Le vent bruissait lentement autour de moi, calme, à l'inverse de mon cœur qui battait la chambarde. Excepté le vent, aucun bruit n'était audible, toute la vie des animaux diurnes c'était stopper lorsque j'étais sortie de chez moi. Je jetai un regard autour de moi, cherchant à capter l'odeur et les pulsations du sang dans un cœur mais rien, rien que le vent dans les arbres sans feuilles du cimetière. Partout ailleurs, le printemps reprenait ses droits sur le reste de la ville, mais ici, une nappe de brouillard continue détruisait tout les sons et les feuilles ne poussaient jamais. Pas une fleur, pas un seul bout d’herbe qui pointait son nez. Rien... rien que le néant. J'inspirais profondément, et captait l'odeur de la vie. Mais ce n'était rien d'autre qu'un chat qui courrait vers la maison de ses maitres, cherchant à échapper au la menace que je représentais. Toutes les créatures s'étaient tues, sachant les pouvoirs qu'était les miens. J’entraperçus mon reflet dans le marbre d'un tombe et soufflait sur une mèche rebelle de mes longs cheveux châtain. J'étais vêtue d'un jean simple, presque uniforme qui n'entrevait pas mes mouvements. En haut, je portais un tee shirt bleu marine cintré à la taille recouvert par une veste à capuche en fourrure sombre. Je me fondais parfaitement dans le décors, de par mes habits que par ma discrétion. Personne qui n'en aurait eu la permission ne pouvait me voir, j'étais aussi discrète que le félin auquel nous les vampires étions affiliés.

Ma gorge me brulait à présent. Encore une fois, j'avais trop attendue avant de partir en chasse, et une fois de plus je serais incontrôlable. Surtout qu'il n'y avait nul âme qui vive dans ce cimetière. Bien normal me direz vous. Mais normalement justement, il y avait toujours une vieille dame ou un jeune couple qui venaient ici, soit pour poser des fleurs ou alors pour ce faire peur. Les jeunes ne croyaient plus au histoire de fantômes, vampires et autres loups garous. Mais je pouvais leur certifier qu'ils avaient tord. Moi aussi avant je n'y croyais pas. Jusqu'à cette nuit, cette nuit où il a abusé de moi avant de me laisser pour morte sur le parvis. Et jusqu'à ce que je me réveille au beau milieu de la journée, la lumière du soleil brulant mes yeux et la gorge en feu. Mais ce soir, ma gorge me brulait presque autant. J'avais l'impression de traverser le désert de la soif en plein mois d'Aout. J'inspirais alors une fois de plus et cette fois me senses captèrent une odeur de vie humaine. Mon visage changea et mes prunelles devinrent aussi rouges que des rubis. J'étais prête...

La traque débuta alors, ma proie bougeant sans répit. Je ne savais qui elle était, homme, femme, âge, peut m'importait. Seul le vent m'accompagnait, le vent et l'odeur du sang. L'être était blessé, je ne pouvais que le sentir. Et son odeur attisait ma soif, encore et encore plus. J'en suis désolée pauvre personne, mais tu ne verras pas le lever du soleil. J'ai faim, et je te traque...

Sans que j'en ai vraiment conscience, mes pas m'ont guidé dans un endroit qui m'est inconnu. Plongée dans mes pensées je ne me rend pas compte que je me suis immobilisée. Un vent frais agite mes cheveux relevés en chignon. Une mèche s'en échappe et vient caresser ma joue. Je ne sais pas pourquoi mais un sentiment de tristesse m'envahit peu à peu. Une tristesse ancienne et qui semble faire partie de moi, qui semble même être ancrée en ce que je suis. Comme si elle et moi étions inséparables. Je prends lentement conscience de ce qui m'entoure. Tout est gris et terne et pourtant... Tout ici semble être emplis de souvenirs douloureux, de cris d'angoisses et de lamentations infinies. Je me remet en marche, pieds nus sur les graviers. Je caresse ces pierres immobiles et froides. Le vent siffle dans les arbres. Le temps semble n'avoir aucune emprise sur ce lieu. En fermant les yeux je m'imagine des personnes venir ici et s'agenouiller devant ces pierres taillées. Je m'arrête devant l'une d'entre-elles.




Je me penche au-dessus et essuie la poussière qui la recouvre. La date reste tout de même illisible, marqué par le temps, peut-être la seule action qu'il peut entreprendre. Je comprends que seuls les morts sont ici, ce qui explique ce silence. Dans un élan d'espoir impromptu, je regarde les différents noms autour de moi, espérant tomber sur quelque chose qui puissent me rappeller mon passé enfoui. Espoir très vite déçu quand je me rappelle que je suis sur Terre. Et qu'ici je me prénomme Emily, donc que mes parents ne peuvent pas se trouver dans ce monde. Je continue de déambuler et par inadvertance je me prends les pieds dans un caillou plus gros que les autres et m'affale de tout mon long. Relevant la tête, je me trouve nez à nez avec une pierre totalement lisse, vierge de toutes gravures. Je m'adosse contre elle et essuie mes paumes ensanglantées sur mon jean. Je resserre ma veste grenade autour de moi et sors mon carnet où je note mes rêves. Je relis le dernier en date. De nouveau des frissons incontrôlables me parcours le corps. Cette possibilité de réalité me fait peur. Je referme la carnet d'un claquement sec et me relève. Le brouillard s'épaissit. Je me dirige vers la sortie.

L'odeur du sang se fait de plus en plus forte. Je meurs de soif, et petit à petit, je m’approche de ma proie. Une pierre tombale me fait alors face et j’inspire profondément. La jeune fille que je traque s’est tenue ici quelques minutes plus tôt. Je peux totalement me représenter le moindre de ses faits et gestes. Adossée contre la pierre tombale, elle a essuie ses mains sur son jean. Je la vois, elle possède une chevelure violette sans doute dut à une couleur et des yeux d’un vert impressionnant. Elle est plutôt jolie, je me dois de le reconnaitre. Mais la faim m’empêche de m’attacher à mes proies. Je dois la tuer, si je ne veux pas mourir… car je sens déjà mes veines qui frottent entre elles tel du papier de verre, m'imbibant d'une douleur invraisemblable. J'ai mal, et je sais qu'en échange d'une vie, la douleur disparaîtra. Alors il me faut tuer, encore et encore, prendre un nombre sans fin de vie jusqu'à ma seconde mort. Car les vampires ne sont que des cadavres ramènés à la vie par une puissance qui me dépace. Un simple échange de sang avant la mort. Aèl l'avait bien comprit d'ailleurs. À la pensée de mon ex petit ami, mon coeur se sert, la blessure béante qui y règne semblant refaire son nis en son sein. L'heure n'est pas aux souvenirs mais à la traque.

Je reprends alors ma marche, emplissant mes poumons de l'air chargé d'hémoglobine qui m'entoure. L'odeur est délicieuse, mes forces ne sont que décuplées par l'envie terrible que le sang fait naître en moi. Elle se dirige vers la sortie et aussi silencieuse qu'une ombre, je la suis. Et, lorsqu'elle arrive à hauteur du portail, ma main se glisse autour de sa taille, la tirant en arrière dans la direction d'une pierre plus haute que les autres.

-Désolé ma belle,mais pour toi c'est fini. Si tu ne te débats pas, ce ne sera pas trop douloureux.

Et sur ce, appuyant mes paroles, je plante violement mes crocs dans la chair tendre de son cou. Non pas sur la jugulaire, où l'écoulement est trop rapide mais un peu plus haut. Je m'aime pas prendre des vies. Vraiment pas ...

J'arrive devant le portail en fer forgé. Il est entrouvert, exactement comme je l'ai laissé en entrant. Je tend la main pour toucher ce métal froid et refermer le battant. Mais je n'en ai pas le temps. Un bras inconnu me ceinture et me projette violemment contre une grande pierre. A moitié étourdie, je me mords la langue. Reprenant mes esprits, les sens en alertes, je remarque une forme humaine devant moi.


Avec une vivacité inhumaine, elle se colle contre moi, penche la tête et tranche ma chair avec ses dents pointues. Une douleur fulgurante me traverse le cou et se répand dans mon corps comme un poison. Sous l'horreur et la doulour je sens le sang emplir ma bouche et dans un reflexe j'avale. Des flash aveuglant défilent derrière mes paupières closes. Et mes rêves me reviennent en tête, aussi clairs et limpides que si je venais de les avoir faits. Non... surtout pas ce goût metallique inimitable... Je gémis et soudain un flash rouge explose dans mon esprit. Un grondement monte dans ma gorge. Mon corps se cambre brutalement en arrière, délogeant les dents de la vampire. Mon corps est parcouru de spasmes et un rire diabolque sors de mes lèvres qui grimacent un sourire mauvais. Mes cheveux sont devenues couleur feu, mes ailes flamboient de la même couleur. Je doit apparaitre comme une torche vivante vu de loin. Mes yeux s'ouvrent soudainement et fixe la vampire. Je sais qu'ils sont entièrement noir et n'ont plus rien d'humain. Mais je n'y peux rien, lorsque mon organisme rentre en contact avec du sang, animal, humain ou autre; peu importe mon esprit prend le dessus et je ne contrôle plus rien. Je lève mon bras gauche enveloppé par un tatouage noir qui commence à virer au rouge, comme brûlé au fer. Je sens la douleur de la brulure, comme celle qui réside dans mon cou, à l'endroit de sa morsure. Mais bizarrement j'aime cette sensation. Je laisse ma main en suspens devant son visage pendant quelques secondes, et avec une puissance et vivacité accrue par mon esprit incontrolable, je la gifle violemment.

Finalement, je ne crois pas avoir choisit la bonne proie. Car, alors qu'elle semble se laisser faire sur le début, il devient finalement incontrôlable. Avec une force inconnue des humains, elle me vire violement et mes prunelles deviennent deux fentes aussi rouge que la couleur qui prend petit à petit le contrôle des cheveux et des ailes de la gamine. Des ailes !? C'est quoi ce bordel ! D'où les humains ont des ailes. Je feule alors violemment, mais n'ait pas le temps d'attaquer de nouveau que je me prends une gifle monumentale. Je reste surprise quelques secondes avant de réagir.

-NON MAIS SA VA PAS ! T'ES COMPLÉTEMENT MALADE !

Oui, je sais, c'est l’hôpital qui se fout de la charité. J'ai tenté de la tuer, de boire l'intégralité de son sang mais c'est moi qui crie lorsque je me prends la moindre petite gifle. Je sais, je ne suis pas normale. M'enfin... ça fait mal !

-C'est quoi ses ailes là ? T'es complétement cinglée ma pauvre

L'un de mes sourcils se soulève, interrogateur. J'aimerais vraiment savoir qui elle est, et j'ai pris assez de sang pour ne pas l'attaquer au moindre mouvement. D'ailleurs mes yeux reprennent petit à petit leur magnifique couleur noisettes et les marques de la faim (Ici) disparaissent de mon magnifique visage. C'est bon, je suis redevenue une adolescent responsable et distinguée, je peux tenir une discussion normale.

La vampire reste quelques instants interdite avant de m'hurler dessus comme une furie:


Un rire mauvais s'échappe de ma gorge. Sachant que rire ne fera que l'énerver davantage et que je suis d'humeur sadique, je ris encore plus. Finalement je me calme et agite mes ailes:


Un sourire diabolique plaqué sur mon visage, je m'approche du sien et lui murmure:


Les marques noires près de ses yeux disparaissent peu à peu et ses yeux retrouvent leur couleur naturelle, un brun noisette.


Je ris de nouveau de ma méchanceté et de ma prise de risque. Car elle reste tout de même un vampire. Et je sais qu'il ne me reste plus que quelques secondes avant que je ne redevienne moi-même.

Soudain, quelque chose entre dans mon champ de vision et vient percuter la vampire. Enfin, percuter est un grand mots, elle l'a décale de quelques mètres, tout au plus. Et la vampire a plus l'air surprise, qu'effrayée ou blessée. L'humaine ailée vient se mettre à côté de moi. Elle me dit quelque chose mais mon esprit embrumé et brulant ne semble pas s'en rapeller.


Je tourne lentement ma tête vers elle et d'un ton froid je lui lance:


Je souris de toutes mes dents et la fixe ainsi sans cligner des yeux. Mon tatouage commence à redevenir incandescent. Mon bras va de nouveau frapper quelqu'un.

Elle rit alors, un rire cruel qui retentit dans le silence glacial du cimetière. Je fremis un instant, je sais que je ne risque rien étant une vampire et donc plus rapide, plus puissante et plus dangereuse. Pourtant, les plus petits cheveux de ma nuque se dressent sur celle si. Elle aussi est dangereuse, mes pressentiments mentent rarement. Elle s'approche alors de moi, ses yeux entièrement noir, l'iris ayant prit le contrôle de l'oeil. Ses cheveux sont devenues semblent à des braises ardentes tout comme les immenses ailes qui brassent dans son dos.


Je lui montre les crocs, elle me cherche là ! Et elle va me trouver. Je suis gentille, mais j'ai toujours eu un caractère très fort. Pour qui se prend-t-elle avec ses illusions ? Je suis une vampire, et je suis forte. Physiquement, je la cloue au sol en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et elle serait morte avant même de s'en rendre conte.


Et toi si stupide de me chercher de la sorte. Je sens la moutarde me monter au nez, et les marques sur mon visage réapparaissent petit à petit et mes canines s'allongent de nouveau. Je commence à en avoir marre. Je suis en chasse et voilà que ma proie ose se rebeller ! Je me mis attendait pas, perdu dans mes pensées comme j'étais. Un véritable boulet de canon me percuta, mais, bien ancrée sur mes appuis, je ne bougeai pas du pouce. C'était une autre humanoïde, aillée elle aussi. Je poussai un profond soupire et feulait dans sa direction. Mais elle n'en avait que faire et demanda plutôt à son alter ego :



Et oh ! Je suis là ?! Je suis le truc dangereux de la scène bande d'idiotes ! Vous sous estimer le danger que je représente j'ai l'impression... Mais c'est dangereux pour vous sa...

-NON MAIS VOUS ALLEZ PAS BIEN BANDE DE GAMINE ! Vous vous prenez pour qui non de dieu ! Vous savez au moins ce que vous risquez ! Et toi, petite conne, pour qui tu te prends à me rentrer dedans !! Tu n'as pas peur des vampires ?! Es-tu complètement stupide ou juste inconsciente ?!

Les marques sur mon visage son revenues en force et mes canines sont toujours aussi pointues et longues. Je vais les tuer toutes les deux !!

Je sens que ma force commence à s'estomper. Mon esprit disjoncte et perd le contrôle puis le reprend dans une lutte qui me semble sans fin et qui me brûle la tête. Je comprend que je ne peux pas garder cette forme très longtemps.




Je commence à pouvoir me recontrôler et je m'aperçois avec horreur de qui est à côté de moi. Alpha. Complétement paniquée à l'idée qu'elle me reconnaisse, je perds les pédales et mon esprit reprends son contrôle sur moi. Mêlant nos deux peurs, pour moi: qu'elle me reconnaisse, et pour mon esprit: de ne plus me contrôler, mes dernières forces s'accumulent dans mon bras gauche. Dans un cri combinant la rage et la terreur, je hurle et la frappe de mon poing serré et dégoulinant de sang, les ongles plantés dans ma chair:




Avec chance, elle nous avait déjà tourner le dos et commencait à s'envoler, sans un regard en arrière. Mon poing ne fit donc que l'effleurer. Mon corps se contracte de douleur. Je me jette sur le sol en ouvrant la bouche dans un cri silencieux. Mes ailes de feu se résorbent, me brûlant le dos, le corps tout entier, me laissant entourée d'une fumée opaque. Peu à peu elle se dissout, laissant ma chair brûlante roulée en boule. Mes cheveux, redevenus violet, s'étalent tout autour de ma tête, pâle reproduction des flammèches d'il y a quelques secondes. Ma vision se nimbe de voiles noirs. Je préfère fermer les yeux en espérant que la douleur s'apaise d'elle même. Mon corps meurtrit gît au beau milieu d'un cimetière, en pleine nuit.
S'il vous plais, de l'eau...

Mais elle est complètement malade celle la ! Je suis tombée chez les fous. L'autre dingue qui a essayé de me rentrer dedans tout à l'heure est partie, et l'autre malade (la deuxième), pleure comme un bébé sur le sol, les poings en sang et le dos déchiré. Je la regarde fixement, mes yeux manquant presque sortir de leur orbites, le sang ayant un effet purement aphrodisiaque sur tout mon organisme. Je lui en ai déjà suffisamment prit ! Elle va mourir si je mords de nouveau, mais tout cet étalage d'hémoglobine devant moi ne peut que déclencher des pulsions cruelles dans tout mon organisme. J'essaye d'éviter d'inspirer profondément mais il m'est dure de ne pas respirer. Je n'en ai pas besoin mais c'est un réflexe humain, l'un des seuls qui me reste. Je ne cligne plus des yeux, je n'avais pas la salive inexistante dans ma gorge, mais je respire. Certes cela ne me sert pas à grand chose. Mon odorat peut fonctionner bien autrement, mais lorsque je sens les particules entrent dans mon nez, je me sens revivre. L'espace d'un instant, j'ai l'impression d'être humaine... Et les souvenirs qui déferlent dans mon esprits sont douloureux. Le bonheur de mon enfance, la douleur de la chute et de l'hospitalisation, puis les images défilent de plus en plus vite jusqu'à cette nuit sombre. Je ressens encore là froideur de la lame et le bruit déchirant des os qui s'écrasent sous les coups de mon assaillant. Je revois le sang qui coule, l'hémoglobine dégoulinant dans ma gorge et le long de ma poitrine. Je me souviens de mon réveil, de la douleur de mes canines, de l'horreur de mon visage dans un miroir lorsque j'étais en manque de sang. Toutes les images roulaient dans mon esprit comme le roulis de l'eau du lac que j'entendais de loin. Je n'avais pas ma place sur cette planète et pourtant j'étais là, prête à ôter la vie à une humaine (certes aillée) qui pleurait toute les larmes de son corps sur le parvis. Je me pouvais faire cela, je n'avais pas le droit de vouloir son sang de la sorte. Qui etais-je pour avoir droit de vie ou de mort sur quelqu'un ? Je n'étais rien de plus qu'une adolescente lambda...

Alors voilà, j'ai pris ma décision. Je ne supporte pas de voir cette pauvre jeune fille souffrir de la sorte. Je m'accroupi à ses côtés et mors avec violence mon poignet droit que je lui place dans la bouche. Mon sang qui coule dans ses veines guérira toutes ses blessures, et je sais qu'elle n'est pas assez mal en point pour devenir une vampire.

-Désolé pour tout à l'heure. Avec le sang sa devrait aller mieux. Je m'appelle Selena. Sa va mieux ?

Les dents serrés au point de ne plus sentir mes machoires je lutte contre les vagues de douleurs qui, contrairement à ce que j'espère, ne s'estompent pas le moins du monde. Je sens des images envahir mon esprit. Elles s'imposent à moi de manière irrévocable. Elles se succèdent à une vitesse folle, sans que je n'ai le temps de tout capter, tout retenir, en revanche je ressens. Oh ça oui, je ressens...


Une lumière sauvage m'aveugle, me sort de l'obscurité habituelle de mon cocon. Une claque violente retentit sur mon petit corps fripé. Dans un reflexe monstrueux, j'ouvre grand ma petite bouche et hurle tant que je peux. A bout de souffle, je prends naturellement mon inspiration. C'est un un déchirement total qui envahit mon petit être. Mes poumons se déploient pour la première fois dans ma cage thoracique. J'ai l'impression d'être poignardée de toute part. La douleur est atroce et lancinante. Je hurle de nouveau, en serrant mes petits poings violet. Puis j'inspire encore, reflexe détestable. Je me sens percée de milliards d'aiguilles qui bougent, s'agitent dans mon corps. La douleur est si terrible que je me sens perdre conscience. Mais un autre souvenir remplace celui de ma naissance.

Je me mordille les doigts de toute la force de mes gencives. Je sens que mes dents sont là, pretes à sortir. Mais il faut que je les aides à percer l'épaisseur de peau qui les séparent de l'air libre. Mes ongles griffent mes gencives. Je sens le goût du sang et le picottement des plaies. Cette douleur sourde me rend folle. Je pleure, hurle et secoue la tête. Mais j'ai beau faire claquer mes petites machoires, la douleur reste présente et me donne même mal à la tête. Je n'ai qu'une envie: tout m'arracher pour ne plus ressentir tout ce mal. Un autre souvenir prend forme.

Je viens de réaliser ma première apparition. Je comprend ainsi que mon pouvoir exste depuis que je suis petite. Il s'est juste bloqué à partir de ma perte de mémoire. Toute fière de ce que je viens de faire, une petite boule de terre parfaitement lisse au creux de mes mains, je m'avance vers une femme. Je ne peux pas apercevoir son visage, mais je ressent un amour profond envers elle, je suppose donc que c'est ma mère. Soudain, sans que je comprenne pourquoi, elle me hurle de ne jamais reproduire ça et me gifle avec tant de force que ma tête pivote violemment. Ma joue me brûle et mon cou est raide. J'ai du mal à le bouger. Mais le pire est la douleur intérieur que je ressens. Je ne comprends pas sa réaction... Et je m'en veux d'avoir fait quelque chose de mal, je me hais pour ça. Pour me punir, je prends une pierre et me frappe la tête avec. Au bout de quelques coups, le sang roule sur mon front, atteint mes yeux pendant que je tombe, évanouis.

Un dernier souvenir se présente, plus récent que tout les autres. Le naissance de mes ailes. Je me contorsionne de nouveau. Je ressens tout en accéléré: la douleur n'en ai que plus intense. Elles percent ma peau, le sang coule, elle s'étendent, je me contorsionne, je veux les arracher pour ne plus avoir mal. Mais rien que le fait de les toucher m'arrache un hurlement. La douleur envahit tout mon coeur et noie mon esprit.

J'entend une voix lointaine. Je me concentre du mieux que je peux pour m'y accrocher. Je ne veux pas resombrer dans la douleur de toute une vie.




Quel sang? Soudain un poignet ouvert se plaque contre ma bouche. J'ouvre brutalement les yeux. Surtout pas de sang! Je n'aurais pas la force de me retransformer, et je vais mourir! Mais faible comme je le suis, je ne peux pas resister. Etrangement aucun flash rouge ne se produit lorsque je déglutis. Je sens mes forces revenir en moi, mais je ne sens pas la puissance infinie que j'aurais du ressentir. Lorsque je m'en sens capable, je m'assois et repousse doucement son bras. Je reste quelques minutes assise, haletante, à reprendre mes esprits et à me calmer. Puis je lève la tête et m'adresse à la vampire:

Comme tout humain normal, même ailé, la jeune fille boit à même la blessure, et je me sens partir. Pourtant, je contrôle le gémissement de mes lèvres du mieux que je peux, mais les souvenirs déferlent sur moi. J'ai du mal à me faire mordre maintenant. Vraiment. Tout me ramène à Aèl, à cet homme qui fut celui que j'aime et aimerait... toujours. Ne jamais dire toujours, mais cette fois si, je le pouvais. Pourtant il était mort, et je me sentais tellement stupide à le pleurer toujours de la sorte. Il était mort, mort et bien mort ! Pourquoi donc fallait-il que je me souvienne encore de lui hein ? Il n'est plus là, et ne le sera jamais plus. Pourtant, je sens encore le contact de sa peau, de ses bras musclés contre mon cour. De ses mots d'amour susurrer à l'oreille, de ses nuits torrides et de ses mouvements doux, comme si j'étais une petite poupée qu'il avait peur de briser. Pourquoi non de dieu !

Lors qu’enfin ses lèvres quittent mon poignet, je suis à bout de souffle, et croise mentalement les doigts pour qu'elle ne s'en rende pas contre. Donner est toujours aphrodisiaque, et je déteste l'état dans lequel cela me met. Mais c'est ma nature vampire qui veut ça... Et c'est de la sorte et le sera pour l'éternité... J'ouvre les yeux tout en inspirant profondément, et mes prunelles redevenues de leur magnifique et profond chocolat habituel se posent sur l'humaine ailée.


-ne t'inquiète pas, je sais ce que c'est de dépendre du sang et d'en avoir peur à la fois. Du moins, vis à vis de mon sang, c'est tout à fait normal. Le sang des vampires contient à moitié du venin qui coule dans nos veines. Il n'est donc absolument pas comme celui des humains ou autres créatures. Tu es nouvelle ici non ?

Je lui fis un sourire rassurant, puis regardant ma montre et me rendant contre de leur, je lui accordai un nouveau sourire avant de remettre mes trop longs cheveux en place.

-Je connais un petit coin tranquille pas loin d'ici, sa te dit un café ? A moins que tu souhaites partir...Ne t’inquiète pas, je ne vais pas t'égorger dans une rue. Je suis une fille gentille normalement.

Je crois me souvenir que j'avais suffisamment d'argent sur moi pour deux cafés si ce n'est plus. Cette fille, j'avais beaucoup à me pardonner. Il faudrait que je chasse de peut de temps puisque je lui avais donné une bonne partie du sang que j'avais absorbé, mais tant pis, nous sommes deux filles, autant rire un bon coup et oublier que je venais de tenter de la vider de son sang.

Elle respire profondement. Ses prunelles sont redevenues normales et ses yeux sont d'une douce couleur chocolat, contraste violent avec la personne qu'elle était il y a quelques minutes. Je me relève et observe les lumières de la ville en contrebas. Sa voix resonne dans le silence, sans aucune note de méchanceté. Son énervement et ses insultes qu'elle crachait avec haine, et raison, avait disparu.




Ah c'est donc pour ça que je ne e suis pas... "transformée". J'en frisonne encore. Je n'aurais pas eu la force de changer totalement et je me serais surement vidé de mon énergie, en étant mi-humaine ailée, mi... autre chose. Le venin dont elle a parlé ne semble pas m'affecter, du moins, je n'en vois pas encore les conséquences. Au moment ou j'allais répondre, je m'interromps dans mon inspiration. Elle regarde sa montre. Aie... je l'ennuie peut être, ou alors elle a d'autres proies à aller chercher... Parce qu'au final, elle m'a prit du sang mais je lui en ai pris aussi. On est revenus au point de départ. Elle arrange ses cheveux et me propose:




Je souris. Quelque part elle m'a sauvé la vie. Et puis c'est vrai qu'elle n'a pas l'air si méchante que ça. Je me sens un peu obligé de me faire pardonner mon attitude de tout à l'heure ... et la claque. J'espère qu'elle l'a oublié celle-ci ... Même si je sais qu'il y a peu de chance.

- Aussi bizarrement que ça puisses paraître, je te fais confiance. Donc je te suis.

Je montre la route qui descend jusqu'a la ville. Je sens que je n'ai plus rien à craindre d'elle.

- Aussi bizarrement que ça puisses paraître, je te fais confiance. Donc je te suis.

Je lui fais un immense sourire et tente de prendre une allure rassurante. Je suis douée pour ce genre de chose, après tout, je n'ai pas été élue présidente du conseil des élèves juste pour mon beau visage. Non, je sais me faire aimer, c'est inné chez moi, enfin, c'est ce que dit mon meilleur ami. Je n'en suis pas si sur, mais après tout, j'aime à être gentille avec mes semblables. Si on oubli Tarek Thompson, je crois que je m'entends bien avec beaucoup de gens. Losers comme populaires, après tout, ils restent des humains. Et l'humanité est tellement belle dans sa douceur et sa force. Oui, je suis une fervente amatrice de tout ce qui respire et vit tout simplement. Tout ceux qui possède ce que je n'ai plus, et n'aurai jamais. Je ne suis qu'un cadavre, mais je vis ma vie et tant pis pour les conséquences. Certain diront que je suis un peu stupide mais je ne pense pas. Je veux juste être tranquille.

-Alors dit moi, si je peux me permettre. Qu'est ce que tu faisais ici ? Enfin. Dans un cimetière je veux dire. Et d'où viens-tu pour que des ailes battent dans ton dos ?

Je sais, je pose beaucoup de question, mais je suis de nature très curieuse et j'ai envie de savoir qui est celle que je viens de manquer tuer. Qui était cette jeune Emily, celle dont les ailes violettes me rappelaient des souvenirs obscures enfouies dans la mémoire de mon créateur. Oui, je savais ne l'avait jamais rencontrer. Mais lui, l'avait sans doute fait. Dans d'anciens rêves. Chercher dans ma mémoire de la sorte, dans la mémoire d'un mort me laissait le tête à l'envers et une douleur atroce qui me vrillait les tympans au point de les faire éclater de tant de mouvement. Très bien, j'abandonne. Peut-être qu'elle le connaissait. Rien n'était moins sur, mais après tout, parler des morts portait malheur. Alors autant oublier ce dont je traitais. Et me concentrer plutôt sur la manière de faire disparaitre mon atroce mal de crâne.

Elle sourit, ce qui l'a rend beaucoup plus sympathique. Je la détailles avec attention. Ella a beaucoup d'assurance mais sans en avoir trop au point de se sentir supérieur aux autres. Je me demande si elle est au lycée. Je sais qu'il y en a un dans la ville. Mais j'avoue que moi et les études terriennes... Mon Maitre a été beaucoup plus instructifs que ces ... professeurs. Je me suis déjà glissé sous une des fenêtre ouverte pour écouter le cours. Je me suis endormie. Je savais déjà tout ça, et les élèves mettaient un temps fou pour assimiler la notion. Au début j'éprouvais de la pitié pour le professeur. Ensuite j'ai compris que son savoir était une boite vide. En surface il semblait connaitre des choses, mais il n'avait aucune capacité d'analyse, et aucune psychologie apparemment... Les élèves du fond lui tournaient le dos et discutaient entre eux. Non, le lycée, très peu pour moi merci bien. Par contre le surveillant blond...

- Alors dit moi, si je peux me permettre. Qu'est ce que tu faisais ici ? Enfin. Dans un cimetière je veux dire. Et d'où viens-tu pour que des ailes battent dans ton dos ?

Oups mes ailes... Je pensais trouver personne en venant ici, je ne les ai donc pas cachés...

- Hum... Je ne sais pas vraiment. Je me baladais, un peu perdue dans mes pensées, et je me suis retrouvé ici. Je ressentait un sentiment étrange mais avant que je ne puisses le définir, tu m'as ... enfin...

J'abandonne vite l'idée de m'expliquer. Je ne veux pas revenir sur ce qui s'est passé. Je passe donc à sa deuxième question.

- Ces ailes... Normalement tu n'aurais pas du les voir. Je les caches quand je viens sur Terre. Seulement, je ne pensais pas rencontrer quelqu'un à cette heure là et dans cet endroit. Je suis une humaine ailée. Et je viens de Ludtyvia. Tu dois connaitre puisque tu es une vampire non? Et toi, comment ce fait il que tu te retrouve dans un cimetière? Les vampires préfèrent boire du sang chaud que d'observer des cadavres il me semblent ...

De ce que je sais, la transformation des vampires est aussi sympathique que la notre. Mais au moins je ne suis pas dépendante de mes ailes tandis qu'elle est dépendante de son appétit. D'ailleurs elle doit avoir encore faim après notre échange de sang... Prise d'une soudaine poussée de bonté, je ferme les yeux. Dans mon esprit une image prend forme. Une petite bouteille en verre qui ne peut contenir que cinq gorgées. Elle est scellée par un bouchon de liège et contient un concentré de sang humain remplis d'adrénaline. Je glisse ma main gauche dans mon dos et discrètement la bouteille se matérialise au creux de ma paume. Je sers mes doigts autour et sens la chaleur du sang se répandre dans ma main.

Je baissais la tête, attaquée était le mot. J'étais un véritable monstre, et je haïssai plus que tout Jimmy d'avoir été l'élément déclencheur à ma transformation. J'étais sous hypnose depuis un long moment sans doute, car je ne savais nullement que mon amant me nourissait de son sang. Moi je chassais, elle se baladait. Au mauvais endroit au mauvais moment...



Ludtyvia. Ce mot revenait partout et tout le temps. C'était ce genre de mot qu'avant de connaître on n'entendait nul par, et qu'après la découverte, revenait tout le temps, en boucle. C'était là bas qu'Aèl était mort. C'était une planète où je me refusais à aller. Trop de mauvais souvenirs. Trop de choses étranges. Mais, peut-être qu'il me faudrait me rendre sur cette planète. Là bas, mon peuple devait être connu et je trouverais d'autre vampires qui pourraient m'aider. Et puis, peut-être existait-il un remède à ce que j'étais... J'aimerais, non, je voudrais tellement redevenir une humaine comme les autres. N'avoir jamais rencontré Jack... Perdue dans mes pensées, mon odorat seul me fit sortir de ses dernières et mes crocs dechirèrent mes dents, transparaissant entre mes lèvres bleuit par le manque de sang. Je sentis un parfum sensuel et attirant, une odeur tentatrice mais mortelle, qui m'invitait à chasser. Je possai la main devant ma bouche, derobant mes canines trop longue aux yeux de mon interlocutrice en un geste d'excuse alors que mes prunelles écarlates cherchaient d'où pouvait provenir ce parfum qui m'attirait tellement.

"Désolé... Pour répondre à tes questions, je connais Ludtyvia, mais je n'y vais pas, et la seule fois où je m'y suis retrouvée, c'était... Une petite erreur de calcul. Quand au cimetière, on va dire que... Euh... Je ... Chassais...."

Avec un sourire plein de dents, on ne peut dire que je suis très rassurante. Désolé... Mais je ne le fais pas vraiment exprès. C'est cette odeur....