Affalé sur mon tabouret depuis plus de deux heures, j’observais les glaçons fondre puis disparaitre un par un dans mon verre de martini. L’air ailleurs, je guette avec attention ce verre, bien concentré, jusqu’au moment où mon voisin de bar me dit :

'' Bah dis donc mon grand on déprime ? ''

Sans daigner lever les yeux vers mon interlocuteur j’enchaine toujours rivé sur l’objet de toutes mes réflexions.

'' Pourquoi les glaçons fondent ? Pourquoi finissent-ils toujours par disparaitre ? ''

Je finis par me tourner vers mon interlocuteur et enchaine en le regardant cette fois.

'' C’est vrai quoi : pourquoi faut-il toujours que le destin soit toujours conclu par une fin ? ''

L’homme me regarde abasourdit par mes questions. Il a l’air plutôt vieux, je dirais 55 ans. Ses cheveux commencent légèrement à grisonner et ses yeux noisette sont rougis par un alcoolisme certains. Sa voix rauque et quelque peu cassée laisse deviner une vie de fumeur et son visage grassouillet et transpirant me répugne. Je finis mon verre cul sec et me tourne, dos au comptoir. J’observe la salle : il n’y a pas grand monde et ce sont surtout des vieux alcooliques qui passent leurs journées dans les bars. Il ne m’est donc pas difficile de repérer cette gamine aux cheveux indigo et aux yeux verts dans ce taudis. Je m’approche donc d’elle et l’interroge :

'' Et toi, tu connais la réponse ? ''

Je lui fais un sourire plutôt effrayant et attends une réponse.

Je traine dans les rues, les mains calées au fond de mes poches. Le soir commence à tomber et dessine des ombres grandissantes. Les lumières se sont allumées depuis quelques minutes dans les maisons et les différents rideaux produisent chacun une couleur étrangères aux autres. En laissant mon esprit s’évader j’imagine en toute facilité que ce sont tous des joyaux suspendues dans la nuit froide. Des émeraudes, des saphirs, des rubis, des opales… Une multitude de pierres précieuses m’entourent. Mon souffle se matérialise devant moi par un petit nuage de vapeur qui disparait bien vite. Des bruits résonnent au loin. Ils deviennent beaucoup plus perceptibles lorsqu’une porte s’ouvre, laissant échapper un flot de lumière doré qui inonde la rue un instant avant de disparaitre derrière la porte qui vient de se refermer. L’homme qui en est sorti titube dangereusement. Je tourne la tête et observe le bâtiment. C’est un bar. J’hésite à entrer.


Au sol, mon ombre s’étend devant moi. Ma taille fine se détache sur le bitume, ainsi que mes cheveux qui encadrent mon visage noir comme une crinière. J’imagine un petit poignard effilé, tout simple, qui apparait à l’intérieur de mon poignet droit. Mon esprit se concentre sur cette image et mon énergie afflue. Un éclair traverse le ciel, s’abat sur moi et me dessine ce que je voulais. Caché par mes manches, l’arme est invisible. J’exerce un mouvement de poignet brutal : la lame sort immédiatement et mes doigts se referment sur le manche tout aussi rapidement. Je souris, fière de ce que j’ai fait, rentre mon poignard dans sa cachette et pénètre dans le bar.


J’ignore tous les alcooliques présents dans la salle. Je suis la seule femme et tous me détaillent. Je m’avance jusqu’au bar et sous les yeux ébahis de tous ces hommes, je commande un chocolat chaud. Je vais m’installer à une table libre près du mur et je remarque un homme, un seul, qui ne m’a pas regardé. Intriguée je le dévore des yeux. Il semble différent… Grand, blond, les yeux plongés au fond du verre… Perdu comme il l’était dans ses pensées le rendait sexy. Un homme à côté de lui lui demande soudain :

- Bah dis donc mon grand on déprime ?

Le beau blond ouvre la bouche et réponds, plus pour lui-même que pour son voisin :

- Pourquoi les glaçons fondent ? Pourquoi finissent-ils toujours par disparaitre ?

Il tourne son regard vers l’homme et semble enfin s’adresser à lui :

- C’est vrai quoi : pourquoi faut-il toujours que le destin soit toujours conclu par une fin ?

Je souris : son interlocuteur à l’air … interloqué. Il ne doit pas avoir l’habitude qu’un jeune homme l’entraine dans une discussion philosophique comme celle-ci. Le blond se retourne dos au comptoir et observe la salle. Evidement je ne passe pas inaperçue :

- Et toi, tu connais la réponse ?

Je sens que son ton a changé. As-t-il eu l’impression de s’être mis trop à nu en dévoilant sa réflexion tout haut et en découvrant que j’avais tout entendu ? Quoiqu’il en soit, je prends le temps de finir mon chocolat avant de répondre :

- Comment veux-tu que je le sache ? Pour qu’une fin existe, il doit y avoir un début. Et moi je n’en ai aucun.

Je lui souris et vient ramener ma tasse au comptoir, juste à côté de lui.

Elle boit une tasse de chocolat… Dans un bar … Mais c’est quoi cette fille ??? Une fois fini, elle me répond de façon très innocente :


'' Comment veux-tu que je le sache ? Pour qu’une fin existe, il doit y avoir un début. Et moi je n’en ai aucun.''


Aucun début … Que veut-elle dire par là ? Cette chose est vraiment bizarre et le pire c’est qu’en plus elle a raison, la fin nait du commencement. Je réfléchis quelques minutes intrigué par sa réponse et après avoir passé une main dans les cheveux pour me gratter le crâne je la regarde dans les yeux, ses émeraudes me rappelle un mauvais souvenir :


FLASH BACK

Je dois avoir une huitaine d’année, lors d’une séance de cinéma j’ai trouvé une bague avec une jolie pierre verte par terre, je l’ai ramassé et ai suivi mon papa pour nous asseoir. Cinq minutes plus tard une madame s’écrit :


'' Mince j’ai encore perdue ma bague ! ''


Je m’approche donc d’elle et lui montre la bague en lui expliquant que je l’avais trouvé par terre en arrivant. Elle me sourit et me remercie. Une fois rentré à la maison mon papa me regarde avec un air de dégoût.

'' Pourquoi tu l’as pas gardé la bague ?

-Mais c’était pas la mienne papa.

-Et alors ! T’aurais dû la garder, tu es un méchant Karasu ! Mets-toi ça dans le crâne ! " Me cri-t-il en me giflant.


J’explose en larmes et cours jusqu’à ma chambre.

FIN DU FLASH BACK


Je commande un whisky et me replace face au bar pour cacher mes larmes. Elle s’approche et s’installe à côté de moi. J’essaie de rester impassible et l’interroge une nouvelle fois :


" Et quand on a fait un mauvais départ comment on fait ? "


J’observe une nouvelle fois le liquide ambre dans mon verre avant de l’avaler cul sec de nouveau.

J’observe son visage avec attention. Il semblerait que quelques fantômes du passé lui rendent visite. Je vois qu’il serre les dents inconsciemment, ses sourcils se froncent imperceptiblement et ses yeux sont fixes. Finalement, il chasse tout ça en fermant les paupières et se retourne face au bar. Il s’adresse de nouveau à moi :

- Et quand on a pris un mauvais départ on fais comment ?

Cette phrase me projette brutalement dans une scène qui s’est déroulé il y a quelques années.


J’étais beaucoup plus fragile. Mon Maitre me faisait travailler l’esquive et la riposte au bâton. Malgré son âge avancé, sa maitrise était parfaite et je n’avais pas encore pu le désarmer. Depuis quelques jours il me menait la vie dure. J’étais épuisée et mon attention faiblissait à vue d’œil. Après avoir été encore une fois désarmée et mis à terre, je le repoussais avec violence et allais m’enfermer dans ma chambre. La phrase qu’il me lançait à chacune de mes défaites tournait sans fin dans ma tête : « Puises au fond de toi, cherche qui tu es vraiment ! Bats-toi maintenant ! »
Cette phrase me faisait hurler de fureur. Justement je n’avais rien au fond de moi, rien que du vide, un vide immense, froid, glacé, que rien ni personne ne pouvait combler. Le combat suivant, je ne respectais plus aucune règle. Seule la rage, la hargne, l’impuissance et le désespoir m’animait. Je nourrissais ma force brutale de toute cette colère caché en moi. Une colère sourde et grondante de tout mon passé invisible qui me masquait qui j’étais réellement.


Je revins au présent et m’aperçoit que l’homme a commandé un whisky et qu’il est de nouveau plongé dans son verre. Soudain il l’attrape, penche la tête en arrière et le boit cul sec. Je me mets dos au comptoir, les coudes posés dessus. Je penche la tête en arrière et ferme les yeux :

- Prendre un mauvais départ… T’en a rien à foutre. C’est à toi de diriger ta vie.

Je laisse un silence s’installer puis, sans savoir pourquoi, je confie à cet inconnu un bout de mon histoire :

- Avoir un mauvais départ est toujours mieux que de ne pas savoir qui on est …

Après de longues minutes perdue dans ses pensées elle revient à la réalité et essaie de me réconforter :


"Prendre un mauvais départ… T’en a rien à foutre. C’est à toi de diriger ta vie."


Ces mots me font réagir, je dois diriger ma vie…


"quelle vie, je suis un moins que rien sur Terre et sur Ludtyvia j’ère sans but vingt-quatre heures sur vingt-quatre."


Oups j’ai dit ça à voix haute, je suis dans le caca… Pourvu qu’elle n’ait rien entendu. Ou au pire je mettrais ça sur le dos de l’alcool. Après quelques minutes de silence elle enchaine de façon très naturelle :


"Avoir un mauvais départ est toujours mieux que ne pas en avoir et de ne pas savoir qui on est …"


Bon ok ! Cette fille est folle. Mais en même temps je ressens quelque chose au fond de moi, quelque chose d’inconnu, de désarmement : la compassion. Je la regarde avec pitié et lui propose :


"Bon allez, que dirais tu que l’on se lamente tous les deux devant un verre ?"


J’appelle le barman et lui demande deux verres de ce qu’il a de plus fort. Il s’absente quelques minutes et revint avec deux verres a liqueur et une bouteille de liqueur à la violette : 45 degré d’alcool. Il nous sert et je trinque :


"A nos vies minables !"


Et une nouvelle fois j’avale cul sec ce verre. Et attend qu’elle fasse de même.

- Bon allez, que dirais tu que l’on se lamente tous les deux devant un verre ?

Je voulais refuser. Je le voulais mais quelque chose m’en à empêcher, en plus du fait que ce n’était pas vraiment une question et qu’il avait déjà commandé. J’ai remarqué quel regard il m’a jeté. Un regard rempli de pitié. Et j’ai horreur de ça. Ce n’est pas du tout l’image que je veux refléter. Je serre les poings et me retient de lui dire ce que j’en pense de sa pitié. …Pourquoi ? Ce n’est pas dans mon habitude de me retenir de dire ce que je pense… Je le dévore des yeux jusqu’à la réapparition du barman. Celui-ci me rappelle l’endroit où nous sommes. Je détourne les yeux et rougis un peu. Il est vraiment sexy. Mais je lui fais pitié. Deux sentiments contradictoires mènent bataille en moi.

- A nos vies minables !

L’odeur de l’alcool parvient à mes narines. Ca à l’air sucré. Il pousse un verre devant moi. De la liqueur à la violette… Jamais gouté. Je bouge le verre et regarde le liquide former un tourbillon. Lorsque je tourne la tête vers le beau blond, je le vois prendre son verre à pleine main et le vider cul sec, encore une fois. Il boit toujours ses verres ainsi ? Il le repose un peu brutalement. Le choc du verre contre le bois résonne dans mes oreilles. Ses yeux se vrillent sur les miens. Ils sont justes… magnifiques. Des frissons me parcourent. Il semble attendre quelque chose de moi. Je me détourne de lui, incapable de soutenir son regard une seconde de plus. J’empoigne mon verre, le laisse en suspens quelques instants, puis l’imite. Je penche la tête en arrière et avale tout d’un seul coup. Je m’essuie la bouche d’un coup de poignet et ferme les yeux. Je sens le liquide descendre dans mon organisme. Sur son passage mes cellules s’agitent d’excitation et me baigne d’une chaleur qui me fait encore rougir. Enhardis par cette action, j’ouvre les yeux et le regarde pendant un instant, fière d’avoir relevé son défi. Je me tourne vers le barman :

- Encore deux verres de la même chose !

Ouais, ce soir je vais m’échapper de la réalité ou plutôt du semblant de ma réalité. Ce soir je veux tout oublier. Tout.

Elle hésite quelques instants, me jaugeant du regard puis fini par faire de même. Un petit sourire vient étirer mes lèvres : ma douce et innocente proie se laisse manipuler, elle ne remarque même pas qu’elle risque gros en ma présence. Sens-tu fillette, l’alcool bruler tes entrailles ? Bientôt tu oublieras tout et tu seras complétement à ma merci.


" Encore deux verres de la même chose ! "


Elle me facilite la tâche en plus ! Le serveur arrive avec deux nouveaux verres et avant qu’il parte je lui demande de nous laisser la bouteille. Je prends à nouveau ce verre et le boit toujours cul sec, ma vision se floute et une sensation de bien-être m’envahit. Je reste quelques minutes hilare puis une idée me vient en tête. Je sors d’une de mes poches un jeu de tarot divinatoire et récupère les alcanes principaux c’est-à-dire 22 cartes exactement. Je les mélange et lui tend le paquet avec un sourire presque fraternel.


" Tu ne sais pas d’où tu viens c’est bien ça ? Je peux te dire qui tu es en tout cas, il te suffit juste de couper ce tas avec ta main gauche en pensant à n’importe quelle question très forte. Je peux répondre à toutes les questions où l’on répond par un oui ou par un non. "


C’est une technique de divination plutôt facile, je l’avais apprise pour impressionner mes futures conquêtes et la… Bah je fais de même. Seras-tu impressionnée ? Te laisseras-tu faire ? Nous allons voir ça tout de suite.

Il demande au serveur de laisser la bouteille. Parfait ! Je sens que, de toute façon, si je rebois un verre de ce liquide chaud et sucré, je ne me souviendrai plus de ma nuit. Et c’est exactement ce que je veux. Il boit de nouveau son verre cul sec, et l’alcool aidant, je le trouve de plus en plus sexy. Il reste quelques minutes les yeux dans le vague, un sourire aux lèvres. Je sens que, moi aussi, l’alcool me rend un peu plus joyeuse que je ne l’aurais été. Je discerne une petite mèche, d’un blond doré sous les lumières tamisés du bar, qui se rebelle et lui donne un air un peu sauvage. J’a-dore.


Puis il sort un paquet de grandes cartes. Curieuse, je me rapproche de lui jusqu’à sentir son odeur… enivrante je dois le dire. Il les mélange d’une main experte et me les tend.



Mon attention retombe légèrement. Ce soir je veux juste tout oublier, pas essayer de me rappeler un passé qui s’efface au fur et à mesure que je m’en approche. Malgré ça, je ne veux pas décevoir le beau blond. Alors, gentiment, je joue le jeu. Je ferme les yeux et essaye de déterminer quelle question je vais poser. La nuit va-t-elle être torride ? Mmh non, pas assez précis. Allons-nous coucher ensemble ce soir ? Je m’étonne moi-même. L’alcool aurait-il ouvert mon appétit sexuel à ce point ? Lentement les mots apparaissent dans mon esprit, s’agencent et forme une question : Découvrirais-je un jour mon passé ? Redevenue sérieuse, je me concentre sur cette phrase. J’ouvre les yeux, fixe le paquet de cartes et pose ma main gauche au-dessus. J’attends quelques secondes puis le sépare en deux d’un geste net. Le premier paquet dans sa main, le deuxième dans la mienne. Sept cartes dans ma main gauche que je réchauffe doucement.

Elle me regarde avec de ces yeux ! Plein d’envie, de désir de passion. J’ai l’impression qu’elle va me bouffer. Redevenue sérieuse, je la laisse se concentrer sur sa phrase. Puis ouvrir les yeux, en fixant le paquet de cartes orné de fils d’or et finalement poser sa main gauche dessus. Un petit temps d’attente, quelques secondes, puis le jeu est séparé en deux d’un geste précis et net. Le premier paquet, dans ma main, plutôt conséquent, le deuxième dans la sienne. Sept cartes seulement dans sa main gauche. Je réunis ces deux paquets en un seul puis étale sereinement le paquet des vingt-deux arcanes principaux en un carré, pour cela j’adopte une respiration contrôlé, qui augmenterai soit disant le pouvoir de divination, je finis par lui demander de tirer une seule carte. Elle me la donne et je vois que c’est la grande ombre, la renaissance, le renouveau. Cela apporte une seule réponse possible : non. Sa vie ne devait pas être rose tous les jours alors tout oublier devait être un moyen de passer à autre chose, oublier pour tout reprendre à zéro et avoir un meilleur départ. Je me demande ce que fut sa question :


'' Les cartes sont formelles : non. C’est la carte de la renaissance, il va y avoir de grand changement dans ta vie, ne pense plus au passé et va de l’avant. ''


Je lui fis un petit sourire gêné de cette réponse. Elle était belle, vraiment belle, je ne sais pas si c’est la lumière tamisé ou l’alcool qui me faisait halluciner mais elle était vraiment très craquante. Je reste quelques minutes à l’observer puis nous sert un nouveau verre de liqueur, je le bois et lui dit avec un regard plutôt malicieux :


'' Cela te dirait de poursuivre cette soirée autre part belle damoiselle ? ''


Et oui je sais être poli et galant quand il le faut. J’espère qu’elle dira oui ça fait longtemps que mon entre-jambe n’a pas servi !

Il reprend mes cartes et sa main touche la mienne. Elle est étrangement chaude … Doucement mais avec une certaine habitude, il étale les cartes face caché en forme de carré. Je lève les yeux et l’observe. Les pupilles rivés sur ce qu’il fait, il a l’air totalement concentré et le monde autour de lui ne semble plus exister. Sa voix grave résonne doucement à mes oreilles lorsqu’il me demande de piocher une carte. Une seule. Touchée par l’ambiance mystique qui nous entoure et nous sépare de tous les ivrognes du bar, je tends la main et la laisse suspendu à deux centimètres des cartes. Je les passe en revue une par une, en attente d’un signe. Une carte m’attire particulièrement. Quelque chose semble s’émaner d’elle. Je replace ma main au-dessus d’elle. Ma paume se réchauffe chaleureusement. J’entre en contact avec elle. Les fils d’or semble s’illuminer à mon approche, et la carte en elle-même semble frémir sous mon touché. Troublée, je la tends à son propriétaire. J’essaye de lire dans son regard, de déchiffrer son comportement. Il tourne la carte et me la montre. Un choc violent me déchire l’esprit et un chuchotement apeuré m’indique ‘’ l’arcane sans nom ! ‘’ . D’où vient cette voix ? Je regarde discrètement autour de moi mais personne ne semble avoir remarqué quoi que ce soit.

- Les cartes sont formelles : non. C’est la carte de la renaissance, il va y avoir de grand changement dans ta vie, ne pense plus au passé et va de l’avant.

Aller de l’avant… J’ai quand même besoin de savoir qui je suis pour avancer. Un sourire timide apparait sur ses lèvres. Il a l’air un peu gêné de la réponse. Je comprends que ça ne doit pas être facile de répondre ça. Comme pour se rattraper, il nous ressert et fini son verre :

- Cela te dirait de poursuivre cette soirée autre part belle damoiselle ?

Je mets de côté l’épisode des cartes et lui sourit :

- Avec plaisir.

Je finis mon verre. Ma tête commence à tourner. Pitié, je ne veux pas m’effondrer par terre comme un bout de tissu… J’attends quelques secondes que ça passe puis me tourne vers lui :

- Je te suis… Emmène-moi ou tu le souhaites

L’alcool me donne chaud. J’ai une envie de me changer qui me démange… Mais comment va-t-il réagir si je me change en un éclair, devant lui ? Peut-être qu’il ne connaît pas Ludtyvia… Je me contente donc de déboutonner discrètement le haut de mon chemisier.