"Je ne veux pas qu'il y aille, Kris ! Il est trop jeune !! Ce n'est qu'un enfant !
-Il est prêt Layla. Il ira. Ses frères l'ont fait, tu sais bien que dès qu'il verra l'ennemi, il fera comme eux : il détalera."

Je décolle mon oreille de la porte de la chambre de mes parents. Aller où ? Je ne comprends pas grand chose. Onze ans, c'est vraiment un âge de merde.

Le lendemain matin, je suis réveillé en sursaut par mon père. Il ne m'adresse pas un mot. Il me tire par la main, sans me laisser le temps de m'habiller, et je me retrouve dans l'armurerie. je sens qu'on serre une ceinture de cuir lacée autour de moi, qu'on y pend une dague, des bracelets de cuir. Mon père ceint mon front d'une lanière munie d'un médaillon frappé en or. Alors je comprends. Tous les princes passent par là. Le champ de bataille, seul. Mais tous ont reculé face à l'ennemi.
Nous sommes en guerre contre les mercenaires des terres de l'est depuis des années. Il y en a pour tous les goûts de créatures là dedans. J'inspire profondément, et tourne le dos à mes parents la tête haute. La reine sanglote. J'attrape la bride d'Edolan, mon cheval de guerre le temps que mon poulain grandisse, et siffle mon familier. Un coup de talon bien senti, et je galope vers l'est.
Trouver les mercenaires n'est pas difficile : ils sentent l'alcool et la suffisance à plein nez. Et puis ils rient comme des baleines, trop certains de ne pas être attaqués. Je me tapi dans les buisson à la manière d'un fauve, et attend. Peu à peu, ils reprennent leurs esprits et vont s'entraîner. Je perçois deux ou trois vampires, un loup garou clandestin, des faunes, des humains bien sûr, quelques incubes et succubes, trois ex walkyries, des dryades, pas mal de démons et surtout, des centaures. Bien. Que la fête commence. Je n'aime pas attendre, encore moins approcher dans la dentelle. Je n'ai jamais tué autre chose que des animaux, mais je ne me sens pas effrayé à l'idée de faire couler le sang. On ma débarasser de mes entraves. Télys, à mon signal, bondit entre les hommes et ma dague se fiche entre les deux yeux d'un garçon un peu bourré. Le son des os qui craquent et la chaleur du sang contre ma peau sont comme un déclic. Une sauvagerie indescriptible prend osséssion de toutes mes cellules, et je commence un véritable massacre.
Après ce qui me semble des heures,  je me poste sur la montagne de cadavres dégoulinants de sang et écoute avec passion l'agonie d'un cheval au bas de tous ces morts. Les charognards croassent de tous les côtés, et Télys est occupé à dévorer le ventre d'un centaure dont les jambes tressautent à chaque fois qu'il tire sur la viande dans un bruit de déchirure fascinant. Il y pas mal de chevaux que j'ai épargnés. Certains sont de bons chevaux de guerre, c'est pour ça.
Je descends de mon promontoire macabre, et vient fourrer mes doigts dans la crinière d'un hongre gravement bléssé à la croupe. Mon familier lui a lacéré. Un sourire triste aux lèvres, je gratte sa nuque du bout des doigts alors qu'un centaure liés à terre, prisonnier, hurle de m'éloigner de la bête blanche comme neige. Je plante mon regard aveugle dans le sien, défiant. Et d'un ample mouvement de poignet semi circulaire, je tranche profondément la gorge du cheval. Le garçon cheval pousse un hurlement anéanti, et porte ma main main sanglante à mes lèvres, plusieurs fois, ravi de boire ce sang brûlant que j'ai fait couler de ma main. Ça à le goût de la vie. Et jamais je n'aurais cru qu'avoir le pouvoir de vie ou de mort sur quelqu'un était si jouissif.
Je m'avance jusqu'à centaure entravé à la robe de buit, et tire sur les cordes pour le faire lever. Il n'a d'autre choix que de me suivre.

"Toi, tu me serviras de jouet un petit moment. Si tu veux partir, je te laisserais partir dans un mois. Mais si tu t'avises de te rebiffer à l'un de mes désirs, quel qu'il soit, je te tue. C'est clair ?"

Il hoche la tête, visiblement tétanisé que j'ai exterminé tout son campement.

"Bien !"