais leur faire comprendre où est leur place.
Le son d'un cor me fait tendre l'oreille et mes pupilles se dilatent rapidement. Entre mes mains, le vent bruisse et sentant son heure proche, vibre dans l'air saturé de magie. Les Walkyries. Je sais ce qu'il signe. Le retour en grâce de Ser Enlio Aèras, roi du vent et des peuplades d'Aèras, seigneur du continent et maitre de l'air. Moi.

-Sire, il faut partir... Dîtes leur au revoir, les Walkyries sonnent notre présence, nous devons gagner les remparts. Venez, les chevaux attendent -si vous désirez une des tenues royales de ce village, j'enverrai quelqu'un les quérir. Le temps presse.

Sans que je ne m'en rend contre où même le face exprès, je bombe le torse sous les plaques de cuirs de mon armure d'or et d'argent. J'adresse mes respects à la vieille femme dans l'ancien langage, sourie aux diverses femmes du village qui manquent tomber en émoi devant moi et adresse un signe de main aux enfants qui s'accrochent à mes jambes. Je serais un roi bon pour mon peuple, droit et fort, puissant mais sincère. Je le jure.
Gwynt apparait dans un soupir, et je monte sur le dos puissant de l'étalon immaculé. Aussi droit que son maitre, l'esprit hennit, un hennissement auxquels réponde tout les pégases de Ludtyvia, qu importe où ils soient. Je souhaite bonne chance à leur faux maitre pour les contrôler. Familier où non, ils seront tous présent pour mon couronnement. Car, bien que possédant l'intelligence d'un cheval, ils connaissent les légendes anciennes. Je leur offre leur liberté et leur vert pâturage originaux. Ils ne peuvent rechigner à revenir sur leur terres ancestrales.
La vallée des vents se découpe dans le ciel immaculé, d'un bleu limpide, où seul le souffle de l'air vient faire disparaitre le silence. Le cri d'un condor retentit, et Azur vient voler à mes côtés. Aussi silencieux qu'un murmure, il plane et ses yeux bleus fixent les environs. Personne ne peut résister. Et j'en viens même à souhaiter la présence des mercenaires. Ils ont fait fuir ma famille, mais aujourd'hui, je leur ôterais la vie. Et je n'aurais aucune indulgence pour eux.
Le palais est magnifique. Même dans mes rêves les plus fous je n'aurais pu imaginer sa. Et il sera mien... Mes pouvoirs s'insinuent dans la moindre de mes cellules, coulant dans mes veines et se mélangeant avec le sang pour ne former qu'un. Le pouvoir afflue jusque dans mes moindres cellules et transparait sur mes doigts. Les serrures claquent et leur bruit retentit dans le calme presque religieux formé par les Walkyries et leur mercenaire. Je suis officiellement roi maintenant... Les portes d'or du palais suspendue s'ouvrent sur un intérieur qui n'a pas prit une ride. Rien ne prouve qu'il fut inhabité pendant 300 longues années. On s'attendrait presque à voir arriver la reine du vent dans sa tenue royale et nous accueillir d'un rire. Mais seul le silence retentit. Je suis le seul et dernier membre du vent. Et un poids énorme fond sur mes frêles épaules.

Je bondis sur Gipsy au moment exact où l'esprit du roi démarre en trombe, comme un mirage. J'adresse de grands signes aux enfants et à la doyenne du village, et mon étalon s'envole dans une pointe fougueuse. Les remparts... J'ai peur qu'ils ne s'ouvrent pas. J'ai le doute en moi, et une énorme boule d'espoir aussi. Une boule d'espoir qui se cristallise en sa personne.
La muraille s'élève son notre nez, immense, gris pâle, et avant que j'ai le temps de me faire des films d'horreur où il ne peut ouvrir, les pivots de l'énorme porte de métal des contrées du feu grincent et s'actionnent. Tout le monde, dans l’assistance, retient son souffle alors que les battants révèlent la vallée verdoyante et sans fin, les chevaux sauvages qui redressent la tête, les oreilles pointées vers nous, avant de fuir. Le palais royal se dresse un peu plus loin, bien plus énorme que d'en haut des remparts, étincelant, presque cristallin, flottant au dessus du monde comme un nuage insouciant et pourtant si lourd de souvenirs horribles... Combien de ois le sang a-t-il tâché le sol blanc de la salle du trône ?
Le roi s'avance dans la vallée sans un regard pour nous, et le peuple applaudi alors qu'il disparaît aux alentours du palais. Les Walkyries, des sourires jusqu'aux dessus des oreilles, se postent aux portes restées ouvertes, gardiennes redoutables, devenues plus dangereuses que jamais depuis l'enlèvement de leurs montures. Tant que le continent sera gouverné par la famille royale, elles resteront ouvertes ainsi. Puissent elles ne jamais se refermer...
Je passe les portes, au pas, attentive au moindre bruit. Autour de nous croît du blé, du maïs, du colza, des tournesols, de la luzerne, des graminées, des fleurs splendides en tout genre. Les cultures se sont resemées seules. Des vergers continuent à fleurir et sans doute donner des fruits au grand bonheur des bêtes sauvages. Loin des humains destructeurs, l'Eden. Mêmes les ruines des villages fermiers qui entouraient le palais ne gâchent rien, simple rappel muet de ce dont Enlio nous tire.
Je pousse Gipsy au petit galop, une bouffée de joie dans le cœur, et le dirige vers le palais. Quatre de mes supérieures sont postées près des portes ouvertes, et la silhouette du jeune Roi se découpe dans l'entrée lumineuse, baignée dans la lumière qui filtre par les murs de cristal. Je n'ai jamais vu telle splendeur. Et dire qu'en temps que mercenaire, je verrais ça au moins une fois par semaine désormais... Je n'arrive pas y croire. Je m'incline devant lui, demande permission de m'éloigner et avant d'avoir la réponse, m'élance vers les pics rocheux avec mon cheval. Il survole la pointe acérée de l'un d'eux, et je me jette dessus, sautant de son dos. J’agrippe la pierre rugueuse, et me laisse pendre à moitié dans le vide, les courants aériens balayant mon visage, dénouant mes cheveux. Cette fois, nous sommes sauvés.