Samedi 6 Octobre. Le temps est radieux aujourd'hui, enfin a été. Parce qu'il environ 21h. Oui, et je suis loin d'être couché. Je m'ennuie, et j'ai besoin d'un peu de piment. Alors j'ai donné rendez vous à mes amis complètement chtarbés du collège. Ben oui, je les ai encore les potes du collège Munch School. Une école d'art, ça ne peut faire que des cinglés de toute façon. J'ai donc repris le style gothique que j'avais à l'origine, soit l'oreille droite totalement percée, un collier de clous et chaines, un T-shirt estampé Slipknot, un pantalon néo punk à poches innombrables et mes bottes cloutées et renforcées de métal. Un trait de khôl, de l'eye-liner et je suis paré. J'ai toujours aimé l'effet que je fais ainsi affublé, sentir le malaise des gens à qui j'adresse la parole. Et puis tout en noir et argent, quoi d'autre que du roux flash pour se faire remarquer ? "C'est une teinture pour faire plus satanique ?", qu'ils demandent. Non. 100% naturel. Et alors là, ils se demandent si ils ne sont pas tombés sur un barge. Et si !! Ha, quelle pitié.
Je descends, mes parents sont encore dans le salon de télé. Mon père s'étouffe avec son café en me voyant passer, et ma mère pète un plomb.

-Tarek !!! Où tu vas ?! Tu as vu l'heure ??! Remonte immédiatement dans ta chambre tu entends ???!!
-Va te faire foutre. Je sors, et je rentre pas avant demain. Ok ? By-bye !

Non mais franchement elle croit quoi elle ? Qu'après m'avoir envoyé dans un hôpital de déments je vais lui jurer allégeance et dire amen à tout ses ordres ? Euh, ça va ouais ?! Tant pis, je verrai ça plus tard, les excuses...

-Hey ! Caleb... Dis on se retrouve a quelle heure ?
-J'sais pas. T'es où ?
-Où tu veux qu'j'sois ?!

Je raccroche violemment et déverrouille ma merveilleuse Z4. C'est dingue ça, ils sont même pas fichus de me dire à quelle heure ils veulent que j'les retrouve ! J'vous jure ces mecs là sont irrécupérables. ... Moui. Bon. Moi aussi je suis irrécupérable. J'appuie sur l'accélérateur avec hargne, arrachant un cri de frayeur à ce qui doit être Kathleen et file vers les bas fonds de ma ville. Au moins, ça promet d'être divertissant....

Je suis seul dans ma piole, à me faire chier comme pas possible. Pas le gout d’appeler une fille, n'y de faire quoi que ce soit. Je laissai mes pensées vagabonder, loin de moi, loin de l'instant présent. On est samedi, et je suis invité à quelques quinze fêtes différentes. Et aucune ne me branche. Aller m'enfermer dans un club privé avec des nanas, merci du peu, j'ai pas le goût de cracher vingt dollars pour rien du tout. Alors, je restais là, posé sur mon lit, et je m'ennuyais. La télé allumée devant moi passait des images que je ne voyais même pas. Ce soir, mon cher Mathieu, on risque de s'ennuyer...

L'i-phone posé sur mon bureau entonna les notes Back In Time de Pitbull et je me redressai, histoire de regarder qui était le con qui me faisait sonner. Steven. Lui, il promettait une véritable soirée.

-Yo man. T'viens s'soir ? On bouge vite au Menphys ? T'ramene ton boule ?
-Hep man, no problem.

Un sourire s’épanouit sur mes lèvres, et je me relevai promptement. Torse nu, les cheveux en bataille, mes prunelles brillaient d'un éclat brûlant. Je bondis sous la douche, l'eau chaude détendant tous mes membres, m’assommant à moitié. Lorsque je sortis enfin, la voix de mon père hurlait d'arrêter de passer trois ans sous la douche, que je n'étais pas une putain de femmelette. Connard.

Je pris rapidement un jean Levis et un sweat à capuche. Sachant avec qui je sortais, je savais très bien que je devais éviter les trucs qui craignaient trop. L'I-phone dans la poche, le paquet de clope et le briquet dans l'autre. Une cigarette au bec, une autre posée sur l'oreille, je descendis l'escalier, mon père poussa un profond soupire lorsqu'il me vit ainsi affublé, il savait très bien ce que j'allais faire. Ma mère quand à elle baissa la tête, elle savait qu'il n'y avait plus rien à faire. Mon dieu, mais putain, qu'elle me gueule dessus, qu'elle m’empêche de partir ! Mais non, bien sur, comme d'habitude, elle ne bougeait pas une oreille. Je leur jetai un regard noir, et partis. Si j'étais ce que j'étais maintenant, c'était leur faute. On ne calme pas un gamin en le tabassant d'un côté et en le gâtant au possible de l'autre. Bande de cons !

**********

-Hep Mathieu ? Ouais, c'est Caleb. On se retrouve où ?
-Steven a dit le Menphys, rendez vous là bas, j'arrive.

Et voilà, c'était partit. Bonne soirée...

Il est 22h quand j'arrive enfin au Menphys. Caleb, comme toujours, m'accueille à grands cris de mouette. Ce type est complètement débile. Mais il est trop génial. Et puis, c'est un gothique lui aussi, un vrai. Il est plutôt sympa à jeun, mais quand il a autre chose de des clopes entre les mains... Mouais, je vous laisse imaginer.
Toujours est-il qu'au moment où j'arrive, il est déjà passablement fait. Et son cousin, Bilal, n'est pas vraiment mieux. Quant à Steven, d'après les deux cinglés, il est à l'intérieur. Bon, ça promet... Le videur est bourré comme toujours. La musique est trop forte, habituel aussi. Masha et Colline, les filles du groupe, ont fait une provision de shit. Et se déhanche près du bar comme si leur vie en dépendait. J'adore ces filles. Complètement tarées et délurées, des artistes quoi. Masha me fonce dessus et m'entraîne vers elles, demandant un cocktail au barman. Bon ben c'est mal barré pour rester sobre... Même si j'avais pas l'intention de pas boire. Juste de rester au jus de fruit une petite demi heure.

-T'en as mis du temps à arriver Rek... Tu te fais désirer dis donc... P'tit con.

Un sourire amusé, un air indifférent, et je me garanti sa compagnie pour la soirée. Le DJ a opté pour une chanson plutôt calme, Vermillion du légendaire Slipknot. J'adore cette musique, il n'y a pas mieux pour se mettre dans l'ambiance. Ensuite, il y a de grande chance pour que Pitbull et David Guetta prennent la vedette alors je profite du début de soirée. Et oui, le Metal, ça n'a pas trop la côte vous voyez. Déjà, moi et mes amis faisons un peu tâche au milieu des jeunes mal famés et branchés. Ils ne nous accostent pas trop. Disons qu'on a pas vraiment l'air de bisounours du coup ils évitent de nous approcher de trop près sans y avoir été invités.
Aux alentours de 23h30, Colline, la "Frenchie" comme dit Bilal, est déjà totalement défoncée et se précipite sur la piste de danse. C'est à ce moment là que Steven et Caleb reviennent, et si j'avais su avec qui ils étaient allés et qu'ils allaient nous ramener, je les aurait accompagnés. Je vous jure, des fois... Enfin voilà, je me suis retrouvé en charmante compagnie... Nous, je ne suis pas du tout grinçant, où avez vous vu ça ?

La soirée a bien commencée. J'ai bien fais de venir, il m'aura fallu du temps jusqu'à ce que je me décide, mais maintenant, je suis lancé et rien ne me fera rebrousser chemin.

J'ai rejoins les gars avec légèrement de retard, mais à cette heure un samedi soir, il y a des bouchons dans Milwaukee, et même la bagnole la plus chère du monde doit subir le cauchemars des automobilistes. Ma chère Maserati n'a donc pas pu dépasser les 35 kilomètres heures, et j'ai manqué tué des dizaines de personnes tellement j'avais les nerfs. Non mais franchement, vous m'imaginez ? Au volant d'une voiture étincelante, la clope au bec, les Ray Ban sur les yeux, vitre grande ouverte bien sur. Les filles étaient à la limite de caler lorsqu'elles me voyaient. Les mecs m’appelaient en boucle, savoir si j'avais enfin pris ma décision quand à la soirée où j'irai ce soir. Mais mes amis, 22 heure, c'est trop tard, en principe à ce moment, j'ai déjà choisis où j'irai. Tant pis pour vous. En plus, je ne savais pas vraiment ce que Lydia faisait ce soir, je ne pouvais donc pas me dire, bon, bas, je vais rejoindre ma petite amie. Elle ne répondait pas au texto, tant pis pour elle. De toute façon, Kate, Nicky et elle devaient être à quatre grammes toutes les trois car aucunes ne répondaient. Tant pis pour elles, c'est elles qui ce privaient, moi, je m'en contre fichais, de toutes manière, j'avais bien d'autre fille qui m'attendait ce soir, comme ma chère "frenchie".

Bref, j'ai enfin réussis à arriver, au bout de 1 heure 30 de voiture, pour juste traverser la ville. Ça devient du grand n'importe quoi Milwaukee franchement ! Je suis à bout de nerf, j'ai déjà fumé la moitié de mon paquet tellement je suis vener. J'espère qu'il y aurait de la meuf, autrement je vais vraiment finir par tuer quelqu'un. Les mecs, à savoir Steven et Caleb m'attendent dehors, dans leur bagnoles respectives. Je vois leur soupir de contentement lorsqu'enfin ma voiture fait un magnifique dérapage sur le parking. Digne de l'arrivé du beau gosse dans les sériés américaines.

-Putain Mathew, on t'attendait plus ! C'est quoi c'bordel ! t'as branlé quoi ?
-Fuck Caleb. J'ai pas que ça à foutre, j'ai envie d'me faire d'la meuf là ! Y a du level ?

Il hocha la tête, et je le suivis. Tant mieux, cette soirée promettait du lourd. Bon, seul problème,la musique était nul à chier, mais j'étais sur que bientôt il allait nous en mettre de la potable. Mais bon, j'étais avec des métaleux il fallait que je m'y face, ils n'écoutaient que de la zick comme ça alors tant pis. Et puis sachant que j'allais finir dormir chez mes potes, il fallait que je m'y face. Leurs piercing, leurs look de dingues. Mais je les aime bien. Ils sont plutôt cool. Et puis, ils ont toujours un joli stock de shiit dans leurs poches.

Les deux dingues m'ont mené jusqu'au bar, où une bonne partie de leurs potes les attentent. Parmi eux, un rouquin avec une tête que j'ai déjà vu retient mon attention. Je n'aime pas vraiment la façon qu'il a de me regarder, j'ai l’impression de le connaitre. Au et puis merde, je connais tout le monde en même temps alors fuck !

La soirée bat son plein, mais voilà, ils viennent de ramener Mathieu. Hm, hm. Et en plus le DJ est dans sa passe Three Days Grace. Actuellement, après "Animal I have become", il nous envoie "Its never too late". Génial. LA chanson qu'il ne faut pas me mettre quand il est dans les parages. Enfin bon, le DJ il peut pas savoir bichette... Ce groupe est le meilleur du monde je crois. Toutes leurs paroles semblent être un écho de moi. C'est assez troublant. Aussi troublant que ces passages du nouveau Tim Burton que ma soeur s'acharne à regarder. Ces derniers temps je me retrouve partout. Et je me prends à espérer qu'un jour, cette haine que mon ancien meilleur ami me porte s'apaisera. En attendant, je crois qu'il ne m'a pas reconnu. Et il risque pas, étant donné que Caleb va nous présenter sous nos pseudos. C'est une de nos exigences.

-Bon alors Mathew, j'te présente tous nos potes du collège de la Munch School. Alors la nana brune avec des mèches rouges là, aux couettes, c'est Serene. Celui qui a une bonne tête d'abruti, c'est mon cousin, Carefree. Celle qui revient de la piste de danse, c'est Tease. Et enfin, le roux avec le regard de tueur en série on l'appelle Sharp...

Cal hésite, se penche vers le blond, se redresse, émet un son gêné. C'est Bilal, "Carefree" (L'Insouciant), qui glisse à son oreille, pensant que je ne l'entend pas, un message d'avertissement.

-Méfie toi de lui... Il ne porte pas son surnom pour rien, il est vraiment "tranchant"... Et cruel, vif, perçant, glacial... Évite de l'offenser s'il te plait... On ne veut plus voir sa colère.

Il se recule, commande une vodka orange au barman. Je lui fait passer de me prendre le cocktail qu'on nomme "Kiba", et reprend ma conversation à propos de l'exploitation forestière scandaleuse en Amazonie avec Masha. Masha, elle est toujours très calme, posée. Elle est d'origine russe, et ce n'était pas tout le temps facile au collège. Nous sommes tous gothiques - punks rave pour nous protéger de la violence. En fait c'est ça : nous avons le look le plus violent et brutal du monde, pour essayer d'être plus violents que la violence elle même. Pathétique pas vrai ? N'empêche, ça marche.
Le DJ lance "Time of Dying". Décidément c'est la soirée Three Days Grace... Aaah, ça fait du bien d'entendre de la vraie musique putain. C'est magique d'écouter leurs paroles. "Gone forever" suit, et je fini par chantonner gaiement, ravi d'entendre les tonalités rauques que ma voix en pleine mue a prises. Serene rigole à côté de moi, et dit à Steven que je suis plein de surprises. Il répond qu'après tout, j'étais le meilleur à l'école d'Arts. Dans toutes les matières. Soit Art plastique, Musique, Chant, Danse.
Et moi je plante mon regard assassin dans celui de Mathieu, sur les premières notes de "I hate everything about you". Je suis surpris qu'il ne me reconnaisse pas. Mon piercing à l'arcade est unique, gravé d'un provocant "Lick me'... Tout un programme... Et il l'a déjà vu, il m'a fait la remarque vis à vis de ça en seconde. "T'es répugnant Thompson, t'vas jusqu'aux piercings..." et Aèl avait ajouté derrière "Yeurk...". Je passe ma langue percée sur l'arrête de mes dents, effleurant au passage celui qui orne ma lèvre inférieure qu'il avait arraché. Je sais que mes yeux, ourlés de Khôl, sont insoutenables. Insoutenables. Comme une sonde de l'âme. Et je l'ai déjà regardé ainsi. Et je veux qu'il me reconnaisse. Je veux qu'il sache que s'il n'était pas aussi borné, on aurait pu être un duo infernal. Et surtout, j'attire Caleb à moi pour lui rouler le patin de sa vie, auquel il répond avec enthousiasme. Et oui Alaric ... Caleb... Il est loin d'être contre les relations entre mecs. Je sens qu'on va puvoir commencer à jouer.

Excusez moi... Je reviens bientôt...

Ouh... Avoir commencé à muer, c'est pas dommage... Ma voix est plus... Lourde, plus chaude aussi. Yum ! Le DJ lance le célèbre "Angel of darkness" de Cascada, je profite des tonalités féminines encore bien présente de ma voix pour attraper le micro sous le hurlements enthousiasmés de la dite DJ, nommée Haïlee. Cet endroit, c'est mon royaume. Et ça Alaric, aussi charmeur que tu sois, tu n'y peux rien. J’enchaîne sur "Because the night", version de Cascada donc, et Mathieu va bien devoir se rendre compte que tout les gens de ce club mal famé me connaissent. Et de me reconnaître, étant donné, qu'ils hurlent mon prénom. "Tarek" ! Et la puissance qu'inspire ce son enfle dans ma poitrine, et je me sens invincible. Here we go !!

-Bon alors Mathew, j'te présente tous nos potes du collège de la Munch School. Alors la nana brune avec des mèches rouges là, aux couettes, c'est Serene. Celui qui a une bonne tête d'abruti, c'est mon cousin, Carefree. Celle qui revient de la piste de danse, c'est Tease. Et enfin, le roux avec le regard de tueur en série on l'appelle Sharp...

D'accord, pour faire court, je ne comprends pas vraiment grand chose à ce qu'il me dit, mon attention toute entière est focalisée sur le rouquin. Lorsqu'il me dit son prénom, ou plutôt son surnom, mes prunelles se plissent. Je ne sais pas pourquoi.... Mais je le connais. Il me fait penser à de lointains souvenirs de moi-même, j'ai l’impression de le connaitre, et cette impression reste ancrée en moi. Mes splendides prunelles d'un bleu plus pur que le ciel se plissent, pendant que la tête de débile se penche vers moi et me murmure une recommandation que je sens que monsieur "tranchant" à entendu :

-Méfie toi de lui... Il ne porte pas son surnom pour rien, il est vraiment "tranchant"... Et cruel, vif, perçant, glacial... Évite de l'offenser s'il te plait... On ne veut plus voir sa colère.


Quelqu'un de dangereux donc. Tient tient. Les fous ne sont pas tous enfermé, et nous sommes dans les bas fonds de Milwaukee. C'est ici que vivent les dileurs, que les filles les plus open agissent, et qu'ont lieu les meilleures soirées. Après ses paroles, le brun file vers le bar, commander à boire. Je lui demande de me prendre un cocktail, n'importe lequel du moment qu'il y a un maximum d'alcool dedans. Il me fait un sourire avant d'aller le chercher. Je regarde les gens présent, la musique est trop forte, les filles trop chaudes. Mais le trop n'est pas quelque chose de mauvais. Bien au contraire, il faut vivre pleinement sa vie, lorsque l'on sera vieux, il sera trop tard pour profiter.

Les musiques qui passent sont brusques mais me rendent étrangement mélancolique, sans que je ne sache trop pourquoi. Assit au bar, j'écoute d'une oreille les paroles de mes potes, je n'ai pas trop la tête aux soirées ce soir. Oui, moi, Mathieu Alaric, je ne vais pas draguer sur la piste de danse. On aura tout vu. Le roux et une jolie blonde discutent de l'exploitation forestière en Amazonie. Ils devraient attendre qu'on rentre pour parler de sujet comme ça. Moi, je pourrais en parler, mais je pense que nos avis divergent légèrement. Pourtant, sans trop que je ne sache pourquoi, rouquin plante un regard assassin dans le mien, je ne sais pas trop ce qu'il me veut mais il fait flipper le nain de jardin. Mes yeux passent sur son visage, s'attardant sur ses piercings. Il a les mêmes que Thompson, mais je doute que se soit lui. Le petit gosse à maman est un hippie, pas un métaleux. Un baba cool comme les trois quarts des bacs littéraires. Son regard est plus froid que la mort, dangereux, félins. Je sais que je devrai avoir peur, que je devrai me méfier de ce minimoy. Qu'il sait des choses, qu'il me connait. Et qu'il connait mes idées vis à vis des homos masculins. Car il embrasse à pleine bouche Caleb. Putain mais j'y crois pas ! Oh et puis merde, quand vient la nuit, on oublie qui je suis et on fait pas chier. Je regard le roux, un immense sourire planté sur les lèvres et ne dis pas un mot vis à vis de ça, mon dégout ne s'affiche même pas sur mon visage. Qui que tu sois, tu ne me connais pas en soirée. Du moins, en soirée ici, avec mes autres amis. Je ne suis pas le Mathieu du lycée, le gros connard qui ne sait rien faire excepter casser la gueule des losers et draguer des filles. Non, ici, je me lâche. J'oublie qui je suis, ok, je n'irai pas jusqu'à embrasser ou coucher avec un mec, mais je ne dis rien, on oublie la politique, on oublie le fils de riche. D'ailleurs, ici, personne ne m'appelle Alaric. Tous savent que je suis son fils, mais ici, je suis Mathew. Le chéri de ses dames, point. Alors mon cher rouquin, tu pourrais devenir un pote de soirée, je m'en fous que tu préfère les mecs !

-Chéri, tu m'offres un verre ?

Je regarde la bombe qui m'a accostée, une blonde comme on n'en fait plus. Chaude comme la braise et prête à tout, comme toutes les filles ici. D'ailleurs on le voit à sa tenue. Des bas de résilles, une jupe cassie inexistante et un bandeau troué sa et là d'une main de maître, laissant peut de place à l'imagination. Ses cheveux sont méchés de rouge et rose, et des tatouages se battent pour un morceau de peau libre. Un piercing à l'arcade, un au milieu de la lèvre, un autre au nez et un pour l’œil de biche. Ses deux oreilles entièrement percées et ses yeux bleus marines maquillés au possible. Jolie fille.

-Si tu veux poulette, pas de problème

Et nous voilà en pleine discutions autour de nos verres. Colline me jette un regard noir, appuyé par son maquillage de gothique. Elle a la mort que je ne l'ai pas choisi, ce soir, elle ne brillera pas à mon bras.

Excusez moi... Je reviens bientôt...

Oui, c'est ça, dégage, on s'en fout. Perdu dans la contemplation des seins de ma nouvelle partenaire, je lui parle de moi, elle me parle de sa vie, nous rions ensemble. Elle est plutôt cool, et je ne pensais pas qu'elle pouvait avoir un cerveau. Au final, nous discutons depuis un petit moment quand j'entends le prénom de Thompson hurlé par la foule en délire. Les sourcils froncés, je regarde le chanteur et manque m’étrangler dans mon cocktail. Le rouquin au regard de tueur, Tarek Thompson !? C’est pas possible, pas croyable, pas normal ! Non ! Putain non ! Lui… Et mes amis de soirée… Maintenant, je sais où il était pendant qu’il avait disparu. Je sais ce qu’il a fait, je sais où il était passé. Je sais où l’enfant que j’adorai littéralement, à la limite de l’adoration divine était pendant que je le cherchais, que je me cassai la tête, que je pleurai toutes les larmes de mon corps, que je perdais mon temps à sa recherche.

Mon visage vert de rage, je plissai le nez, serrant les poings. Le petit rouquin allait comprendre qui j’étais ! On ne fait pas de mal à Mathieu Alaric sans en subir les conséquences. Je me redressai, abandonnant la fille à qui j’avais offert un verre et sortis dehors. Mon estomac faisait des bonds sur lui-même, et je vomis tripe et boyau. Je n’avais pas assez but pour que ce soit le contre coup de l’alcool, je devais me rendre à l’évidence. Mon ancien meilleur ami comptait toujours à mes yeux, d’ailleurs je n’avais jamais oublié notre enfance…


Je détestai ça ! Quand les souvenirs prennent le dessus sur le présent. Et surtout pour me rappeler ça. Je m’en contre fichais de cette chainette d’argent. Et pourtant… Un simple regard à mon poignet suffit à me rappeler que je n’avais rien oublié. Poussant un profond soupir, je m’appuyai contre le mur, laissant le froid mordant de l’extérieur glacer mon corps et mon cerveau. Je ne voulais plus penser à ça, et pourtant, chaque pas que je faisais me menait au même endroit que lui, chaque musique que j’entendais me rappelait notre amitié brisée. Je ne voulais pas de ses souvenirs, je ne voulais pas de se qu’il était devenu…

Les portes de la boite de nuit s’ouvrirent, déversant un flot de chaleur et de musique assourdissante sur la rue qui était loin d’être calme. Un gothique avec sa petite amie du soir, qui me regardait avec dédain. Je lui fis mon plus beau sourire hypocrite, attendant qu’il parte. Un nouveau regard pour la flaque de vomit, et je grommelai. Espèce de petite merde de Thompson ! Les coups ne te font rien, et même les blessures mentales sont inefficaces face à toi. Qu’est ce que je pouvais bien faire pour qu’il me laisse en paix ?! Rien, me souffla une petite voix mentale. Oui, je le savais. En fait, je crois que j’avais toujours su qui il était. Que l’enfant qui m’avait permit d’échapper aux griffes de mes parents, m’avait permit de me reconstruire malgré les coups de mon père, que ce petit roux qui me manquait terriblement était la même personne que ce gay que je traumatisais. Enfaite, je crois que je voulais qu’il redevienne un membre de ma bande. Et que cette maladie homo lui passe…

La fête bat son plein, les jeunes hurlent comme des malades et malades et moi je prends mon pied. Je termine avec un sourire jusqu'aux oreilles le célèbre "We will rock you" de Queen, puis je me rapproche d'Haïlee et la préviens que je retourne au bar. Étant en train de muer, mes cordes vocales commencent à me faire souffrir. Moduler la tonalité est très fatiguant pour elles. Elle aquiesce en riant et me souhaite une bonne fin soirée, demandant au passage si je veux quelque chose de spécial pour la musique.

-Oui. Tu me passe la bande son de Stallion of Cimmaron et "I do it for you" de ce cher Bryan Adams. En premier. Et tu me pousse le son au max s'il te plaît.

-Tout pour vous plaire mon cher Sharp ! dit-elle en riant de plus belle.

Je lui fais un micro sourire, puis retourne au comptoir près de Masha et Colline qui ne tiens plus vraiment debout. Seulement, le sieur Alaric a disparu. Je demande donc aux filles si elle *s l'ont vu; mais non. Bizarre. Une fille esseulée frappe le comptoir en rythme, un ongle après l'autre. Je sens qu'elle s'est fait plantée là. Je me glisse sur le tabouret à ses côtés comme une ombre, la faisant sursauter au moment où elle m'entend derrière elle. Je lui demande pourquoi elle à l'air si désespérée, alors que la soirée décolle de plus en plus. Elle ne peut retenir un gros soupir et me répond avec beaucoup de peine dans la voix qu'un grand blond "beau comme un dieu" l'a laissée là, quittant la boite précipitamment. D'après moi, ça ne peut être que Mathieu.
Je sors donc de la boite, les mains dans les poches, et m'allume une clope avec lenteur. Si Caleb ou Masha étaient avec moi, ils me diraient sans doute "Eh beh... La nonchalance incarnée, comme toujours. Fidèle à toi même Sharp !". Et oui. La nonchalance incarnée. Et en soirée, la voix normale parce que je me sens bien. Plus rauque, avec les accents dus à la cigarette, et un tantinet trainante. Je repère Alaric rapidement, et lui lance un regard torve, proche de celui qu'un lion qui s'ennuie pose sur le spectateur de zoo émerveillé. L'air de dire, "Tiens, encore un... Décidément les idiots poussent de partout...", avant de se rendormir pour la vingtième fois de sa journée d'animal de zoo. Je souffle ma fumée très lentement, et écoute avec délectation ma voix désormais âpre résonner dans l'air glacial.

-Eh bien... On dirait que ça ne va pas. Je t'aurais pas vu trainer avec des gens tels que Caleb... Arabe, gothique et bisexuel, on dirait que tes critères de sélection pour les amis de soirée est loin d'être aussi stricte que ceux du lycée. Il parait évident que ceux là, tu les choisis pour paraitre un mec bien comme il faut... C'est un peu décevant. Si nous n'étions dans le même lycée, que j'étais allé au bahut d'art avec les autres, nous aurions redevenir ceux que nous étions. Dans l'ombre des clubs mal famés...

Je laisse mes paroles faire écho, dans le vent sibérien et sifflant de ce soir d'octobre. Pour un peu il neigerait. La neige... Elle me réchauffe le coeur, moi. Je sais c'est bizarre, ça devrai être l'inverse. Mais non. Sans doute du aux souvenirs, et aux rires joyeux des enfants qui font écho à ceux des enfants passés et qui seront les mêmes dans dix ans. Que j'aimerais revivre du haut de mes dix huit ans... Que j'aimerais tant revivre.

Je crois que j’étais malade. Voilà pourquoi je n’avais pas envie de sortir ce soir. Enfaite tout s’explique, j’étais malade comme un chien. C’est pour ça que j’avais vomi, pour ça que je me sentais si mal. Et pour rien d’autre. Mais oui. Bien sur. Je savais que je me voilais la face mais il est plus facile, beaucoup plus facile, de vivre derrière un masque. Je ne voulais pas qui quiconque sache qui avait été Thompson dans notre enfance. Non… personne.
Je sors une clope et me mets à fumer. Comme toujours lorsque je sens que je perds le contrôle. Avant qu’il ne vienne, c’était beaucoup plus simple. Le monde tournait rond, j’étais le quaterback, craint et respecter de tous. Et maintenant, je n’étais rien de plus que le quaterback, mais maintenant, tous ne me respectaient plus comme avant. Et j’avais beau jouer des poings, je n’étais plus aussi respecté qu’avant. Enfin si, mais maintenant, à cause de Thompson, je ne me sentais plus comme cela…

-Eh bien... On dirait que ça ne va pas. Je t'aurais pas vu trainer avec des gens tels que Caleb... Arabe, gothique et bisexuel, on dirait que tes critères de sélection pour les amis de soirée est loin d'être aussi stricte que ceux du lycée. Il parait évident que ceux là, tu les choisis pour paraitre un mec bien comme il faut... C'est un peu décevant. Si nous n'étions dans le même lycée, que j'étais allé au bahut d'art avec les autres, nous aurions redevenir ceux que nous étions. Dans l'ombre des clubs mal famés...

Une voix acide, rauque, doucereuse. Je plantai mes yeux si le rouquin, mes prunelles noires et dangereuses.

-Ferme ta gueule enflure ! Tu sais rien de moi alors ferme ta gueule ! Tu crois vraiment que j’aurais pu être ami avec toi ? Caleb c’est différent, je le connais depuis plus longtemps que n’importe qui !

Si j’avais pensé... Si seulement un seul jour j’aurais pu savoir. Si seulement il n’était jamais venu jusqu’ici et qu’il était resté dans son lycée d’art, avec les autres. Aujourd’hui nous ne nous haïrions pas. Mais tant pis pour lui ! Maintenant, je ne suis plus à ça près. Je vais rentrer chez moi, je vais dormir et ne plus penser à rien. J’avais besoin d’oublier, et je savais très bien ce qu’il fallait que je face. Le petit sachet de poudre blanche dans ma poche pouvait me permettre de faire cela. Je commençai à partir, mon épaule entrant en collision avec la sienne.

-Dégage de mon chemin !

-Ferme ta gueule enflure ! Tu sais rien de moi alors ferme ta gueule ! Tu crois vraiment que j’aurais pu être ami avec toi ? Caleb c’est différent, je le connais depuis plus longtemps que n’importe qui !

On dirait que je frappe là où ça fait mal... Pauvre Mathieu, il ne pourra jamais comprendre à quel point il ne peut pas se défaire du lien qui nous unissait. Même s'il me fait -non, ses poings me font- une peur bleue, je ne renoncerais pas. Je ne peux pas. Même si je voulais, je n'y arriverai pas. La preuve, Matt qui est tellement gentil, Matt... On ne peut pas rêver mieux comme amant. Et bien pourtant, je rêve de Mathieu Alaric. Un garçon qui me fait plus de mal que quiconque. Mais le seul garçon dont la place n'ait jamais été révoquée dans mon coeur. Jamais. Il m'a fait souffrir, oh oui, vraiment. J'ai passé des centaines de nuits blanches à penser à lui, à imaginer une autre alternative. Mais rien ne sera jamais comme dans mes rêves. La vie n'est pas un rêve.

-Dégage de mon chemin !

J'ai l'impression d'être le Titanic. Il a du avoir la même impression en heurtant son iceberg. Pourtant je ne recule pas, je ne me dégage pas. Je sais que si je dis encore quelque chose, il va craquer et passer à la phase "massacre". Que e vais encore passer des heures à cicatriser, ma mère voletant autour de moi comme un piaf, scandalisée. Et moi avec un sourire niais, béat. Parce que je n'arrive pas à le voir autrement que l'homme que j'aime.

-Je n'ai pas l'intention de te céder le passage Alaric. Tu connais Caleb depuis plus longtemps que n'importe qui tu dis ? Ah bon... Pourtant il me semble qu'il est arrivé à la fin de la sixième, directement à Munch. Et il ne parlait pas un mot d'anglais, d'ailleurs... Tu ne connaissait personne avant le collège, Mathieu ? Même pas Papa et Maman ? Maman qui porte la Grande Vérité ? Hein ?

Je sens que ça va faire mal...

-Je n'ai pas l'intention de te céder le passage Alaric. Tu connais Caleb depuis plus longtemps que n'importe qui tu dis ? Ah bon... Pourtant il me semble qu'il est arrivé à la fin de la sixième, directement à Munch. Et il ne parlait pas un mot d'anglais, d'ailleurs... Tu ne connaissait personne avant le collège, Mathieu ? Même pas Papa et Maman ? Maman qui porte la Grande Vérité ? Hein ?

Que que quoi ! Non mais il se fout de ma gueule là ! Il rêve, il croit en dieu lui ! En quoi il se permettait de parler de ma mère ! Il ne sait rien, rien du tout ! Il ne peux rien savoir, et il n'a jamais rien sut. Il me reproche de l'avoir oublier ? Mais ne serai-ce pas plutôt lui qui m'a oublié ? Lui qui ne m'a jamais donné aucunes nouvelles, rien, rien que du vide et de la haine ! Je le haïssais pour ça, et pour rien d'autre. S'il n'était pas arrivé comme ça en Seconde, s'il était resté dans son lycée, alors, peut-être, oui, nous aurions put être amis. Mais il avait joué les mauvaises cartes, il avait joué avec le mauvais cheval. Et maintenant, même après toutes ses années, il en avait toujours après moi. Il me voulait toujours avec lui, toujours, encore, pour l'éternité... Et moi, je voulais juste qu'il me laisse en paix. Pendant un temps, je dois l'avouer, c'était moi qui allait le chercher. Mais plus maintenant. J'étais prêt à le laisser en paix. Et lui, il continuait à vouloir que je... que je l'aime. Mais jamais je ne le pourrais ! Il n'était rien pour moi ! Rien du tout ! Il ne pouvait enfin et pour toujours me laisser en paix ? De plus, je commençai à prendre de l'âge. Ma vie n'était plus aussi rose qu'avant. Être un Fondateur, lorsque l'on est l'unique hérité, c'est bien durant l'enfance. Mais plus vieux, il faut se marier, fonder une nouvelle famille, créer un patrimoine qui reviendra à la famille et aux hérités. Et je voulais encore être un jeune adulte bien plus longtemps. Pouvoir vivre dans la tranquillité, dans l'amour des femmes, dans des soirées plus prometteuses les unes que les autres. Et le comble de ma vie de merde, c'était que je ne pouvais pas prendre pour femme celle que j'aimais. Lydia était fille de Fondateur elle aussi, notre nom devait être sauvegardé à tout les deux.... Alors que cet hobbit de malheur de me cherche pas, il pourrait réellement me trouver !

-Je te préviens Thompson ! Dégage de mon chemin ou tu vas comprendre le sens du mot douleur. Et là, même tes "dons" de guérison ne pourront rien y faire ! Tu es un homme mort rouquin ! Je ne veux plus jamais te voir devant moi ! Tu oses parler de ma mère ! Elle ne porte peut-être pas la Vérité, mais moi au moins elle ne m'a jamais jeter dans un asile pour dégénéré dans ton genre !

Je ne souriais absolument pas, les muscles de ma mâchoire étaient fortement contracté, la haine faisait briller mes yeux de mils feux. J'allais réellement le tuer, et cette fois ci, il ne pourrait rien. Il allait finir entre quatre planches, et je serais enfin libre, libre pour la vie entière. Oui, la mort est une liberté, la mort de certaine personne apporte le bonheur. Personne ne le pleurerait, quelques imbéciles de L bien sur, mais c'était tout. Absolument tout.

-Je te préviens Thompson ! Dégage de mon chemin ou tu vas comprendre le sens du mot douleur. Et là, même tes "dons" de guérison ne pourront rien y faire ! Tu es un homme mort rouquin ! Je ne veux plus jamais te voir devant moi ! Tu oses parler de ma mère ! Elle ne porte peut-être pas la Vérité, mais moi au moins elle ne m'a jamais jeter dans un asile pour dégénéré dans ton genre !

Le sourire satisfait que j'arbore disparaît instantanément. Ah. Oui. Jouer les cartes de ce genre, j'aurais dû me méfier. Ne persiste que le silence. Le vent froid qui gèle tout sur son passage, jusqu'aux cœurs des idiots qui sont dehors. Je lève le nez vers le ciel, l'air secoue les branches des arbres qui bordent les rues. Je resserre ma veste sur mes épaules, et j'essaie de visionner la buée qui s'échappe de mes lèvres par ce froid polaire. Octobre est toujours comme ça ici, doux le jour et impitoyable la nuit. Un drôle d'endroit. Mon sourire ne reviens pas, mais je sais que j'ai une expression calme. Plus le temps coule, plus je suis en paix avec moi même. J'ai appris à me mettre ça dans le crâne : c'est derrière moi. Mayson ne va pas surgir au détour d'une rue pour me violenter comme quand j'étais un môme sous sa tutelle. Et quand bien même, il n'a aucune chance contre moi. Je connais mes pouvoirs maintenant.

-Je n'ai jamais compris ce que tu me reprochais vraiment. Ni comment on en était arrivés là. Mais on a fait une erreur quelque part, ça n'a jamais été aussi clair...

Il va encore se ficher de moi. Mais au fond je m'en fiche. Même s'il m'insulte, même s'il me blesse et m'enfonce de plus en plus dans mon aveuglement, il est là. Je ne suis vraiment bien que quand il est près de moi. Apaisé. Mon cœur cesse de battre à toute allure, et je peux enfin respirer. Je sais que c'est mal, bizarre, et dérangeant. Mais voilà, je l'aime plus que tout. Et même si c'est comme punching-ball N°1, je sais que je compte pour lui. Je sais que si un jour je disparaît violemment, il sera d'abord content, et puis ensuite il sera perdu. Nous avons besoin l'un de l'autre, mais lui, il ne l'avouera jamais.

-Des fois je me dis que je devrai m'en aller. Non ? Tout serait tellement bien si je m'en allais...

-Je n'ai jamais compris ce que tu me reprochais vraiment. Ni comment on en était arrivés là. Mais on a fait une erreur quelque part, ça n'a jamais été aussi clair...

Que que.... quoi ? Comment il peut savoir cela, comment il peut juste connaitre ses paroles. Trought the tree me revient en tête, comme un hymne immémorial. Je ne suis pas en paix, j'ai chanté cette chanson il y a bien longtemps. "And now I'm set Free...". D'où m'était sortie ses paroles ? Comment avais-je pu chanter cela ? Oui, je pensais à Tarek, oui je pensais à notre amitié brisée. A notre vie passé. Je voulais tout oublié, et lui, il me sortait ça maintenant ! Je ne pensais plus ça. J'avais écris ses paroles gamins ! Qu'il me laisse en paix !

-Des fois je me dis que je devrai m'en aller. Non ? Tout serait tellement bien si je m'en allais...

Oui, par. Par et je ne ferai rien. Et meurt au passage, je m'en contre fous. Tu peux crever, je n'éprouve rien d'autre que de l’antipathie à ton égard. Dégage, dégage à jamais. Tu ne me ferai pas changer d'idée. Je ne veux plus jamais avoir affaire à toi. Je ne veux plus entendre parler de toi. Qu'est ce que je dois faire non de dieu !? Je le frappe, il revient à la charge. Je l'ignore, il fait de même. A chaque pas que je fais, je le trouve sur ma route, je le trouve sur mon chemin. Et je ne peux rien y faire. C'est comme s'il voulait tellement que le passé devienne le présent. Que rien ne se soit passé, que nous soyons tous deux jeunes et tellement innocent. Que je craigne encore mon père comme durant ces sombres journées...

Je laisse mes prunelles virées dans le vent qui s'est levé. Comme toutes les nuits, il fait froid. Tellement froid. J'ai l’impression que mon coeur et mon âme inspire le temps et le ciel. Et pourtant, le souffle mordant du vent est pour moi une véritable caresse. Depuis toujours, alors que tous craignent les hurlements d'Eole, moi, ils m’apprissent. Je ne suis pas normal. Je ne suis pas quelqu'un de gentil. Je hausse les épaules, et un petit reniflement dédaigneux m'échappe. Je plante une dernière fois mes prunelles venteuses sur le rouquin devant moi et tourne les talons. Oui, cette fois, je disais adieu à mon passé. Je disais adieu à tout ce que j'avais connu, Tarek en premier lieu et n'éprouvait plus rien pour toutes mon enfance. Maintenant, c'était trop tard...

J'ai joué ma dernière carte. Je me rend compte que depuis tout ce temps, lui comme moi , nous jouons en vain. Il fait tout pour m'éloigner et moi tout pour qu'il m'accepte, mais on s'épuise pour rien. Il n'y aura jamais de retour en arrière. Il sait parfaitement que je suis le seul qui sera toujours là pour lui, qui ne changera jamais d'opinion, et pourtant jamais il ne viendra vers moi. Nous campons sur nos positions.
Il n'a que mépris pour moi. Je suis tout ce qu'il ne veut pas être. J'écoute son pas s'éloigner, choqué. Je ne pensais pas qu'il serait si indifférent à ce que je viens de lui dire. On dirait bien que je n'ai plus rien à perdre. Je baisse la tête comme un gamin déçu, réellement blessé cette fois. Mon frère jumeau m'a laissé tomber, et Mathieu me hait. Franchement, il ne me reste rien de ce qui comptait à mes yeux. Le temps a tout ravagé sur son passage. La vague à tout emporté. Alors vraiment, je n'ai plus le courage de faire semblant d'être un garçon aimant et bien dans sa peau. Je prend la fuite en entendant les voix de mes amis. Ils me voient fuir comme un voleur, et Caleb se met à hurler comme un possédé. J'entend le bruit caractéristique de la moto de Masha et coupe par le parc. Hors de question qu'on me rattrape.
J'arrive aux Hespérides en larme et bondit dans ma BMW en ignorant les cris de ma mère qui me guettait. Je manque d'écraser le chien, ce qui ne serait pas une grande perte. Mais la dernière fois que j'ai tué un chien, on m'a envoyé chez les fous alors... Je sais parfaitement où je vais. Je ne sais pas nager, et le corps humain supporte très très mal le froid. Alors quoi de mieux que le lac Michigan en plein mois d'Octobre ? Le froid m'endormira, l'eau et la profondeur finiront le travail. Le portail automatique s'ouvre juste à temps, et je chope mon portable en lâchant le volant au passage. Je suis un véritable danger public, je crois... Il faut que j'appelle Lydia. Au fond, je crois que j'espère qu'elle saura me retenir. Mais le téléphone sonne dans le vide, et je tombe sur son répondeur. Dernière chance.

-Lydia... C'est Tarek. Je voulais... Je ne sais pas en fait. J'espérais que tu répondrait, je crois que je n'ai pas vraiment de faire ce dont j'ai l'intention. Mais si même toi tu ne réponds pas, je n'ai vraiment plus rien à quoi me raccrocher... Autant partir. Bye.

Je me demande ce que ça fait, de mourir. La musique est trop forte dans la voiture, et je roule beaucoup trop vite. Malgré les apparences, le lac n'est tout de même pas juste à côté de la ville. Pourtant, je ne met pas plus d'environ un quart d'heure à y arriver. Le sol est verglacé, et j'aurais dû m'en douter. Mais ça n'a pas été le cas. La BMW s'envole dans les barrières et s'arrête contre la paroi rocheuse Nord. Mais je dois vous avouer que malgré le sang qui se met à couler sur mon visage et mes bras, je ne sens même pas le choc. Trop tard pour ça. Je ne sais pas comment j'ai fait pour sortir de la voiture. Mais je me souviens très bien du froid mordant, terrible au bord de l'eau. J'ai la tête qui tourne, et je suis sur un pic rocheux. Assis les pieds dans le vide, la peur bien présente. Mais pas l'hésitation. Télys est en route, il essaie de me résonner. Mais, navré, même pour lui, je ne peux pas reculer. Surtout pas pour lui. Tout est de sa faute ! Un familier n'a pas à faire ça ! Quel leurre... Un accident. Mais aujourd'hui, tout se mélange. Je vois défiler mes souvenirs d'enfance, de collège, mon arrivée à Saint Roddington. Mathieu se fiche de ma disparition. Parfait. Quand il se réveillera demain, quand il arrivera au lycée lundi, je ne serais plus là. Il aura enfin ce qu'il voulait tant. Je serais parti. Je me redresse sur le bord de mon promontoire, et je sens le vide sous moi. Alors, j'ai un sursaut et j'hésite. Vraiment. Mais le bruit d'un moteur me ramène à mon idée, et je laisse mes pieds glisser. L'air froid me prend aux tripes, et je me dit brusquement que je n'aurais jamais dû faire ça. Le choc de l'eau me coupe la respiration, le froid me terrifie, la sensation d'oppression atrocement douloureuse. Et je sombre sous la sensation enivrante de milliers d'aiguilles glacées. Thanatos est bel et bien la chose la plus séduisante de cette vie...

Je suis partis. Finalement, cette soirée aura lieu sans moi. Je suis exténué, je n'ai qu'une envie, c'est de ne plus voir personne et d'aller dormir. Dormir pour l'éternité, ne plus avoir aucuns contacts avec personnes. Ne plus être ici, et partir loin de ce quotidien dans lequel je m'enferme. Je crois que je devrais quitter Milwaukee enfaite. Ne plus voir cette ville ou trop de souvenir sont encrés dans chaque murs, dans chaque parcs. Trop de choses me rappellent le passer. Je roule trop vite. Bien trop vite dans les rues pourtant vide de ma ville. Je ne mets que très peut de temps à arriver jusqu'à chez moi, et le portail automatique s'ouvre juste à temps pour que je ne me le prenne pas en pleine poire. J’éteins la voiture en coup de vent et monte dans ma chambre plus rapidement que jamais. Je vois ma mère sortir de sa chambre et posées ses prunelles inquiètes sur moi. Elle baisse le visage pendant que je la regarde durement et retourne dans sa chambre. Je claque la porte de ma demeure et quitte rapidement mon tee shirt. Plongeant sur mon lit, les prunelles embuées, j'attends de m'endormir, je ne veux plus rien éprouver.

-MATHIEU ! Vient ici tout de suite !

Et merde.... Pourquoi faut-il toujours qu'il soit là quand je le veux le moins ? Le but dans la vie de ce mec est vraiment de me faire chier jusqu'au bout. Si seulement il partait, partait pour longtemps loin de nous. Qu'il me laisse en paix... Je serai prêt à tout pour que plus jamais il ne porte les yeux sur moi. Mais nos rêves ne se réalisent jamais, bien au contraire. Ce que l'on craint le plus arrive souvent, à l'inverse des espoirs. Je me mors fortement les lèvres et gueule :

-Va te faire foutre ok ! J'ai pas envie de venir !

Je crois que j'ai fais une connerie. Une très grosse connerie. J'entends les pas énervés du général gravir les escaliers et je déglutis. Ouppsss. Aih. Je suis dans la merde. Juste au moment où mon portable sonne. Lydia. Merci ! Je jette un regard noir à mon père et décroche. La voix affolée de ma petite amie au bous du fil me fait froncer les sourcils. Qu'est ce qu'il se passe ? Elle parle à une vitesse telle qu'elle est difficilement compréhensible, je la vois très bien, le visage plein de larmes. Il est possible, qu'elle, elle pleure ? Wahou... Je l'a pensais pas capable de cela. Au bous de plusieurs secondes, je comprends tant bien que mal que Thompson l'a appelé, qu'il va mourir, j'ai droit à de nombreuses excuses sur le fait qu'ils étaient devenus très amis avant le lycée, qu'elle ne savait absolument pas qu'il était gay, que je devais aller le chercher. Rêve ! Mais elle me supplie tellement que je suis obligé de craqué. Lorsque je lui demande où est le hobbit, elle se tait quelques secondes, avant de me répondre d'une voix terrifier qu'il est vers le lac Michigan. Dans le lac plus précisément. Quoi ! je raccroche rapidement et bondis en bas de l'escalier. J'ai beau dire ce que veut, je ne peux me résoudre à ce qu'il meurt. Il y a trop de souvenirs, il ne peut faire ça aux autres ! Putain ! Les clés de la Mazerati sont dans la poche de mon jean, je n'ai pas le temps de prendre une veste. Il fait froid, mais la terreur me fait oublier la morsure du froid. J'ai été tellement seul durant mon enfance, je ne peux oublier si je ne crains plus mon père maintenant, c'est grâce à lui. Aèl, plus tard, bien sur, mais Tarek a toujours été là. Il a tout fait pour que je puisse devenir un adulte, que je ne m’enferme pas dans la douleur et la peur.

Tu es mon meilleur ami, Mathieu ! Et rien ne nous séparera jamais ! D'accord ?

Les paroles de Tarek, les rires qui avait suivis. Je démarre le moteur, et je vois le visage blanc de ma mère à la fenêtre de sa chambre, derrière le rideau. Derrière, comme elle l'a toujours été. Je vois la larme qui coule sur son visage et les larmes coulent à leur tour sur mon visage. Je les essuie d'un geste rageur. Le bruit que la voiture fait lorsqu'elle démarre est assourdissant. J’écrase l’accélérateur, je ne sais combien de temps il me reste avant qu'il ne parte. Les roues de la Maserati dévorent les kilomètres, le lac ne m'a jamais semblé aussi loin. Jamais. L'aiguille du compteur dépasse maintenant les 320 kilomètres heures, et elle grimpe encore. Les souvenirs défilent, les larmes floutent ma vision.

Je vois juste à tant la voiture de Tarek et pile. Mais la route est verglacée, et je pars en queue de poisson. Heureusement que je suis bon conducteur, mais ma voiture s'explose sur la falaise. Je sens le gout acre du sang dans ma gorge et mon visage explose contre la vitre. La ceinture me coupe la respiration, mais je ne dois surtout pas tourner de l'oeil. Je sors de la voiture et vois une masse de cheveux bouclées tomber dans l'eau. Un cri muet sort de ma gorge et sans réfléchir une seule seconde, je plonge.

En ce mois d'octobre, le froid est mordant. Le lac est glacial mais je m'oblige a ouvrir les yeux. Je fouille les tréfonds, étant obliger de remonter reprendre ma respiration. Où peut-il être. Les secondes me paraissent des heures, je joue contre le temps et je ne dois pas perdre. Je ne me le pardonnerai jamais. Enfin, mes prunelles se fixent sur lui et je le remonte à la surface. Je le tire tant bien que mal jusqu'au rivage, avant de prendre ma vie en main pour la première fois. Je me souviens des cours que l'on me donnait lorsque j'ai eu mon délire sur "je dois devenir pompier, sa plait aux filles". Mes lèvres se posèrent sur les siennes, que personne ne se face de film, il fallait que je le réveille, il avait passé trop de temps sans oxygène. Lorsque il se mit à tousser, je lui lançai un dernier regard, avant que mon sang ne me rappelle à l'ordre. Mes mains en étaient couvertes, mon front était de même et mon coude formait un ange bizarre avec mon le reste de mon bras. L'adrénaline a disparu et mon corps me fait comprendre que trop, c'est trop. Résultat, je m’évanouis comme une merde et m'explose la tête en tombant. Bon réveil en perspective.

Je me suis toujours demandé ce qui se passait quand on mourrait. Si on voyait vraiment défiler sa vie. Aujourd'hui j'ai la réponse. Oui. On la voit, notre vie, quand la mort commence à nous étrangler. Je vois Mathieu, enfant. Je vois un sapin de Noël décoré de blanc et or, le notre. Gigantesque, dans la salle de bal. Je vois ma première chute de cheval. Mon familier, avec ses yeux bleus et son petit mufle noir. Mes frères et sœurs. J'entends résonner la voix terrifiante et obsédante de Mayson. Mes propres cris. Et puis celle de Lula. Ensuite je perçois les hurlements de Mehdi, mes supplications, puis le bruit d'une porte qui claque et de pas qui s'éloignent en courant. Et les voix se mélangent, se perdent dans un effroyable ballet. Mathieu, Aèl, Matt, ma mère, mon père et mes amis. Mon familier... Le monde se bouscule, et mes souvenirs me font terriblement mal. Je fais l'erreur d'ouvrir la bouche, et l'eau s'engouffre dans mes poumons en emportant mon cri au passage. Je ne veux pas mourir !

Je flotte désormais dans un monde informe et blanc. Un monde étrange. Je tend les mains devant moi, et sursaute. La lumière m'irrite les yeux. Pourquoi j'y vois ? Est-ce que le corps est comme neuf dans l'au-delà ? Bizarre... Mes oreilles bourdonnent, c'est un peu agaçant. Je fais quelques pas, et me fige en apercevant mon reflet dans un miroir posé là. Ma peau n'est même plus blanche, mais carrément translucide. Mes yeux sont pâles, comme si ils n'étaient que faits d'eau. Mes cheveux collent à mon front, trempés, souvenir de mon plongeon. Et je me rend compte que quand je respire, ma poitrine émet un bruit de succion, un bruit de flotte. Noyé. Mourir noyé, voilà ce que ça donne. Je prend soudainement peur et hurle de toutes mes forces. Alors le paysage change.
Je reconnais les Hespérides, c'est Pâques et j'ai cinq ans. Mon frère Ewan me regarde, un grand sourire aux lèvres. Sa main glissée dans la mienne me rassure, et je m'accroche désespérément à lui. Il trouve un œuf et me le temps, riant. J'adore mon frère. Et quand le blanc revient, je me retrouve face à lui. Il n'a pas changé. Il a toujours neuf ans, mais il n'a plus de plaies béantes. Je tend la main vers lui, mais il s'évapore dans un murmure pour réapparaître plus loin. Je ne réfléchis pas. Je m'élance derrière lui, et nous débouchons sur une fête. Une banderole attire mon attention. " JOYEUX ANNIVERSAIRE A TAREK ET MEHDI, SYMBOLES DU DÉSIR DE VIVRE". Ma mère me serre contre elle, mon père a mon jumeau sur les épaules. J'ouvre la bouche pour parler à Ewan, mais brusquement, une sensation étrange me prend. Il y quelque chose qui me compresse la poitrine. Une force qui envoie de véritables ondes choc dans l'intégralité de mon corps. J'attrape la main de mon frère aîné, effrayé. J'entends comme dans un rêve ma voix résonner, le supplier de me garder avec lui. Mais il n'est pas d'accord. Alors je lâche sa main, en larmes, et je laisse cette chose qui me rappelle à elle m'envahir.

Je tousse. Ça fait mal à la gorge. Il y a un poids au dessus de moi. Quelqu'un qui s'effondre au moment même où mes paupières s'ouvrent. Je tente de me redresser, mais je suis pris d'un affreux tournis et me rallonge. Qui a bien pu venir me chercher ? Et en plus avoir assez de force pour me ramener sur les rives ? Hagard, je passe mes mains pataudes sur mon vis-à-vis. Et c'est son odeur, que l'eau n'a pas pu effacer, qui me fais encore plus tourner la tête... Bon Dieu ! Pourquoi Mathieu est-il venu me sauver ? Est-ce que le Seigneur s'acharne à me torturer ?! Suis-je bête, bien entendu. Je suis homosexuel. Dieu ne se préoccupe pas des gens comme moi, je ne suis qu'une erreur de la nature, un être infâme dont l'existence elle même injure Sa Seigneurerie ! Foutue vie va...
Et ainsi, loin d'être reconnaissant, j'envoie un pain bien senti au pauvre héritier Alaric et me met à le secouer comme un prunier en hurlant. Des insultes, et surtout une question répétitive, "MAIS POURQUOI TU M'AS PAS LAISSER CREVER PUTAIN ????" Oui, je sais, ce n'est pas très poli... Puis je trouve le courage d’appeler une ambulance, directement. Pas question que me parents apprennent ça tout de suite.
Et ensuite je m’évanouis comme une merde et repars nager dans les fleufleurs de mes rêves. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que cette histoire va très, très mal tourner.... Et la lumière bleue du véhicule hospitalier sur mes paupières ne promet pas de bons souvenirs... Hôpital. Owh, misère...

Le temps s'écoule lentement. Perdre la tête n'est pas si nul finalement. Je suis là, perdu au milieu des souvenirs, perdu dans mon jardin secret. Je crois que je n'ai jamais voulu devenir celui que je suis. Je crois que j'aimerai pouvoir remonter le temps. Redevenir un enfant, ne plus avoir les soucis de la vie qui nous atteigne plus vieux et ne nous lâche que lors de notre mort. Oui, parfois je me dis que l'enfance à du bon. Que nous sommes pour la plus part innocent, presque tendre avec les autres. De vrais amis, les problèmes avec les filles n'ont pas encore débuté. Puis on vieillit, on devient des ados qui cherche à savoir pourquoi leur corps est comme ça. Dans le passé je n'étais pas sur de moi. Je peux le dire. Mais l'adolescence n'a pas été dure pour moi. Oui il est vrai que l'on peut dire ce que l'on veut, lorsqu'on est enfant de Fondateur, que l'argent coule à flot et que l'on a mon physique, on vit. On a des amis, des filles, des soirées, des gens autour de soit. Je peux dire que rien n'est dur. Je n'ai pas le droit de me plaindre, et je ne le fais pas. Je suis beau, aimé, presque adulé par les autres. Je suis un véritable dieu vivant, je le sais, et j'en fais profiter le monde. On ne peux pas dire que je suis quelqu'un de gentil. Sa non. Mais par contre, on peut m'aimer, pas uniquement de l'amour, juste de l'amitié. Voilà ce que j'aurai aimé qu'il advienne avec Thompson. Que nous soyons uniquement amis, et pour celui, qu'il ne soit pas gay. Mais j'ai imprécision que je lui en demande trop. Qu'il m'aime mais n'ait pas capable de tout les sacrifices. De toute façon, maintenant, il est trop tard...

~~~~

L'odeur acre de l'hôpital me réveille. Qu'est ce que je fais ici. Je respire doucement, laisse les bruits banals de l’hôpital m'indiquer où je me trouve. Sans aucuns doute la clinique privée où je finissais les trois quart du temps quand l'enflure qui me tient lieu de père frappait trop fort. Mais qui donc nous a trouvé ? Et pourquoi je ne ressent aucune douleur ? Je crois me souvenir que mon bras était cassé, et que j'avais du sang plein la tête avant que je ne m'évanouisse. J’entrouvre les yeux, et le cri d'une femme me vrille les tympans.

-Regardez ! Il se réveille enfin !

Je plisse le nez et regarde les trois femmes qui sont devant moi. Des cheerleaders. Putain.... Qu'est ce qu'elles font là ses idiotes ? J'ai besoin de voir une infirmière moi, pas les pouffiasses en rouges et blancs. Lydia se détache du lot et vient déposser un doux baiser sur mes lèvres avant de me susurer :

-Ne t'inquiète pas bébé, on trouvera un moyen de coucher ensemble même alors que tu es à l'hôpital.Puis sa voix devient audible à tous et elle ajoute : Mais avant ça mon chéri, j'ai l'honneur de dédicacer ton plâtre en première !

Et merde.... Ils y passent tous l'un après l'autre, les petits mots doux et les phrases de réconforts, les blagues de cul et les idioties, Lydia a ramener tout le monde, de Selena à Lucas. Wahou... Même Matt est présent, les mains dans les poches, un petit sourire sur les lèvres. Selena s'assoit à mes côtés et commence à écrire un long texte comme elle sait si bien le faire sur le peu de place encore disponible sur mon plâtre. Ma meilleure amie, je t'aime. Elle signe d'un énorme coeur et m'embrasse sur la joue. Je sourie, comme d'habitude, lorsque l’infirmière rentre. Et je n'ai qu'un mot, ok elle ne vaut pas ma petite amie, mais les blouses blanches sont... wahou ! Elle me fait un grand sourire avant de tirer le rideau à côté. Non de dieu ! Ils m'ont mit dans la chambre de la fouine ! Help !!!!

Le monde est redevenu noir. J'ai mal à la tête, j'ai froid, et pourtant je transpire comme un animal. Un insupportable bip bip me vrille les tympans, ainsi que le bruit étouffé de plusieurs conversations. Et puis il y une odeur de médicaments, de désinfectant et de formol. La chaleur du glucose et une légère douleur m'indique qu'on m'a mis sous perfusion. Tout ça me rappelle Sainte Marie des Lys. J'émerge doucement du sommeil quand un espèce de cri de guerre me fait bondir sur mes pieds.

-Regardez ! Il se réveille enfin !

Oh mon dieu non, tout mais pas ça. Ils ont osé. Non mais c'est pas vrai !

Mais avant ça mon chéri, j'ai l'honneur de dédicacer ton plâtre en première !

Oh, non.... Pas Lydia.... Ce n'est pas vrai, c'est une blague. Ils ne peuvent pas me faire ça. Ils doivent tout de même bien savoir que je ne supporte pas les hôpitaux, tout du moins très mal, alors pourquoi ils me fournissent un stress supplémentaire ?! J'écoute distraitement les gens rire, et je me demande pourquoi ils ne font pas scandale en me voyant. Une porte s'ouvre et se referme, et le bruit de petits talons retentit sur le lino. Il y a un léger flottement, elle salut Mathieu et puis j’entends une tringle à rideau. Ah oui. Bien entendu, c'est pour ça qu'ils ne disent rien sur ma présence. Il y a un rideau opaque entre nous. Je suis assis sur mon lit, les pieds à cinquante centimètres du sol, et je sens venir quelque chose de mauvais. Très mauvais. Et j'ai raison, car l'infirmière m'annonce qu'il faut qu'elle me fasse une piqûre. Je sens mon sens se glacer, et l'air me manquer quand elle referme le rideau. La peur prend possession de chacune de mes cellules, et je commence à haleter. Je sais que je vais être ridicule, mais c'est plus fort que moi. Je ne peux pas. Je ne le supporterai pas. Et si elle voit mon sang... Non ! Je ne veux plus jamais que les médecins me mettent à nu !
Je recule contre le mur, et me cogne la tête, pleurant d'un seul coup, secoué par d'énormes sanglots. L'infirmière insiste, mais au moment où elle pose sa main sur mon épaule, un premier cri s'étouffe dans ma gorge puis je me met à hurler. J'ai mal. C'est une sensation physique que mon esprit fabrique de toute pièce, mais c'est douloureux. Et je supplie, je supplie qu'on ne me touche pas. Je ne pense pas à ceux qui sont à côté, je ne peux pas. Et soudain, pris de la fureur terrifiante tapie en moi, je saisi la pauvre infirmière pour l'envoyer valser de l'autre côté. J'ai peur, ce n'est pas de ma faute... Je débranche la perfusion, mais je n'ai pas le temps de faire plus d'un pas avant de m'étaler par terre. Et ça me remet un peu les idées en place. Mais... Pas assez vite avant que les souvenirs me reviennent en tête. Un médecin se ramène, et me remet ma perfusion malgré la force terrible avec laquelle je me débat. La folie se glisse dans mes veines comme le venin d'un serpent, douloureuse, affolante. Je gifle violemment le pauvre homme, les dents plantées dans son bras droit. Je ne veux pas savoir ce que les autres pensent en me voyant ainsi, je veux juste qu'ils flippent en imaginant ce qui pourrait leur arriver s'ils me font la moindre réflexion. Et puis une sensation de froid me prend brusquement dans le dos, et les sons s'estompent. Anesthésiant. L'infirmière. Salope...

Le pauvre petit loseur ce met à pleurer, et je me prend à penser à des choses horribles. Je ne pensais pas que je pouvais regretter de l'avoir sauver. J’espère qu'il n'entendra rien dans l'état semi conscient où il se trouve. Je prend Lydia prêt de moi après qu'elle eu dessiné une magnifique cœur sur mon plâtre, le tout signé de sa belle écriture. Elle vire les autres, croyant que nous allions passé à la vitesse supérieure. Je l'embrasse dans le cou, ma main gauche glissant sous sa jupe. Puis, alors qu'elle croit en moi, je lui susurre à l'oreille, suffisamment fort pour que le hobbit à côté l'entende.

-Tu me dégoûtes Johanson. Amie avec une telle tapette... Pitoyable. Allez, maintenant, dégages, j'ai autre chose à faire que m'occuper de toi.

Je la repousse brusquement, un sourire sur les lèvres. Elle me jette un regard noir, la haine palpite en elle et je trouve ça plutôt drôle. Je l'ai sauver, c'est pour elle que j'ai fais ça. Mais maintenant, qu'elle ne me demande plus rien. Cette fille me rend faible, me rend fou et il vaut mieux qu'elle s'éloigne. Voilà une occasion en or de faire plaisir à ma famille. La pauvre Lydia est vraiment énervée et me regarde fixement avant de sortir. Pauvre petite chatte. Tu n'as que ce que tu mérites. Amie avec un loser comme lui. Reste plus qu'à ce qu'elle couche avec lui et c'est bon, je rigole.

Thompson a côté fait piètre figure. La belle infirmière lui a fait un piqûre, après qu'il est hurler comme un diable. Mais quel imbécile. Je ne fais pas tant la vie moi. Je fais un grand sourire à la jolie blonde et récupérant mon portable, je mets de la musique. Tomber sur Throught the trees dans mon état est mauvais pour la santé du téléphone mais j'arrive à ne pas l'exploser immédiatement. Je ferme les yeux et m'endors paisiblement, que le con à côté crève.

Ma tête tourne. Des voix déchirantes résonnent dans ma tête. Je vois tournoyer des visages, des milliers de visages qui me sont familiers mais déformés par la haine. Une chanson de Linkin Park tourne en boucle, très très bas. Pile adaptée à mon ouïe. Probablement la radio à côté de moi. Ma sœur a du passer et me ramener mes CDs. Sans doute, oui. J'écoute distraitement les paroles, et je pense à Mathieu. Jamais il ne dirait ça, pourtant. Mais je trouve que ce texte lui va bien. "Here's the dead wood to make the fire rise... The blood of innocence burning in the skies..." Ça sonne comme une fatalité. Je triture mes mèches trop courtes, les boucles trop parfaites. Depuis quelques temps, je déteste mon physique fin dont je tirais pourtant une grande fierté. Kathleen a déposé mon téléphone portable sur ma commode, et mon livre préféré. 23h47. Je tends le bras vers la radio, cherche le bouton en tâtonnant, change de chanson. Et manque de chance, tombe sur Perfect de Simple Plan. Fais chier. Je la laisse tourner un moment, et écrase à nouveau le bouton en sentant les larmes me monter aux yeux. The Fray, How to save a life. Et meeerde...
Blasé, je me lève et ouvre la fenêtre -oui, Dieu merci, la seule fenêtre de la chambre est de mon côté- et allume une clope. Nous revoilà au départ. Je suppose que Mathieu dort. Je sais que je devrais être reconnaissant à Lydia de l'avoir envoyé, le remercier lui d'être venu. Mais voilà, je préfèrerais être au fond du lac. Ma vie n'a aucun sens. Aucune valeur. Mon cousin Anthony est bien assez performant pour redevenir le Gardien, mon frère Tan pour être l'héritier de mon père et Ciàràn sera la nouvelle shaman. Je porte la cigarette à mes lèvres, et lève la tête vers le ciel. Je fredonne, comme à chaque fois que je me sens mal. Je me sens pitoyable. Mais c'est si vrai...

Spoiler:

-The hardest part of ending is starting again...

Et si, tu pouvais savoir, ce que c'est d'être moi ; et si, je pouvais savoir, ce que c'est d'être toi... Est-ce qu'on serait comme ça ? Et si, j'étais resté à Munch sans céder à mes parents ? Et si, surtout, si je n'étais pas gay... Est-ce que tu me haïrais ? Non, n'est-ce pas ? Non.
Je jette le reste de la clope dehors et referme la fenêtre sans bruit. Je l'ai entendu bouger un peu, mon admirable sauveur. Mais cette fois, ça m'agace. Je ne peux plus supporter cette situation. Je ne veux plus être un enfant.
Je tire le rideau qui nous sépare, et perçoit tout de suite mieux son odeur et la chaleur qui règne de son côté. Lui, il a beaucoup de visites. Moi, seule Kathleen est venue. Et je dormais. Cependant, lui comme moi, nous sommes aussi seuls l'un que l'autre. Pas d'amour véritable, pas d'amitié durable. Nous détruisons ce que nous possédons au fur et mesure de notre ascension. Je me poste à un mètre de son lit, les bras croisés, les sourcils froncés. Il faut qu'on parle, cette fois. Il faudrait qu'on parle, et sans élever la voix. Comme des adultes. Pas comme des enfants gâtés et bornés. Qu'on fasse des concessions. Et puis, il faut qu'il sache ce que je ressens pour lui. La vérité. De toute manière, il me dénigre. Alors autant qu'il sache tout. Nous devons grandir. Le temps des insultes et des coups par réflexe doit cesser. Est-ce que les adultes qui ne peuvent pas s'encadrer se tapent dessus au bureau ? Non. Maintenant ça suffit !

-Mathieu, tu dors dis ?

Aller Tarek, respire. Fini la fuite, assume. Tu l'aimes.

-Mathieu, tu dors dis ?

J'ouvre un oeil, puis l'autre. C'est quoi son problème. Vraiment ? Est-il sado ? Il fait nuit noir. 2 heure, 3 heure à vu de nez. Je me redresse et regarde le jeune roux devant moi. Il semble... S'être abandonné. Ne plus vouloir luter. Même si ses bras sont croisés sur son torse, que ses sourcils forment presque une ligne au dessus de ses yeux, il ne veut plus luter. La musique tourne toujours dans mes oreilles, mais je ne l'entends pas, regardant le jeune Héritier devant moi. J'arrache violemment les oreillettes de mon portable et le son retentit dans la chambre de l’hôpital, sans que je ne le veule. Je ne savais pas que c'était précisément cette musique qui tournait...

J’éteins en un grondement mon portable. Je suis poursuivis par cette chanson que j'ai écrite. Maintenant je le regrette, j'étais jeune, un enfant, à qui il manquait. Plus maintenant. Aujourd'hui je ne suis plus celui qu'il a connu, et il ne peut s'en prendre qu'à son cher Aèl.

-Je dormais... Tu veux quoi Thompson ? Qu'on parle ? J'ai rien à dire à un mec comme toi !

Je lui fis un grand sourire hypocrite. Putain, dire que je suis là pour un petit moment en plus. Impossible d'être tranquille avec cette... chose dans les parages. Pourquoi je suis comme ça maintenant. Aèl, et surtout le fait que j'étais en train de dormir. Il se plait que mes poings vont finir par définitivement s'imprimer dans son corps mais il cherche toujours, éternellement. Je suis énervé, j'ai un plâtre par sa faute ! Plus de sport, et main gauche en plus, donc aucune excuse pour ne pas prendre de notes et tout ce qui va avec ? Je repense à tout ce qui c'est passé maintenant. Cette fameuse nuit où... il s'est passé une chose inimaginable, notre enfance, les quatre jours que j'avais passé à Munch, ses délires que nous avions eu tout les deux dans cette chambre. Il était déjà gay, et je le savais. Mais... nous parlions de cul, de tout et de rien. Nous étions encore complice. Et puis, lorsqu'il était arrivé en seconde, je savais qui il était. Oui, au plus profond de moi je savais que ce fils de Fondateur était mon ancien meilleur ami. Mais comment aurais-je pu l'oublier ? Aèl avait fait du bon travail. J'avais ris avec le brun, et suivis le mouvement. J'étais déjà un salopard en seconde. Depuis la troisième je suis celui que je suis. Mon père était heureux la première fois que mon meilleur ami était venu à la maison, se reposer après une cuite. Ils avaient parler, et j'avais même eu droit à un sourire et un appuie de mes fréquentations. Le meilleur ami dont mon père rêvait pour moi, celons lui j'étais trop gentil pour un hérité. Je laissais passer trop de chose, je ne détestai pas les homos, les noirs et les arabes ne me donnaient pas des boutons. Oui, j'étais bien trop doux. Aèl était parfait... S'il avait sut. Si le Général avait pu ce douter un seul instant de ce qu'il était en vérité. Et oui père, il était gay, et ton fils, ton fils unique, ton fils que tu haïs tant, lui, est normal. Bien loin d'être attiré par des mecs. Et oui père... Tu avais tout faux, sur toute la ligne...

Je regardais fixement Thompson, laisse moi en paix. Cette fois, je ne te veux pas à mes côtés. Je veux être seul. Le vent a l'extérieur soufflait. Et je voulais sortir, je voulais que l’élément agisse comme lorsque j'étais enfant. Lorsqu'il me prenait en son sein et me berçait. Lorsqu'il ne me laissait jamais seul. Des souvenirs resurgissaient petit à petit. Cette nuit dans la cave, lorsque le rat m'avait mordu. Les volutes de fumée m'avaient rejoints, et m'avaient bercé. Mais j'étais trop vieux maintenant pour croire au pouvoir de la magie. Je n'étais plus un enfant.

Il soupire très bas, comme un réflexe, et Through the trees résonne un instant dans la chambre. Je sens mon poing se contracter spontanément et souffle discrètement. Je dois me contrôler. C'est important, cette fois.

-Je dormais... Tu veux quoi Thompson ? Qu'on parle ? J'ai rien à dire à un mec comme toi !

Je soupire, agacé. Puéril. Voilà, voilà ce que je ne peux plus souffrir. Ces gamineries qui nous entourent. Il n'est plus temps pour être des enfants ! Dans quelques moi nous serons des universitaires, et donc plus ou moins, des adultes. Et les adultes ne se comportent absolument pas comme ça. Ils savent prendre sur eux, et ne pas faire supporter leurs querelles à tous ceux qui les entourent. Je m'adosse au mur, nonchalant, et ferme les yeux un instant. Le temps de trouver mes mots.

-Toi tu n'as rien à me dire, en effet. Mais moi j'ai des choses à te dire. Ne me dis pas que t'en fiche, je ne te laisse pas le choix. Grandis un peu. Et écoute moi. Je sais que ce n'est peut être pas la situation idéale, mais bon, nous ne sommes jamais seuls alors autant sauter sur l'occasion. Les choses que j'ai à te dire ne concernent personne d'autres que nous deux. Pour commencer et bien, je suppose que normalement je devrais te remercier d'être venu me chercher ; je ne pensais pas que tu pouvais faire un truc aussi dingue, même pour Lydia. Mais voilà, je ne te suis absolument pas reconnaissant. Je me doute que ça va t'énerver que je te dise alors que tu as mis ta répulsion de côté pour me sauver et que tu t'es retrouvé à l'hôpital pour ça, mais non. Je ne te remercie pas. Je ne veux plus avoir la force de lutter. J'en ai assez, de me battre pour les autres sans rien avoir en retour, pas une once de remerciement, même pas un sourire. Je ne veux pas non plus combattre pour moi même, je ne suis rien. Juste une coquille vide, élevé comme un prince, suivant le chemin droit et sans accroc tracé par mes parents. Non, ça ne m’intéresse pas. Les médailles d'équitation, de gym, de domptage... Qu'est-ce que j'en fais, de toute manière ? J'ai eu une vie dorée. Je n'ai jamais eu à me plaindre, ou très peu. J'ai exagéré mes malheurs toutes ma vie, et pourtant toi, Mathieu, tu aurais tellement plus de raison de te plaindre que moi. C'est vrai, même si je suis homosexuel et que mon père m'a "renié", je reste son favori. Celui qui hériteras de toutes ses richesses dont je n'ai que faire. Oui, mes parents m'ont toujours hissé au rang de divinité, et laissé une liberté vertigineuse. Ils n'ont jamais influencé mes choix, jamais tenté de me forcer à faire quelque chose. Je suis le fils prodigue. Toi... Encore maintenant, je suis sûr que ton père et toi êtes en conflit permanent. Et puis, plus petit tu... On n'a jamais levé la main sur moi, en dehors de Sainte Marie des Lys. Toi si. Simplement, je crois qu'il vaut un milliard de fois mieux être toi que moi. Pas vis à vis des malheurs, oh ça non ! Mais ma prison étincelante est si morne, si vide. Personne ne peut rêver de ça. C'est être fou ou ne pas savoir ce que c'est. Tu assume totalement tes actes, moi j'évite mes parents après être sorti sans prévenir et puis je m'excuse ensuite. "Quand tu seras grand, tu seras comme ça". Et si j'veux pas ? Ben je serais quand même comme ça. Je vais marier tu sais. Je résisterais pas à mon père. J'ai pas les couilles de le faire. Je ne suis pas aussi fort que toi. J'ai jamais eu le courage que je montre au monde. Et tu sais quoi ? En fait, même si je me faisait du souci pour toi quand on étais à l'école primaire, je te haïssais. Moi je n'avais jamais la paix, parce que j'étais fils de fondateur et comme j'étais aimable, je n'étais jamais seul. Pourtant j'aimais être seul. Chez moi je l'étais tout le temps. Toi, on te fichais la paix. On t'oubliais alors que tu ne le voulais pas forcément, et moi on me remarquait alors que je désirait du plus profond de mes entrailles d'être oublié. Alors je te détestais d'être tranquille dans ton coin. Au début, j'espérais même que grâce à toi, les autres n'approcheraient plus. Mais non. Tu es simplement devenu, toi aussi, populaire. J'avais l'intention de me servir de toi, mais sans le savoir ni le vouloir, c'est moi qui t'ait servi. Et je me suis pris au piège. Je ne pouvais me passer de ta compagnie. Et puis, à l'hosto, je n'avais que ton en tête. Je passais tout mon temps libre à me concentrer de toute mes forces sur le souvenir de ton visage. A tel point que je m'en souviens encore, de ton visage d'enfant. Et puis, tu sais, un enfant qui jouait avec des Barbies à deux ans, et qui se faisait violer... Je ne pouvais devenir autre chose qu'homo. Le problème, pourtant n'est pas vraiment là. Il est que c'est de toi que je suis tombé amoureux. Éperdument. Je sais, tu ne vas pas apprécier. Mais c'est toujours le cas aujourd'hui. C'est toi que j'ai aimé à travers Aèl. Mais je sais pertinemment que jamais, jamais je ne pourrais t'avoir. J'aurais dû naître autrement. Mais voilà, c'est comme ça. On ne peut pas changer les choses, malheureusement. Je voulais juste que tu le saches. Et surtout, saches que j'ai décidé de renoncer à toi. Tu ne m'auras plus jamais dans les pattes. Si un jour tu as besoin de moi -j'en doute très fortement-, je serais là. Même si je meurs, je serais toujours là. Mais tu ne me veux pas. Alors je vais disparaître de ta vie. C'est dur, tu t'en fiches mais j'ai mal, là. Le plus dur c'est de renoncer, pas d'encaisser les refus. Seulement, ni toi ni moi ne sommes plus des enfants. L'ouragan du temps a balayé les jeux d'enfants, et maintenant ça suffit. Je n'arriverais jamais à rebâtir le passé. Personne n'a ce pouvoir. Alors voilà ce que je te demande, la dernière chose que je te demanderais de toute ma vie à partir de maintenant. Au lycée, fous moi la paix. Je sais que ça t'amuses beaucoup de me tabasser, je sais qu'étant donné mon statut de gay le plus endurci du lycée, ça te donne de l'importance de me faire fermer ma gueule. Mais tant pis, laisse moi tranquille. Passe au large, aide moi à t'oublier. Il faut qu'on soit adultes, maintenant. Je n'en ai rien à faire de souffrir. Un ou deux mois de torture c'est mieux que cette interminable brasier. J'ai rien d'autre à te dire. Bonne nuit.

Les larmes ont commencé à rouler sur mon visage dès les premières phrases. Je m'en fiche. Je ne veux pas être fort. Je ne veux plus être fort. Je veux être un jeune comme tous les autres, qui se laisse aller à ses émotions, et qu'on aime pour ce qu'il est. Je veux me fondre dans la masse, et arrêter de provoquer. Juste être moi, sans mon nom de fondateur, ni l'étiquette de gay que je me suis forgée moi même, ni celle de champion d'équitation, rien. Être juste Tarek. Simplement Tarek. Un petit gars roux, jovial, un peu sombre des fois mais aimant, un peu égoïste parfois, jaloux et possessif. Le type qui peint, qui fait des blagues idiotes et qui saute de partout dans les couloirs du lycée. Celui qui fait l'ambiance en cours, là, mais si, tu sais bien : l'idiot qu'est pas fichu de se tirer plus de douze en maths et qui fait des tours de magie foireux. L'artiste. Le fondateur bizarre qu'est parti en fac d'arts plastiques. La honte de la famille. Ouais, et fier de l'être, vachement fier ouais ! Fini de marcher sur les rails, fini de vouloir contenter le paternel, NON ! Je n'suis PAS parfait, je ne veux pas l'être ! J'parle mal ? Fuck ! Je ne suis pas une poupée, ni une marionnette ! Je n'serais pas l'accomplissement de ce que t'as pas pu être, père ! T'entends ? Nan t'écoutes pas, t'écoutes jamais, t'es tellement sûr d'avoir raison et d'être incontestable et ben voilà : j'me barre, j'te renie moi aussi t'as gagné.
Je tourne le dos à Mathieu, je doute qu'il m'interpelle. J'm'en fous d'ailleurs, enfin nan mais il faut bien commencer à l'oublier. Je ne sais pourquoi, je me souviens brusquement une fois où j'ai fait monter Mathieu quand nous étions enfants. Une histoire d'oublier, cette fois là aussi... Je crois...

Flash Back

Je regarde un splendide étalon arabe noir comme un morceau de nuit galoper dans son paddock. Il rue, se débat, pousse des hennissements rageurs qui ressemblent à des cris humains. Pourquoi il est énervé ? je me demande. Mathieu est à côté de moi, sur la barrière. L'air perplexe. Le cheval nous regarde une fraction de seconde, et cabre en poussant un "hurlement" fou de rage et de terreur.
-Ah, je comprends... Il a été traumatisé par les hommes, c'est nous qui l'énervons. On lui fait peur, mais il veut se venger.
Mehdi, qui passait, ricane.
-Pff !! T'es con, un ch'val ça pense pas si loin.
Je le fusille du regard, furieux.
-Tais toi ! T'en sais rien du tout, t'es juste méchant avec les bêtes ! Chuis sûr qu'tu l'as frappé toi aussi !
-La ferme, p'tit con. T'es qu'un raté, 'Rek. Alors que moi, je réussi partout, et j'ai peur de rien. T'es faible, à t'occuper de bestioles qui comprennent rien !
Je me renfrogne, vexé, et me reporte sur le magnifique étalon. Ses muscles qui roulent, ses yeux fous et la marque sur son épaule qui témoigne d'un coup récent. Nous l'avons acheté il y a cinq jours. Qu'il est beau... Je le regarde fixement dans les yeux, et reçoit un choc. Cette haine, toute cette haine... Hypnotisé, j'enjambe la barrière. L'animal piaffe, agacé, mais ne charge pas. Je fais une quinzaine de mètres dans le pré, et m'assoit. Il fait une petite ruade, secoue la tête, mâchonne. Je ne bouge pas. Je siffle très bas, comme une note de musique. Inspiré, j'attrape ma flûte de Pan, qui ne me quitte jamais. Je souffle un peu dedans. Il dresse les oreilles, et je vois une lueur curieuse s'allumer dans ses yeux. Au bout de cinq minutes, il se met à brouter, et au fur et mesure que le temps file, il se rapproche en mangeant. Mehdi fait la gueule un peu plus loin. Et Mathieu semble... Je ne sais pas... Envieux ? Je ne sais pas. Je suis dos au pur sang arabe, et soudain, je perçoit sa respiration sur mon épaule. Je respire doucement, pour ne pas m'emballer et l'effrayer. Il me donne un petit coup avec son nez. Alors, très lentement, je me retourne et pose ma main sur ses naseaux. Dieu. Il est magnifique, c'est vertigineux. Je décide de sortir du pré, satisfait pour aujourd'hui, mais... Il me suit. Ah. Bon. Je regarde à nouveau mon meilleur ami, et la très timide lueur de convoitise tout au fond de ses somptueux yeux bleus. Hmm...
-Hey, Math ! Tu veux le monter ?
De toute façon, pas le choix. Je met un licol au formidable prince du désert, et l’emmène jusqu'au manège. Il est calme, détendu. Je lui fait renifler Mathieu, et il secoue un peu sa tête d'avant en arrière un instant avant de mâchouiller le pull de blond gentiment. Il l'accepte. Je pars chercher un side-pool à la sellerie, pour qu'il ne soit pas brusqué par le mors, et quand je reviens, Saktisali -c'est son nom, qui signifie "puissance"- est en train d'essayer de câliner le fondateur façon cheval. J'éclate de rire, et lui passe le side-pool. Puis j'attrape Mathieu en traître et le force à monter. L'étalon ne bouge pas.
-Et voilà ! A partir d'aujourd'hui, c'est ton cheval Math ! Il te faudra l'aider à oublier les bassesses des hommes, et à les pardonner. Parce que tu sais, c'est très facile de se venger et d'encaisser les coups à chaque défense légitime. Mais c'est si difficile, ah oui c'est tellement dur d'oublier...

Flash back

Je suis un peu comme ce superbe cheval, qui désormais pleure Mathieu lui aussi. Il lui avait redonné confiance. Et puis il l'a trahi. Oui... Je suis comme un cheval blessé.

.-Toi tu n'as rien à me dire, en effet. Mais moi j'ai des choses à te dire. Ne me dis pas que t'en fiche, je ne te laisse pas le choix. Grandis un peu. Et écoute moi. Je sais que ce n'est peut être pas la situation idéale, mais bon, nous ne sommes jamais seuls alors autant sauter sur l'occasion. Les choses que j'ai à te dire ne concernent personne d'autres que nous deux. Pour commencer et bien, je suppose que normalement je devrais te remercier d'être venu me chercher ; je ne pensais pas que tu pouvais faire un truc aussi dingue, même pour Lydia. Mais voilà, je ne te suis absolument pas reconnaissant. Je me doute que ça va t'énerver que je te dise alors que tu as mis ta répulsion de côté pour me sauver et que tu t'es retrouvé à l'hôpital pour ça, mais non. Je ne te remercie pas. Je ne veux plus avoir la force de lutter. J'en ai assez, de me battre pour les autres sans rien avoir en retour, pas une once de remerciement, même pas un sourire. Je ne veux pas non plus combattre pour moi même, je ne suis rien. Juste une coquille vide, élevé comme un prince, suivant le chemin droit et sans accroc tracé par mes parents. Non, ça ne m’intéresse pas. Les médailles d'équitation, de gym, de domptage... Qu'est-ce que j'en fais, de toute manière ? J'ai eu une vie dorée. Je n'ai jamais eu à me plaindre, ou très peu. J'ai exagéré mes malheurs toutes ma vie, et pourtant toi, Mathieu, tu aurais tellement plus de raison de te plaindre que moi. C'est vrai, même si je suis homosexuel et que mon père m'a "renié", je reste son favori. Celui qui hériteras de toutes ses richesses dont je n'ai que faire. Oui, mes parents m'ont toujours hissé au rang de divinité, et laissé une liberté vertigineuse. Ils n'ont jamais influencé mes choix, jamais tenté de me forcer à faire quelque chose. Je suis le fils prodigue. Toi... Encore maintenant, je suis sûr que ton père et toi êtes en conflit permanent. Et puis, plus petit tu... On n'a jamais levé la main sur moi, en dehors de Sainte Marie des Lys. Toi si. Simplement, je crois qu'il vaut un milliard de fois mieux être toi que moi. Pas vis à vis des malheurs, oh ça non ! Mais ma prison étincelante est si morne, si vide. Personne ne peut rêver de ça. C'est être fou ou ne pas savoir ce que c'est. Tu assume totalement tes actes, moi j'évite mes parents après être sorti sans prévenir et puis je m'excuse ensuite. "Quand tu seras grand, tu seras comme ça". Et si j'veux pas ? Ben je serais quand même comme ça. Je vais marier tu sais. Je résisterais pas à mon père. J'ai pas les couilles de le faire. Je ne suis pas aussi fort que toi. J'ai jamais eu le courage que je montre au monde. Et tu sais quoi ? En fait, même si je me faisait du souci pour toi quand on étais à l'école primaire, je te haïssais. Moi je n'avais jamais la paix, parce que j'étais fils de fondateur et comme j'étais aimable, je n'étais jamais seul. Pourtant j'aimais être seul. Chez moi je l'étais tout le temps. Toi, on te fichais la paix. On t'oubliais alors que tu ne le voulais pas forcément, et moi on me remarquait alors que je désirait du plus profond de mes entrailles d'être oublié. Alors je te détestais d'être tranquille dans ton coin. Au début, j'espérais même que grâce à toi, les autres n'approcheraient plus. Mais non. Tu es simplement devenu, toi aussi, populaire. J'avais l'intention de me servir de toi, mais sans le savoir ni le vouloir, c'est moi qui t'ait servi. Et je me suis pris au piège. Je ne pouvais me passer de ta compagnie. Et puis, à l'hosto, je n'avais que ton en tête. Je passais tout mon temps libre à me concentrer de toute mes forces sur le souvenir de ton visage. A tel point que je m'en souviens encore, de ton visage d'enfant. Et puis, tu sais, un enfant qui jouait avec des Barbies à deux ans, et qui se faisait violer... Je ne pouvais devenir autre chose qu'homo. Le problème, pourtant n'est pas vraiment là. Il est que c'est de toi que je suis tombé amoureux. Éperdument. Je sais, tu ne vas pas apprécier. Mais c'est toujours le cas aujourd'hui. C'est toi que j'ai aimé à travers Aèl. Mais je sais pertinemment que jamais, jamais je ne pourrais t'avoir. J'aurais dû naître autrement. Mais voilà, c'est comme ça. On ne peut pas changer les choses, malheureusement. Je voulais juste que tu le saches. Et surtout, saches que j'ai décidé de renoncer à toi. Tu m'auras plus jamais dans les pattes. Si un jour tu as besoin de moi -j'en doute très fortement-, je serais là. Même si je meurs, je serais toujours là. Mais tu ne me veux pas. Alors je vais disparaître de ta vie. C'est dur, tu t'en fiches mais j'ai mal, là. Le plus dur c'est de renoncer, pas d'encaisser les refus. Seulement, ni toi ni moi ne sommes plus des enfants. L'ouragan du temps a balayé les jeux d'enfants, et maintenant ça suffit. Je n'arriverais jamais à rebâtir le passé. Personne n'a ce pouvoir. Alors voilà ce que je te demande, la dernière chose que je te demanderais de toute ma vie à partir de maintenant. Au lycée, fous moi la paix. Je sais que ça t'amuses beaucoup de me tabasser, je sais qu'étant donné mon statut de gay le plus endurci du lycée, ça te donne de l'importance de me faire fermer ma gueule. Mais tant pis, laisse moi tranquille. Passe au large, aide moi à t'oublier. Il faut qu'on soit adultes, maintenant. Je n'en ai rien à faire de souffrir. Un ou deux mois de torture c'est mieux que cette interminable brasier. J'ai rien d'autre à te dire. Bonne nuit.

"-"

Ses paroles me laissent coit. Jamais il n'avait parler aussi longtemps devant moi. Je ferme douloureusement les yeux devant lui. Tarek... S'il n'était pas à saint Roddington, nous aurions pu être ami. Mais aujourd'hui il y a tellement d'ombre au tableau. Nous ne pourrons jamais plus être ami. Le passé nous rattrapera toujours, qu'il m'ai laissé si longtemps seul après son accident alors qu'il n'était pas encore partit. Et si... Et si seulement il n'avait pas cette atroce maladie qui fait de lui une erreur de la nature. Et si Aèl n'avait jamais vu le jour. J'aimerai tellement revivre ses heures perdues dans mon esprit, perdues dans le passé. Oui... Il me manque encore parfois. Une doux vent porteur de printemps et de chaleur s'engouffrent dans la chambre, roule autour de moi. Des souffles, des brides de rires d'enfants, des histoires racontées au coin du feu, nos paroles anciennes, des souvenirs, murmurent autour de moi. Mon enfance, venue me dire adieu. Les cris d'un enfant retentissent alors, enflant de plus en plus. Les points d'un colosse éclatent une arcade sourcilière, le vent pousse mon esprit dans une direction absurde. Comme s'il voulait que je devienne ami avec la tapette. Ce qui était hors de question. Une larme roule sur ma joue et je chasse du revers de la main le vent autour de moi. Je ne veux pas de ses images, je ne veux pas de se passé qui n'est pas mien. J'ai toujours été jaloux du fondateur, si aimer, celui qui avait tellement d'ami, se mignon rouquin qui faisait rêver toutes les filles du primaire, celui qui avait toutes les attentions de celui ou celle qu'il voulait. Lui qui était si populaire. Aujourd'hui les rôles ont changés. Je suis devenu se monstre de popularité qui tous adule. Que toute aiment. Celui qui porte ses couilles et a oser gueuler NON à son père et au monde. Celui qui a envoyé bouler les traditions pour sortir avec la fille de ses rêves. Celui qui aime sans retour une fille qu'il n'aura jamais. Mathieu Alaric, si dans les normes et pourtant tellement différent de ce que son père voulait. Le gamin trop gentil devenu en connard. Celui dont même la meilleure amie renie parfois les actes. La tristesse englobe la moindre de mes cellules. Je veux oublier tout ça ! Oublier le passé qui m'a forgé !retrouver le bon vieux temps avec Aèl. Le temps ou le monde tournait encore autour de nous deux. Le temps d'une adolescence si paisible, le temps... Le temps d'un soupir que tous retrouve sa place. Et que rien ne bouge jamais. Devenir des statues de cire.

Mes si beaux yeux se fixent sur la table de chevet à côté de mon lit. Des admirateurs du lycée sont passés, sa oui, en grand nombre. Mais de ma mère et mon père, rien... Pas le moindre signe. S'ils sont venus, je n'en sais rien. Je suis la honte de ma famille moi aussi, mon père a toujours préféré mes cousins, les "vrais" Alaric comme il le dit. Les fils de son frère. Pas Damien... L'autre, celui dont personne ne parle jamais, celui qui est partit en Russie. Loin de cette famille, pour vivre sa passion et qui finalement et devenu un véritable monstre de pouvoirs. Aucuns de ses fils ne sont raté, je ne les ai jamais vu mais mon père lui si. Mon père me hait depuis ma naissance, et je ne connais la raison. Un jour peut-être, je frapperai et saurais. Mais les forces me manquent, je ne suis qu'un gamin pas vrai ? Un gamin qui a connu trop tôt la douleur et les coups. Seule ma mère à toujours été la pour moi. Jusqu'aujourd'hui. Elle n'est pas venu, je ne sens pas son parfum. Rien... Rien du tout. Juste les restes du passé, les restes d'une période de bonheur et d'innocence...

Je jete un regard au jeune fondateur dont les joues sont couvertes de larmes. Les miennes ont fait de même sans que je ne m'en rende contre. Je me déteste... Oui, je me hais... Il est le seul et l'unique à avoir toujours été là pour moi...

- Tu sais Tarek... Je... J'étais sincère lorsque j'ai écris Trought The Trees. Je pensais vraiment à toi.. Mais quand tu es revenu... Je ne pouvais croire que tu sois devenu ainsi. Peut-être que si tu avais baisé la tête aujourd'hui se ne serait pas ainsi... S'il n'y avait pas eu Aèl... Si... Tellement de chose dépendent de se petit si... Mais... Maintenant c'est bien trop tard. Je ne te veux pas... Je ne te déteste pas... Mais jamais plus tu ne feras partit de mon proche...

Je ne peux le regarder dans les yeux, de toute manière il n'y voit plus. Le vent continue à souffler à l'intérieur de la chambre, il tente de me rapeller les bonheurs perdus mais je suis bien trop buté. Alors il s'approche de Tarek, lui soufflant des mots à l'oreille. "Ludtyvia","Wind King*", cette langue je ne la connais et ne la comprends. Une langue chantante, que j'ai l'impression d'avoir déjà entendu dans le passé, il y a très très longtemps mais qui aujourd'hui me semble perdue... Comme morte. Jinspire profondément, tentant de calmer les brusque battement de mon coeur. Mon médaillon sombre vibrer sur ma poitrine, comme s'il était doté d'une vie propre. Je dois rêver ! Je cauchemarde enfaite. Oui, je vais me réveiller demain matin et rien ne sera arrivé. Je prendrai la Maserati qui ne sera aucunement détruite et tout se passera bien. J'ai rêvé...



*En Sylvain dans le texte

Le silence lourd se rompt au son d'une larme le long de la joue de celui qu'il y a bien longtemps j'appelais mon meilleur ami. Choqué, je serre les poings et tente de refouler la vague de colère et de douleur lancinante qui prend part de mon corps. Comment ose-t-il verser des larmes après tout ce qu'il m'a fait endurer ?!

- Tu sais Tarek... Je... J'étais sincère lorsque j'ai écris Trought The Trees. Je pensais vraiment à toi.. Mais quand tu es revenu... Je ne pouvais croire que tu sois devenu ainsi. Peut-être que si tu avais baisé la tête aujourd'hui se ne serait pas ainsi... S'il n'y avait pas eu Aèl... Si... Tellement de chose dépendent de se petit si... Mais... Maintenant c'est bien trop tard. Je ne te veux pas... Je ne te déteste pas... Mais jamais plus tu ne feras partit de mon proche...

Inspirant fortement, je sens mes ongles sectionner la peau de mes paumes, et j'entend une goutte heurter le sol. La colère monte en moi sans que je ne puisse l'en empêcher. Pourtant j'essaie : mes dents ont coupé me langue sur le côté, et las muscles de ma mâchoire sont si contractés que j'ai du mal à ouvrir la bouche. Le vent me murmure des mots dans ma langue, sans structure. Mais je ne saisi pas tout ce qu'il tente de me faire comprendre. Quoi, le roi des vents ? Qu'est-ce qu'il a ? Ils ont disparu depuis des siècles, ces imbéciles ! A moins que... Non !
Je me retourne vivement, les yeux écarquillés. Mathieu ? Non... C'est impossible. Jamais nous n'aurions pu cohabiter plus d'un quart de seconde dans la même pièce !
Mais ce n'est pas la principale chose de la soirée. Mon visage se durcit, et je sens la terre chauffer sous mes pieds nus. Je n'arrive pas à croire qu'il me dise ça maintenant ! Il est stupide ou quoi ?! Depuis des mois il se plaint que je le colle, et au moment où je lui dis que je vais lui foutre la paix et qu'il n'entendra plus parler de moi il me sort ça ???!! Je lui ai demandé de mettre de la distance entre nous, pas d'évoquer se que notre adolescence aurait pu être sans mon accident !!!

-Putain mais c'est quoi qui cloche chez toi, bordel ?? Tu m'aides pas là Alaric !! J'essaie de te foutre la paix, alors viens pas larmoyer sur ce que serait le monde avec des "si" ! Tu crois que c'est simple de te tourner le dos ?! HEIN ??? TU CROIS QUE ÇA M'AMUSE MOI DE JOUER AVEC MES SENTIMENTS ?? JE T'AI DEMANDÉ DE ME FOUTRE LA PAIX !!!!

Brisé, je tire violemment le rideau sur moi et éclate en sanglots. Putain mais c'est vrai ça fait mal quoi... J'veux pas savoir à quoi il pensait quand il a écrit cette chanson de merde qui m'tue à petit feu ! J'veux pas savoir ce qui aurait pu se passer... J'veux pas, j'veux plus penser à lui... Même quand je fais l'amour j'ai son nom sur ses lèvres, quand j'imagine Matt c'est Mathieu qui me vient à l'esprit, quand j'essaie de penser aux garçons je ne vois que lui... Je veux aimer Matt, pourtant ! J'fais tout pour ça il le mérite tant... Et je n'y arrive pas. J'aime Matt, je l'aimes mais si brusquement on me disait que Mathieu est en danger je pourrais le planter là sans rien dire et courir à la rescousse du quaterback... J'aimerais avoir l'occasion d'aimer pleinement le garçon qui est à mes côtés, l'aimer plus qu'Aèl et Mathieu réunis. Mais pour ça j'ai besoin de distance... Et je ne pourrais pas l'instaurer moi même, ce fossé béant entre lui et moi. Entre lui et mon coeur... C'est ça, c'est mon coeur que je veux qu'il me rende... C'est si peu, et pourtant, est-ce bien possible ? Quelqu'un a-t-il déjà aimé autant que j'aime Mathieu ? Je ne sais plus où j'en suis...
Mes larmes commencent à inonder mon t-shirt, et je saisi mon portable sur la table de chevet pour sélectionner le numéro de mon jumeau. Et par miracle, il décroche dès la deuxième sonnerie.

-Tarek... Quoi ?
-Mehdi aide moi, viens me chercher... Sors moi de là par pitié... Au secours...
-Ouh là... Hé, baisse pas les bras grand frère, je t'ai pas entendu parler comme ça depuis Sainte Marie des Lys ! J'arrive tout de suite, Honey.
-M'appelle pas comme ça, Sugar...
-Hey !!

Je repose le téléphone sur le lit et m'assoit dessus, la tête dans les mains. Je me sens mal, brusquement. Je sens ma gorge se nouer, mes muscles se figer et mon sang aussi. J'entends les bruits de l'hôpital de plus en plus fort. Les gouttes des perfusions, les roues des chariots, les aiguilles qui percent la peau dans un petit "clac" qui me donne envie de vomir. Je perçoit l'odeur du sang, de la morphine, de la sueur des patients. Ma respiration commence à accélérer dangereusement, le sol à vaciller. La porte de notre chambre s'ouvre, les talons d'une infirmière claquent sur le lino. Mon coeur frappe mes côtes douloureusement, et je me sens partir. J'arrache ma perfusion en silence, et m'efforce de bloquer ma capacité de régénération. Le sang fait un drôle de flic flic sur le sol, et je l'odeur me prend directement à la gorge. Je me sens bouger, et le choc du sol contre ma tempe. J'ai mal... Ce n'est pas Mathieu qui m'aidera, il doit être occupé à baver sur mademoiselle la crétine qui glousse à côté à propos de sa santé... Mehdi... Dépêche toi je t'en prie !
La porte s'ouvre alors à la volée, et j'imagine parfaitement la grimace de mon frère. La douleur que j'éprouve aux poumons doit lui faire bien mal à lui aussi. J'entend ses dents se serrer, et son soupir exaspéré.

-Salut, King Mathieu ! Je savais pas que t'étais là dit. Tu t'amuses bien au moins ? Bon, navré j'auris bien papoté avec toi mais ma moitié essaie de disparaître donc je m'occupe de ça d'abord !

Le son des anneaux sur la tringle. Les Rangers de Mehdi par terre. Sa main, sa main brûlante sur mon épaule. Ma tête me fait mal, horriblement mal. Mon coeur aussi. On m'arrache le coeur. J'ai mal. J'ai mal, Mehdi...

-Oui, je sais... Je suis là, je te laisserais pas frangin. Tu ne seras jamais complètement seul.

Ses pas qui font demi tour. La chaleur de ses bras. La force de ses biceps sous mes jambes et ma nuque. Ses muscles qui se crispent. Colère. Amertume. Des sentiments confus. De la peur. De l'effronterie. Une décision dure. Mehdi... Qu'est-ce que tu fais ?

-Alaric...

Tu ne l'as plus appelé comme ça depuis le primaire.

-Il t'a dit quoi ? Tu lui a dis quoi ?!

C'est pas sa faute. Laisse le. Je voudrais tant te dire... Mais tu ne m'écoutes pas. Mathieu... Je voudrais ne jamais t'avoir abordé. Nous nous sommes fait tant de mal. Je te demande pardon pour les paroles de mon frère. Ce n'est pas sa faute. Tout est de ma faute.

-Putain mais c'est quoi qui cloche chez toi, bordel ?? Tu m'aides pas là Alaric !! J'essaie de te foutre la paix, alors viens pas larmoyer sur ce que serait le monde avec des "si" ! Tu crois que c'est simple de te tourner le dos ?! HEIN ??? TU CROIS QUE ÇA M'AMUSE MOI DE JOUER AVEC MES SENTIMENTS ?? JE T'AI DEMANDÉ DE ME FOUTRE LA PAIX !!!!

Je me relève sur mon lit, sentant le vent autour de moi, le vent qui accélère de plus en plus, à l’instar de mon coeur. Mais, alors que tout à l'heure je menaçai m'écrouler, maintenant, je sens la rage prendre part de mon corps entier. Je ne comprends plus grand chose à mes émotions, je saute du coq à l'âne sans fin. Un jour je peux être gentil, le lendemain beaucoup moins, je ne comprenais plus rien. J'entendis plus que je ne vis le rideau de son lit et les larmes roulées sur le visage du rouquin qui fut mon meilleur ami par le passé, mais qui ne le sera jamais plus.

-Mehdi aide moi, viens me chercher... Sors moi de là par pitié... Au secours...
-M'appelle pas comme ça, Sugar...

Son frère... Mon dileur. Génial, vraiment génial. Le vent enfla un peu plus et je me rendis contre que la fenêtre était ouverte. Elle ne l'était pas deux secondes plus tôt, mais elle était un peu trop proche de Thompson. Je fixai la porte, Medhi qui entre. Je ne lui adressai pas un regard, perdu dans mes souvenirs.


-Salut, King Mathieu ! Je savais pas que t'étais là dit. Tu t'amuses bien au moins ? Bon, navré j'auris bien papoté avec toi mais ma moitié essaie de disparaître donc je m'occupe de ça d'abord !-Oui, je sais... Je suis là, je te laisserais pas frangin. Tu ne seras jamais complètement seul.

Ouais allez, ta gueule, emmène l'erreur de la nature et casse toi. Laissez moi seul ! J'ai besoin d'être tranquille ! S'il vous plait franchement laissez moi tranquille non de dieu ! Les os de mes poings craquèrent lorsque mes deux mains se rencontrèrent. Je sentais que l'autre morveux de Thompson n'en avait pas fini et sa voix me fit lui lancer un regard glacial.

-Alaric...

-Thompson...

Je lui jetai un regard noir, la rage au ventre, le sang me montant aux tempes. Qu'est ce que tu me veux enflure ? Hein ? Tu veux que je t’envoie à l’hôpital tout aussi ? Dire que je suis ici à cause de ton enculé de frère jumeau !

-Il t'a dit quoi ? Tu lui a dis quoi ?!

-Alors Thompson, tu vas arrêter tout de suite ton char ! De un, je lui ai sauvé la vie à ton incapable de frangin ! Et ce que je lui ai dis ne te regarde pas, t'est pas dans ma tête capté ! Tu ferai mieux de faire profil bas, tout seul, t'as aucunes chances face à moi ! Alors laisse moi en paix capté ! J'ai pas envie d'parler, surtout pas avec un Thompson ok !?

J'ai l'impression que je vais le frapper, et je ne comprends absolument pas pourquoi. Je serre les poings, le sang me monte aux tempes. Qu'est ce qui m'arrive ! Un immense courant d'air arrive dans la chambre, et je serre encore plus l'une de mes mains dans l'autre. Envie de meurtre !!

J'ai l'impression que le monde ne tourne plus. Ma tête est de plus en lourde, et je commence à comprendre pourquoi je me sens si mal. Ma mère m'a dit qu'elle a souvent du soigner de fortes fièvres dues à une décision contraire aux moeurs de la personne en question. Je suis en plein retournement, et c'est sans doute ça qui me rend malade. Je me rend malade. Les doigts de mon frères serrent mon bras, il me fait mal. J'en déduis que Mathieu doit avoir une expression particulièrement flippante. En même temps c'est bien fait, Mehdi n'a jamais su la fermer et la colère du blond lui fera les pieds.

-Alors Thompson, tu vas arrêter tout de suite ton char ! De un, je lui ai sauvé la vie à ton incapable de frangin ! Et ce que je lui ai dis ne te regarde pas, t'est pas dans ma tête capté ! Tu ferai mieux de faire profil bas, tout seul, t'as aucunes chances face à moi ! Alors laisse moi en paix capté ! J'ai pas envie d'parler, surtout pas avec un Thompson ok !?

Le vent, qui a ouvert la fenêtre, se met alors à tourbillonner de plus en plus. Bon sang... Alors ce serait vrai, hein ? Le prince ? Voilà qui expliquerai tellement de choses... Notamment l'aversion maladive que finissent par se vouer les Alaric et les Thompson. On croirait presque les Montagues et les Capulets... Quelle pitié. Je me sens plus bizarre à chaque minute, et Mehdi me lâche brusquement pour crier sur Mathieu. Terre et Air. Mon frère est quasiment le lien entre le quaterback et moi. Il a toujours été une sorte d'intermédiaire, et visiblement ça ne changera jamais... Je lève lentement les mains vers le plafond, des larmes plein le visage, et laisse couler la magie médicale autour de moi. Les sons se font plus doux, mon frère se calme, et ma tête cesse enfin de me torturer. Ma colère et ma peur se sont apaisées, ma peine également. L'air est devenu paisible, c'est une des particularité de cette magie particulière. J'ai sauvé mon Jim avec, une fois. Un dragon fou de rage avait entreprit de raser un bout de forêt après les bêtises de ce pauvre idiot, et par chance Télys s'était blessé et le reptile a perçu le calme qui émanait de moi. Il est retourner se coucher, ramené à la raison. Il aurait pu continuer, mais une fois la colère envolée, il a sans doute pesé le pour et contre et il est évident qu'un dragon, hormis aveuglé par la rage ou la haine, ne détruirait pas sa planète mère. Peut être Mathieu sera-t-il un peu soulagé par cette aura. Mais cette fois, je ne soigne pas ses blessures. Je veux qu'elles lui rappellent à quel point j'aurais voulu qu'il ne vienne pas à mon secours. Il me semble me souvenir qu'il a un bras dans le plâtre, et donc, n'est pas très avantagé pour frapper. Parfait.
Je fais signe à mon jumeau d'attraper les fringues qu'il m'a ramenées, et les enfile vite fait par dessous mon uniforme de l'hôpital que j'enlève pour mettre le haut. Je suis d'ailleurs ravi de constater qu'il m'a choisi des vêtements simples et confortables, ce dont j'ai bien besoin. Un jean, un marcel et un pull en peluche à col roulé un peu trop grand, qui cache mes mains sous les manches trop longues. Je souffle sur une boucle qui me chatouille le nez, et viens me poser près du blond. Il y a juste une chose que je veux avant de lui tourner définitivement le dos. Et puis, comme ça, il me haïra encore plus. Et j'aurais la garantie qu'il me tournera le dos pour de bon. De toute façon, je vais demander mon transfert à Munch High School. Tant pis pour la re^présentation familiale, Mehdi s'en occupera. Moi, je ne veux plus fréquenter ces fils de putes snobs aux manières démodées et pincées. Terminé. Oubliez moi, merci. Et au diable le bac archi-prestigieux.
Je sais que je m'en prendre une, mais je m'en tape. Je prends lentement son visage en coupe, désorienté, hésitant comme je ne le suis jamais avec personne -si ce n'est Matt, mais avec lui c'est pire-, lui murmure que je l'aime et pose mes lèvres sur les siennes l'espace d'une fraction de seconde avant de reculer comme brûlé au fer rouge. Il doit être tellement magnifique... Pris de vertige, je me précipite vers la sortie sans réfléchir et sursaute quand Mehdi saisi mon poignet.

-Non lâche moi !

Je perçois son incompréhension, et le parfum du footballeur quand j'inspire pour me calmer. Et ça me donne à nouveau le vertige. Mon frère voudrait comprendre, mais ce n'est pas le moment. Je dois fuir, m'éloigner le plus et le plus vite vite possible de la terrible tentation que l'héritier Alaric fait naître en moi. Je refuse de continuer à jouer avec lui. Pas lui. Et hormis Matt, il sera bien le seul à obtenir ce privilège. J'inspire à nouveau, tremblant, et réitère plus calmement ma demande.

-Mehdi... Lâche moi s'il te plaît. Laisse moi sortir d'ici. Je lui ai fais assez de mal comme ça. Fiche lui la paix, et... Arrête de le voir. Je ne veux pas que lui file sa came. Il aura qu'à se trouver un autre dealeur s'il arrive pas à s'en passer. Je veux qu'on disparaisse de sa vie, compris ? Je veux qu'il nous oublie. Nous, et tous les souvenirs qui nous concerne. Maintenant lâche moi.