Il fait beau. Ce matin, alors que je m'étirais paresseusement dans mes draps blancs et moelleux, le chant des oiseaux et l'odeur des jacinthes sauvages a agressé mes narines. Délicieusement surpris, je me suis hâté de m'habiller et me voici maintenant en pleine forêt, au milieu des fleurs, broutant tranquillement l'herbe. J'ai renoncé à mon buste humain pour le moment, et le goût de l'herbe printanière me fais frémir de bonheur. Ah, enfin, autre chose que de la salade, des légumes immondes ou du foin. Aaah... Je me mouche, secoue les oreilles et pique un petit galop rassemblés. Sur ma robe étincelante, le soleil qui filtre entre les feuilles tendres reflète des myriades de reflets de lumière, qui se couplent aux taches blanches qui me donnent l'air d'un bout de ciel étoilé. Je me sens enfin libre, et mes jambes se dérouillent. Je m'arrête dans une grande prairie entourée de grands hêtres, chênes, cerisiers en fleur et pommiers. En septembre octobre, il y aura des pommes, c'est bon à savoir j'adore ça. Je me roule dans l'océan de verdure, ravi, et me frotte l'encolure contre un tronc. J'aime devenir tout à fait cheval, sentir le vent dans mes crins et mes yeux devenus chocolats, le sol dur sous mes sabots qui claquent. Je suis ferré, les humains trouveraient sans doute ça très étrange pour un cheval sauvage ou me prendraient pour un étalon échappé des Hespérides. Ce qui n'est certainement pas le cas. Personne ne me chevauche, et je ne mange pas dans la main des enfants. J'ai ma fierté, moi. Non mais.
Le temps passe, passe, et j'entends au loin, très loin, l'horloge sonner quatorze heures. Je suis dehors depuis six heures et demi, et je viens de me relever, repus, de sous un cerisier qui sème ses pétales sur mon corps. Je me lève, donc, et m'ébroue avant de partir au pas vers l'herbe. J'ai faim, de nouveau. Je mange, paisible, et puis prends un petit trot en croyant entendre un craquement dans le bois, bouge les oreilles. La tête haute, très haute, je marche sur des œufs avant de m'immobiliser et renâcler, les oreilles tendues vers le devant. Rien. Agacé mais soulagé, je secoue la tête avec raideur d'avant en arrière, et jette un coup de cul monumental vers le ciel en démarrant au triple galop, enchaînant les ruades et les sauts de moutons, me cabrant de toute ma hauteur, hennissant sauvagement. Si un cow-boy passait, nul doute qu'il tenterait de me capturer et monter. Au temps des transhumances, je jouait beaucoup à ça, leur faire croire que j'étais un gentil cheval échappé d'un ranch quelconque et puis les ridiculiser. Mais au harnachement, je n'ai jamais poussé à me laisser enfourcher...
Soudain, un bruit dans le sous bois me confirme mes doutes de tout à l'heure. Je gratte longtemps le sol de l'antérieur, et je repars au galop, furieux, ruant comme un possédé, poussant des hurlements presque humains. Et oui, un étalon ça fait du grabuge et c'est pas sympa comme bête... Aller, l’intrus, sors de ta cachette... Et vite !

Mon médaillon brille de la couleur du sang aujourd'hui. Il trace des arabesques rouges entre mes seins, et je laisse un sourire illuminer mon visage. Les ombres noires qui entourent mes yeux disparaissent pendant que l'hémoglobine coule dans ma gorge, emplissant mon être de lumière et de souvenirs. Le week-end. Je peux enfin laisser libre court à ma vie. Chasser sans fin, et me concentrer sur le sang et uniquement le sang. Le lycée, oublié. Les amis, oublié. Je ne sors pas, et excepter lorsqu'il y a des matchs de foot ou des programmes de cheerleading, je chasse. Je ne veux pas, mais l'appel du sang m'est bien trop puissant. Je suis un monstre, une aberration de la nature, je le sais, mais... je suis revenue à la vie, et je supporte encore les croix. Alors, peut-être que les paroles de l'église ne sont que mensonges ? Mais mes parents ne le verront pas de la même façon. Et surtout, la manière qui a fait de moi une vampire. Un meurtre, avancé par un viol. Oui... Enfin l'heure n'est pas à mes idéologies sur la vampirisation, mais à ma magnifique réflexion sur l'impact du soleil sur le sang. Je n'ai jamais vu mon médaillon briller avec autant de rage. Mes lèvres couvertes de sang semblable maquillées par un rouge à lèvre incandescent et mes yeux brillent comme ils ne l'ont jamais fait. Je crois que je vais vomir. En tout cas, une chose est sur. Pour l'heure, je n'ai plus fin. J'ai trop but, et les premiers pas de l'ivresse m'envahissent. L'alcool n'a aucun effet sur moi, tout comme les drogues. Mais un trop grand afflux de sang est pour moi le plus dangereux des liquides. J'inspire profondément, avant de récupérer le corps du junkie que j'avais tué. Son visage ridé est encore marbré de peur, et son corps est déjà plus froid que la glace. Il me faudra le cacher. Je sens la puissance de ma rage couler dans ma veine à la place de mon sang mort d'humaine, et une larme écarlate roule sur ma joue. Oui, définitivement, je hais cette enflure de Jimmy Thompson. C'est pars sa faute que je suis devenue celle que je déteste plus que tout. Je m’insupporte de n'être rien d'autre qu'une buveuse de sang. Oh oui, la vampirisation semble tellement belle dans les films. Plus de problème, la vie éternelle, et juste besoin du sang pour survivre. Mais non. Jamais plus je ne connaitrai les véritables plaisirs de la chair, comme lorsque j'étais humaine. Maintenant, seul le sang me fait avancer. Mon visage change, et même Aèl, je meurs d'envie de le mordre à nouveau. Si mes amis savaient pour moi, ils ne souhaiteraient qu'une seule chose, que jamais je ne les approche. Je ne pourrai avoir des enfants, être heureuse et mourir dans la paix qu'apporte la vieillesse. Mon état était mignon sur le début. Mais il est vite devenue invivable. Je me déteste, et si je tenais ce petit con de Jimmy, je jure sur tout ce que je possède ou possédais de lui faire payer dans la douleur....

Mes pas m'ont mené jusqu'au bord du lac Michigan. Le corps plonge plus vite que faire se peut, et je le regarde dériver vers l'horizon, semblable à un radeau de fortune. C'est dans une série je crois, que, perdu sur un île desserte lors d'un naufrage, deux hommes se font un bateau des cadavres de leur proches. Mais l'humain que j'ai tué n'est rien d'autre pour moi qu'une gourde d'eau. J'inspire une nouvelle fois, et laisse le vent chargé d'humidité caresser ma joue et essuyer mes larmes. Je dois me reprendre ! Je ne suis pas une idiote qui s’apitoie sur son sort. Et je dois arrêter de me plaindre alors que je n'ai aucune raison. Oui. Stop !

Je prends la direction de la forêt d'un pas décidé. Si je savais pourquoi j'allais là bas, je pourrai le dire mais je n'en ai absolument aucune idée. L'air frais m'arrache un véritable sourire, et j'essuie mes larmes, laissant quelques trainées sanglantes mais arrivant à en enlever la moitié lorsque j'entends les bruits caractéristiques de sabots équins. Un cheval ? Qu'est ce que fait un cheval dans la forêt de Milwaukee ? Je m'approche le plus doucement possible, ce qui normalement n'est pas trop dur pour une vampire mais une branche craque sous mon pied droit. Boulet ! Et pourtant, lorsque j'apparais en pleine lumière, l'équidé me laisse stupéfaite. Il est magnifique. Vraiment. Un appaloosa sans doute, avec une robe semblable à la nuit, noir tachée de blanc. Je reste coïte et le regarde, sans oser bouger de peur qu'il fuit ou qu'il m'approche. Je rétracte mes crocs vitesse grand V, et ne fais le moindre geste. Mon dieu....

Je me fige, stressé, et j'attends. Il flotte une odeur étrange dans l'air, une odeur de mort mais... Pas vraiment. C'est différent de l'odeur des champs de bataille ou du gibier de chasse oublié dans le bois. Mes oreilles bougent à toute vitesse, radar ultrasonique comme disait ma sœur, et soudain une jeune femme surgit à la lisière de la forêt. Elle a les cheveux bruns, la peau brune également, un corps aux courbes parfaites mais elle ne m'inspire pas confiance. L'odeur bizarre s'accentue avec son arrivée, et je remonte à ses yeux. Rouges. Un hennissement terrifié et rageur et charge après une petite pinte, les oreilles couchées. Elle est tétanisée sur place, comme une statue. Je fonce, et soudain je capte un éclat de peur au fond de ses pupilles. Choqué, je freine en parfait et violent sliding stop. Le chanfrein presque posé sur son front, je recule de quelques pas et penche la tête de côté de façon très humaine pour le coup. Tout à fait étonné, je fais un bond sur place mais qui me décale de vingts centimètres vers l'arrière. Mes yeux chocolats brillent de curiosité, et je hennis doucement à son attention avant de me remettre à brouter. Je ne sais pas trop quoi faire. Changer de forme, ou bien lui laisser croire à mon animalité ? Ah, zut ! mais pourquoi elle viens là ? Et puis elle est quoi au juste pour avoir une telle couleur d'yeux ?! Quel casse tête, zut euh !
La brise chaude soulève mes crins, les portant sur le devant, et je redresse la tête vers elle. Le vent souffle doucement, et sous le rideau de crins, je la dévisage. Je l'ai déjà vue. Elle est à Saint Roddington. Selena Oldigez... Encore plus belle là au milieu de la nature qu'elle ne l'a jamais été sur le terrain. Mmm... Intéressant. Amusé par avance de sa réaction probable, je trace par terre ma pensée, du sabot antérieur dont le fer claque sur es petits cailloux. "Et bien, tu as peur des chevaux ? xD" La pauvre... Un cheval qui écrit ! Et puis je retourne à l'herbe grasse, me mouchant plusieurs fois, détendu à nouveau et savourant le printemps. Et je cueille une poignée de fleur d'un seul coup de dents, puis l'envoie voler au dessus d'elle d'un mouvement habile et cabre de quelques dizaines de centimètres, tous mes muscles raidis, les oreilles quand même un peu menaçante. Et derrière le paravent de ma crinière dansante, ma tête et mon encolure laissent la place à mon buste humain, mes yeux reprennent leur couleur bleue lagon piquetée de vert et mes boucles courtes une teinte châtain clair. Je croise les bras, replie mes ailes puissantes et la toise du haut de mes deux mètres douze. Oui, c'est seulement ma tête qui culmine aussi haut, mon garrot est à seulement un mètre quarante six, presque un double poney. Mais couplé à la longueur de mon dos et mes épaules... Ah là là, dire que je comptais passer une après midi calme et tranquille, pépère à bouffer dormir et galoper...

-Qu'est-ce que tu viens faire là, damoiselle Oldigez ? Je ne pensais pas croiser aussi charmante créature en pleine forêt...

Le tout avec un sourire charmeur mais un regard glacial. Je sais ce que tu es, ça y est, j'ai identifié ton odeur... Vampirette

Perdue, je fixe l'étalon qui galope dans la clairière. Comment... Comment ce fait-il qu'un animal comme lui ce trouve ici. Le vent agite ma longue chevelure brune, laissant mon parfum courir jusqu'à l'équité. J'espère qu'un animal comme lui n'aura pas peur de l'odeur de mort qui m'accompagne. Je viens de tuer, et le sang se font dans la moindre de mes cellules, créant sur mon corps une enveloppe dangereuse. Les bêtes s'arrêtent loin de moi. Elles sont bien plus prudentes que les humains. Alors que ces derniers cherchent à tout prit à comprendre ma race, ou à imité la bit littérature, les animaux se taisent sur notre passage. Et ils meurent de trouille à chacun de mes passages sur leur territoire. Seul les félins veulent encore de nous après notre mort.

Alors que je ne mis attendait pas, le cheval noir charge, le bruit de ses sabots sur le sol de terre meuble retentit comme un orage, et ses oreilles couchées sur son crâne font s'agrandir de peur mes prunnelles. Alors qu'il n'est pas qu'à quelques centimètres de moi, un cri m'échappe, la peur transforme mon odeur et mon visage. À l'inverse de n'importe quel animal pourtant, l'étalon calle. Il est semblable à un humain, dans sa posture ou dans l'intelligence de ses yeux. Il ne peut être un simple cheval. Les équidés ont beau être intelligent, ils ne le sont pas comme l'animal devant moi. Je sais que je n'ai pas connu tellement d'équin, après ma chute, la peur était trop puissante pour que je puisse remonter. C'est pourquoi, l'étalon aussi sombre que les nuits sans lune me fait reculer de quelques pas. Je sais, une vampire qui souffre du mal atroce de la peur. Il y a de quoi rire longtemps. Mais les traumatismes sont encore là. La mort de Fuegos, les semaines d'hospitalisation qui ont suivit, tout est encore bien trop ancré dans ma mémoire pour que je puise agir autrement. Les sabots de l'animal grincent sur le sol, et, lorsque mes yeux suivent le mouvement ample que des lettres tracent, je ne peux retenir un cri de stupeur. Il a tracé des mots qui prennent tout leur sens. "Et bien, tu as peur des chevaux ?xD" Je relève le visage vers l'étalon, les prunnelles écarquillées de stupeur mais je n'ai plus face à moi une simple monture. Je reconnais dans le torse parfait et les yeux bleus le visage du petit nouveau, Dingaan. Mais en dessous du torse, c'est un corps de cheval, et des ailes d'une folle envergure. C'est quoi ce truc !!

-Qu'est-ce que tu viens faire là, damoiselle Oldigez ?Je ne pensais pas croiser aussi charmante créature en pleine forêt...

Euh... Euh... Au secours ! Je suis où là ? Qu'est ce que j'ai fais à dieu pour qu'il m'en veuille de la sorte ? Tentant de plus ou moins garder convenance, je le fixe droit dans les yeux, mes prunnelles retrouvant très vites leur habituelle couleur chocolat.

-Je pourrai te retourner la question Dingaan. Je ne savais que tu étais euh... Mi cheval.

Je crois qu'un être mi homme mi cheval à un nom, mais impossible de me souvenir lequel. Dans tous les cas, je crois que je vais craquer. Je n'ai pas vu un équin depuis mon accident, et j'ai encore une peur incroyable d'eux. J'ai été paralysée pendant trois mois, et avant ma transformation, je ressentais encore parfois des douleurs dans le dos et les côtes. Ma relation avec les cheveux est vraiment compromise...

Je ne pensais pas être effrayant, mais on dirait que je la terrifie cette petite. Elle me regarde comme si j'allais lui sauter à la gorge. Je ne suis pourtant pas un animal carnivore... Elle regarde mon corps de cheval avec des yeux de merlan frit, des yeux qui, d'ailleurs, recouvrent une couleur chocolatée loin d'être déplaisante.

-Je pourrai te retourner la question Dingaan. Je ne savais que tu étais euh... Mi cheval.

J'éclate de rire, amusé de sa réaction et gratte le sol de mon sabot pour voir comment elle prendra ce geste de détente avant de placer mon postérieur en équilibre. Ma croupe se détend d'un seul coup, et je chasse une mouche qui m'agace d'un coup de queue.
Elle est splendide. Je n'avais jamais noté à quel point elle est parfaite. Ses yeux sont fascinant, et ses cheveux, dans le vent, lui donnent l'air d'un ange. Je suit le contour de ses lèvres du regard, ses longues jambes effilées, sa poitrine au dessin entêtant. Son ventre plat témoigne de sa pratique sportive quotidienne. Je me demande comment elle a perdu la vie. Mais je ne lui demanderai pas, ça ne se fait pas.
J'illusionne mon apparence à celle d'un humain, et lui fait un sourire d'enfant heureux. Je pique un coquelicot dans ses cheveux bruns d'un mouvement vif, et profite du soleil dans mon dos pour m'envelopper d'un halo blanc jaune qui fait ressortir mes yeux bleus lagon. Pour une fois, je ne suis pas en présence d'une crétine qui tente de me chevaucher de force en m'appelant "animal". Je crois qu'elle ne sait même pas ce que je suis, en fait.

-J'espère bien, que tu ne savais pas... Je suis un centaure, en fait. Ils existent aussi bien que les vampires. En plus nombreux, c'est tout. Je voulais me dérouiller les jambes... C'est dur pour un cheval de rester "assis" des heures.

Un sourire de plus, alors que je continue de tresser des fleurs des champs en couronne. Je fais toujours ça quand je suis un peu gêné par une fille. Je ne sais pas trop pourquoi, c'est un réflexe que je ne contrôle pas. Je pose la chose à ses pieds, passant mes doigts dans me cheveux machinalement, quand un craquement dans les bois me fait sursauter. Mon corps équestre réapparaît, et je renâcle, méfiant. J'aime pas quand il y a des bruits en forêt... J'ai les poings serrés, les antérieurs rapprochés et les postérieurs écartés d'un mètre. Je me rends compte que je fais pitié, et lui lance un regard l'air de dire "L'instinct, tu sais..." Je suis pris d'un rire nerveux, et recommence à zyeuter l'herbe à mes pieds. J'ai faim. Mais je ne sais pas si je peux reprendre la forme totalement animale de tout à l'heure sans qu'elle se foute de moi. Un footballeur crâneur qui broute, sérieux... Une conversation, vite !

-Et toi, qu'est-ce que tu fais là au juste ?

Le footballeur reprends sa forme habituelle, celle que je lui connais au lycée. Je n'avais jamais remarqué qu'il était aussi séduisant. Que son sang était aussi... Aussi puissant. Je ne peux m'empêcher de fixer sa jubilaire, d'entendre le doux battement de son coeur et le sang qui coule dans ses veines et transforme à moitié mon visage. J'inspire profondément pour tenter de faire disparaître les ombres noirs qui entourent mes yeux, mais son odeur m'attaque de plein fouet. Dieu que je hais être une vampire. J'ai envie de son sang, alors que j'ai quinze fois trop mangé. Comment je peux être comme ça non de dieu !!

-J'espère bien, que tu ne savais pas... Je suis un centaure, en fait. Ils existent aussi bien que les vampires. En plus nombreux, c'est tout.Je voulais me dérouiller les jambes... C'est dur pour un cheval de rester "assis" des heures.

Voilà ce que je cherchais ! Centaure. Mi homme mi cheval, avec les pulsations d'un étalon. Mon dieu. Mes yeux ont de nouveau viré au rouge, et je crois que je vais faire une connerie. Y a trop de magie ici. Ses paroles m'arrachent pourtant un sourire. Il lui ai dur de rester assit ? Oh je peux le comprendre, plus qu'il ne le pense. Je suis une vampire, je besoin de courrir, de sentir la vitesse s'emparer de moi, me bercer dans ses bras tendre et faire de moi une nouvelle créature des ténèbres. Ma famille est maudite, j'en suis sur. Une vampire, une succube, et aucune nouvelle de mon frère qui pourrait être n'importe quoi. Je n'en peux plus, la vie est trop douloureuse. Je veux être heureuse moi, avoir un époux qui m'aime, des enfants à mes côtés. Alors qu'en faites. Rien ne change. Je resterai seule pour l'éternité. J'avais cru qu'Aèl resterait avec moi pour toujours mais ce fils de pute d'Amarok l'a tué pour cette tapette de Thompson. Et je jure sur tout ce que j'ai que je me vengerai de lui. Malgré tout, j'aime encore Aèl. Et ce pour toujours. Qu'importe le con qu'il est, il reste mon plus grave amour.

-Et toi, qu'est-ce que tu fais là au juste ?
-Je chasse.... Et j'essaye de me concentrer, d'éviter soit de chialer soit de te bouffer.

Je suis plus franche que je ne l'ai jamais été mais j'ai peur de lui faire du mal. Comme toujours lorsque l'envie de sang se fait sentir, je perds petit à petit le contrôle. Sans que je ne le veule, des larmes de rang roule sur mes joues et je tenté vainement de les essuyer mais je ne peux pas. Je suis bien trop faible. Les bruits de ses sabots, l'odeur de cheval. Lorsque j'étais humaine, je ne savais pas qu'ils avaient une odeur si particulière. Une odeur qui fait remonter dans mon esprit tellement de souvenirs. Je revois la balle traversé la cervelle de l'étalon immaculé, j'entends de nouveau le son de ses antérieurs qui se brise, son poids sur moi, mes côtés qui perforent mes poumons et la douleur qui transforme tout en rouge. Les larmes se font plus douloureuse, comme si le sang brûlait ma peau caramel et je tombe à genou. Putain ! Pourquoi devant ce footballeur ? Hein ?

Je ne sais pas pourquoi elle me plait, au juste, mais je sais qu'elle me plait. Mais elle m'effraie aussi. Je sens bien que quelque chose ne va pas. Je sens la peur dans mes cellules, mon instinct animal me hurle de fuir, de partir loin d'elle et en vitesse, mais je n'arrive pas à lui obéir. Je trouve qu'elle n'a pas l'air d'aller bien, alors je reste. Je suis quand même quelqu'un de pacifique, au fond, malgré ma profession de tueur à gage et ma condition de régicide recherché. Si on ne me fait pas de trot et qu'on est pas dans mon Targetbook je peux me montrer très sympathique, même.
Ses yeux ont repris leur couleur vermeille, et les muscles de mes jambes ne cessent de tressaillir, comme si elles voulaient s'enfuir sans moi. Mon cœur bat fort, poussant le sang dans mes veines avec une pression bien supérieure à celle des artères humaines ou tout ce qui s'en rapproche. Plus le cœur est gros, plus c'est puissant... Un cheval...

-Je chasse.... Et j'essaye de me concentrer, d'éviter soit de chialer soit de te bouffer.


Ah ouais... D'accord. Bon, ben au moins c'est une fille franche c'est appréciable en d'autres circonstances. Remarquez, même dans ces circonstances, au moins je suis prévenu, elle me "protège" un petit peu. Enfin, je pense qu'en réalité elle déteste sa condition et que c'est pour ça qu'elle dit ça, pour au moins avoir un meurtre de plus sur le dos pour la journée. Parce que si elle était à la chasse... L'odeur de sang de tout à l'heure...
Je piaffe, stressé, mais me fige brusquement en voyant une larme couleur sur ses joues, puis une autre, et encore d'autres. Hum... Il y a quelque chose en moi qui la fait pleurer. Mais quoi ? Elle a eu peur de moi quand je l'ai chargée, et même après que j'ai bifurqué et recommencé à brouter, elle m'a regardé avec effroi un petit moment. Aurait-elle eu un accident d'équitation ? C'est une possibilité. Mais de quelle ampleur ?

-Mais enfin, pourquoi tu pleures Selena ? Qu'est-ce qui se passe ? Il ne faut pas être si triste, regarde autour de toi, comme tout est beau. A quoi peux tu bien penser pour pleurer autant, precess ?

Oui, d'accord, je passe un peu pour un fan des bisounours mais j'aime pas les jolies filles qui pleurent, ça me brise le cœur. Je vais essayer de la consoler. Mais pas comme un bourrin... Quand même, je sais me tenir.
Je reprends ma forme animale, n'y tenant plus, et pose mes naseaux soyeux sur sa joue une fraction de seconde, comme un coup de vent. Allez, princesse, ne pleure pas... Je vais t'aider, moi !

Je sens l'odeur entêtante de son sang, de sa peur et suis prise de vertige. Les larmes roulent sur mes joues comme un torrent de sang et je me sens plus ridicule que je ne l'ai jamais été. Je déteste que l'on me voit pleurer et jamais ma honte n'a été plus grande. Surtout devant un footballeur du lycée. Je suis sensée être puissante, une grande vampire malgré mon jeune âge. Mais je suis toujours terrifiée par les cheveux, par la vie en elle même et par mes souvenirs. Je me rapelle encore de mes rêves de petites filles. De toutes les promesses jamais réalisées. Moi, je voulais être une cavalière mondialement connue et Mathieu être astronaute pour aller sur Mars. Nous n'étions que des enfants avec des rêves plein la tête. Mais avant même que je rencontre mon meilleur ami, j'avais déjà une peur bleue de tout les équins. Le craquement me réveille encore la nuit dans mes cauchemars. Je pris un profonde inspiration, ramenant l'odeur du centaure à moi et mes crocs dechirèrent mes canines. Je ne tentais même pas d'essuyer mes larmes de sang. Rien ne m'était plus douloureux que pleurer, mais je ne pouvais stopper cet afflux de sang dans mes prunnelles écarlates. Tranchant fortement sur ma peau brune, l'hémoglobine brûlait mon visage presque autant que le soleil si je n'avais pas mon médaillon.

-Mais enfin, pourquoi tu pleures Selena ? Qu'est-ce quise passe ? Il ne faut pas être si triste, regarde autour de toi, comme tout est beau. A quoi peux tu bien penser pour pleurer autant, precess ?

Tait toi je t'en supplie. Tu me rapelle dans ton regard le bruit aussi claquant qu'un éclair de la balle qui part. Le déchirement des chaires qui explosent au contact de la mort, et le sang qui gicle. Ce n'était absolument pas septentrional face à l'endroit où je vivais maintenant mais... J'avais l'impression que c'était le grand nord. Je ne me souviens pas de la chaleur ou de la beauté de l'Espagne. J'étais sans doute encore trop jeune.

Alors que je ne mis attendais pas, ma langue se délia et je me mis à déblatérer des paroles incohérentes, des larmes roulaient sur mon visage et le teintant d'arabesques tournoillantes.

-Quand j'étais petite je... Je... Mes parents... Ils avaient un élevage d'espagnol.... Et.... J'adorai monter mais.... Un jour.... L'un des étalons, un immense étalon d'un blanc immaculé... Je... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé....je n'ai jamais compris.... Peut-être que... Il y avait un caillou perdu dans la carrière.... Ou alors je lui ai demandé un mauvais mouvement... J'étais en championnat junior... Et ses antérieurs ont basculés... Brisé. Il n'est pas mort sur le coup... Mais il est tombé sur le flanc et je n'ai pas eu le.... Reflex de sauter.... J'ai eu tout le côté droit broillé.... J'étais paralysée... Normalement à vie... Trois mois sans pouvoir bouger... J'étais une miraculée aux yeux de la science... Mais pendant... Pendant ce temps....Ils ont abattu Fuegos d'un balle dans la tête devant moi... À chaque fois que je vois un cheval.... Je revois son front immaculé se couvrir de sang... Je... Je...

Les larmes m'étranglaient et, dans l'incapacité de continuer, je rougis. J'avais honte, honte de raconter ma vie à un parfait inconnu... J'étais vraiment faible pas vrai ?

Je crois que j’ai dit quelque chose qui fallait pas… Jeee… Suis sensé faire quoi ? La consoler ? Hé ! Attendez ! Je suis un tueur à gage moi putain ! Pas un directeur de crèche !! Nom d’un loup garou, je veux pas faire un truc comme ça ! Pff…
Agacé, je gratte le sol du sabot, croise les bras et m’apprête à afficher un air méprisant quand elle commence à pleurer pour de bon et à me raconter sa vie. En règle générale j’ai horreur de ça mais là…

-Quand j'étais petite je... Je... Mes parents... Ils avaient un élevage d'espagnol.... Et.... J'adorai monter mais.... Un jour.... L'un des étalons, un immense étalon d'un blanc immaculé... Je... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé....je n'ai jamais compris.... Peut-être que... Il y avait un caillou perdu dans la carrière.... Ou alors je lui ai demandé un mauvais mouvement... J'étais en championnat junior... Et ses antérieurs ont basculés... Brisé. Il n'est pas mort sur le coup... Mais il est tombé sur le flanc et je n'ai pas eu le.... Reflex de sauter.... J'ai eu tout le côté droit broyé.... J'étais paralysée... Normalement à vie... Trois mois sans pouvoir bouger... J'étais une miraculée aux yeux de la science... Mais pendant... Pendant ce temps....Ils ont abattu Fuegos d'une balle dans la tête devant moi... À chaque fois que je vois un cheval.... Je revois son front immaculé se couvrir de sang... Je... Je...

Aoutch. Touché. Là ma toute belle, tu appuies sur le bon endroit. Les centaures, créatures pacifiques mais impétueuses, ceci dit… Sensibles, et compatissants. Elle ne l’a sans doute pas fait exprès, mais elle vient de tirer sur la corde de la sensibilité que tout centaure possède. Même le pire d’entre nous. Pas d’exception. Jamais. Nin dans les siècles passés, et encore moins, vu comme c’est parti, dans ceux à venir. Chacun d’entre nous l’a, mais certains sont plus difficiles à attendrir que d’autres. Comme le Roi et la Reine, à qui j’ai demandé grâce pour ma petite sœur chaque jours, pendant des heures, sans résultat. Alors qu’elle était innocente. Elle ignorait la nature de son ami, je l’ignorais, et lui-même l’ignorait. Je ne leur pardonnerai jamais. Quoi qu’il arrive. On verra si leur fille est aussi inflexible si on m’attrape. Je doute qu’elle ait un cœur de pierre. Qui plus est, mon physique n’a rien de déplaisant alors la connaissant… Mais je m’égare.
Je pose sur Selena un regard désolé, penaud, et soupire. Que faire ? C’est vraiment un casse tête. Je ne sais pas m’y prendre avec les gens qui ont eu une vie de merde, moi. J’ai grandi comme un coq en pâte, pendant six cent ans, avant la mort de Taylaan. Peuh ! J’m’en fiche j’me vengerai. Donc… Elle a peur des chevaux ? Et bien, alors, on va le faire à la dure, façon vagabond recherché et dont la tête est mise à prix.
Je reprends mon corps et ma tête de cheval, mouche et fond sur elle avec souplesse. Je maitrise parfaitement ce corps, cette apparence, bien plus que la forme humaine. Je sens ses jambes autour de mes flancs et stoppe sans brusquerie. Elle ne tombe pas. Bien. Et maintenant princesse, place à l’équi-thérapie ! Je prends un petit galop rassemblé, doux, aussi léger que le vol d’un nuage. Respire, vampirette, je te promet que tu remonteras à cheval. Et si tu veux, tu seras célèbre. Je peux plonger des juges dans un rêve, le public aussi, et ainsi éviter le test de dopage… Ou t’acheter un cheval, te payer des cours, tout ce que tu voudras… Pourvu que je t’ai, sauvageonne.

Il semble perdu dans ses pensées, et par politesse, je pense à partir. Mais, d'un seul coup, sans que je ne puisse comprendre, il fond sur moi et fait tout pour que je le monte. Je ne peux faire ça, je ne peux prouver ma faiblesse devant le beau centaure. Et pourtant, en face de moi, c'est un cheval que j'ai, et non plus le splendide footballeur. Je... Je vais vomir. Les larmes coulent encore sur mes joues, sans fin, encore et encore. Je ne veux plus monter à cheval. J'ai peur, je veux sortir. Partir loin ! Mes jambes se crispent autour du ventre du "cheval" et je sens mon esprit partir. Où, je ne peux le savoir, mais je connais ma douleur, plus puissante encore que lorsque j'étais humaine. Tout est plus fort maintenant. La haine, la peur et même l'amour... Je revois encore le visage d'Aèl, ses lèvres me chuchotant à l'oreille qu'il m'aime, son corps qui se joint au mien dans une dernière étreinte. Je le vois, les yeux fous lors de cette dernière nuit en tant qu'humain. Il me manque, au plus profond de moi, je le sais, et pourtant, il ne pourra jamais revenir parmi nous. Voilà trop longtemps... Personne ne peut faire revenir les morts des Enfers. Même si je suppliai Satan de toute mon âme, mais si j’offrais tous ce que je possédais. Aèl est mort, et je dois faire mon deuil.

Il prend le trop, et je retiens mon souffle, les larmes coulant encore sur mon visage. Puis, petit à petit, les sensations reviennent. Je me sens libre, je me sens bien. Un sourire étire mon visage, pendant que mes prunelles retrouvent la couleur des noisettes d'été. Je... Je le veux. Oui, il sera mon sauveur. Il me permettra de prendre mon envole, et, enfin, de redevenir, de retrouver plutôt, l'enfance que j'ai perdu à la mort de Fuegos. Dingaan, fait moi rêver. Et s'il te plait, fait moi oublier ma haine de moi-même et de mes souvenirs. Je serais tienne, et ce, pour une éternité longue de promesse...

-S'il te plait... Laisse... Laisses moi descendre...

Et, alors que je me suis toujours jurée de ne pas pleurer, je sens les larmes rouler encore sur mon visage de porcelaine. Je suis une poupée de cristal...

-S'il te plait... Laisse... Laisses moi descendre...

Aha, non ma belle... Tu vas rester là, et je vais te faire la peur de ta vie, en tout cas la peur de l'année, mais ensuite je te jure que tu ne parleras plus de descendre. Dans un "woosh" violent, mes immenses ailes sombres piquetées d'étoiles se déploient et avant qu'elle ne puisse avoir le temps de comprendre. Je pique un sprint et décolle au dessus des bois. Peu de gens le savent, mes les mammifères ailés tels que chevaux ailés, centaures "maudits" comme moi, griffons et autres... galopent en l'air. Pour prendre de la vitesse. Ou sauter dans les nuages. Bref, tu n'as jamais rien vu de tel, Selena.
Un vol d'oies canadiennes s'enfui à ma vue, et je pousse jusqu'au dessus des nuages cotonneux. Comment lui faire comprendre qu'elle peut les toucher ? Que si elle regarde en l'air, elle peut apercevoir les étoiles ? Que là haut, plus haut, il y a mon pays ? Et qu'elle me plaît trop pour que ce soit normal ?

Les minutes filent vite, cependant. Et je suis bien forcé de récupérer ma chère apparence d'origine. M'enfin, au moins je peux lui parler ou la rassurer un peu. Je prends sa main entre mes doigts, et serre un peu, sans dire un mot, le vent dans les cheveux. Je comprends que ça ne doit pas être facile pour elle, ceci dit, d'être collé à moi comme ça au vu de sa... Hm, nature. La prairie se rapproche rapidement, et je me pose dans l'herbe en douceur, silencieux comme un oiseau, chamboulé. Je me rends compte qu'en fait je suis très bavard en temps normal.
Deux jambes remplacent les quatre, et je réceptionne la jeune femme dans mes bras pour lui éviter la chute.

"Bon... C'est un peu foireux comme plan drague mais... Hn, désolé Selena. Gifles moi, ce sera plus simple."

Je lui offre un sourire resplendissant, et la laisse poser ses pieds par terre. Et puis, j'attends la crise de rage. Parce qu'elle va s'énerver, n'est-ce pas ? Ce serait trop simple, sinon.

Je meurs de trouille. Être sur un cheval, je n'aurais jamais penser remonter un jour. Peut-être même que je ne l'ai jamais voulu. J'ai trop de souvenirs qui empiètent sur le territoire des découvertes, m'empechant à demi mot d'avancer vers de nouveaux lieux. Je reste sur ce qu'il s'est passé, n'ouvrant mon cœur à personne, ne remontant plus à cheval. Je vis dans le passer enfaite. Aèl, Fuegos, ma haine. Et rien d'autre, un animal blessé qui ne cherche pas à avancer. Je fais deux pas en avant, et je recule de trois.

Un cri m'échappe lorsque le centaure, qui ressemble actuellement plus à un simple pégase qu'à un demi homme s'envole. Je n'ai rien à m'accrocher sur ce corps que je ne connais pas. L'air qui fouette mon visage tente de me faire oublier ma frayeur, de chuchotter des mots doux à mes oreilles. Il fait froid là haut. Je bénirais presque ma nature d'être immortel, de cadavre vivant. Mais pourtant, un frisson remonte le long de ma collone. Lorsque Dingaan reprend un buste humain, je coupe ma respiration. Son cœur bat bien trop vite, son sang est trop licoreux. Je ne pense pas qu'il soit si gouteux que cela. Trop animal. Mais pourtant, il m'attire comme jamais un sang autre que celui d'un Sylvain ne m'a attiré. J'en ai fait des crises de manque après avoir attaqué Tarek. Une douleur sevrer  dans les larmes et la présence d'aucun de mes proches. Personne ne savait pour moi. Avant lui.

Le temps semble long, je sens mes doigts fins de pianiste rencontrer les siens, se souder et ne former plus qu'un entrala. Pas besoin de parole. Juste un geste. Qui veut dire énormement de choses. Le silence nous enveloppe, créant dans son sein un nouveau monde. Nous ne sommes plus que deux, coupés du reste de la planète, seul.

Je tombe. Et deux bras puissants me récépsionne. Trop éstomaqué pour pouvoir emettre la moindre parole, je croise son regard, retrouvant les lagons de Gozo. Le chocolat et le bleu se fiche, se faisant face quelques minutes avant que je ne détourne les yeux.

"Bon... C'est un peu foireux comme plan drague mais... Hn, désolé Selena. Gifles moi, ce sera plus simple."

Je le regarde, intérogative. Le giffler ? J'aurais plutôt une autre idée enfaite. Je sais que je n'ai pas à faire ça, que je suis la pire des garces. Mais, alors qu'il attend totalement autre chose, je capture sa nuque entre mes mains et vole ses lèvres. Un baiser doux, vampirique, qui en appele un autre. Mais je m'éloigne alors de lui, mon visage terriblement normal. Si j'étais encore humaine, le sang aurait coloré mes joues. Mais je ne suis plus. Je me contente alors de baisser les yeux et de murmurer :

"Désolé... Je...."

Je ne peux finir ma phrase, le visage baisser. Je ne suis pas comme ça normalement, je n'embrasse pas le premier venu. Sauf en soirée, mais là, c'est juste que je suis comme tout le monde. Je ne suis pas une fille facile , loin de là. Il n'y a qu'Aèl et Matt qui ont réussit à m'obtenir. Personne d'autre.

Elle est splendide, elle va me frapper, elle est magnifique, je vais m'en prendre une, elle... Buuuuuggggg. Brain stand by, un deux, un deux y quelqu'un ?
C'EST. QUOI. CE. DELIRE ??
Mais pourquoi est-ce qu'elle m'a embrassé ? C'est sûr et certain, je ne comprendrais jamais les femmes. Elles sont pas comme nous, elles sont... Euh... Bizarres.

"Désolé... Je...."

Je pose un doigt sur mes lèvres, encore sur ma petite planète perso, avant de reporter mon regard sur la superbe hispanique. Humaine, vampire... Quoi que tu sois ou aurais pu être, je te veux.
Je pose ma main sur son visage de poupée, et relève son menton pour déposer mes lèvres sur les siennes, plus instant qu'elle. Quoi qu'elle puisse en penser, je suis tombé amoureux d'elle dès que je l'ai croisée aux entraînements sur le stade. Tout le monde était obnubilé par Johanson, moi je l'ai vue elle, avec son air colérique et désabusé, plus vraie que toutes ces barbies prévisibles. Elle pourra dire tout ce qu'elle veut, plus humaine. Je hais les barbies biatch. Meme pour une soirée, elles te gonflent avec leurs babillages incessants là. Mais elle...
Je recule un peu, étourdi, et replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Je n'oserai pas lui dire tout ce qui se passe dans ma tête, mais je voudrais qu'elle le sache. Devenir son petit ami, j'en rêve. Mais elle est bien trop sauvage.

"Tu sais Selena... J'aime bien t'avoir toute seule avec moi pour une fois. Je suis un boulet et un gros dragueur mais, tu me plais énormément. Est-ce que tu me laisserais une chance de te conquérir dans les règles de l'art ?"

C'est une fille intelligente, je suis sûre qu'elle comprendra que je parle de sorties aus restaurants côtés, virées nocturnes au bord des lacs, fleurs, discours, discrétion au bahut et surtout, pas de "je veux te mettre dans pieu trèstrèstrès vite"; parce qu'en plus, il ne s'agit pas de ça. Je voudrais vraiment qu'elle me laisse une chance d'être celui qu'elle voudra, je veux bien être une simple éponge à larmes ou un animal de compagnie, son "cheval" domestique si elle veut, n'importe quoi ! Pourvu qu'elle me laisse cette chance...

Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais certainement pas à ça. Au lieu de m'envoyer bouler, d'hurler au futur meurtre, après tout, je suis bien normalement bien trop dangereuse, surtout pour lui, il s'approche de moi. Si j'étais encore humaine, mon coeur aurait battu trop fort, mes joues auraient rougit. Je suis une garce, certes il m'attire, mais je ne sais encore si c'est son sang trop puissant ou sa personne.

Ses lèvres se posent sur les miennes, bien plus douces et chaudes que celles de mon ex. Je sortais avec un cadavre. Je ne pourrais jamais sortir avec un véritable humain enfaite. Un garou, un succube/vampire et maintenant. Enfin, je ne sais vraiment si nous pouvons nous considérer comme ensemble. Il n'en ai rien, Dingaan a déjà une jolie réputation de dragueur au lycée. Mais, lorsqu'il interrompt notre baiser, je suis à bout de souffle, comme si je relevais la tête de l'eau lorsque j'étais humaine. Les odeurs de la nature me sautent aux yeux quand j'inspire et pire que tout, c'est son sang qui me transporte. Je veux le gouter. Emplir mon corps de cette substance liquoreuse. Enfin me sentir pleine. Je le sais, je le sens. Il peux me changer. Je baise la tête et, alors qu'il replace une mèche derrière mon oreille, je capture son regard. Souhaitant ne jamais le lâcher.

"Tu sais Selena... J'aime bien t'avoir toute seule avec moi pour une fois. Je suis un boulet et un gros dragueur mais, tu me plais énormément. Est-ce que tu me laisserais une chance de te conquérir dans les règles de l'art ?"

Un sourire nait sur mes lèvres, mais je cache comme d'habitude mes émotions. Pourtant, cette fois, j'ai envie de passer outre. Il n'attend qu'une simple réponse. "Oui" murmure mes lèvres, presque dans un souffle. Une prière presque. Qui veut dire trop de choses qu'il ne peut comprendre. Oui, fait moi oublier mes démons. Oui, fait moi redevenir celle que je ne suis plus, rend moi humaine. Fait moi oublier que c'est ton sang qui m'attire avant toute chose, comme toujours. Et surtout Oui, permet moi de croire encore en l'amour. Je suis jeune, mais j'ai déjà perdu l'envie. Je les fais tous changer pas vrai ? C'est à cause de moi que Thompson les intéresse. Je ne suis assez bien pour personne, pas assez jolie, pas assez sure de moi. Et me haïssant secrètement de toute mon âme.

" Fait moi m'oublier Dingaan. Et surtout, jure moi de ne jamais te tourner vers Thompson."

Il va mal le prendre. Il va crier. Mais j'ai peur, et mes paroles, aussi douces que de la soie sont une prière. Je ne veux pas qu'il m'aime pour toujours. Je veux qu'il me face croire en mon avenir. Qu'il me remette dans le droit chemin. Je suis une poupée brisée et je veux redevenir comme toutes filles. Aimer, ne plus pleurer surtout. Ne plus penser à cet amour qui me détruit.

J'ai toujours détesté attendre. Etre l'esclave d'une émotion, retenir mon souffle et prier, le sort entre les mains du monde. J'ai terriblement horreur de ça. C'est une horreur mais je ne peux pas y couper, je suis presque humain.

"Oui"

Un murmure. Un simple mot, trois lettres, qui sonne comme une partition parfaite. Elle s'improvise chef d'orchestre, au fond de mon cœur, mais je ne suis pas assez doux comme garçon pour le lui dire.Je suis trop sauvage, trop animal. Mais elle me rend dingue, elle me passe une laisse sans même le vouloir, elle me mène par le bout du nez et je suis volontiers. Je pourrais la suivre jusqu'au bout du monde. Elle me fait fondre.

" Fait moi m'oublier Dingaan. Et surtout, jure moi de ne jamais te tourner vers Thompson."

J'étouffe un éclat de rire, un rire jaune et dégoûté. Je me demande comment elle peut ne serait ce qu'envisager que je puisse me faire un mec. En plus Thompson c'est même pas un mec, c'est un animal de foire, pas plus digne qu'un ours de montreur moyenâgeux et vil. Il respire la cruauté à cent mètres, et nous les centaures, ne pouvons pas supporter la compagnie des gens dont le cœur est noir comme le sien. Nous ne sommes des créatures des ombres, nous sommes sages, chacun à notre manière, mais tous. Il ne faut pas jouer avec les forces maléfiques, car elles sont plus malignes et plus tenaces que nous. Selena, quoi qu'elle en pense, n'est pas quelqu'un de sombre. Elle est pure, en elle, dans son esprit. Elle est droite et franche, pas comme ce... Cet espèce de... De monstre ! Sans parler d'homosexualité... Je le sens pas ce mec.

"Jamais. Tu ne me connais pas. Je suis peut être un tueur mais je ne suis pas idiot, et ce garçon crois moi, il porte le mal au plus profond de sa chair et de ses os. Il est dangereux, tu ne dois pas l'approcher. C'est comme un poison, il ne faut pas se laisser ensorceler par ses manières, ni ses traits. Je sais ce qu'il est vraiment, je l'ai vu. Et je te jure sur mon âme de maudit que je ne toucherais jamais cette chose. Il n'est pas ce que tu crois, il est pire.

Lentement, une image se forme dans ma tête et se transmet en elle. Le prince Elis Diwel d'Exochikos, debout au milieu d'un champ de bataille, couvert de sang, un sourire de possédé sur les lèvres et la tête de l'étalon ailé de son ennemi. Debout sur un monticule de cadavres. Seul. Il ne se bat pas avec une armée. Il se bat avec sa haine et sa fureur sanglante. Au bat des morts, un cheval pantelait, des plaies béantes sur les flancs, et lui, il s'est accroupi, et il l'a regardé mourir, fasciné. Jamais je n'aurais cru que ce garçon était si horrible. Autour de lui, la végétation était détruite, lacérée. Et une aura sombre l'enserrait, une aura de mort pure, de folie. Ce type devrait être anéanti, sinon il nous emmènera avec lui. Ce jour là j'ai su ce que je devais fuir. Lui. J'avais 6 ans de moins que maintenant, lui avait 12 ans. J'étais son prisonnier de bataille.

"Jamais, Selena."

Je le regarde fixement. Je suis vraiment quelqu’un de faible. Mais il m’a bien trop fait souffrir. Il me haït pour Mathieu, pour pouvoir l’avoir à mes côtés quand je le veux. Il me haït pour être l’officielle d’Aèl peut-être, mais je le haïs encore plus pour avoir su obtenir le cœur de celui que j’aime encore. Je ne peux m’en débarasser, c’est comme une litanie qui revient à chaque moment, plus puissant, tapant dans mon cœur comme pour me reprocher d’avoir osé oublier quelques secondes. Il me hante. Me hante toujours et pourtant voilà bien longtemps qu’il est mort. Mais j’ai encore son nom sur les lèvres lorsque je couche avec quelqu’un. Des que je ferme les yeux, je revois encore son visage. Mais pas le monstre de cruauté que je sais qu’il est. Non. Mes souvenirs de lui, de ses mains, de sa peau, de sa chaleur. De ses bras autour de moi. Toujours à mes côtés. Vivant dans le mensonge…

"Jamais. Tu ne me connais pas. Je suis peut être un tueur mais je ne suis pas idiot, et ce garçon crois moi, il porte le mal au plus profond de sa chair et de ses os. Il est dangereux, tu ne dois pas l'approcher. C'est comme un poison, il ne faut pas se laisser ensorceler par ses manières, ni ses traits. Je sais ce qu'il est vraiment, je l'ai vu. Et je te jure sur mon âme de maudit que je ne toucherais jamais cette chose. Il n'est pas ce que tu crois, il est pire.


Interieurement, je soupire de soulagement. Je meurs de trouille que lui aussi il me lache pour cette petite enflure qui me pourit la vie. Qu’il face la même chose que le brun l’eu fait avant lui. Qu’il oublit les serments et les promesses pour… lui. Mais il le haït, sans doute plus que moi. J’en ai la preuve. L’image qu’il m’envoit me fait frissoner. Pas de froid, de terreur. Un enfant. Ce n’est qu’un enfant. Mais un enfant semblable en tout point aux jeunes vampires décrit dans les légendes. Un monstre.


"Jamais, Selena."

Je ne peux détacher mes prunelles chocolats de son vigase, de ses lèvres surtout, qui m’attirent comme une flamme l’eu fait d’un papillon. Je ne parviens à me dire que quelqu’un veut encore de moi. On me dit souvent que je suis jolie, mais je suis un objet de colection brisé, à réparer. Qui voudrait d’une personne incapable d’exprimer réellement de l’amour. Lui, puisqu’il ne connait pas ce qui fut. Il ne connait pas l’état de mon cœur, l’omniprésence d’Aèl en lui. Comme si on m’avait jeté un sort. Comme si je ne pouvais penser à rien d’autre. Chaque sensations. Chaque souvenir…

Je ne sais que répondre à sa promesse. Une seule envie. Oublier. Et laisser la nature prendre notre destin en marche. Laisser la nature faire ses choix. Je m’offre à toi, saches faire de moi ce qu’il te plaira Dingaan. Mais n’oublie pas de refermer la porte derrière toi. Car une ombre flotte sur ma personne. Une ombre dont les fils sont tendu par Satan.