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 [-16] Je me crois en Enfer, donc j'y suis.

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AuteurMessage
Sylvain

Keiràn Ikrà
Keiràn Ikrà


PROFIL► AVATAR : Cameron Monaghan
► VOTRE AGE : 25
►PORTRAIT : [-16] Je me crois en Enfer, donc j'y suis. Tumblr_inline_n8cshksNm11ssoiqt
► CIITATION : Never let them see you weak
► CREDIT : Me, tumblr
► ARRIVÉ LE : 04/04/2012
RPG
And about you ?
► AGE DU PERSO: 17 ans
►TITRE(s):
► LIENS:

[-16] Je me crois en Enfer, donc j'y suis. Empty
MessageSujet: [-16] Je me crois en Enfer, donc j'y suis.   [-16] Je me crois en Enfer, donc j'y suis. EmptyDim 21 Avr - 11:06

Je me réveille en sursaut, la bouche ouverte, et un cri de torturé retentit dans le froid de ma chambre. Ma poitrine se soulève rapidement, au rythme de mes inspirations et de mes expirations précipitées. Le silence m'enveloppe peu à peu, et je respire moins vite. Dans cette immense pièce, tout est calme. Il n'y rien. Personne, hormis moi, et mon familier. Je passe une main dans mes boucles en flammes, et un lourd soupir brise le non bruit qui règne ici. J'ai seulement fait un mauvais rêve. Du moins, je me suis juste souvenu d'un épisode que j'aimerais gommer, et redessiner à ma guise, avec des couleurs vives, des oiseaux et des rires.
Télys darde sur mon son regard de glace, perplexe, et m'encourage à repenser à mon rêve. Il pense que je dois apprendre à ne plus souffrir de ces bribes de ma vie qui me découpent lentement en lambeaux. Je voudrais lui dire que c'est impossible mais, après tout, peut être a-t-il raison.

***

« Vous avez fait le bon choix, Mrs Thompson. Notre établissement est l’un des plus sévères des Etats-Unis. Il vous reviendra tout à fait normal.
-Merci. J’espère que vous me tiendrez au courant de son évolution.
-Bien sûr Madame. Voudrez vous le voir durant les vacances ?
-Non. Gardez le jusqu’à ce qu’il soit apte à sortir avec toute sa tête. Je ne veux pas le voir avant.
-C’est noté, Ma’am. »

Dans la cour d’une grande villa, l’ambulance se referme violemment et enferme mon seul espoir de rédemption en son sein. Mon père cours derrière l’engin qui démarre en trombe, hurlant mon prénom, mais le géant de fer et de caoutchouc n’en a que faire et passe le portail sans freiner. C’est la dernière fois que je le passe pour les cinq ans à venir.
Le véhicule traverse des heures durant des champs, des forêts, m’emmène moi, un être faible et en manque d’attention, loin de tout ce qui constituait ma vie. Si on avait regardé par la vitre grillagée de la fourgonnette, on aurait découvert un enfant de six ans tout au plus que j‘étais, à genoux, les bras contre la porte. On aurait deviné que j’avait frappé sur celle-ci des heures, aux bleus et au sang qui les teintaient ainsi que mon t-shirt bleu pâle. Mais à ma position, on aurait compris que j’avais depuis déjà un moment renoncé à me battre.
Le 5 décembre 2000, le fourgon se gare devant l’hôpital psychiatrique où moi, Tarek Thompson, j’allais passer cinq ans, dans l’Idaho. Les deux ambulanciers descendent froidement de leur véhicule, et ouvrent la porte sur mon petit corps d’enfant aux yeux rougis par les larmes qui leur bondit dessus, fou de rage et de douleur. Le premier, sauvagement mordu, est sauvé par son collègue qui me maîtrisa en quelques mouvements. Mais il garderait la cicatrice à vie.
Mes vêtements poisseux de sang font sourire le directeur, qui pose un regard satisfait sur son nouveau patient. Froid comme la glace, il passe à mes petits poignets parsemés de taches de rousseur des menottes de sécurité, reliées aux entraves de mes chevilles par une chaîne d’un kilo.

« Tu apprendras vite à te tenir, petit monstre. Messieurs, mettez le dans l’une des cellules d’isolement. Il changera vite d’attitude, croyez moi. »

Je suis donc jeté dans la cellule désignée, me débattant comme un possédé tout le long du chemin. Je récolte, en quelques jours seulement, le surnom d’ « unbroken ». L’indomptable, l’imbrisable. Personne n’ose s’aventurer dans ma prison, de peur d’être mordu, griffé. De rencontrer mon regard impuissant, fou de terreur, de haine, de douleur et de rage. Le reste du temps, je reste prostré, assis au beau milieu de ma cellule, les bras autour de mes genoux, soutenants ma tête. Mes chaînes restent silencieuses.
Dans la cellule de détention aux murs matelassés, j'ai l'impression qu'il fait encore plus noir qu'en dehors. J'ai faim. Mais je refuse catégoriquement de m'alimenter. Le cathéter enfoncé dans ma main me fait mal, et je passe mon temps à l'arracher sans précautions, ce qui me vaut de fréquentes hémorragies  et un belle cicatrice sur le dos de la main. J'en ai assez. Je veux sortir. Alors je me jette sur la porte, je mords le matelassage comme un sauvage et je cogne sur le hublot avec toute la force de la haine. Mais il n'y a rien à faire.

Deux mois s’écoulent ainsi, monotones, à m’empêcher de me laisser mourir de faim. Comme certains animaux sauvages qui se retrouvent emprisonnés, je me laisse en effet dépérir. Mais les médecins prétendent que je vais bien, car ma faiblesse physique contre la force de ma haine. À moitié mort, je reste sage. C’est le commencement de l’horreur. Les professeurs de l’établissements, intéressés, commencent leurs expériences tordues. Enchaîné à une table d’autopsie, les pieds et les mains dans des étriers, je pleure. Un essaim s’active autour de moi, pour pratiquer une incision de mes yeux. Pour voir. Puisque je suis déjà aveugle, disent ils, on peut abîmer. Ça ne fera pas grande différence. Mais pour ne pas tromper les résultats de leurs recherches, pas d’anesthésie. Ainsi, les hurlements d’un enfant de sept ans retentissent dans l’établissement pendant plusieurs heures.

La nuit, mon cauchemar continue. Un enfant aux cheveux blonds, aux yeux d’un bleu magnifique, marche dos au petit « fou » que je suis, moi qui cours derrière lui, hurlant, suppliant. Au final, l’enfant blond s’efface et fait place à un visage dur au regard chargé de reproche. Une voix dure, une voix d’adulte, me dit que je l’ai abandonné. Qu’il me déteste, qu’il ne veut plus me voir. Alors je fond en larmes, implore le pardon, nie ma faute de toutes mes forces. Les infirmiers sont réveillés par mes cris terrifiants, inhumains, déchirants.
« C'est ta faute, Thompson ! Entièrement ta faute !
-Non !! Ne fais pas ça, Mathieu, ne me laisse pas !!! Ce n'est pas ma faute !!!!
-Si. Je vais t'oublier, espèce d'idiot. Tu n'es plus rien. Tu ne seras jamais quelqu'un de bien !
-NOON !! Je t'en supplie !!!!! Ne me laisse pas !! Ne me laisse pas ici !!! MATHIEU !!!!! »
J'ai froid. Je suis épuisé. Mais je ne dois pas abandonner. C'est cette pensée qui me fera avancer pour les deux ans à venir, subsister dans le noir et la solitude.

***

5 Août 2002. Bureau du psychiatre pour enfant. J’ai peur. Je ne veux pas y aller, il s’y passe des choses bizarres. Je le sens au plus profond de mon être.

« Alors, Tarek, tu dois savoir qui je suis.
-…
-Hm, bien. Tu ne veux pas me parler, n’est-ce pas ? Tu es persuadé de savoir la vérité, toi et toi seul, hm ?
-…
-Ah, au moins tu lèves les yeux. Nous allons bien nous entendre toi et moi, tu es d’accord.
-Drygionus…(monstre, nda)
-Quoi ? Qu’as-tu dis ?
-Rien, Monsieur.
-Ah. J’avais cru. »

Le psychiatre, un sourire mesquin aux lèvres, me regarde, me détaille. Des cheveux roux, ternes, qui ont perdu leurs boucles soyeuses depuis longtemps, un teint de neige parsemé de taches de son, un teint maladif. Mes yeux, anciennement verts, ont virés au marron doré, à cause du sang qui s’est répandu dans l’iris. Mes paupières sont lourdes, ourlées de longs cils caramel qui viennent parfois effleurer les joues. Trop petit pour mon âge, je flotte dans mon t-shirt imprimé de chevaux sauvages dont je rêve, enviant leur liberté. Malgré ma santé défaillante, je reste, dit-on, un enfant d’une beauté presque insolente, énervante. Mes traits fins, comme dessinés par un artiste, me donnent un charisme effrayant. Et en quelque sorte, je suis plus beau dans le malheur qu’au naturel, au vu de cet air pensif éternellement présent sur mon visage, de cette mélancolie que je dégage. Ainsi, la perversité du professeur ne peut qu’être avivée. L’homme contourne le bureau, me saisi par les cheveux et m’arrache mon haut avec rage. Terrifié, je le griffe et recule vivement jusqu’au mur, où je me cogne violemment, faute de n’avoir pu le voir. À quatre pattes, je tente de m’enfuir, d’atteindre la porte, mais déjà des mains fermes me retiennent, me bâillonnent sans faille. Lorsque la main du géant qui me tient les poignets descends vers mon bermuda, je sent mon sang se glacer dans la moindre de mes veines. La peur et la haine se muent en une douleur irrépressible, en une envie de fuir, de quitter cet endroit le plus vite possible. Ma raison, qui se refusait à moi depuis longtemps, revient plus vite que l’éclair. Il faut que je me reprenne et que je sorte d’ici. Ses mains tirent mon t-shirt vers le haut, mettant mon torse à nu et des grosses larmes envahissent rapidement mon visage. Je sens mon ventre se contracter sous l’effet de la peur glacée et inconnue qui me tenaille. Je ne comprends pas se qui se passe, mais je sais que je dois avoir peur. Mon corps en tout cas, le sais. Je me débat comme un beau diable, bourrant le psychiatre de coups de pieds, mais il comment pourrai-je tenir tête à un adulte du haut de mes huit ans ? Je sens mon pantalon être arraché, et mon boxer déchiré, et une erreur encore plus forte s’insinue en moi. Je ne veux pas, je ne veux pas, j’ai peur ! J’ai besoin d’aide ! Mais qui pourrai intervenir ? Sa main sur ma bouche se retire, mais je n’ai plus la force de hurler. De toute façon, la pièce, comme toutes les autres, est parfaitement insonorisée. Ses doigts passent sur ma poitrine, il me fait mal et ça me gêne. Il cherche ma bouche, force la passage de sa langue te je manque de vomir à cette intrusion. Mon cœur tape douloureusement dans sa prison d’os, de chair et de sang et soudain, je me sens déchiré. Un cri inhumain brise le barrage de mes lèvres, et mes yeux s’écarquillent de stupeur. J’ai mal ! Je ne comprends d’où ça vient, pourquoi j’ai si mal d’un coup ?! Et puis il y a quelque chose en moi qui bouge, et ça fait atrocement mal. C’est comme si on me coupait en deux de l’intérieur. Je n’arrive pas à comprendre je ne vois pas d’où ça vient cette souffrance physique si soudaine. Et puis brusquement tout prend feu en moins, j’ai l’impression qu’on m’a fait entré une flamme dans le corps. Ça ne dure que quelques secondes mais ça fait encore plus mal que le reste et puis d’un coup, j’ai froid. Mon corps et libéré, mais j’ai la sensation dérangeante d’avoir un glacier entre les cuisses. Je comprends alors. Je n’ai pas de nom pour ce qu’on vient de me faire, mais je sais que c’est interdit et que je suis sali. Et dans les larmes et le sang, le visage encore écrasé contre le bureau d’acajou de ce monstre nommé James Mayson qui se vante de prodiguer le bien, je jure ma rédemption.
Trois ans plus tard, je quitte ce que  j’appelle désormais « the world of emptyness », une amie à mes côtés, et une haine dévastatrice dans le cœur. Le monde paiera pour ma douleur. Tout le monde. Sauf Un.
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