La nuit venait de tomber et rien n’étais plus beau que cela. La Lune avait aujourd’hui ses contours nettement dessiné, comme si quelqu’un avait pris le temps de soigner son esquisse du Monde. Je sentais l’air fouetter mon visage, je devais très certainement avoir les joues rosées. Je supporte peu la pression du vent sur mon corps. Je me sentais dans mon élément, comme protégée par cet Astre majestueux. Mes pieds s’adaptaient à la colline que j’étais en train de descendre lentement. Je voulais marcher, il le fallait ! Une fois n’est pas coutume, je réfléchissais à qui j’étais, pourquoi j’étais devenue celle d’aujourd’hui. « Suis-je vraiment quelqu’un après n’avoir rien fait d’extraordinaire ? Qui suis-je ? ». Il n’était pas rare que ces questions me traversent l’esprit.

    Mes pensées m’envahissaient, plus rien n’existait. J’étais seule, avec la lourdeur de mon âme et la chaleur sur ma poitrine, c’était un petit caillou de Lune accroché à une chaine sans début ni fin. Je ne sais plus comment j’ai obtenu ce précieux objet, à chacune de mes interrogations mes parents me répondaient « c’est le secret de ta vie ». Mais ceci ne m’a jamais vraiment avancé pour comprendre. L’unique chose dont je suis certaine, c’est que ce morceau du bel Astre fait partie de moi, il me définit et j’ai vécu avec. J’y tiens énormément. Et souvent, j’énonce ceci comme le premier mystère de ma vie.

    Je continuais de divaguer ainsi de sujet en sujet. En quelque sorte je me parlais à moi seule. De toute façon, qui serait là pour essayer de me comprendre ? Et souvent, lors d’une de mes nombreuses nuits à errer je me suis posée sur cette interrogation et il n’est pas rare que j’en arrive à la même conclusion : je ne suis même pas certaine moi-même de vouloir me dévoiler. Je ne suis même pas certaine de me comprendre et je n’en ai pas envie. J’ai peur de ce que je pourrais éventuellement apprendre si quelqu’un cherche.

    Je suis actuellement cette personne par un ensemble de circonstances, par le simple fait que j’ai eu ce passé et pas un différent. Mais je ne suis pas curieuse, non, pas sur Moi. Je ne me juge pas assez intéressante pour ceci.

    Au fur-et-à-mesure que je divaguais ainsi mes pas se faisaient de plus en plus lents et mes lourdes paupières peu à peu se fermaient. La nuit allait encore perdurer de longues heures avant de laisser place à un ciel translucide. Tant mieux ! J’aime m’endormir sous ce ciel obscur, je préfère même.

   

Mon dieu ! Pourquoi fallait-il que cela tombe toujours sur moi ?
J’étais jusque-là assise tranquillement à regarder passer les gens dans une ville du vent lorsque soudainement, des soldats sont passés devant moi. Ils ne m’ont heureusement pas reconnue mais voilà, je ne pouvais plus rester là-bas, il m’a fallu partir. C’est à ce moment-là qu’un personnage inconnu, surement un chasseur de prime, est apparu devant moi. Je suppose qu’il m’observait depuis quelques temps déjà puisqu’il savait qui j’étais et l’a abordé en m’appelant par mon nom complet. Ce qui n’a manqué d’attirer l’attention des militaires qui étaient passés devant moi quelques secondes auparavant.
J’avais à peine eu le temps de me lever du ban que je me retrouvais accosté par un étranger et voilà qu’à présent les gardes arrivaient pour savoir ce qu’il sa déroulé ici et si ce personnage me dérangé.
Ils furent étrangement très gentils avec moi et lorsque je leur fis comprendre que je ne connaissais pas cet homme, ils l’invitèrent à se rendre autre part et de ne plus embêter les jeunes femmes. Ils ne savaient alors qui se trouvait devant eux et ce n’était pas moi qui allais les informer là-dessus. Pour une fois que j’étais seine d’esprit, autant en profiter.
Je leur dis doucement « au revoir » et m’enfuit lentement, sans qu’ils ne se doutent de rien. Mais l’homme m’attendait plus loin et lorsque les soldats furent hors de vue, il m’accosta de nouveau. Effrayé par l’idée qu’il puisse être un chasseur de prime puisqu’il connaissait mon nom, je fuis en volant cette fois ci et les militaires purent ainsi observer une humaine ailée partir à toute allure dans les airs en se demandant surement ce qu’il lui arrivait.
Heureusement pour moi, le chasseur n’était pas ailé et de ce fait, il me fut facile de fuir. Quelle fut ma surprise lorsque les soldats se retrouvèrent à mes trousses. L’étrange personnage avait dû les prévenir et voilà qu’à présent, ceux possédant des ailes me suivaient comme mon ombre pour me capturer.
J’atterris au milieu des rochers d’une montagne et commençais une longue marche à pieds difficile et ennuyeuse pour leur échapper. Je passai la journée entière à continuer entre les pierres sans jamais m’arrêter même si je ne voyais plus les soldats. On n’était jamais trop prudent et lorsque que l’on est recherché pour meurtre, la prudence est obligatoire.
Les soleils se couchèrent et bientôt, la lune apparut. Pour une fois, il n’y avait qu’une seule et unique lune dans le ciel, toutes les autres étant invisibles, sous leur forme de nouvelles lunes. Demain elles seraient de nouveau trois ou quatre au milieu des nuages mais pour le moment, c’était calme. Les soleils par contre étaient jusque-là tous présent, c’est-à-dire onze dans le ciel, ce qui est un chiffre impressionnant comparé à la Terre où il n’y en a qu’un.
Puis enfin, après avoir longtemps observé beaucoup de rochers vinrent les plaines qui s’étendent à perte de vue sur tout le continent. Je continuai encore ma longue marche en direction d’une porte, ou en tout cas, je l’espérais. Il me fallait retourner sur Terre avant la prochaine nuit sinon je risquais de rater les cours du jeudi et d’inquiéter l’orphelinat pour un rien comme toujours.
Nous devions être au milieu de la nuit lorsque, épuisée et ne faisant plus vraiment attention où je m’étais les pieds, j’écrasai une jeune fille du même âge que moi à peu près.

« Désolée ! Je ne vous avais pas vue ! »

"Aujourd'hui, je visite les plaines Tarek ! Et pas d'objection. A tout à l'heure."

Je plantai un baiser sonore sur les lèvres de mon meilleur ami et partit de Gï, sifflant Hime et partant chercher ma belle et splendide jument ailée. J'allais aller sur le continent dont-elle était originaire, et la belle pégase piaffait d'impatience. Elle n'avait jamais vu Aèras et ses plaines, elle était née dans les écuries royales et n'en était jamais sortie. Tout en caressant l'encolure de la belle équine, je laissai mon esprit divagué. Le temps commençait à manquer. Tarek devait tuer ma mère dans les jours à venir. Je ne pouvais continuer à vivre ici sans la protection de mon peuple. Les Sylvains n'étaient pas assez puissant, du moins je ne voulais pas que le peuple qui m'avait accueilli alors que nos peuples étaient en guerre ne souffre d'une attaque de Karasu. Alors, il fallait que je parte. Mais, lorsque je revendrais chez moi, ce sera pour endosser la couronne elfique. Pas pour autre chose.

Le bruit de patte féline sur le sol me fit sortir de ma rêverie. La queue de la panthère jouait derrière elle, et ses prunelles jaunes fixées sur moi. Lorsqu'elle lut mes pensées, elle se figea net et Jade hennit d'un air moquer. Je suivis ma jument, je savais très bien que la panthère détestait les voyages par les airs, mais elle allait devoir s'y faire, je voulais bouger. C'est donc rochonnante qu'elle bondit sur le dos de mon pégase et elle me jeta un regard glacial lorsque je me transformais en gryphon.

Deux heures plus tard, je visitai le continent de l'air, montée sur mon pégase, Jade cumulant les pointes de vitesse dans les plaines et les démarches gracieuses dans les villes. Hime suivait, lasse de s'abimer les pattes à marcher derrière nous. Et le vent qui soufflait ébouriffait ses poils bicolores. Un sourire étincelant sur les lèvres, je fis le tour des diverses villes principales. Ce continent était splendide....


La nuit commençait à tomber sur les belles plaines d'Aèras. Perchée sur le dos de Jade, Hime suivant non loin, je regardai le ciel. Les étoiles brillaient d'un éclat rarement égalées et la lune éclarait l'herbe verte de sa lueur blanchâtre, transformant toute forme en fantômes et monstres des légendes. Ma panthère huma l'air rapidement, cherchant une proie. Les crocs a découvert, la féline partie en chasse me laissant seule. Jade eu un hérissement purement humanoïde.


« Désolée ! Je ne vous avais pas vue ! »

Mes sens elfiques m'indiquèrent directement l’origine du son qui avait pour moi retentit sur toute les plaines, glissant à travers l’herbe. Sur une indication mentale de ma part, Jade prit la direction du bruit en question. Deux filles, des humaines ailées. Une race bizarre...

"Et bien demoiselles ? Etre discrète vous serait-il impossible ?"

Je les regardai avec attention avant de rejeter ma chevelure blonde derrière mes épaules. Les divers bijoux elfiques que je portais brillaient sur mon corps, et ma bague de fiançailles démoniaques étincelait à mon doigt. J'étais parfaite, comme toujours.

[Edit : PUTAIN CATHY J'ETAIS EN TRAIN DE REP ! J'AI TOUT PERDU !!!!]

Alors que je dormais dans un calme pesant une voix me réveillant. C’était le seul bruit présent dans cette nuit calme.

« Désolée ! Je ne vous avais pas vue ! »

Sa remarque raisonnait comme un cri étouffé par la surprise. Me revient alors une culpabilité énorme ; j’avais une nouvelle fois était invisible. On ne me remarquait pas.
Je n’avais pas encore tout à fait les esprits en place et les yeux adaptés à la pénombre que déjà deux silhouettes se dressaient devant moi. Je me suis sentie comme oppressée ; jamais autant de personnes ne s’étaient rassemblées autour de moi pour me mirer avec autant de rigueur.

J’essayais encore de me sentir à l’aise parmi ces deux personnes lorsque la voix arrogante d’une grande blonde me donna des frissons.

« Et bien demoiselles ? Etre discrète vous serait-il impossible ? »

J’étais habituée à ce que l’on me critique, mais jamais à dire que je n’étais point discrète.
Je ne savais plus ce que je devais faire. Ma bouche s’ouvrait pour se refermer aussitôt. Mes yeux se perdaient dans la plaine s’étalant devant nous. C’est tout de même un vrai paradoxe de se sentir emprisonnée alors que je suis en pleine nature.
Et puis il y avait cette jeune fille, elle avait un air sage et calme. Je me senti tout de suite bien avec elle. C’était une humaine ailée, voilà peut-être la raison de mon apaisement à sa vue.

Sans que je ne m’en rende compte, mon pendentif de Lune commençait à nouveau à chauffer ma poitrine. Instinctivement mes mains s’y portèrent. « Pourquoi faisait-il cela ? Je le sais, ce n’est pas anodin, ça a une signification. Tout a une signification. Mais quelle est-elle dans cette circonstance ? »

Je regardais depuis un moment déjà cette jeune fille presque pareille à moi, elle semblait égarée et effrayée. Alors comme si on se connaissait depuis toujours nos yeux se tournèrent dans un mouvement commun en direction de la seconde femme composée de plus de bijoux et de diamants que d’autres choses. Au travers de cette clarté de Lune pâle elle paraissait comme un soleil, un soleil éblouissant.

J’étais encore en train de m’excuser d’avoir marché sur cette humaine ailée lorsqu’une elfe fit son apparition au milieu de la plaine, accompagnée d’une pégase et d’une panthère. La nuit continuait bien, après le chasseur de prime, voilà qu’arrivait une elfe et deux familiers. Que pouvait-il encore se passait autour de moi ? J’espérais fortement que cette nouvelle arrivante ne soit pas une chasseuse de prime, elle aussi, mais comme habituellement, nous ne trouvions pas d’elfe en pleine nuit sur les plaines d’Aéras, j’avais des doutes. Quand je pensais que cette pauvre humaine ailée n’avait rien demandé et qu’elle se trouvait pourtant au centre de cette histoire. Si je regardais un peu plus devant moi aussi, je ne l’aurais pas écrasée et elle aurait pu continuer à dormir sans se rendre compte de l’aventure qui se serait déroulée autour d’elle. Mais ce qui était fait était fait et elle ne pouvait plus y échapper à présent donc autant l’aider autant que possible puisque j’étais pour le moment encore saine d’esprit.

« Et bien demoiselles ? Etre discrète vous serait-il impossible ?

-Serait-ce donc de notre faute si vous avez l’ouïs fine ? Nous ne pouvons rien faire contre cela et si vous ne voulez pas entendre les conversations des autres, le mieux serait tout de même de retourner sur votre continent, chez vous et de ne plus importuner les honnêtes gens. Enfin, comme je viens de l’expliquer précédemment, vous n’êtes pas sur votre continent alors même si vous êtes une elfe, vous n’êtes pas en terrain de force ici et n’êtes pas la bienvenue si c’est pour importuner les habitants d’Aéras. »

J’avais été extrêmement sèche mais cela faisait tellement du bien de rabaisser une elfe et pourtant, mon visage était toujours aussi calme, comme ma voix d’ailleurs, et je souris, fière de moi, à la blondasse.
De son côté, l’humaine ailée ne comprenait plus rien. Elle s’était tournée en même temps que moi vers l’elfe mais avait un regard qui indiquait à quel point elle était perdue.
Je m’avançai vers elle pour faire connaissance et la mettre en confiance :

« Bonsoir, moi, c’est Teana. Je suis une humaine ailée, comme toi. Comme t’appelles-tu ? »

J’espérais qu’ainsi, elle oublierait l’intruse et ne ferait plus attention qu’à moi. Je savais que ce serait difficile de faire oublier une magnifique et idiote grande elfe mais il le fallait où je risquais de piquer une crise de folie et de la tuer dans un excès de rage.

« Bonsoir, moi, c’est Teana. Je suis une humaine ailée, comme toi. Comme t’appelles-tu ? »

En entendant ces propos je me suis tout de suite sentie plus à l’aise. Comme si l’incident s’étant produit l’instant d’avant n’avait pas eu lieu. Dans un mouvement lent et harmonieux je me levai pour être au niveau de cette nouvelle rencontre, Teana.

« Moi c’est Alpha, enchantée. »

Et accompagné de ces paroles je lui fis mon plus beau sourire, car oui, j’étais réellement heureuse de faire connaissance avec une personne comme moi après tant d’années de solitude.

J’aurais tant aimé détendre l’atmosphère pesante qui régnait entre notre petit groupe. De loin nous devions donner une bien piètre impression ; trois personnes inconnues entre elles et pourtant… Toutes réunies ici même et au même moment.
J’ai cru bon de faire mes excuses, je n’y étais pour rien dans ce bref incident, mais le premier pas devait bien venir de quelqu’un, je ne voulais pas créer de tension.

« Nous n’avons pas fait exprès de faire autant de bruit, j’étais allongée là et elle est arrivée en étant surprise autant que vous et moi. Ne créons pas de tension, nous n’avons toutes rien fait pour cela non ? »

« -Serait-ce donc de notre faute si vous avez l’ouïs fine ? Nous ne pouvons rien faire contre cela et si vous ne voulez pas entendre les conversations des autres, le mieux serait tout de même de retourner sur votre continent, chez vous et de ne plus importuner les honnêtes gens. Enfin, comme je viens de l’expliquer précédemment, vous n’êtes pas sur votre continent alors même si vous êtes une elfe, vous n’êtes pas en terrain de force ici et n’êtes pas la bienvenue si c’est pour importuner les habitants d’Aéras. » Bonsoir, moi, c’est Teana. Je suis une humaine ailée, comme toi. Comme t’appelles-tu ? »

La blondasse était sèche, un peu trop sèche même. Je n'étais pas encore reine, mais n'allait pas tarder à le devenir. On ne me parlait pas sur ce ton, je ne le tolérai absolument pas. Pour qui ce prenait-elle celle là ? N'oublie pas que dans humaine ailée, il y a humaine. Tu as beau avoir un petit truc en plus, tu m'es inférieure, et largement. Non mais ! Pour qui se prenait-elle cette petite gamine !

« Moi c’est Alpha, enchantée. »

Et voilà l'autre corbaque qui répondait. Bande de petites.... Raaaaah ! Vous allez apprendre comment je m'appelle !

« Nous n’avons pas fait exprès de faire autant de bruit, j’étais allongée là et elle est arrivée en étant surprise autant que vous et moi. Ne créons pas de tension, nous n’avons toutes rien fait pour cela non ? »

Ah... Voilà quelqu'un de raisonnable. Même si je m’apprêtais mentalement à répliquer et qu'elle m'avait coupé la parole. Je regardais alors la jeune blondasse, et plongea mes prunelles étincelantes de rage de les siennes. Je descendis calmement de ma jument, et la regardant froidement, je répliqua :

"-Pour qui te prend tu misérable humaine pour oser parler ainsi à une elfe. Je te suis supérieure ma petite, tu n'as aucuns mots à ajouter en ma présence ! Quand au fait que je ne sois pas sur Gï, soit, mais n'oublie pas très chère que Ludtyvia est notre territoire. Notre Mère nous a créé avant votre race petite.

Je lui fis un sourire parfaitement hypocrite et Jade hennit, étendant ses immenses ailes d'une envergure impressionnante. Pauvre sotte, tu m'as mise en colère, et il ne faut pas mettre le chat en colère...

« Moi c’est Alpha, enchantée.
-Enchantée très chère, je suis heureuse de vous rencontrer. C’est dommage que certaines personnes s’auto invites à des rencontres si agréable. »

Je n’apprécie vraiment pas cette elfe et je lui fais bien savoir et ce, dans un langage que j’ai voulu soutenu, souvenir de mon enfance dans une famille aristocratique. Comme quoi, les souvenirs sont importants également. Et pourtant, lorsque j’y repense, à cette vie qui me parait si loin, d’autres souvenirs remontent à la surface. A chaque fois que je crois les avoir suffisamment enterré, ils reviennent me dire ce que j’ai fait et m’empêche d’avoir une vie normal.
Mon dieu ! Une nouvelle crise et en train de débuter. Je n’en avais pas fait depuis quarante-huit heures et voilà qu’elles reviennent de la pire façon qui soit.
Mon esprit s’échappe petit à petit du monde réel pour entrer dans ma mémoire et me faire revivre les affreux moments de mon existence. J’entends vaguement Alpha s’excuser dans la vrai vie à l’elfe qui réplique je ne sais quoi froidement. J’ignore ce qu’elle raconte, je n’arrive pas à revenir à moi. Je plonge dans mes cauchemars les plus sombres et les plus terrifiants, me revoyant sept ans plus tôt dans ma chambre à me préparer pour recevoir mes grands-parents, la domestique prenant soin de moi contrairement à mes parents. Et pourtant, je l’ai tué. Ce sont mes mains qui lui ont pris sa vie, ce sont mes mains qui ont arraché à la vie de nombreux êtres qui vivaient alors dans le manoir. Des soldats pris par surprises, des domestiques terrifiés, ma famille… je me rappelle leurs visages effrayés lorsque j’ai porté le coup fatal. Ils avaient tellement peur.
Les souvenirs sont là, plus présents que jamais tandis que je me roule sur le sol, hurlant, pleurant toutes les larmes de mon corps. Elles doivent avoir peur elles aussi, ce n’est pas souvent que l’on assiste à la crise d’une folle. Si elles savaient, si elles voyaient ce que j’ai fait, elles n’oseraient même plus m’approcher. Je suis un monstre qui ne contrôle même pas son corps et qui tombe dans une crise de larmes et de cris lorsque personne ne pense que cela ne pourrais arriver. Je suis horrible. Je fais peur aux gens et n’y peux rien. Comment vont-elles me voir après cela ?
La crise refait toujours surface aux moments où je m’y attends le moins. Et elle peut durer si longtemps, je ne sais même pas si je serais de retour à temps à l’orphelinat sur Terre pour ne pas inquiéter les adultes.
Les souvenirs sont de plus terribles. Comme toujours, dès que je pense qu’il y a un temps d’accalmit pour réfléchir à autre chose, les images reviennent, plus terrifiantes que jamais. J’ai peur. Les fantômes peuvent-ils revenir d’entre les morts nous hanter ainsi ? Cela fait si mal.